;:;,

C.

moit naturellement les exercices du corps, & y réuffiffoft.Mais
l'amour de la philofophie l'emportant fur tout,'fon application p.23.c|Dio,l.
à l'étude,"& la vie dure qu'il menoit, luy altererent la fanté : 71.p.816.
de forte que quoiqu'il fuft naturellement fort robufte, il eftoit
toujours infirme,'& avoit peine furtout à fouffrir le froid. Cela Dio,p.804.b.
l'obligeoit à prendre de la nourriture des devant le jour, mais
en tres petite quantité; & il ne mangeoit plus rien durant tout
le refte de la journée [jufqu'à fouper,]finon qu'il prenoit de la
theriaque, moins comme un contrepoifon, que pour fe forti-
fier l'eftomac & la poitrine qu'il avoit fort foible. 'Il en prenoit Gal.prog.p.
tous les jours; & l'on attribuoit à ce remede la fanté dont il 460.clant t.2.
jouiffoit ordinairement [nonobftant fa foibleffe, ce qui en ren- t.2.p.457.c.
dit l'ufage affez commun de fon temps. 'C'eftoit Galien qui la ant.p.424.b.
luy compofoit dans les dernieres années de la vie,aprés la mort
d'un autre medecin nommé Demetrius.

P.424.a.c'ther.

'Il prenoit auffi dans le refte un affez grand foin de fa fanté, M.Aur.v.n.C. eftant extremement reglé dans toutes les actions, ayant des P.60.1.d.e. heures marquées pour prendre le bain, pour faire exercice, & pour les autres chofes femblables. 'Il n'alloit au bain que fur les cl39.1.c. trois heures aprés midi pour le pluftoft, quoique l'ordinaire fuft

d'y aller des deux heures. 'Il eftoit,comme nous avons dit,fort Juli.caf.p.33. fobre dans le manger.'Ainfi quoiqu'il eust peu de fanté, il eut Dio,l.71.p.804. neanmoins affez de force [pour vivre pres de foixante ans,

fai

b. c.

re de fort grandes chofes, ] & examiner les affaires avec beau
coup de foin & d'application. Car il aimoit le travail; & on val.p.722.
marque que nonobftant fa foibleffe, il écrivoit toujours de fa
main à ceux qu'il aimoit particulierement.

M. Aurele eft adopté par Antonin, elevé par luy à la dignité de
Cefar, & à la puißance du Tribunat, epoufe fa fille Fauftine,

M

&en a plufieurs enfans.

ARC Aurele n'avoit qu'environ seize ans lorfqu'il ce. M.Aur.v.p.23. da à fa fœur toute la fucceffion de fon perc: & fa mere voulant qu'il en confervaft une partie, il luy dit qu'il feroit mefme bien aile qu'elle donnast à sa fille tout ce qu'elle avoit, parceque c'eftoit affez pour luy de la fucceffion de fon grandpere' Annius Verus.

P. 22. c.

'Ce fut aprés cela qu'Adrien en adoptant Antonin, voulut P. 24. a. b.

qu'il adoptaft mefme M. Aurele agé alors de [pres] de dixhuit ans, & L. Commodus qui n'en avoit que fept ou]huit, [mais qui eftoit déja petit fils d'Adrien par adoption, & fils de L. Cefar: & ainfi il fembloit devoir tenir le premier rang:] Dio, 1.69.7. 'neanmoins Adrien mefme voulut que M. Aurele fuft le premier, foit comme fon parent, foit pour fon age, foit à caufe des grandes qualitez qu'il voyoit en luy. [Et l'evenement fit encore mieux voir qu'il avoit eu raifon en cela.

797.b.

1.71.p.815.c.

a M. Aur.v p. 24. b.

P. 23. C. n.C.p.80.2.b.

v.p.16.c L. Ver. v.p.35.d. b M. Aur.v.p. 24. d.

M.Aur.v.p.24.

c.

note 2.

"Toutes ces adoptions fe firent apparemment le 25 fevrier de v. Antonin l'an 138.]'M. Aurele bien loin de s'en elever, a n'apprit qu'avec une espece de tremblement & d'effroi qu'on le faifoit entrer dans la maison imperiale. Il ne put diffimuler fa trifteffe; & ceux de fa mailon luy en demandant la caufe, il les entretint des maux qui accompagnent le droit de commander aux autres.'Adrien le fit auffi defigner Quefteur pour l'année suivante, quoiqu'il n'euft pas encore l'age prefcrit par les loix.

let 138.

99.

'Ce mefme prince l'avoit accordé des l'age de quinze ans avec la fille de L. Verus" Cefar, 'qu'on croit eftre celle qui eft Nors 2. V.p.22.e Ver. appellée Fabia dans quelques endroits de l'histoire: '& d'autre part il avoit ordonné qu'Antonin donneroit fa fille Annia Faustina au jeune Lucius. Mais des qu'il fut mort", comme Lu- le 10. juil. cius n'eftoit qu'un enfant, Antonin fit propofer à M. Aurele d'epouser fa fille."Il demanda du temps pour en deliberer, [& s'y V.Antonin, eftant enfin refolu,J'il epoufa Fauftine quelque temps aprés, & en 146 au pluftard. [Mais ce mariage ne luy fut pas heureux, L.Ver.p.39.b. à caufe des moeurs de Faustine, & de Commode fon fils.]'ll paroift neanmoins que Fabia ne valoit pas mieux que Faustine. 'Il avoit une fille de Fauftine des le commencement de 147. [Et ce pouvoit eftre Lucille mariée vers 164 à L. Verus, & deHer.l.1.p.464. puis à Pompeien. l'Il en eut plufieurs autres, dont trois vivoient c Caracalla en fit mourir une[en l'an 212,]" qui e eftoit déja vieille, & que le refpect de fon pere avoit fait honorer jufque là de tous les Princes. Durant la premiere guerre vers 173. 27.p.558.ds59. d'Allemagne, M.Aurele avoit avec luy une de fes filles, agée feulement de trois ans. L'ailnée de celles qui reftoient en l'an Her.l.1.p.480. eftoit une Fadilla, f On en trouve une autre dans une inf 189 fGrut.p 252.8. cription nommée "Vibia Aurelia, qui furvéquit fon pere, 8 & NOTI g Anal.t.4.p. encore une à qui on donne le nom de Domitia Fauftina,morte apparemment dans l'enfance avant Antonin. h Outre L.Verus & Pompeien, Antiftius Burrhus & Petronius Mamertinus 1. Imp. Antonini neptis, & non pas Divi Antonini,

biCom.v.p.47. encore en 193.

elsz c. Her.14.p.

546. C.

d Philft.foph.

C.

b

b Pagi,180.

64 Com.v.p. 48, C. C..

c

d

Ꮒ

qui furent Confuls, l'un en 181 & l'autre en 182,epouferent des
filles de M. Aurele. Petrone eut un fils nommée Antonin,

'Marc Aurele eut auffi plufieurs fils. Commode qui regna de- p. 45. e.
puis, & Antoninus Geminus eftoient jumeaux. Ils naquirent le

31 aouft de l'an 161,'dans le palais & dans la pourpre,leur pere Her.l.1.p 468,
eftant déja Empereur,[comme ceux que les nouveaux Grecs b.
ont appellé pour ce fujet Porphyrogenetes.] 'M. Aurele pre- a
noit fouvent Commode encore tout petit entre fes bras, & le
prefentoit aux foldats, pour le recommander à leur foy: [& il
faifoit fans doute la mefme chofe d'Antonin.]'Les aftrologues Com.v.p.45.c.
promettoient la mefme durée de vie à ces deux enfans: ce qui
n'empefcha pas qu'Antonin ne mouruft quatre ans aprés.

a M.Aur.v. p.

31. b.

b Pagi,166. § st
Bir.p.232.
c Spart.n.C.p.

c. d.

'M.Aurele eut [en 163] un troisieme fils nommé Severe, a ou. P. 46. b. [plutoft]Verus, qui mourut en l'an 170 agé de fept ans. "Diverfes medailles luy donnent le nom d'Annius Verus; cà quoy quelques modernes ajoutent encore celui de Sextus fur l'autorité de Galien. d D'autres croient que ce Sextus eft un quatrie- 92.1.c.d. Nor14 me fils de M. Aurele:["& tout cela reçoit beaucoup de difficul- dns.p.114.1. té.]eVeriffime qu'Herodien donne pour frere unique à Com- Her.l.1.p. mode, fayant peuteftre moins connu les autres, parcequ'ils 464.b. f Pagi,166.§6) eftoient morts auparavant, & dans les premieres années de l'enfance, eft affez probablement Annius Verus: eftant aifé qu'on luy donnaft auffi le nom de Verifsime,[comme à M. Aurele fon pere. Et cela s'accorde avec ce qu'Herodien ajoute,] 'que ce Veriffime eftoit mort extremement jeune.

y

app.

Her.l.1.p.464

b.

g Anal.t.4.p.

Pagi, 180. § 3

8 Nous trouvons dans les infcriptions un T. Aurelius Antoninus, & un T.Ælius Aurelius fils de M. Aurele & petits. fils de T Antonin.'Ils doivent eftre nez tous deux avant l'an 161, & avant Commode auffibien que Faustine leur fœur. Car M. Aurele n'eft qualifié que Cefar dans ces infcriptions, quoiqu'on donne à Fauftine fa femme le titre d'Augufte. On n'y donne point non plus à Antonin le titre de ivus, ce qui marque encore qu'il n'eftoit pas mort. Que fi ces infcriptions font les epitaphes de ces princes, comme il y a bien de l'apparence,il faudra mettre leur mort auffibien que leur naiffance avant le mois d'avril 161.[Cela s'accorde avec]'une lettre que Marc Aurele Spon.p.354% encore Cefar écrivit à ceux de Smyrne aprés l'an 144, & apparemment avant l'an 159, où il les remercie du compliment que T.Atilius Maximus Proconful luy avoit envoyé de leur part fur ce qu'il luy eftoit né un fils, quoique la chote ait eu, dit-il, un autre fuccés: [car ces paroles paroiffent bien marquer que cet enfant eftoit déja mort.] V v inj

M.Aur.v.p.24. d.clis c.

p. 25. a.

Dio,val.p.721.

722.

e.

'Des l'an 139 Antónin combla Marc Aurele de divers hon-
neurs, le"defigna Conful à la priere du Senat pour l'année fui, &c.
vante, le declara Cefar, luy donna pour logement le palais de
Tibere, le revétit malgré luy de tout l'eclat de la majefté im-
periale, & voulut qu'il euft part à toutes les affaires, afin de
le former de bonne heure au gouvernement de l'Etat. Il ne
laiffoit pas au milieu de tout cela, de s'appliquer beaucoup à
l'étude. Mais fon principal foin eftoit de fe rendre tres foumis
à Antonin, & de regler fes actions, fes paroles, & fes pensées
mefmes fur fa volonté & fur fon exemple. [ Auffi il ne pouvoit
guere choifir de meilleur modele. J'En 23 ans qu'Antonin re-
gna, il ne fut jamais que deux nuits hors d'auprés de luy. En
un mot, il fe conduifit fi bien, que ce prince l'aima toujours de
plus en plus.

Qaias.

'Il recevoit tout le monde avec beaucoup de civilité, prefque comme s'il n'euft efté qu'un particulier. Il alloit voir fes amis quand ils eftoient malades, ne manquoit point d'aller aux ecoles des profeffeurs, lifoit fans cefle les orateurs & les philofophes grecs & latins. A moins qu'il ne fuft avec Antonin, il eftoit toujours"en habit brun, & fans le flambeau qu'on avoit s accoutumé de porter devant [les Cefars & les Auguftes.] M.Aur.v.p.24. 'Lorfqu'il eut epoufé Fauftine, & qu'il en eut eu une fille, Antonin luy donna la puiffance Proconfulaire avec celle du Tribunat,[qui faifoit la principale partie de la dignité impeOnu. in faft.p. riale.]'On voit qu'il l'eut"au commencement de l'an 147. a Îly v. Antonia eut des gents qui tafcherent de le rendre fufpect à Antonin: mais ce prince fage & éclairé fe moqua de tout ce qu'on luy en put dire; la probité & la modeftie de M. Aurele le mettant audeffus de tous les foupçons. Antonin avoit une telle confiance en luy, qu'il ne donnoit guere de charges fans l'en confulter, [Il le fit Conful pour la feconde fois en 145, & pour la troifieme en l'an 161.]

226. f.

a M.Aur.v.p. 24. 25.

Arift.or.9.p.

107. a.

§ 10.

ὦ καλῶς ἐδὲ

Ο σίφως.

'Ariftide dans l'eloge qu'il fait de M. Aurele, pretend qu'a vant que de regner il arrefta beaucoup de defordres qui fe com. mettoient dans le gouvernement, où beaucoup de chofes,dit-il, fe conduifoient" d'une maniere qui n'eftoit pas fage ni jufte, mais pleine de hauteur, de violence, & d'infolence. Et ce fophifte femble encore dans la fuite vouloir décrier le gouverne. ment d'Antonin, pour pouvoir relever M. Aurele. [Mais il i femble avoir plus confulté en cela la coutume des orateurs que la verité: Car felon les historiens, Marc Aurele n'a rien eu au

deffus d'Antonin pour ce qui eft de la moderation & du foin

des peuples.]

a.

'On peut encore raporter à ce temps-ci ce que nous avons T.Aut.v.p.21, déja vu, que celui qui avoit eu foin de l'education de M. Au. ". rele eftant mort, il en fut touché jufqu'à en pleurer. Ceux de la Cour voulurent se railler de fes larmes : mais Antonin prit fon parti, ajoutant que ni la philofophie, ni la puiflance imperiale n'empefchent pas qu'on ne foit homme. [Il paroift en effet par toute la vie de M. Aurele, qu'il a tiré des principes des ftoïciens cette egalité d'efprit qu'ils attribuoient à leur fage dans les diversevenemens, mais non cette dureté qui fait un crime de la tendreffe & de la compaffion.]

Marc Aurele eft fait Augufte, & s'affocie Lucius Verus.
L'AN DE J. C. 161, DE M. AURELE ET LUCIUS VERUS I.
'M. Aurelius Cæfar III,& L.Aurelius Commodus II,Confuls.

Idat &c Grut,

E fut en cette année que mourut Antonin, le fettieme P.300.

Cjour de mars.]'Avant que de mourir il declara M. Aurele M.Aur.v.p.35.

21. c.

pour fon fucceffeur en prefence de fes amis, & des Prefets [du a.biT.Ant.v.p.
Pretoire,] luy recommanda l'Etat & fa fille; & auffitoft donna
ordre, dit l'hiftorien, qu'on portaft dans fa chambre une statue
d'or de la Victoire, qui avoit accoutumé d'eftre toujours dans
la chambre de l'Empereur. Ainfi des qu'il fut mort, le Senat
contraignit M.Aurele d'accepter la conduite des affaires, '& L.Ver.p.36.
luy defera l'Empire à luy feul, [fans parler de L. Commodus,
qui eftoit fils adoptif d'Antonin auffibien que luy.]

ap.35.c M.Ant.

c.

.c.21.p.1. 6L.Ver.v.p.39. Ver.v.p.16.d. M.Ant.l.1.c. L.Ver.p.35.c.

'Ce L.Commodus eftoit un efprit aflez doux, fort fimple & Ver.vp16.d|L. fort franc, a fincere & cordial dans fon amitié:b & il eftoit bien- Ver.p.35 et3.b. fait de corps. Mais on n'a pas laiffé de dire qu'il n'avoit rien qui fift honneur à fa dignité & à fa maison. Il aimoit la philo. fophie & les lettres, & avoit toujours auprés de luy beaucoup de perfonnes habiles: mais il avoit cependant peu de genie pour l'étude. Il ne parloit auffi qu'avec peine. Ce qu'on remar. que le plus en luy, c'eft que quoiqu'il euft quelque chofe de venerable dans le vifage, qu'il portaft une barbe fort longue", '& qu'il tafchaft [quelquefois]de faire le grave & le fevere, gil M.Aur.v.p.29. avoit neanmoins un penchant extreme pour les jeux & les di- g L.Ver.p.36. vertiffemens, Cette inclination fut retenue d'abord par le ref- 37

II F.II.

fp.3.c.

b.