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175, de M. Aurele 14,

Dieu tout ce qu'il eft,& qui n'a audeffus de luy que Dieu feul.
Ces fentimens fi grands & fi refpectueux que les Chrétiens 15.
avoient pour leurs Empereurs, n'empefchoient pas que les
payens ne les accufaffent d'en eftre les ennemis, parcequ'ils ne
leur rendoient pas des honneurs contraires à celui de Dieu,
pendant que ces payens qui faifoient des dieux de leurs Princes
eftoient prefts de les trahir dans le temps mefme qu'ils faifoient
femblant de les adorer:& c'eftoient fouvent ceux qui traitoient
les Chrétiens d'ennemis publics, & qui repandoient leur fang
avec plus de cruauté.

ARTICLE XXI I.

M.Aurele donne le Confulat à Pompeien,& la puissance du Tribu-
nat à Commode: Il va en Orient où il perd Faustine fa femme.

ANS la joie univerfelle que tous les peuples de l'Empire,

Caff.v.p.44.chors ceux d'Antioche, eurent de la mort de Caffius, 'DAN

42. e.

P. 44. C.

'M. Aurele crut faire une chofe agreable au Senat, de donner l'honneur du Confulat à Pompeien fon gendre. Car quoiqu'il luy fuft [fi proche,&] dans un age déja avancé, il n'avoit pas neanmoins voulu le preferer à d'autres perfonnes de merite, à qui la Republique eftoit obligée. Pompeien fut donc defigné pour eftre Conful l'année fuivante, [non ordinaire, mais fuM.Aur.v.p.31. brogé.]'M. Aurele luy donna depuis un fecond Confulat, [qui ne fut encore que fubrogé.]

b.

Albin.v.p.83.b.

Caff.v.p.45.a.

Voulant auffi recompenfer Clodius Albinus, qui avoit feul empefché les foldats de la Bithynie de fe joindre à Caffius, il le deftina pour eftre Conful en la place de Caffius Papirius, qu'on difoit eftre pres de mourir.

'Le Senat après avoir receu la lettre fi pleine de bonté que M. Aurele luy avoit écrite fur la famille & les partifans de Caf fius,demanda le retour de ce prince à Rome, & la puiffance du Tribunat pour Commode fon fils.[Il fut fatisfait fur ce fecond Onu. in faft.p. point:]'car Commode eut la puiflance du Tribunat cette an235.d Pagi,p. née mefme, comme on le tire de diverfes infcriptions, a & le Cardinal Noris juge que ce fut vers le mois d'aouft.

218 Nor.dec.c. 3. p. 89. Nor.ep.conf.

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[Mais pour l'autre point, fi M. Aurele vint alors à Rome, quoy il n'y a aucune apparence, il y arrefta fort peu.]'Car NoT119. on marque auffitoft aprés la mort de Caffius, qu'il fit le voyage d'Orient, [& il eft difficile de croire qu'il ne l'ait pas commen

e.

175, de M. cé des cette année.]'Des devant que d'apprendre la mort de M.Aur.v.p.32. Caffius, il eftoit parti d'Illyrie pour luy aller faire la guerre : [ainfiil ne fit ce femble que continuer fon voyage.

Aurele 14, is.

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Dio, 1. 73.p. 832.e.

a 1.71.p.814.ct Philft.foph. 35 p.579.d.

b Pert.v.p.54.c.

Com.v.p.46.

Il avoit apparemment envoyé Pertinax en Syrie contre Caf. fius: '& il l'en rappella pour luy donner la garde du Danube, Pert.v-p.54.c. 'avec le gouvernement de l'Illyrie. Pertinax acquit beaucoup Her.l.2.p.504. de reputation dans cette province, tant par le courage qu'il fit d. paroiltre dans les combats, & par les victoires qu'il remporta fur les Allemans, que par la bonté, la moderation, & la fageffe avec laquelle il y gouverna les peuples: de forte qu'il y laiffa une grande idée de fon nom, & parmi les foldats Romains, & parmi les ennemis: Il paroift que les deux Quintiles qui eftoient avec M. Aurele en Orient [en 175 & 176,] fuccederent à Perti. nax dans le gouvernement de l'Illyrie, b au lieu duquel il eut celui des deux Mefies, & puis celui de la Dace. 'M.Aurele mena avec lui en Orient fon fils Commode, [& Fauftine fa femme] qui fut emportée par une mort fubite au pié du mont Taurus, dans un bourg nommé Halale, dont M. Aurele fit depuis une colonie,'& une ville nommée Fauftino- n.C.p.77.2.b. ple.'Les uns la mettent dans la Cilicie, [ou plutoft dans l'I- Ferrar. laurie;]& les autres dans la Cappadoce pres de Tyanes. Nous Geo.fac.p.255. ne raportons point ce que l'hiftoire dit de cette princeffe. Il L.Ver.p.39.bþ fuffit de favoir qu'elle eftoit entierement indigne d'avoir An- c134.d. tonin pour pere, & M. Aurele pour mari,'jufqu'à faire douter M.Aur.v.p.30. du pere de Commode fon fils. Dion dit qu'on ne favoit fi elle cd. eftoit morte de goutte, ou fi elle ne s'eftoit point fait mourir $13. elle mefme depeur d'eftre convaincue d'avoir caufé la revolte de Caffius.

pronon

b.

c M.Aur.v.p.

33. C.

M.Aur.v.p.33

e Dio, 1.71. p.

M. Aur.v.p. 30.

d.

M. Ant. l.1.c. 14.P.23. f Juli.cæf.p.131 Dio, l. 71. p.

813. c. g M.Aur.v.p.

33.c.

'On avoit voulu porter M. Aurele à la repudier; mais il répondit, Si je la repudie il faut donc que je luy rende fon mariage, & l'Empire que j'ay receu de fon pere. 'Il loue dans un è dixésop endroit la franchise,"fon amitié, fa foumiffion : & il la pleura aprés fa mort, plus mefme qu'un prince [grave & ferieux commeil eftoit] n'euft dû pleurer une honnefte femme. Il ça fon panegyrique, foit qu'il ignoraft ce qu'on difoit d'elle, [ce qui n'eft pas aifé à croire, foit qu'il le diffimulaft,] & il ne rougit pas mefme de prier le Senat d'en faire une divinité, 'furquoi Julien l'apoftat ne manque "pas de le railler. [Ce qui fut plus digne de luy,l'c'eft qu'il écrivit au Senat pour demander Dio, 1. 71. p. qu'on ne fift mourir aucun de ceux qui avoient contribué à la 813.c. revolte de Caffius, parceque c'eftoit, difoit-il, l'unique con, Ccc

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Tom. II.

Juli.cxf.p.so.

1.71.

1

Philft,foph.
27.p.561.b.

Bir.p.232.

813. d. e.

folation qu'il puft recevoir dans fa douleur : à quoy il ajoutoit
ces propres termes : Si vous ne m'accordez pas ce que je vous
demande, vous me reduirez à fouhaiter une promte mort. 'Ce
fut auffi dans ce temps là qu'il écrivit à Herode Atticus une
lettre pleine de bonté, comme nous l'avons marqué ci-dessus.
Il y parloit de fes quartiers d'hiver; [ d'où nous pouvons tirer
que
Fauftine mourut dans l'hiver, ou un peu devant.

175, de M

Antele 14,

08151

Le Senat ne fut pas plus religieux que M. Aurele;]'& on voit encore par plufieurs monumens, qu'il plaça entre fes deeffes celles [à qui perfonne n'euft voulu donner rang entre les Dio, l. 71. p. femmes d'honneur.]'Il "fit mefme dreffer des ftatues d'argent &c. d'elle & de M. Aurele, avec un'autel,où toutes les filles de Rome en fe mariant viendroient avec leur epoux faire un facrifice. [Certes ils meritoient bien par là d'obtenir que toutes leurs femmes fuffent des Fauftines, & leurs enfans des Commodes.]

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'Aprés la mort de Fauftine, Fabia [fœur de L. Verus, à qui M. Aurele avoit efté accordé dans fa jeuneffe, ] fit ce qu'elle put pour le porter à l'epoufer. M. Aurele ne voulut point don ner de bellemere à ses enfans; mais il prit une concubine fille d'un de fes Intendans,[faifant voir par cette action que la vertu des plus grands hommes du paganisme eft audeffous de celle que la grace donne aux plus foibles des vrais Chrétiens.]

'Comme Caffius [avoit trouvé plus de facilité ] à fe revolter dans la Syrie dont il eftoit gouverneur, parceque c'eftoit fon pays,on fit en ce temps-ci une loy qui ordonnoit que perfonne ne feroit envoyé Gouverneur dans les pays dont il eftoit originaire.[S. Louis établit la mefme regle en France, & elle y a efté obfervée fous plufieurs de fes fucceffeurs, non qu'ils craigniffent que des Gouverneurs & des Baillifs fe rendiffent affez puiffans pour se revolter, mais pour empefcher les injuftices. que les engagemens & la confideration d'une famille font fouvent faire aux magiftrats.]

Aurele 15,

16.

&c.

ARTICLE XXIII.

M. Aurele vifite la Syrie & l'Egypte ; établit divers profeffeurs à

Athenes.

L'AN DE JESUS CHRIST 176, DE M. AURELE 15, 16.
'T. Vitrafius Pollio II, & M. Flavius Aper II, Confuls.
LAUDIUS Pompeianus & Clodius Albinus doivent avoir
auffi esté Consuls cette année, comme nous l'avons mar-
qué auparavant.]

CLA

Idat,&cOnu.

in faft.p.235.c.

'M. Aurele dans fon voyage d'Orient traita avec beaucoup Dio, 1.71.p. de bonté tous les peuples qui avoient fuivi le parti de Caffius, 813.a.

b.

J.

& il n'en couta la vie à perfonne.'Il pardonna à toutes les vil. M.Aur.v.p.33. les, finon qu'il ne voulut pas aller à Cyr d'où eftoit Caffius, ni à Antioche, où le peuple avoit dit beaucoup de chofes contre luy,'& avoit pleuré la mort de Caffius pendant que tout le Caff.v.p.42.c. refte de l'Empire s'en rejouiffoit. 'Car ceux d'Antioche ai Her.l.2.p.so1. moient plus que tous les autres "les fpectacles & les autres divertiffemens; '& il n'y avoit que ces fortes de gents qui n'ai- Caff.v.p.42.c. moient pas M. Aurele. 'Outre cela ils eftoient portez à la fedi- M.Aur.v.p.3 3. tion. Ainfi il publia contre eux un edit severe,leur défendit de s'affembler, ni d'ecouter aucun difcours public,[ce qui eftoit ornamenta. les priver du droit de ville,]& leur ofta les fpectacles'avec leurs Caff.v.p.43.c. plus beaux privileges. [Cette punition leur eftoit favorable : mais le temps de la mifericorde de Dieu fur eux n'eftant pas encore venu,]'la colere de M. Aurele s'appaifa bientoft:il leur c rendit tout ce qu'il leur avoit ofté,'& vint à Antioche quelque M.Aur.v.p.33: temps aprés.

b.

b.

209.a.b.

'Il alla de la Syrie en Egypte par la Palestine,où l'on pretend Amm.l.22.p. fotentium. qu'il témoigna fe trouver fort incommodé " de la mauvaise

odeur des Juifs, & de leur humeur turbulente. 'Les habitans M.Aur.v.p.33. d'Alexandrie avoient donné de grands eloges à Caffius; mais b.c. il leur pardonna tout,les traita avec beaucoup de bonté,& n'agit dans l'Egypte qu'en citoyen & en philofophe.Il laiffa mesme fa fille à Alexandrie, [peuteftre durant qu'il alloit visiter le refte de l'Egypte.]Il donna dans tout l'Orient de grandes philofophia. marques de fa" moderation & de fa fageffe; de forte qu'ils s'y acquit partout l'amour des peuples. Tous les Rois de l'Orient & les ambaffadeurs de celui des Parthes l'y vinrent trouver, & il renouvella la paix avec eux.

Thilft. foph.35. P.579.4.

F. 580.

Arift.or.9.p.

105. c.

ap.107.108.118.

119.

M.Aur.v.p.33. d.eln.S.p.98.1 Philft. foph. 36.p.585.b.

Dio, l. 71. P. 814. a.

72.

p.72.1.c.d.

176, de M.

.

'Il paffa plufieurs jours à Smyrne, [foit en allant en Orient, Aurele 15. foit à fon retour.]Le fophifte Ariftide dont nous avons encore 16. plufieurs difcours, & qui s'y rendoit alors celebre par fon eloquence, fut neanmoins trois jours fans le venir faluer, [quoique tous les autres y couruffent.]'Les deux Quintiles "l'y ame- & nerent enfin, & il luy dit qu'il n'eftoit pas venu pluftoft parcequ'il eftoit occupé à" une piece. M. Aurele agrea fa fimplicité; theoremp. & luy ayant dit qu'il le vouloit entendre, Ariftide" demanda que fes difciples y fuffent, & euffent la liberté de battre des mains, & de luy applaudir; ce qu'il luy accorda en riant, & ne laiffa pas de l'aimer & de l'eftimer toujours depuis ce temps là.

'Nous avons de cet Ariftide un panegyrique de M. Aurele, fait aprés la rebellion [ de Caffius, ]a & lorfque les Allemans estant vaincus,l'Empire agité jufqu'alors partant de tempeftes, jouiffoit prefque partout d'une entiere tranquillité. [ Cela ne convient prefque qu'à cette année: mais nous ne voyons point que ce difcours ait esté prononcé en presence de Marc Aurele.]

'Aprés que ce prince eut reglé les affaires de l'Orient, il vint à Athenes, "où il fe fit admettre aux myfteres de Cerés, &c. comme il l'avoit fouhaité depuis longtemps. On remarque qu'il entra feul dans le lieu le plus fecret.

mes.

'Il donna alors divers honneurs à la ville d'Athenes, & Dion dit qu'il y établit des profeffeurs publics pour toutes les fcienM.Aur.n.S.p. ces, avec des appointemens 'd'environ"quatre mille livres par 10 ou 12 an. b On voit par les auteurs qu'il y avoit de ces profeffeurs mille dragpour chaque fecte de philofophie, comme pour les ftoïciens, les peripateticiens, les platoniciens, & les epicuriens; & quand un de ces profeffeurs mouroit, on en mettoit un autre à sa plaPhilft.foph.37. ce choifi par les perfonnes les plus habiles,'avec l'agrément de l'Empereur. Mais il femble que cet établiffement ait commencé des devant que les Atheniens fiffent des plaintes contre Herode Atticus, [c'est à dire avant l'an 175,] puifque M. Aurele avoit d'abord laiffé à cet Herode le choix des profeffeurs de philofophie. Il voulut neanmoins choifir luy mefme le fophifte Theodore pour y enfeigner le premier la rhetorique, avec les appointemens de quatre mille livres qu'il donnoit.

P.5 88.3. 28.p.564.565.

36.p.582 b. dp.585.b.c.

2585.a.

'Adrien qui eftoit de Tyr, davoit la mefme chaire lorsque M. Aurele vint à Athenes, & c'eftoit auffi ce prince qui la luy avoit donnée fur la reputation de fon eloquence.'Il voulut l'en,

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