Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Phot,c.128.d. 305.

Lucien,qui luy adressa aprés la mort de M. Aurele l'histoire de
l'imposteur Alexandre, comme il l'avoit écrite à sa priere.

[Ce Lucien eft encore aujourd'hui fort celebre]'par fes écrits,
que la pureté de la langue greque, & le style net, agreable,vif,
&"plein d'efprit,font lire avec beaucoup de plaifir. Mais il fait
une profeffion ouverte d'impieté, fe moquant egalement de la
veritable religion dont il parle en divers endroits, & des fu-
perftitions payennes, qu'il montre estre vraiment ridicules.
Suid.a.p.55.c. C'est ce qui luy a fait donner le furnom de blafphemateur &
Luci.pfeud. p. d'athée. 'Auffi il fuivoit la philofophie d'Epicure, [qui n'est
Phot.c.128. guere eloignée de l'atheïfme,]ou plutoft il n'avoit ni religion,
ni dogme fixe & conftant, regardant tout comme incertain &
problematique, & voulant fe rire de tout. Cela paroist mesme
par les quatre vers qu'on lifoit du temps de Photius à la teste
de fes ouvrages. [Ce qui rend encore fes écrits dangereux à li-
re, c'est que fouvent on y
fouvent on y voit auffi peu de respect pour la pu-
deur, que pour la religion.]

498.b.c.&c.

P. 309.

a.

Luci.hif.p. 359. 'Il eftoit de Samofates en Syrie, [d'une condition fort mebap.p.267.c.d. diocre.]bIl plaida ou declama quelque temps;& dans fon exp.262.d264. treme vieilleffe il prit la charge de greffier du Prefet d'Egypd[226.b.c.

te, n'ayant pas apparemment d'autre moyen de s'exemter de la pauvreté. [Il nous apprend encore plufieurs autres particularitez de fa vie, que nous n'avons pas cru neceffaires de raporter. Nous avons cru qu'il écrivoit fes regles fur l'hiftoire en 166 au plustard, & la vie d'Alexandre aprés la mort de M. Aurele.] Suid.a.p.55.f 'Ainfi nous ne pouvons pas fuivre ceux qui au raport de Suidas Bar. p. 171.97. l'ont mis du temps de Trajan. Suidas ajoute qu'on tenoit qu'il eftoit mort dechiré par les chiens, en punition de ce qu'il avoit eu la hardieffe de fe railler de J.C, [ce que les demons n'ont peutestre jamais ofé faire. Mais nous voudrions que ce fait fuft mieux attefté.]'On croit auffi que ce que quelques uns difent qu'il avoit efté Chrétien, & avoit apoftafié, ne vient que d'un mot de Suidas mal entendu, & de ce qu'il paroift avoir eu plus de connoiffance du Chriftianifme que beaucoup d'autres payens.

Bar.171. § 7.

Luci v Dem.p.

546. a.b.

[Nous n'avons point]'l'hiftoire qu'il avoit faite d'un Softrate de Beocie philofophe celebre de ce temps là,dont la vie eftoit Voff.h.g.l.2.c. extremement dure & auftere: [au lieu de quoy]'d'autres contre toutes fortes de raisons & d'autoritez luy ont attribué celle d'Apollone de Tyanes écrite par Philoftrate.

25 P.233.234.

2. Supenyópos, traduit par concionator,

a a. c.

Eunape nous affure que c'eft luy qui entre le peu d'ouvrages Eun.pr.p.12.13. ferieux qu'il a faits, eft auteur de la vie du philofophe Demonax,'dont il avoit efté longtemps difciple. a Il en fait le plus Luci. v. Dem, grand philofophe qu'il euft connu. Et cependant il paroift p.546.a. que ce n'eftoit qu'un cynique un peu plus poli & plus civilifé p.547.b.c.8.c. que les autres.'Il avoit peu ou point de religion. [Ce qu'il a eu p.549. de meilleur,]'c'eft qu'ayant de la naiffance, du bien, de l'elo- p. 546. c. quence,& de la fcience,dil vivoit cependant d'une maniere du. p. 547. a. re & pauvre, fans vouloir avoir perfonne pour l'aider & pour le fervir.'Mais la fin de toute cette belle vertu fut que fe voyant p.556.a. agé de pres de cent ans, '& dans la neceffité de fe faire fervir, cd's47.b. parcequ'il ne pouvoit plus s'aider luy mesme, il aima mieux fe laiffer mourir de faim. 'Il eftoit de Cypre, mais il vécut à Athe- p. 546. c. nes,& y mourut, fort eftimé des Atheniens durant la vie & €p.548.d/557. aprés la mort.

dbisso b.c.

'On dit de luy que comme les Atheniens vouloient établir un p.sss.c. combat de gladiateurs,pour ne pas ceder en cela à ceux de Corinthe,il leur dit qu'avant que de le faire,il falloit qu'ils abatiffent l'autel qu'ils avoient dreffé à la mifericorde. 'L'Empe- a. reur luy ayant fait demander quelle eftoit la meilleure manie»re de gouverner,il répondit, C'eft de parler peu,ecouter beau» coup,& ne le mettre jamais en colere. 'Il n'eftoit fenfible qu'aux p. 548. 6. maladies & à la mort de ses amis, ne trouvant point de plus grand bien dans la vie que l'amitié.

[Nous voudrions pouvoir raporter ici plufieurs evenemens agreables,& utiles pour la conduite de la vie, que Lucien mesle dans fes ouvrages, & furtout les dix hiftoires arrivées de fon temps qu'il raconte dans fon dialogue de l'amitié : mais ce feroit trop s'étendre fur des chofes qui ne font pas tout à fait de noftre fujet.]'Dans l'une de ces hiftoires il parle de diverfes tox.p.631.a. guerres des Scythes qui habitoient le long du Tanaïs, contre les autres barbares du feptentrion, particulierement contre ceux du Bosphore,'dont Leucanor & enfuite Eubiote fon frere p.632 d1637.aj baftard eftoient Rois en ce temps là.[Leucanor pouvoit avoir fuccedé à Rhometalce,]'qui eftoit Roy du Bofphore du temps T.Ant v.p.20. d'Antonin. f Les vaiffeaux qui fauverent Lucien comme nous allons voir, portoient les ambaffadeurs d'Eupator Roy du mef me pays, qui alloient en Bithynie payer l'argent qu'il devoit tous les ans, ou recevoir celui que les Romains luy donnoient:: Youd. car les" termes du texte peuvent recevoir l'un & l'autre fens. 'Eubiote dans fa guerre contre les Scythes, menoit tous les tox.p.638 2

Eee iij

638.a.

d.

f Luci.fpeud..

P. 497.2

Luci.fpeud.p. 477.d,

P. 474.475.

P.475-476.

P. 476. P.477.

P. 478.

P. 479.480.

P. 476.477.

P. 480.d.

P. 485. d. P. 481.

Grecs felon les termes de Lucien, c'est à dire apparemment les
habitans des villes greques de la Querfonefe : & cela autorise
ceux qui croient que ce pays obeïfloit aux Rois du Bofphore.]

'L

ARTICLE XXX.

8.

Hiftoire d'Alexandre impofteur,&faux prophete des demons. UCIEN nous a encore appris deux histoires remarquables du temps de M.Aurele, & qui font plus de nostre fujer, l'une de Peregrin apoftat de la foy Chrétienne, & l'autre de l'impofteur Alexandre. Nous parlons" de la premiere V la perf.de en un autre endroit.]'Alexandre eftoit d'une ville maritime de Trajan § 7. la Paphlagonie, appellée Abonotique,ou*lechafteau d'Abon. *la muraille 'Il avoit de grands avantages de corps & d'efprit,mais une tres méchante ame, & une grande paffion de trouver de l'argent à quelque prix que ce fuft.'Aprés avoir paffé une partie de la vie à errer par le monde avec un digne difciple d'Apollone de Tyanes,'& à abufer de la fimplicité d'une vieille femme bien riche, & de beaucoup d'autres,en qualité de magicien,'enfin il s'avifa de faire le prophete en fon pays, plein d'efprits groffiers, credules, & fuperfticieux.

'Il repandit donc par le monde des oracles des Sibylles & d'autres, faits par luy mefme à fon avantage, dont quelques uns difoient qu'Efculape alloit bientoft paroiftre à Abonotique pour guerir toutes fortes de maladies. 'Il revint fur cela en fon pays avec un air de prophete & d'enthousiaste; & au bout de quelque temps il fit accroire aux habitans qu'il avoit trouvé à leur vue leur Efculape; & cet Efculape eftoit un petit ferpent qu'il avoit caché dans un œuf à l'endroit où il le vouloit trouver. Peu de jours aprés il fit paroiftre un grand ferpent'qu'il avoit apporté d'un endroit de la Macedoine où il y en a qui fe familiarisent avec les hommes & ne leur font point de mal. 'Mais cachant adroitement la tefte de ce ferpent, il luy en faifoit paroiftre une d'homme qu'il luy avoit faite avec du linge, & qu'il faifoit remuer avec des refforts comme fi elle eust esté vivante.'Il trouva mefme enfin moyen de la faire parler.

'Tous ceux des environs accoururent à ce fpectacle ; & perfuadez fur la parole d'Alexandre que ce grand ferpent eftoit celui mefme qu'ils avoient vu tout petit il n'y avoit que quelques jours,il ne douterent point que ce ne fuft veritablement

KC.

un Dieu. Chacun fe preffa de luy venir demander des graces
& des oracles, par le moyen d'Alexandre,qui recevant toutes
les offrandes, rendoit les réponfes qu'on demandoit, avec les
adreffes que l'on peut voir dans Lucien. Car il décrit tout ce-
ci fort amplement & fort agreablement: [ mais il nous fuffit
d'en favoir le principal, pour admirer comment le demon fe
jouoit de la credulite & de l'aveuglement des hommes, ou par
luy mefme, ou par fes miniftres.]

'On dreffa bientoft des ftatues de cuivre & d'argent à ce nou- p. 481.482.
veau dieu,à qui Alexandre fit donner le nom de Glycon:'& ce p. 489-491.
malheureux fourbe mefme inventa des myfteres abominables,
[mais qui estoient utiles à l'Eglife, parcequ'ils faifoient voir ce
que c'eftoit dans leur origine que les autres myfteres des
payens. S. Auguftin s'en feroit affurément bien fervi, s'il avoit
vu ce que Lucien en dit.]

'La reputation d'Alexandre fe repandit en peu de temps P.486.487jufques en Italie, & on le refpectoit mefme dans la Cour de M. Aurele,où il eftoit appuyé par Rutilien homme de la premiere qualité, mais tres fuperfticieux,'& qui fut affez fou pour epou- p.488. c. d. fer dans un age fort avancé la fille de cet impofteur,dans l'imagination que la lune eftoit sa mere. 'Les faux oracles qu'il p. 485. 486. avoit rendus,comme nous avons vu,à Severien'& à Vindex Ge- p. 493neraux des armées Romaines, ne ruinerent point sa reputation[dans l'esprit de ceux que le demon tenoit captifs, & qui avoient merité d'eftre abandonnez à l'efprit d'erreur pour croire au menfonge, parcequ'ils n'avoient pas receu & aimé la verité qui les euft fauvez.]

'Il eut mefme l'infolence de demander à l'Empereur la per- P.497. miffion de faire battre de la monnoie avec fon image d'un cofté,&"celle de fon Glycon de l'autre.[On ne dit pas s'il l'obtint:] 'mais au moins on trouve des medailles d'Antonin, qui ont au Dio,val.n.p. revers le nom des Abonotiquites & de Glycon, avec la figure 103Occo,p. 268.259|Sp nhà d'un ferpent qui a une tefte d'homme, ce qui nous apprend que 1.3.p.176-180l ce jeu du demon avoit commencé du temps d'Antonin, a On Spon,rech.p. voit la mefme chofe dans une de L.Verus,où la tefte du ferpent Spon,rech.p paroift encore plus une tefte d'homme que dans l'autre : & on 525. Y lit le nom de lonopolires. 'Alexandre ayant demandé que la Luci. pfeud. p ville d'Abonotique fuft appellée Ionople..

525.

a

497. C.

1. Quelques uns pretendent qu'au lieu de « il faut lire eux, comme on le trouve fur une Spanh.l 3.p.176. medail Mais M Spon dans les Recherches, p. 526, foutient qu'il y a Phúxay dans celles du cabinet du Roy: & ille faut pour faire le verS.

d1488.b.*.

'L'imposture finit enfin par la mort de l'impofteur, qui s'eftant promis 180 ans de vie, n'en vécut pas tout à fait 70, & mourut dans des douleurs effroyables, fa cuiffe s'eftant pourrie, & eftant devenue pleine de vers. On marque de luy commé une chofe honteufe, qu'il avoit une perruque. [Il mourut Athang-p-29-30, avant M. Aurele, fi c'est cet Alexandrel'dont Athenagore dit vers l'an 180,qu'on voyoit le tombeau dans la grande place de Parie[ville de l'Hellefpont,]& dans la mefme place eftoit auffi la ftatue de cet Alexandre à laquelle on offroit des facrifices comme à une divinité, & on y faifoit des feftes publiques, dans l'imagination d'en obtenir la guerifon de diverfes maladies.

Luci.pfeud.p. 484. c.d.

P. 489. c.

P. 495-497.

P. 477. a. b.

'Lucien remarque que les Chrétiens ne fe laifferent point furprendre par les illufions de cet impofteur; & il y ajoute les epicuriens, [qui faifoient profeffion de ne croire ni miracle, ni aucune operation de Dieu ni des demons. ] C'est pourquoi Alexandre le plaignoit au nom de fon Glycon, que le Pont eftoit rempli d'athées & de Chrétiens qui blafphemoient contre luy,& que fi on vouloit l'avoir favorable, il falloit les chaffer à coups de pierres. 'Il recommandoit auffi dans ses mysteres qu'on prift garde qu'il n'y euft ni athée, ni epicurien,ni Chré

tien.

'Il eftoit furtout fort en colere contre Lucien,qui fe moquoit de luy, & qui avoit voulu empefcher Rutilien d'epoufer fa fille.Il penfa un jour le faire maltraiter à Abonotique. Ils fe reconcilierent neanmoins en apparence; & Alexandre offrit à Lucien un vaiffeau pour le conduire à Amastris dans le Pont, où il avoit deffein d'aller. Quelque efprit qu'euft Lucien, il en manqua en cette rencontre, & accepta l'offre d'Alexandre. Mais il fut bien étonné lorsqu'estant au milieu de la mer, il vit le pilote pleurer & faire divers fignes aux matelots; & plus encore lorfque ce pilote luy avoua qu'Alexandre luy avoit donné ordre de le jetter dans la mer,mais qu'aprés avoir vécu foixante ans fans reproche, il ne pouvoit fe refoudre à devenir homicide. Il le laissa neanmoins dans une ifle deferte, [où il feroit bientoft mort de faim, fi des vaiffeaux du Bofphore qui pafferent heureusement par là, ne l'euffent fauvé.

'Il voulut enfuite poursuivre Alexandre devant le Gouverneur de Bithynie & du Pont: mais ce Gouverneur le pria de ne point faire d'affaire à un homme qu'il ne pouvoit condanner quand il le verroit manifeftement coupable, depeur d'offenfer Rutilien. Ainsi Lucien ne put fe venger d'Alexandre

qu'en

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »