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Her.l.2.p.492. me, [mais non pas]'depuis beaucoup d'années, comme le dit

2.

Herodien.

ARTICLE II.

Mœurs de Pertinax.

Her.p.489.dl

492. a.

b.

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dit

ERTINAX avoit ainfi paffé par un grand nombre d'emploix militaires & civils, & toujours avec honneur, Herodien, qui l'appelle un homme fage & reglé dans fes mœurs, & d'une vertu tres eprouvée. [Dion n'en parle auffi qu'avec de Dio,l.73.p.832. fort grands eloges.]'Il loue la douceur & la bonté, fon excellente economie, fon foin & fon application extreme pour le val.p.734u.p. bien public. Nous avons un paffage de fon hiftoire, qu'on croit eftre tiré d'un difcours qu'il fait faire à Severe en l'honneur de Pertinax, où il eft dit qu'il n'avoit ni l'humeur rude & altiere des gents de guerre, ni la timidité ordinaire à ceux qui aiment la paix, qu'il eftoit hardi & terrible avec des ennemis & des feditieux,"sage, doux, & jufte avec les amis & ceux capés. qui demeuroient dans le devoir, que la puiflance fouveraine ne decouvrit en luy aucun defaut, qu'on ne le vit ni"plus foible qu'il ne falloit en des rencontres, ni"plus roide & plus fier en d'autres, mais que depuis le commencement jufques à la fin,il fut toujours grave fans eftre trifte, doux fans molleffe,prudent fans fineffe, exact fans"scrupule,menager fans avarice,grand & genereux fans arrogance & fans fierté.

Aur. Vict,

1.73.p.831.d.

P. 834. c.

'Aurele Victor l'appelle un homme instruit de toutes chofes,
qui aimoit & qui fuivoit les mœurs anciennes. Un autre Victor
dit qu'il aimoit la fimplicité,qu'il parloit, mangeoit, fe prome-
noit avec tout le monde comme un egal, & que jamais il ne
fongea à fe venger d'aucune injure.

'Les riches qui aimoient la depenfe, le blafmoient comme
trop menager; [d'où peut venir ce que dit Aurele Victor, qu'il
epargnoit trop.]Mais Dion le loue de cela mefme, & dit que
tous les gents fages l'en louoient auffi: '& cet hiftorien ne le
blafme que de s'eftre trop hafté de reformer les abus du gou-
vernement, fans prendre le temps & les adreffes neceffaires,
comme devoit faire un homme auffi experimenté qu'il eftoit.
C'eft à quoy il attribue la mort.
fa

[Il n'y a donc que Capitolin qui parle assez defavantageusePert.v p.54.c. ment de Pertinax,]'Car il dit que s'eftant conduit avec beau

5 7.ს.

γίας,

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&c.

&c.

coup d'integrité durant la vie de Marc Aurele, il commença
eftant gouverneur de Syrie à vouloir amaffer de l'argent, juf
qu'à fe faire railler"par le peuple:de forte qu'il en revint riche.
[Mais un homme un peu menager,qui avoit eu la faveur de M.
Aurele,tres liberal envers fes amis, & les premiers emplois de
l'Empire, n'avoit-il pas pu amaffer legitimement & honnefte-
ment quelque bien ?]'Le trafic qu'il fit par fes gents, felon Ca- p.54.158.d.
pitolin, dans les trois ans qu'il vécut dans fes terres fous Com-
mode, [n'avoit rien de honteux felon les Romains. Et avec tout
cela'Herodien fait un eloge de fa pauvreté, dit qu'il avoit Her.l.2.p.489.
moins de bien que toutes les perfonnes [de fa qualité,] & croit 490.
que ce fut en partie pour cela que Commode ne le fit pas mou-
rir, comme tous les autres que M. Aurele avoit aimez.

[Capitolin accufe particulierement fon epargne & fon ava-
rice. J'Ĉar il pretend qu'il acquit beaucoup de terres à Vado Pert.v.p.57.b.
[pres de Savone fur la cofte de Genes, Japrés en avoir ruiné
les poffeffeurs par des ufures ; qu'il vendoit les charges de fes
gouvernemens," & des armées qu'il commandoit, 'qu'il avoit p. 58. d. c.
toujours continué à trafiquer, mefine eftant Empereur; qu'il
aimoit les prefens, 'qu'il recevoit de l'argent pour reftituer les p. 57.b.
biens que Commode avoit ufurpez,'& qu'il vivoit avec une p. 58. b. c.
epargne" qui paffe tout ce qu'on en peut dire. [Si tout cela eft
veritable,il eftoit certainement tres avare: ]'Et neanmoins Ca- F. 57. b.
pitolin dit feulement qu'on le foupçonnoit de l'eftre.

Il ajoute qu'il avoit plus de civilité que de liberalité, plus de p.58.b.c/Vict. promeffes que d'effets, & que tous ceux qui en parloient avec epit. xexsoniyor. liberté, l'appelloient'un homme de belles paroles, 'en un mot, Pert.v.p.58.b, qu'on ne l'avoit jamais cru fincere, '& qu'on ne l'avoit pas d. beaucoup aimé [ce qui n'a guere de raport avec ce que tous les autres en difent:]'qu'il paffoit pour n'ettre pas fort chafte,& nec. se mettre guere en peine que fa femme le fuft, & qu'il avoit P. 54. c. mesme eu assez de malignité pour contribuer à la mort d'Antiftius Burrhus, & d'Arrius Antoninus, par les[faux]avis qu'il avoit donnez contre eux à Commode.[Cet auteur qui ramassoit avec auffi peu de difcernement que d'ordre tout ce qu'il trouvoit, & qui raporte quelquefois des chofes qui fe contrarient, a fuivi fans doure en cela de's memoires ou des bruits de personnes qui n'aimoient pas Pertinax: car il ne le connoffoit pas par luy mefme, comme Dion & Herodien,n'ayant vécu que cent

V. Commo- ans aprés. J'Julien l'apoftat ne le reprend dans fa fatyre que"d'a. Juli.cæs.p.144. voir eu quelque part à la deliberation où on refolut de tuer

de §.13.

Pert.v.p.58.b.

Commode: [ce qui eft au moins tres incertain, comme on le
verra par ce que nous allons raporter.]

'Pour fon exterieur, il avoit une taille" avantageuse & affez imperatoria. pleine, fa barbe longue, l'air venerable & majestueux, & il ne Dio,l.73.p.830. manquoit pas d'eloquence. 'Il avoit l'efprit excellent, & le corps fain & robufte, finon qu'il eftoit un peu incommode des jambes.

Idat.&c Onu. in fast. p 239.C.

Her.l.2.p. 489. c. d.

[A

ARTICLE II I.

Pertinax refufe l'Empire, & l'accepte enfin.

L'AN DE JESUS CHRIST 193.

PRES que

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'Quintus Sofius Falco, & Caius Julius" Erucius, Confuls. Commode eut efté étranglé le foir du dernier jour de l'an 192, Q. Æmilius]'Lætus Prefet du Pretoire, & Eclecte[ou Electe] Chambellan de Commode, qui avoient efté les auteurs de fa mort, ne trouvant perfonne dans le Senat P.49c.a Dio,l. qui fuft plus digne de regner que Pertinax, 'ils vinrent chez &c. 73.p.830 a. luy au milieu de la nuit avant que l'on fceuft ce qui fe palloit,

accompagnez de peu de foldats qui eftoient tout à fait à eux. Her.p.456.b.e. 'Pertinax crut,dit Herodien, qu'ils venoient par ordre de Commode pour le tuer: il ne laiffa de dire qu'on les fift entrer dans fa chambre : & fans changer de vifage ni de pofture, il leur dit couché fur fon lit,que fe voyant refte feul[avec Pompeien,] des amis de M. Aurele, il n'y avoit point de nuit qu'il ne cruft devoir eftre la derniere de fa vie; qu'ainfi ils n'avoient qu'à executer leur commiffion.

c.d.

'Lætus luy dit que le tyran mefme eftoit mort, & qu'ils venoient luy donner l'Empire. Il crut qu'on le vouloit tromper: '& fur cela Eclecte luy montra par le memoire de Commode, que la crainte d'eftre tuez eux mesmes les avoit obligez de le Dio,p.830.a.b. tuer.'Avant que de fe rendre il envoya un de fes amis où ils luy

dirent qu'eftoit le corps de Commode,& ne pouvant plus alors b[Her.p.491.a. douter de fa mort,'il confentit à s'en aller d'abord au camp des Pretoriens avec Lætus qui en eftoit Prefet, & tout ce qu'il put Her p.489.4 affembler de gents"fans faire de bruit, 'mais en faifant nean- *. moins dire dans la ville que Commode eftoit mort d'apoplexie, que Pertinax regnoit.

491.b.

Dio,p.830.b.

&

'Les foldats furent furpris de le voir au camp [à l'heure qu'il Her.p.491 ab eftoit: J'car c'eftoit affez longtemps avant le jour. Lætus les fit

P'ert.v.p.55.a.l.

affembler,

193.

&c.

aes.

affembler, leur dit que Commode eftoit mort d'apoplexie,
mais qu'il leur amenoit "un nouveau prince, dont le merite ne
pouvoit eftre inconnu à des foldats,& qui feroit receu avec une
extreme joie de toutes les armées de l'Empire,puisque les gran-
des actions l'avoient rendu celebre partout.

'Pertinax parla auffi, dit qu'il acceptoit l'Empire parcequ'on Pert.v.p.ss.a.b. 3000'drag- l'y contraignoit,'& promità chaque foldat"pres de mille francs Dio,p.830.b. par tefte: ce qui les luy euft gagnez, s'il n'euft ajouté qu'il efperoit par leurs fecours reformer bien des chofes qui s'estoient faites mal à propos. Cela leur fit croire qu'il vouloit leur ofter divers privileges que Commode leur avoit donnez, & les mecontenta extremement. Ils le diffimulerent neanmoins pour lors:'& un petit nombre ayant commencé à l'appeller Augufte, Pert.v.p.ss.b. 'les autres fuivirent, n'ofant, dit Herodien, refifter à la foule Her.p.492.b. du peuple qui les environnoit. Car la nouvelle de ce qui fe paf-c foit s'eftant bientoft repandue,"parceque chacun fe haftoit de la dire aux autres; 'comme tout le peuple aimoit & honoroit P.490. d. Pertinax, 'la plufpart coururent au camp, depeur que les fol- P.49 1. c. dats accoutumez fous Commode à la violence & au pillage, n'euffent peine à recevoir un homme qu'on favoit aimer l'ordre & la difcipline.

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a p.491.b.c.

b Her.p.492.

493.

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Pert v.p.55 b.c.

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'Les foldats luy firent donc ferment de fidelité,& aprés le fa- P. 492. c. crifice, ils fortirent tous avec luy couronnez de laurier, & le peuple avec eux, pour le mener 1au Senat. b Il ne voulut point Dio,p.830.c. qu'on portaft devant luy ni le feu ni les autres marques de la Pert...ss.. dignité imperiale. La nuit duroit encore lorsqu'il arriva au Senat.d Les Confuls Falco [& Clarus,] tous les magiftrats, & les autres Senateurs, se hasterent de l'y venir faluer, & de luy donner le nom d'Augufte & d'Empereur. f Illes receut tous avec toute la civilité qui fe pouvoit dans cette foule. 8 Pompeien y vint avec les autres,& ne put s'empefcher en le faluant de pleurer la malheureufe fin de Commode fon beaufrere.Pertinax le preffa de vouloir qu'il luy cedaft l'Empire; mais il s'excufa de l'accepter.

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e

Dio,p.830.c
Pert.v p.ss.c.
Her p.493.a.
Pert.v.p.ss.b.

f Dio, p. 830 c.

g

'Tout ceci fe paffa felon Capitolin, avant que d'entrer dans b.

la falle où se tenoit le Senat. 'Quand on y fut entré, Pertinax Her.p.493.al témoigna le mesme defir de fe decharger de l'Empire à caufe de Dio.p.830.c.d. fon age & de fes incommoditez,fur quelqu'un dont la noblesse

euft plus de proportion avec cette eminente dignité. 'Il crai- Her.p.492.c.d.

1.'Herodien dit qu'il alla au palais, & y attendit que le jour fuft venu pour aller au Senat. [Cela a Her.p.492.c.d.e. peu d'apparence, & eft contraire aux autres hiftoriens.]

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gnoit en effet que les perfonnes de qualité n'euffent peine à luy Pert.v.p.58.d. obeïr à caufe de la baffeffe de fa naiffance:'& Capitolin [qui luy eft d'ailleurs fi peu favorable,]dit qu'il fouhaitoit fincerement de quitter l'Empire, & qu'il eut toujours de l'averfion pour la fouveraineté &" pour tout ce qui la marquoit. 'Il allegue pour imperialia, le prouver une lettre de Pertinax mefme, qu'il avoit lue dans

.59.d.

Marius Maximus.

[Pertinax ne se contenta pas de demander en general qu'on Her.p.493.a.b. eluft un autre Empereur.J'll propofa mefme expreffément Acilius Glabrio deux fois Conful,& qui faifoit remonter fa genealogie jufqu'à Anchife pere d'Enée;& il le prit par la main pour ↳ Dio,p.830.d. le faire affeoir fur le throne imperial. Mais Glabrion'& tous les autres declarant qu'ils ne vouloient point avoir d'autre prince que luy,il ceda, & s'affit enfin fur le throne comme Empereur.

Her.1.2.p.493.

494. P. 494.d.

Dio, l. 72. p.

830.831 l'ert.v. P.55.c.

Pert.v.p.ss.c d.

d) Pagi,194.§4.

H

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Pertinax tient fa femme & fon fils dans la modestie.

ERODIEN fait faire un affez long difcours à Pertinax pour remercier le Senat de luy avoir donné l'Empire: '& ce difcours fut fuivi des acclamations que l'on fit en fon honneur.'Car le Senat ne fe laffoit point de le louer,& de charger Commode de toutes fortes d'injures, l'un & l'autre de tout fon cœur & fans feinte.'Les Confuls firent l'eloge du nouveau Prince, [au lieu de celui qu'ils avoient preparé pour Commode. ]Pertinax mefme fit celui de Lætus, comme reconnoiffant que c'eftoit à luy qu'il devoit l'Empire: furquoi Capitolin écrit que Falco l'un des Confuls fut affez hardi pour luy faire"quel. Nors 2 que reproche d'avoir auprés de luy un homme qui avoit efté le miniftre des crimes de Commode; & que Pertinax luy répondit, Vous eftes encore jeune, & vous ne favez pas ce que c'eft que d'obeïr. Lætus a fait malgré luy ce que Commode luy a « commandé: mais des qu'il a efté en liberté, il a bien fait voir « quels ont toujours efté fes fentimens.

'Pertinax receut des le mefme jour le titre de Pere de la patrie, & tous les autres que l'on avoit accoutumé de donner aux Empereurs : ce qu'on dit ne s'eftre jamais fait auparavant pour Dio,1.72.p.832. le titre de Pere de la patrie.'Il voulut qu'on y ajoutaft celui de

a. b.

"chef du Senat, comme plus populaire, parcequ'on s'en estoit Princeps. Grut.p.209.1. fervi dans le temps de la Republique. On le trouve encore

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