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AN. 15×1.» pour nous répondre, chacun devant être toujours prêt de répondre fur fa foi, & de rendre raifon de >> fa doctrine au premier qui la demande; vous fur>> tout qui êtes fi habile & un théologien si profond, >> vous ne deviez pas avoir besoin de tems pour mé>> diter vos réponses: mais quoi qu'il en foit, qu'avez» vous à dire aujourd'hui ? Voulez-vous foutenir la >> doctrine contenue dans vos écrits?».

IX.

Son difcours

te en préfence

Sleidan, ib. 3. pag. 65.

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Auffi-tôt Luther prit la parole; & s'adreffant à l'empereur & à toute l'assemblée, il les pria tous de dans cette dié- l'entendre avec bonté & avec patience: « Si je fais de l'empereur.» quelque faute, dit-il, très-puiffant empereur, & » très-illustres princes, en me servant de termes im→ >> propres & peu convenables à une fi célébre assem» blée; & fi je n'employe pas toute la politeffe requife, je demande en grace que vous ayez quelque égard au genre de vie dans lequel j'ai paffé une bon>> ne partie de mon âge; car je ne puis me promettre » autre chofe, ni rendre d'autre témoignage qu'une >> fincere protestation, que tout ce que j'ai fimple>> ment enseigné jufqu'à préfent, n'a été que pour la gloire de Dieu & le falut des hommes. Sur la pre» miere demande qu'on me fit hier, j'e n'ai fait aucu» ne difficulté de reconnoître que les livres qu'on m'a >> nommés font de moi; que fi mes ennemis y ont ajouté quelque chofe, je n'en fuis pas refponfable, » & on ne doit pas le regarder comme venant de moi. » Il s'agit présentement de répondre à la seconde >> queftion. »

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Pour y fatisfaire, il pria l'affemblée d'obferver que les livres qu'il avoit compofés, n'étoient pas d'une même sorte, & traitoient de différens sujets; qu'il y

en

en avoit quelques-uns dans lefquels il n'avoit traité An. 1521. que des matieres de piété & de morale d'une maniere fi fimple, que fes adverfaires mêmes leur rendoient un témoignage avantageux, & que par conféquent il ne pouvoit les rétracter fans manquer au devoir d'homme de bien & de probité; qu'il y avoit d'autres ouvrages de lui, dans lefquels il reprend la papauté & la doctrine de la cour Romaine, qui avoit tant affligé la république chrétienne, que perfonne ne peut nier que les loix du pape fondées fur les traditions humaines, ne tiennent les confciences des fidéles fous une tyrannie infupportable; que l'Allemagne a autant & même plus de fujet de s'en plaindre qu'aucun autre pays de la chrétienté, & qu'elle n'est pas prête de voir la fin de ces vexations, fi elle n'y met ordre promptement; qu'on ne peut l'obliger à fe rétracter fur ce point & à condamner fes livres, fans approuver la conduite de cette cour, & donner à fes miniftres un nouveau droit de l'exercer, ce qui cauferoit un préjudice d'autant plus grand, qu'on ne manqueroit pas de publier par-tout qu'il l'auroit fait par l'autorité de l'empereur & des princes; qu'enfin il y avoit des écrits pour fa défense contre quelques particuliers, qui voulant établir la tyrannie Romaine avoient attaqué les vérités qu'il enfeignoit, & l'avoient chargé de calomnies; qu'à la vérité il ne défavouoit pas que dans fes ouvrages la eri in allis chaleur de la difpute ne l'eût porté trop loin; qu'il leur avoit répondu avec trop d'aigreur; qu'il ne s'attribuoit aucune fainteté ni dans fes mœurs, ni dans fa vie ; qu'il faifoit profeffion d'enseigner la vraie doctrine appuyée des témoignages évidens de l'écriTome XXVI.

B

Inter opera Lu

conven. Worm.

ment. 2.

AN. 1521.

ture fainte, & qu'il ne vouloit point la rétracter, de peur que fes ennemis n'en tiraffent avantage; qu'il n'avoit garde de prétendre qu'il ne fe fût jamais trompé, puifqu'auffi-tôt qu'on étoit homme, on deve- · noit fujet à l'erreur; mais qu'il n'avoit qu'à répeter ce que Jefus-Christ frappé sur la joue par un domeftique du grand-prêtre, avoit répondu: Si j'ai mal parlé, rendez-moi témoignage du mal que j'ai dit: Que fi le Sauveur du monde, comblé de toutes fortes de perfections, n'a pas refusé d'entendre le témoignage d'un indigne valet, avec combien plus de justice, étant un homme pécheur qui puis me tromper en plus d'une maniere, dois-je me préfenter, & écouter ceux qui ont quelque chofe à oppofer à ma doctrine? C'eft pourquoi il les conjure par tout ce qu'il y a de plus facré, de ne rien diffimuler, & de montrer évidemment par des témoignages de l'écriture, qu'il'eft dans l'erreur, promettant d'être le premier à jetter fes livres au feu, fi on peut le convaincre. Puis il ajoute, qu'il fent un vrai plaifir de voir que fa doctrine ait caufé tant de troubles; que c'eft le propre de l'évangile où Jefus-Chrift dit, qu'il n'eft pas venu apporter la paix, mais la guerre, & féparer le fils d'avec fon pere. « C'est pourquoi vous devez bien prendre garde,

dit-il, en s'adreffant à l'affemblée, à ce que vous » allez résoudre, afin de ne pas condamner la parole » de Dieu, & la faine doctrine que Dieu vous pré» fente par un bienfait particulier, & de ne pas ren>>dre par fa condamnation le régne de Cefar mal» heureux, en laiffant un exemple fi défavantageux

à fa poftérité, ce que je pourrois vous prouver par >> plufieurs autorités de l'écriture fainte, de Pharaon,

» du roi de Babylone, & des rois d'Ifrael, qui fe font AN. 1521, perdus dans le tems qu'ils ont cru établir la paix » dans leurs royaumes, & se conduire avec plus de sa» geffe. ».

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Comme Luther alloit encore beaucoup s'étendre pour exhorter les princes à protéger la vérité, Eckius lui dit avec émotion, qu'il n'avoit pas répondu au fait, & que ce n'étoit point à lui à mettre en question & en doute ce qui avoit été autrefois défini par l'autorité des conciles; que tout ce qu'on lui demandoit étoit de répondre précisément, s'il vouloit approuver fes écrits, ou les rétracter, à quoi Luther répliqua: “ Puifque vous m'ordonnez, très-grand em» pereur, & très-illuftres princes, de répondre simplement & précisément aux demandes qu'on m'a faites, j'obéirai, & voici ma réponse: Si l'on ne me > convainc par des témoignages de l'écriture fainte, » & par des preuves évidentes, je ne puis rien rétrac»ter de ce que j'ai écrit ou enfeigné; car je ne dois » point agir contre ma confcience, ni ne me crois obligé de croire au pape & aux conciles, ni de rece»voir leur autorité, puisqu'il eft conftant qu'ils fe > font trompés fouvent, qu'ils fe font contredits, & » qu'ils peuvent errer. Ainfi je ne veux, ni ne puis rien » rétracter, parce qu'il n'est ni fûr, ni innocent d'a» gir contre fa confcience. »

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Les princes ayant délibéré sur cette réponse, lui firent dire qu'il n'avoit pas répondu affez modeftement; que fuppofé la distinction qu'il avoit faite de fes écrits, s'il avoit rétracté ceux qui contiennent la plus grande partie de fes erreurs, l'empereur n'auroit pas fouffert qu'on touchât à ceux dont la doctrine

Sleidan, in comment. l. 6. P.57.

AN. 1521.

X.

étoit orthodoxe; qu'il y avoit eu plufieurs Allemands
d'une profonde érudition, témoins de ce qui s'étoit
paffé au concile de Conftance; qu'il en méprisoit les
décrets; qu'il renouvelloit les erreurs qui y avoient
été condamnées; qu'il avoit tort de vouloir qu'on
le convainquît par l'écriture fainte, parce qu'il eft
inutile de difputer de rechef fur des chofes
que l'é-
glife à une fois condamnées; qu'on ne doit pas per-
mettre de demander raifon de tout, & que cette
maxime une fois reçue, de convaincre par l'écriture
ceux qui contredifent aux conciles & à l'églife, il
n'y auroit plus rien de certain & de terminé; qu'en
un mot l'empereur vouloit fçavoir de lui ce qu'il
penfoit de fes écrits; s'il vouloit foutenir ou rétracter
tout ce qu'il y avoit avancé. Luther témoigna qu'il
n'avoit point d'autre réponse à faire que celle qu'il
avoit déja faite; mais la nuit étant venue, l'affem-
blée fe fépara.

L'empereur écrit à la diéte

ther.

Sleidan, com

68.

ait. fcript.

Le lendemain l'empereur qui ne put pas fe troutouchant Lu- ver à la diéte, écrivit aux princes qui la compofoient. Sa lettre porte, que fes ancêtres avoient toujours fait went. lib. 3.p. profeffion de la religion catholique, & s'étoient fait Cochleus, in gloire d'obéir à l'église Romaine; que Luther s'étant Lub. p. 34. déclaré contr'elle, & perfiftant dans fon égarement, il étoit du devoir d'un empereur véritablement chrétien de fuivre les veftiges de fes prédéceffeurs, & de prendre la défense de la religion & de l'église Romaine, en procédant contre un fils dénaturé, qui ne tend qu'à déchirer le fein où il a été formé; qu'il avoit donc résolu de profcrire Luther & fes fectateurs, & d'employer tous les remedes convenables pour éteindre cet incendie ; qu'ayant néanmoins

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