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・AN. 1521.

Autres ou

ther dans fa retraite.

Outre ces ouvrages dont on vient de parler, Lu-XXVIII. ther en compofa encore plufieurs autres dans fa revrages de Lu- traite pour appuyer fes erreurs. Il fit en Allemand un traité contre la confeffion fecréte; & dans fa préface il ofe avancer que fi le pape & les évêques ne changent cet ufage après en avoir été avertis par fes écrits, Dieu permettra qu'on les y contraigne par la force des armes. Il ne s'élevoit dans ce livre que contre la confeffion secréte qu'on appelle auriculaire :: au reste il ne rejettoit pas absolument la confeffion, comme on le voit dans fon petit catéchifme, qui eft reçû unanimement dans tout le parti, & dans lequel il dit : « Devant Dieu nous devons nous tenir coupables de nos péchés cachés; mais à l'égard du mi» niftre, il faut feulement confeffer ceux qui nous >> font connus & que nous fentons dans notre cœur.»› XXIX. Il répondit auffi dans le même tems à l'ouvrage tre Latomus. que Jacques Latomus théologien de Louvain & chacomment. . 3. noine de faint Pierre dans la même ville,. avoit puCochleus, de blié pour défendre la cenfure que la faculté de Lou-

Il écrit con

Sleidan, in

pag. 76.

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ait. & fcript. vain avoit faite de fes écrits.

Luth.an.1521.

ag: 43.

Enfin ce fut dans cette même folitude qu'il acheva de faire le plan de fa prétendue réforme, où il ne garda plus aucune mefure, comme il avoit fait au commencement, parce qu'il n'étoit pas alors, dit-il, défabufé des erreurs de la papauté. Il fit un long traité contre les vœux monaftiques, qu'il adressa à fon pere: il y prétend que ces voeux font nuls, comme directement contraires à la liberté des enfans de Dieu ce qui ne manqua pas d'ouvrir la porte au libertinage, & de dépeupler une bonne partie des monafteres d'Allemagne, où l'on vit beaucoup de

religieux

religieux fe marier, & montrer à Luther un exemple AN. 1521. qu'il fuivit lui-même quelques années après.

in eccl. memo

an. 1521.

de

XXX. Conférence

Luther a

vec le prince

Inter opera

trail. de mila

Jeq.

Il compofa auffi un traité pour abolir les meffes pri- Hist, gest. in vées, & l'adreffa aux religieux Auguftins de Wittem-ab. Ant. de la berg. Luther les exhorte à témoigner beaucoup de for- Biardiere, ad ce & de constance, & à s'affurer de la protection du prince électeur de Saxe, qui étoit, dit-il, un feigneur fage & prudent, qui aimoit la vérité, & qui ne jugeoit point témérairement. C'est dans ce traité où Luther raconte la conférence qu'il prétend avoir eue avec le diable pour l'abolition des messes privées. « Il m'est » arrivé une fois, dit-il, vers l'heure de minuit, de » me réveiller fubitement, & alors fatan commença des ténébres. » à entrer en difpute avec moi. Ecoute, Luther, me Luth. . . dit-il, docteur très-fçavant, tu fçais qu'il y a près priv. fol. 236.. » de quinze ans que tu célébres prefque tous les jours » des messes privées; que penferois-tu, fi tu fçavois » que ces meffes privées font une idolâtrie qui fait » horreur, fi le corps & le fang de Jesus-Chrift n'y » étant point préfens, tu n'avois adoré que du pain » & du vin, & tu avois propofé la même chofe à » adorer aux autres? A quoi je répondis: Je fuis prê-» tre, * j'ai reçû l'onction d'un évêque ; j'ai fait tou- *Luther avoit »tes ces chofes par ordre & par obéissance à mes fu» périeurs, pourquoi n'aurois-je pas confacré en pro-357» nonçant les paroles de Jefus-Chrift, & ayant célé- miere meffe le »bré la meffe férieufement & avec attention? Tu » le fçais. Tout cela eft vrai, repartit le démon, mais » les Turcs & les Payens font de même toutes chofes » dans leur temple par obéissance, & offrent fé>> rieusement leurs facrifices. Les prêtres de Jeroboam » faifoient de même tout avec zéle contre les vrais Tome XXVI. G

été ordonné pré-tre dans le mois d Avril

2. de Mai.

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AN. 1521.» prêtres de Jerusalem. Et quoi fi ton ordination & » ta confécration étoient fauffes, comme les prêtres » des Turcs & des Samaritains font de faux prêtres, » qui rendent un faux culte. Quand tu as dit la messe privée, tu as ufé feul du facrement, & tu ne l'as point communiqué aux autres ; eft-ce-là l'inftitu» tion de Jefus-Chrift? Pourquoi n'enseignez-vous » pas, vous autres, qu'une perfonne peut fe baptifer elle-même? Pourquoi ne feroit-ce pas un mariage >> fi un homme s'époufoit lui-même ? Comment fe peut-il faire que pour toi feul tu veuilles faire ce » facrement? Luther ajoute que convaincu par ces » raifons & par ces preuves, il acquiefça au difcours » de fatan ; & je ne puis nier, dit-il, que je n'aie péché jusqu'alors; je ne puis nier que mon péché ne » soit très-grand ; je ne puis nier que je ne mérite la >>wort & la damnation.

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Les Augustins de Wittemberg reçurent le livre de Luther, avec d'autant plus de joie, qu'ils avoient déja aboli les meffes privées à la follicitation de Carloftad. Mais Frederic électeur de Saxe n'en jugea pas fi favorablement, craignant qu'une femblable entreXXXI. prife ne causât de grands troubles dans fes états. Il Saxe confulte fit affembler toute l'université de Wittemberg, pour univerfité le lui donner fon avis. L'université lui députa quatre fur la meffe. de fes docteurs; Jufte Jonas, Philippe Melanchton, comment, 1. 3. Nicolas Ansdorf, & Jean Doeltz de Veltkirch, qui

L'électeur de

Wittemberg

Sleidan, in

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après quelques conférences avec ces religieux, firent entendre au prince, que les meffes privées faifoient injure à la cêne du feigneur, & le prierent non-feulement de les abolir dans une feule église, mais dans tous fes états; ils lui dirent qu'il devoit rétablir le

véritable usage de la cêne felon le précepte de JesusChrift, & la pratique des apôtres, & méprifer courageusement tous les reproches de ceux qui l'en blâmeroient; que tous ceux qui entreprennent de foutenir la faine doctrine de l'évangile, doivent s'attendre à fouffrir beaucoup, & qu'il doit s'appliquer à reconnoître la faveur finguliere que Dieu lui fait, & profiter d'une occafion fi favorable pour réveiller les lumieres de l'évangile parmi ses sujets.

AN. 1521.

L'électeur répondit qu'il embrafferoit toujours avec plaifir tout ce qui concernoit la piété, mais que la chofe qu'ils lui confeilloient étant difficile & d'une extrême conféquence, il lui fembloit qu'il ne falloit rien précipiter; que quatre docteurs feuls n'étoient pas fuffifans pour rendre une telle ordonnance; que l'affaire dont il s'agiffoit devoit être décidée après une mûre délibération par un plus grand nombre; qu'il ne doutoit point que fi la caufe qu'ils foutenoient étoit appuyée du témoignage de l'écriture, plufieurs ne fe joigniffent à eux pour décider en leur faveur, & qu'alors ce changement qu'ils demandoient, & qui leur paroiffoit plein de piété, & même nécessaire, s'établiroit plus avantageusement & fans obstacles; que pour lui qui n'avoit pas étudié l'écriture fainte, il ignoroit en quel tems l'ufage des meffes privées qu'ils condamnoient, avoit été introduit dans l'églife, & en quel tems celui qu'ils difoient que les apôtres avoient obfervé, avoit ceffé; qu'il fçavoit bien toutefois que plufieurs églises & plufieurs monafteres ont été fondés pour y célébrer des meffes, & qu'on leur a affigné un certain revenu à cet effet; que fi l'on aboliffoit ces meffes, en

AN. 1521.

ôtant aux églises, aux monafteres & aux bénéficiés les grands revenus donnés pour ce fujet, il en arriveroit une confusion terrible, dont on le regarderoit comme l'auteur; qu'ainfi fon avis étoit qu'après avoir examiné l'affaire avec les principaux membres de l'univerfité & du clergé, les plus fçavans, & les plus gens de bien, ils réglaffent le tout avec tant de modération, que l'on ne fît rien qui pût exciter des troubles, des divisions & des féditions parmi le peuple.

Les députés en délibererent donc avec d'autres de leur corps, & vinrent le lendemain faire leur rapport à l'électeur. Ils lui dirent que tous avoient décidé qu'il falloit abolir les messes privées, qu'on pouvoit le faire fans bruit, & que quand il en arriveroit quelque tumulte, on devoit toujours l'entreprendre, XXXII. parce que l'abus étoit fi grand, qu'il étoit impoffible Onaboles de fe difpenfer de l'abolir; que ce n'étoit pas une à Wittemberg. chofe nouvelle de trouver des oppofans à l'établiscomment. i.3. fement de ce qui eft pieux & raifonnable; que le

meffes privées

Sleidan, in

pag. 77.

plus grand nombre a toujours réfifté à la faine doctrine depuis le commencement du monde, & que c'est une grace particuliere que Dieu fera à quelquesuns d'approuver & de recevoir l'ufage légitime de la cêne du Seigneur ; que le rite de la messe qui étoit prescrit par l'écriture fainte, étoit visiblement fi différent de celui des messes privées, qu'il étoit inutile de délibérer plus long-tems; que les congrégations & fociétés inftituées n'avoient pas eu des fondations & des revenus pour dire un certain nombre de meffes privées, mais pour élever les jeunes gens dans les fciences & dans la piété, & que ces mêmes revenus

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