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trop foibles

pour

ab

III. L'empereur tient une diéte à Wormes.

Coblaus, de

alt. Script.

Allemands, & qui avoient été fi juftement condam- AN. 1521. nés dans le concile de Conftance. Ce nonce fit même un ouvrage exprès pour le prouver, en tirant quarante propofitions du livre de la captivité de Babylone. Ces coups étoient trop battre le parti de Luther, & l'on en efperoit de plus grands de la diéte qui devoit fe tenir à Wormes au mois de Janvier. Elle fe tint en effet au jour marqué, Lub. ad an. l'empereur s'y trouva comme il l'avoit promis; l'affemblée fut très-nombreufe, & les deux nonces du 6. pape, Jerôme Aleandre & Marin Caraccioli, ne manquerent pas d'y venir. Ils étoient chargés l'un & l'autre de folliciter la condamnation de Luther & de fes écrits; ce fut par où Aleandre débuta, & il parla feul pendant trois heures dans la premiere féance.

en

1521.

Ulemberg.cap.

HI.

Difcours du nonce Alean

Wormes.
Arcbior

mat. Archiv.
Vatican. apud
cardin. Palla-
vic.lib. 1.cap.

25.

Sleidan. com

ment lib. 3. Pr

Cochleus, de

D'abord il invectiva fortement contre Luther, mais s'appercevant que ce qu'il difoit n'étoit point on a la diéte agréable aux auditeurs, & qu'il ne s'agiffoit pas en de effet de dire des injures, mais de prouver que les fentimens de ce religieux étoient hérétiques, il tourna auffi-tôt fon difcours fur les erreurs mêmes, faisant un extrait des propofitions du livre de la captivité de Babylone. Il fit donc voir que Luther 63 nioit qu'il y eût fept facremens, qu'il n'en reconnoif-ad. I feript. foit que trois, & qu'il regardoit la tranfubftantiation p. 30. dans le facrement de l'autel comme une invention humaine. Il montra qu'il attaquoit les fondemens de la religion, le refpect dâ aux facremens, & l'obfervation des vœux, que fa doctrine étoit également contraire à la piété chrétienne & à la tranquillité des états; & que, comme elle fe répandoit tous les jours

Lut. an. 1$ 28,

AN. 1521.

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IV.

Luther à la

diére.

Pallavis. lib. a. cap. 26.

de plus en plus, il falloit y apporter un prompt reméde pour l'étouffer. Les princes & les électeurs étonnés de ce rapport, commençoient à vouloir qu'on condamnât abfolument Luther, lorfque Frederic électeur de Saxe dit, pour détourner ce coup, qu'il avoit fujet de fe plaindre qu'on en imposât ainsi à un profeffeur de fon univerfité; que ces fentimens erronés, qu'on attribuoit à Luther, n'étoient point de lui, mais de ses ennemis, qui les avoient inventés exprès pour le décrier; que les livres dont on avoit extrait ces erreurs, n'étoient peut-être pas de lui, & que le plus sûr moyen pour l'en convaincre, étoit de l'appeller & de l'entendre. L'empereur & les princes y confentirent.

1

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Mais Aleandre s'y oppofa fortement, & soutint soppafe à qu'on ne pouvoit pas mettre en délibération une la venue de affaire déja jugée par le pape; qu'il étoit dangereux de faire venir Luther, parce qu'il étoit capable d'exciter une fédition; qu'on ne devoit plus entendre fes raifons; & que d'ailleurs il ne vouloit reconnoître pour juges, ni les théologiens, ni les canonistes, ni les évêques. Aleandre appréhendoit avec raifon que Luther, qui ne demandoir qu'à parler & à difputer ne furprît par fon éloquence & par fes fauffes fubtilités, des gens qui n'étoient pas en état de juger de ces fortes de matieres. Il fut néanmoins réfolu qu'on le feroit venir, afin qu'il déclarât feulement d'une maniere fimple, fi les livres, dont on avoit tiré des propofitions hérétiques, étoient de lui, ou s'ils n'en Cochlaus,in étoient pas. Il y eut quelques difficultés fur la forme all. & ferit du fauf-conduit qu'on devoit lui accorder. Ses parti1521, p. 31. fans, entr'autres Frederic, ne le croyoit pas fuffi

Luiher. ann.

fant s'il étoit figné par l'empereur feul, parce qu'a- AN. 1521. lors on pourroit livrer Luther entre les mains du pape. Charles V. par complaisance voulut bien que quelques autres princes de la diéte fignaffent avec lui le fauf-conduit à ces deux conditions, qui furent accordées; l'une, que Luther ne prêcheroit point en allant de Saxe à Wormes; l'autre, qu'il ne publieroit aucun livre jufqu'à ce qu'il eût été entendu.

V.

L'empereur

écrit à Luther

un fauf-con

duit.

Sleidan, com

63.

VI.

de Wittemberg

à

tic.

Alla Worma

codic. Vatic.

L'empereur accompagna ce fauf-conduit d'une lettre datée du fixiéme Mars, dans laquelle il man- en lui envoiant doit à Luther qu'il vouloit fçavoir par lui-même, s'il étoit l'auteur de quelques ouvrages qu'on lui attri- ment. lib. 3. p« buoit, & s'il approuvoit la doctrine qu'ils contenoient; qu'il pouvoit venir sûrement à Wormes avec le fauf-conduit qu'il lui envoyoit, & qu'il lui feroit également libre de retourner chez lui. Sur ce faufconduit Luther partit de Wittemberg afin de fe rendre à Wormes, avant le terme de vingt jours que l'empereur lui avoit fixé: il étoit accompagné d'un exempt nommé Gafpard Sturmius, qu'on lui avoit envoyé de Wormes pour lui fervir de fauve-garde. Etant à Erford, il logea dans le monaftere des Auguftins où il avoit pris l'habit de religieux; & comme c'étoit le dimanche de Quafimodo, on l'engagea de prêcher: Luther le fit malgré la défense qui lui en étoit faite dans le fauf-conduit; & tant par curiofité, que par le défir de l'entendre, il eut un trèsgrand nombre d'auditeurs: il déclama beaucoup contre les bonnes œuvres & les Loix humaines. » L'un, dit-il, bâtit un temple, l'autre va en pélerinage à faint Jacques ou à Rome; un troisiéme »jeûne, prie, va nuds pieds; tout cela ne fert de

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Luther part pour fe rendre Wormes. convent. ex Sleidan, lib. Pallavic. lib. Ulembourg, in theri. cap. 6.n. Cochley, in p.31..

3. cap. 64.

1. сар. 26.

nita Sadis Lu

2. p. 31.

allis Lutheri.

AN 1521.» rien, il faut que cela foit détruit; car tout ce qui » vient du pape, n'eft que pour obliger de donner: >> ce feroit peu de chofe, fi l'on ne faifoit que piller >> les hommes; mais le pis eft qu'on leur veut perfua» der par-là que les œuvres corporelles peuvent les » justifier & les fauver. » D'Erford il fe rendit à Oppenhim où il apprit que le pape l'avoit excommunié à Rome nommément le jeudi faint. Sur cette nouvelle, les plus timides d'entre ceux qui l'accompagnoient, tâcherent de le diffuader d'aller à Wormes, en lui montrant le nombre & la qualité de fes ennemis, & le conjurant de profiter de l'exemple de Jean Hus; mais il leur repartit qu'il leur étoit infiniment obligé de leur foin, quoique femblable, disoitSte lan, lib. 3. il, à celui de la femme de Pilate pour Jesus-Christ, & que le démon avoit excité l'un & l'autre pour la même raison; que cet ange de ténébres voyoit en l'un & en l'autre cas fon trône fur le point d'être renversé, & qu'il employoit fes dernieres rufes à deffein de le conferver ; & il ajoutoit, que bien qu'il fût affuré d'avoir autant de diables fur les bras, qu'il y avoit de thuiles fur les maifons de cette ville-là parlant de Wormes, il vouloit toutefois y aller.

cap. 64.

VII.

Luther ar

mes, & y eft

act. 5 fcript.

Il y arriva le feiziéme d'Avril, accompagné de rive à Wor- huit cavaliers, & vint fe loger dans la maifon des interrogé. chevaliers de l'ordre Teutonique, proche du palais Cechiens, de où demeuroit l'électeur de Saxe; le lendemain dixLutheri hoc an septiéme du même mois il fut introduit à la diéte fur Pallavic. bif. les quatre heures après midi par le comte de Papenfub. finem. ̧ ̈ him maréchal de l'empire, qui lui ordonna d'abord de ne parler que pour répondre précisément à ce qu'on alloit lui demander de la part de l'empereur.

1521.

lib. 1. cap. 26.

Alors le jurifconfulte Eckius, l'un des confeillers du AN. 1521, duc de Baviere, lui dit que fa majesté impériale l'avoit mandé pour entendre fa réponse fur deux articles; le premier, s'il étoit l'auteur des livres publiés fous fon nom, dont il voyoit les exemplaires & entendoit lire les titres. Le fecond, s'il vouloit en maintenir la doctrine, ou fe rétracter des erreurs qu'ils contenoient. Luther répondit qu'il reconnoiffoit les livres; qu'il avouoit tous ceux qui portoient fon nom; mais quant au fecond article il demanda du tems pour délibérer s'il les défendroit ou non, parce qu'il s'agiffoit de la chofe du monde la plus importante; fçavoir, la foi & la parole de Dieu, où il ne falloit rien précipiter, de peur d'en dire trop ou trop peu, ce qui ne feroit pas confeffer Jefus-Chrift devant les hommes, comme il avoit deffein de le faire. Les princes, après avoir délibéré sur sa demande, lui firent dire par Eckius, que, quoiqu'il fût affez bien informé des raifons pour lesquelles l'empereur l'avoit fait venir à Wormes, & qu'il eût dû avoir médité les réponses qu'il avoit à faire, paffant pour un docteur fi célébre, sa majesté impériale toutefois vouloit bien lui accorder un jour, à condition qu'il se présenteroit le lendemain, & qu'il répondroit de vive voix, & non pas par écrit. Il se retira auffi-tôt après.

mes.

VIII.

Le lendemain il fut conduit à l'audience par Luther com l'exempt Sturmius jusqu'à la porte de la falle, & fur parot une fe les fix heures on le fit entrer. Eckius lui dit : « Puif- diéte de Wor» que vous n'avez pas voulu répondre la veille à la Pallavic.bift. » demande qu'on vous a faite, & qu'on vous a accor- cap. 27.6. » dé un jour, quoiqu'on eût pu vous refufer du tems p. 65.

conc. Trid. lib.

Sleidan, lib. 3.

Cochlaus, p.33

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