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pourroient être affignés à ceux qui enfeigneroient & AN. 1521. qui feroient instruits, & employés au foulagement des pauvres ; que cette coutume avoit fubsisté jusqu'au tems de faint Bernard, & que c'étoit depuis environ quatre cens ans qu'on avoit introduit ce trafic de meffes, qu'il falloit entierement abolir; que quand cette profanation feroit plus ancienne, on ne devoit pas la fouffrir pour cette raison; que peut-être ce changement cauferoit quelque trouble, mais qu'il faudroit l'attribuer feulement à la méchanceté des ennemis du bien, qui comhattoient la vérité contre leurs confciences, dans la vûe du profit qu'ils en pourroient tirer. Le prince parut fatisfait de cette réponse, & ainsi les meffes privées furent abolies dans Wittemberg, & bien-tôt après dans tous fes états.

Toute cette conduite prouvoit assez que la religion ne tiroit pas un grand avantage de l'édit de Charles V. & que quelqué févere qu'il fût, il n'arrêtoit point le progrès de l'héréfie en Allemagne. Ce prince avoit congédié la diéte de Wormes dès le vingt-quatrième d'Avril ; mais avant que de partir lui-même pour la Flandre, il preffa le nonce d'écrire au pape, afin qu'il agréât une ambaffade de fa part pour recevoir l'inveftiture du royaume de Naples. Le nonce lui fit sentir que Leon X. ne paroiffoit pas disposé à lui accorder cette demande ; fur quoi Charles dit : « J'irai donc moi-même en person» ne à Rome trouver le pape, & je me ferai accom» pagner de quarante mille hommes pour lui offrir » mes fervices. » Cette réponse fut mandée à Leon X. qui en fut très-mécontent; mais il fe laiffa adoucir à la vûe de l'argent qu'on lui préfenta à la fête de

AN. 1521. faint Pierre, & il envoya l'inveftiture à l'empereur avec de nouveaux priviléges.

XXXIII.
Commence-

Les anciennes inimitiés entre Charles & le roi de sment de la France s'étant renouvellées, on en vint bien-tôt aux

guerre entre

François I.

Gaichardin,

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Charles V. & mains de part & d'autre. Guichardin accuse le pape d'avoir fomenté & même excité ces divifions, s'alliant tantôt avec l'un & tantôt avec l'autre, & commençant par François I. qu'il connoissoit plus facile.

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XXXIV. Entreprise de

la Navarre.

Ce prince, après avoir fait une alliance avec HenFrançois I. fur ri VIII. roi d'Angleterre, ne différa pas long-tems d'exécuter fon deffein fur la Navarre. La conjon&ture lui étoit très-favorable; prefque toute l'Espagne ́étoit foulevée, & les féditions continuoient dans la plus grande partie des meilleures villes. Par le traité de Noyon Charles V. s'étoit engagé à rendre la Navarre à Henri d'Albret dans quatre mois, faute de quoi François I. avoit la liberté de donner du fecours à Henri pour recouvrer fon royaume. Charles n'avoit point accompli cette condition: de plus les deux régens d'Efpagne avoient tiré les troupes de Pampelune & des autres places de la Navarre pour renforcer l'armée, qui devoit agir contre les rebelles. Le roi de France envoya donc dans ce royaume rend maître de dès le commencement du mois de Mars de cette anpresque toute la Navarre. née, André de Foix, seigneur de l'Esparre, frere du maréchal de Lautrec, avec une armée dont la marche fut fort subite. Ce général ayant trouvé le royaume fans troupes, fe rendit maître d'abord de S. Jean de Pied-de-Port, qui eft comme la clef du pays. Le duc de Najarre viceroi du royaume, ayant royaume, ayant abandonné Pampelune le dix-feptiéme de Mai, quelque feigneurs Efpagnols s'enfermerent dans la citadelle,

XXXV.

L'Esparre fe

Pet. de Angleria, ep.721.

:

réfolus de la défendre auffi long-tems qu'ils pour-AN. 1521. roient de ce nombre étoit le célébre Ignace de Loyola, qu'on nommoit Inigo en fa langue, & dont le pere, feigneur d'Ognez & de Loyola, tenoit un des premiers rangs parmi la nobleffe du pays de Guipufcoa.

Le feigneur de l'Efparre fut maître de la Navarre dans l'efpace de quinze jours: s'il en fût demeuré-là, l'empereur l'auroit abfolument perdue pour longtems; mais le défir d'acquérir de la gloire ou de procurer l'avantage du roi fon maître, le porta à entrer dans la province de Guipuscoa, & à faire le fiége de Logrogno. Les régens d'Efpagne assemblerent auffi-tôt toutes leurs forces pour s'oppofer aux François, qui non contens de la Navarre en vouloient encore à l'Espagne; les mécontens même, qui venoient d'être réduits en faveur de l'amnistie qu'ils avoient acceptée, menerent toutes leurs troupes aux régens: dom Pedro Giron, qui étoit à leur tête, fut un des premiers. L’Esparre qui étoit devant Logrogno, voyant venir contre lui une armée beaucoup plus forte que celle qu'il commandoit, voulut se retirer vers Pampelune; mais les Espagnols y étant arrivés avant lui par un chemin que les François croyoient impraticable, les deux armées fe trouverent en présence dans la campagne de Squiros à une grande lieue de Pampelune. Il fallut en venir aux mains; l'Efparre eut d'abord beaucoup d'avantage, fa gendarmerie renverfa les premiers escadrons Efpagnols mais l'amirante de Castille étant venu au fecours, les François furent battus avec perte de plus quatre mille des leurs, & l'Esparre fait prison

de

D. Juan Anhift. de Charles

tonio de Vera,

V. p. 68.

XXXVI.

Les François
Espagnols,

font battus par

les

& chaffés de la Navarre.

AN. 1521.

XXXVII.

François I.

de la Marck

reur.

Bellai, 1. 1.

les:

nier. Cette défaite arriva le trentiéme de Juin, & fut caufe de la perte de la Navarre, dont les Espagnols: recouvrerent la possession en moins de tems que François n'avoient été à la conquérir. Ainfi le roi de France eut le chagrin d'avoir employé fon armée fort inutilement, & d'avoir fait connoître à l'empereur par des lettres interceptées, dont fe trouva faifi l'EL-parre, les dispositions de la France à son égard.

Dans le tems que François I. faifoit attaquer la fufcite Robert Navarre, il travailloit d'un autre côté à foulever contre l'empe- Robert de la Marck prince de Sedan & de Bouillon contre Charles V. Robert avoit fait adjuger par les: pairs.de fa duché, la ville d'Hierge dans le pays des Ardennes à l'avantage du prince de Chimay de la maifon de Croy, contre le baron d'Aymeries, qui la poursuivoit celui-ci se pourvut auprès de l'em-Memoires du pereur, & en obtint des lettres de relief, par le moyen defquelles il y eut une fommation faite aux enfans du prince de Chimay, de comparoître devant le chan-celier de Brabant, qui en avoit reçû la commiffion.. Robert de la Marck indigné qu'on ajournât des pupilles, dont il étoit tuteur, & qu'on donnât atteinte à fa fouveraineté de Bouillon, qu'il prétendoit ne relever de perfonne, députa à l'empereur pour faire. valoir fon droit ; & fur le refus qu'on fit de lui rendre justice, il fe jetta dans le parti de la France, & vint trouver François I. à Remorentin. Fier de la protection que ce prince lui accordoit, il envoya un cartel de défi à l'empereur, & le comte de Fleuranges fon fils aîné à la tête de quatre ou cinq mille hommes vint affiéger Virton, place de la province de Luxembourg, qui appartenoit à Charles V.

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XXXVIII.

Caufe de la Charles V. &

rupture entre

François. I.

L'empereur regarda cette conduite comme une AN. 1521. querelle que François I. lui fufcitoit de gayeté de cœur, pour rompre avec lui; & cette affaire jointe à celle de la Navarre, dont on a parlé, commença la rupture qui éclata bien-tôt entre ces deux princes. Néanmoins le roi d'Angleterre voulut les accommoder : il envoya à François I. un ambassadeur pour le requérir de s'abftenir de toute hoftilité contre l'empereur. Le roi, qui étoit alors à Sancerre, répondit à l'ambaffadeur, qu'il n'étoit pas l'auteur de la guerre entre Charles V. & la Marck; qu'il vouloit bien défendre à tous fes fujets de fervir parmi les troupes du dernier, & qu'il lui ordonneroit même de vuider sa querelle avec le baron d'Aymeries fans attaquer l'empereur. En effet, Fleuranges licentia fon armée, & François I. envoya Montpefat au roi d'Angleterre pour concerter avec lui les moyens d'établir la paix entre l'Empire & la France; mais dans le même tems il ménagea avec le pape un traité pour faire ensemble la conquête du royaume de Naples.

Quelle que fût l'intention du pape en penfant à ce traité, on a lieu de douter qu'il agît de bonne foi, vû qu'il ne lui étoit nullement avantageux que le même prince qui possedoit le duché de Milan, fût auffi maître de Naples; on en vint pourtant jufqu'à convenir des articles, dont le principal étoit que la conquête de Naples fe feroit à frais communs, à condition que tout ce qu'il y avoit de Pays entre les provinces d'Ombrie, de Spolette & d'Ancone, & la riviere de Gariglian, feroit réuni à l'état eccléfiaftique, & que l'inveftiture du refte de ce royaume feroit accordée au fecond fils de France, qu'on nomTome XXVI.

H

XXXIX. ménage un

François I.

traité avec le

pape.

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