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AN. 1521. farine. Les habitans irrités tirerent fur les foldats de Bonneval; & à l'occafion de ce bruit, ceux qui étoient fur la muraille proche du lieu où se faifoit l'entrevûe,tirerent auffi fur ceux qui accompagnoient Lefcun; & Trivulce fut percé d'un coup d'arquebuse dont il mourut deux jours après : ils auroient traité de même Lefcun, s'ils n'euffent appréhendé de bleffer Guichardin qui s'entretenoit avec lui. Lefcun voyant Trivulce tomber à dix pas de lui, fe laiffa conduire dans la place pour fauver sa vie, & Guichardin le renvoya peu de tems après, pour empêcher de croire qu'il eût pensé à l'arrêter.

LIV.

déclare contre

da France.
Guicciard.
1. 14.

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le

Comme le pape avoit fait de grandes plaintes de Le pape fe la conduite de Lefcun, proteftant que puifque les François avoient violé l'alliance en faifant irruption fur les terres de l'église, il n'étoit plus obligé de la garder; Lefcun lui envoya Lamothe-Grouin pour faire fes excuses; mais cet envoyé fut très-mal reçû, & pape qui crut qu'il étoit tems de fe déclarer, joignit fes galeres avec celles de Naples, pour furprendre la ville de Genes, difpofa fon armée pour entrer dans le Milanez, & prononça une fentence d'excommunication contre Lefcun. Il dit aux cardinaux qu'il alloit négocier avec Jean Manuel ambassadeur de sa majesté impériale, pour conclure un traité contre la France, quoiqu'il y eût plus de deux mois que ce traité eût été figné. Cependant les menaces du n'eurent pas d'abord grand effet. Ses galeres avec celles de Naples ne purent furprendre la ville de Genes, parce qu'Octavien Fregofe découvrit à propos la conjuration formée par le chancelier Moroné, & pouryut fi bien à la garde du port, que les ennemis

pape

n'oferent mettre pied à terre. De plus Mainfroy Pal- AN. 1521. lavicin chargé des commiffions du pape & de l'empereur, tâcha inutilement de furprendre la ville de Côme. Le comte de Grammont qui en étoit gouverneur, fe tint fi bien fur fes gardes, que les troupes de Pallavicin furent repouffées, & lui-même fait pri-, fonnier. On fe faifit de fes papiers, qui convainquirent le roi de France que le pape lui étoit tout-à-fait contraire. C'est pourquoi fa majefté preffa Lautrec de retourner au plûtôt à Milan.

LV.
On renvoie

d'argent.

Ce feigneur par un fecret preffentiment de fon malheur, ne vouloit point quitter la France. Il fça- Lautrec dans voit qu'il n'y avoit point d'argent au tréfor royal; il lui donner connoiffoit la négligence & la prodigalité du roi, & Belcar. I, 17a il refusa constamment de partir, à moins qu'on ne lui donnât trois cens mille écus, fans lefquels il proteftoit que le duché de Milan ne pouvoit fe conferver: mais les inftances de fa foeur, les ordres du roi, la promesse positive, même avec ferment, d'envoyer cette fomme incontinent après lui, le déterminerent: il prit la poste, & arriva à Milan. Il connut bien-tôt qu'il avoit eu raison de craindre; l'argent ne lui fut point envoyé, le roi oublia ses promesses, · & la régente qui le haïffoit pour avoir parlé indifcretement de certaines galanteries dont on foupçonnoit cette princeffe, divertit ce fond à d'autres ufages. Ce qui augmenta l'embarras de Lautrec à fonarrivée dans Milan, fut que le vingt-neuviéme de Juin jour de la fête de faint Pierre & faint Paul, un coup de foudre avoit mis le feu dans la tour du château où étoient les poudres, & l'avoit fait fauter en l'air, & le refte de l'édifice demeura tellement ébranlé,

AN. 1521. quon fut obligé d'y paffer les nuits, de crainte de furprise, jufqu'à ce qu'on eût renforcé la garnison, & qu'on eût répare les brêches, parce que les chefs de la faction impériale, dont le nombre étoit affez considérable, ne penfoient qu'à s'emparer du châreau dans la confternation générale où cet accident. avoit jetté tout le monde.

LVI Lautrec fe

toute la по

Lautrec tâcha d'y mettre ordre; mais il fit un acte rend odieux à de févérité qui le rendit extrémement odieux à toute bleffe du Mila- la nobleffe du Milanez. Le comte de Grammont qui Guicciard, avoit fait Mainfroy Pallavicin prifonnier, l'avoit

nez.

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Le roi d'Ethiopie fait al

gal..

envoyé fous bonne escorte à Milan. Lautrec perfua-
dé qu'il en falloit faire un exemple, ordonna aux.
fénateurs de travailler à fon procès : plufieurs le re-
fuferent, d'autres lui confeillerent d'envoyer le pri-
fonnier en France, & lui remontrerent qu'il alloit
irriter les plus considérables maisons du Milanez, &
le
pape même de qui Pallavicin étoit parent. Lautrec
malgré toutes ces rémontrances ne laissa pas de lui
faire trancher la tête, d'autres hiftoriens difent
écarteler; & par un trait d'avarice, qui ne contribua:
pas peu à révolter contre lui les gens de bien, il
confifqua tous les biens du criminel, & les donna
au maréchal de Lefcun fon frere, à qui il procura
par cette confiscation près de vingt mille ducats de

revenu.

Pendant que l'Italie étoit fi agitée, David roi d'EHance avec le thiopie, qui craignoit la puiffance du Turc, écrivit à roi de Portu- dom Emmanuel roi de Portugal, pour lui demander fa protection contre cet ennemi. Ses lettres font rem plies des éloges qu'il fait d'Emmanuel: il le remercie en particulier de la réception honorable qu'on

1

avoit faite à un ambassadeur nommé Matthieu qu'il AN. 1521. avoit envoyé en Portugal en 1514. & il lui en apprend la mort. Enfuite il lui témoigne qu'il a un grand defir de joindre fes troupes à celles des Portugais, pour recouvrer ensemble le temple de Jérusalem fur les Infidéles: on voit beaucoup de zéle &. d'affection dans ces lettres. David y prie auffi Emmanuel de lui envoyer d'excellens graveurs, des imprimeurs, & d'autres artifans habiles & experts dans leur art; ce qui montre qu'il avoit deffein de faire fleurir les arts dans le pays de fa domination. Emmanuel répondit autant qu'il put aux empreffemens du roi d'Ethiopie, & il fit alliance avec lui. Leon X. l'ayant appris, fit part de cette nouvelle aux cardinaux; & dans le mois d'Août il en fit rendre publiquement des actions de graces. Mais cette cérémonie passagere ne retarda nullement l'affaire de la ligue qu'il avoit encore plus à cœur.

Profper Colonne qu'il avoit choisi pour commander l'armée eccléfiaftique crut devoir profiter de l'averfion qu'on avoit pour Lautrec. Il fe trouvoit à la tête de près de dix-huit mille hommes, fans compter douze cens hommes d'armes, & les bannis de Milan qui faifoient un corps affez considérable. Il entra dans le Parmesan avec cette armée, & alla affiéger Parme où Lefcun s'étoit jetté avec quatre cens hommes d'armes, outre la garnison qui étoit de deux mille foldats Italiens que le prince Frederic Bozzolo y commandoit. Les affiégeans, après trois affauts, s'étoient déja emparés du quartier de la ville féparé par la riviere, lorfque Colonne fut informé que le duc de Ferrare s'étoit mis en campagne avec cent

la

LVIII.

Profper Coville de Par Mem. du Be..

lonne affiége

me.

lai, l. 1.

AN. 1521. hommes d'armes, deux cens hommes de cavalerie légere, & deux mille fantaffins; qu'il avoit déja pris Final, & le château de Saint-Felix, & qu'il s'avançoit vers Modene; que Lautrec avoit passé le Pô avec cinq cens lances, cinq mille Suiffes, & quatre mille fantaffins François pour fecourir Parme, il leva le fiége dans le deffein de fe retirer.

LIX.

Il elt con

le fiége.

14.

Le pape fut vivement touché de la levée de ce traint de lever fiége: il prévoyoit que la guerre feroit longue; & Guicciari que l'empereur n'ayant point d'argent, il faudroit que le faint fiége en fît tous les frais; d'ailleurs il fe méfioit des Espagnols qu'il ne croyoit pas agir fincerement: mais l'ambaffadeur d'Espagne l'ayant raffuré, l'obligea d'écrire au cardinal de. Sion pour lever. douze mille Suiffes dans les Cantons; ce que ce prélat obtint après, beaucoup de refus, & même à condition que ces Suiffes ne combattroient point contre la France, parce que, felon un des articles du traité que les Cantons avoient fait avec la France, ils ne pouvoient accorder aucunes troupes à un parti, quand ils en avoient déja accordé à l'autre, mais le cardinal fçut éluder cette condition. Le pape écrivit auffi à Colonne de traverser le Pô pour entrer dans le Milanez. Le cardinal de Medicis quitta promptement Florence, & prit en qualité de légat l'autorité fouveraine fur l'armée confédérée que Colonne & Pefcaire lui remirent volontiers,, de peur d'être contraints de céder chacun à fon.concurrent.

Le légat fit marcher l'armée vers la riviere d'Oglio pour s'emparer du pofte de Rebec, à quatre milles de Ponte-Vico, qui est des terres de la république de Venife. Les ennemis fe croyoient là en toute sûreté,,

parce

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