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donnerent l'exemple à toutes les Nations Européennes, de fe faire auffi des Dieux de leurs Rois & de leurs Héros, outre les principales Divinités. On voit les Gaules du temps d'Augufte infectés de leur culte, ainfi que la Germanie.

L'Afie au contraire parut s'écarter beaucoup moins des lumieres de la feule raifon. Si on remonte aux fiécles les plus reculés, dont nous ayons connoiffance, on voit au centre de l'Afie la Religion des Febres, ou adorateurs du feu, c'eft-à-dire, du foleil: ils le regardoient comme le Tabernacle de la Divinité: ils ne lui confacroient aucun Temple. Son immensité, fa puiffance rempliffent tout l'Univers, difoient-ils, & c'eft la Terre & l'Univers entier qui eft fon unique Temple digne de fa Majefté. Ce Dieu créateur fe rend via iiij

fible à tous les habitans de la terre, par la création du foleil: c'eft-là qu'habité l'ame visible du monde, qui vivifie, qui produit, qui mûrit tout ce que la terre enferme dans fon fein pour la nourriture des hommes & des

animaux, & pour la magnificence de fa parure. S'ils étoient coupables en admettant quelque idée de corporéité dans l'Etre fuprême, n'étoit-ce pas moins defhonorer la Divinité & la raifon, qu'en adorant des hommes déïfiés par leurs vices, ou des animaux & des plantes, comme les Egyptiens?

La Religion des Bebres s'étoit perpétuée dans les Indes où elle avoit cherché un afyle contre l'invasion des Grecs & des Macédoniens; car on verra dans l'Hiftoire des grands Mogols, qu'il y avoit dans l'Indouftan plufieurs Rajas, Rois ou Chefs

de plufieurs peuples, répandus en divers cantons, & qui étoient adorateurs du feu; mais leur croyance étoit alors bien corrompuë, par un culte encore plus idolâtre.

Quant aux Chinois, peuple très-inconnu avant la découverte des Indes par les navigateurs Européens, on peut les regarder comme un peuple dont la Religion n'eft pas trop connuë, & qu'on accufe en général d'athéifme. D'autres prétendent que les Chinois adorent dans le frappant fpectacle des Cieux, la Majesté de l'Etre fuprême, & qu'ils font dans le fyftême du matérialifme.

Les Indiens, difent les voyageurs, fe juftifient du reproche d'idolâtrie, dans le culte qu'ils rendent aux ftatuës qui font dans leurs Pagodes, où ils ne prétendent qu'honorer les différens at

tributs de l'Etre fuprême qu'elles représentent, & non les bois & les pierres dont elles font faites, comme le penfent les Européens.

Les Tartares occupent au Nord toute l'Afie. On voit avec furprise dans les Ecrivains Orientaux, que bien avant dans les fiécles qui ont précédé le Meffie, il y avoit une Tribu qui ne contractoit jamais aucune alliance avec les autres, & qui prenoit la qualité de fidéles *. Nous parlerons plus au long dans cette hiftoire d'une fingularité fi reremarquable. Elle femble favorifer l'opinion du fçavant M. Prideaux, dans fon Hiftoire des Juifs. On peut croire que cette Tribu d'Ogufiens s'étoit formée des Juifs, transportés depuis leur

*Nous verrons parmi ceux-ci, depuis le XII. fiécle de J. C. quelques légeres traces d'un Chriftianifme défiguré.

premiere captivité, dans les Régions feptentrionales les plus éloignées vers les frontieres des vaftes Etats des Rois d'Affyrie & de Babilone. Ils n'avoient plus ni Temple, ni Culte, ni Rois, ni Chefs, ni Sacrificateurs: dans la fuite des fiécles, foumis à des Rois étrangers, naturalifés avec ces Nations du Nord, ils les regardoient comme des peuples infidéles, ne s'allioient point avec eux, & confervoient encore quelque idée de la Divinité moins imparfaite que celle des Tartares.

Cette partie du monde habitable, le berceau de toutes les Colonies qui ont peuplé les autres, a cependant été très-peu connue par les Européens leurs voifins. Les Livres Saints nous apprennent quelque chofe des *Idées des Révolutions générales d'Afie, depuis l'Empire des Perfes Medes, jusqu'à J. C.

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