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de la mer rouge. Ce fut-là que fe forma ce funefte orage qui devoit s'étendre fur les trois parties du monde connu, ou ancien continent.

Ce fut dans les premieres années du VII. fiécle, fous l'Empire d'Héraclius, qu'on vit paroître à la Mecque, ville d'Arabie, un homme qui n'avoit rien de fort diftingué par la naiffance, ni par les dons extérieurs de la nature; fans aucuns biens de fortune, réduit pour subsister à conduire les chameaux des caravanes des Négocians Arabes; ne fçachant ni lire ni écrire; n'ayant reçu aucune forte d'éducation par l'indigence de fes parens; devenu riche en époufant la veuve de fon maître, qui étoit Négociant: cet homme, dis-je, par vient à la réputation d'un grand Prophéte, d'un Législateur, & enfin au titre de fondateur d'un

Empire qui comprenoit la plus grande partie de l'Univers. On reconnoît fans peine l'illuftre Mahomet, à cet exquiffe de fon portrait. Il falloit un génie étendu, hardi, ferme, & pénétrant le caractere de fes patriotes, amateurs des nouveautés. Il falloit une éloquence naturelle pour perfuader, une dextérité admirable d'efprit pour féduire & imposer. Mahomet avoit toutes ces qualités, qu'aucun Auteur n'a pû lui refufer. Il médita longtemps fon projet ; il en combina les moyens, & les difficultés à furmonter; il entreprit de fe faire un grand nom, & il réuffit. Inftruit dans fes fréquens voyages en Syrie, cet homme curieux d'apprendre, commerçant avec les Juifs & les Chrétiens, s'informa des principes de leurs Sectes, & des dogmes fondamentaux de leurs Religions. Il vic

toutes ces diverfes doctrines en contradiction fur les différentes opinions ou fur la pratique des préceptes. Les premiers lui paroiffoient moins chargés d'articles de croyance, & trop d'obfervations légales & gênantes. La Religion Chrétienne lui fembloit trop oppofée par le grand nombre de préceptes moraux, trop févéres en apparence, par le joug accablant de la Foi, fur tant de Myfteres qui captivoient l'orgueil de l'efprit humain.

&

Mahomet médita une Religion plus fimple pour concilier tous les efprits raifonnables. Le Déif me en fut le point fondamental; l'adoration de l'Etre fuprême, l'amour qu'on lui doit, celui du prochain, du pardon des injures, de l'aumône, de la juftice, en étoient les grands préceptes obligatoires, ordonnés par la Loi de Moyfe,

par

la loi na

Moyfe, & dictés turelle, , pour le bonheur des fociétés humaines. Le culte Divin étoit fans facrificateurs, fans victimes. La priere du fcir & du matin, précédée par quelques ablutions, & récitée à haute voix

dans un Temple par un Iman ou

Docteur de la Loi, bornoit tous les devoirs du culte journalier de fa Religion.

Tel fut l'efprit de celle que prêcha Mahomet : elle fut accréditée par fa femme qu'il féduifit par de prétendues révélations. Il lui donna fes convulfions épileptiques, pour les effets d'une

communication intime de l'ef prit de Dieu. Ce nouveau Doc teur parloit avec un zéle fi pathétique & fi hipocrite des attributs de la Divinité, que les auditeurs en étoient pénétrés. Ses premiers difciples furent autant de martyrs de ce nouveau DocTome 1.

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teur. Ayant été chaffé de la Mecque par la crainte des Magiftrats, pour avoir refufé de comparoître à leur Tribunal, & y rendre compte de fa nouvelle doctrine, fes Difciples fanatiques le fuivirent dans fa retraite à Médine. Leur nombre s'augmenta considérablement chaque jour : tous animés d'un même zéle & d'un même efprit pour la Doctrine & la perfonne de leur refpectable Prophete, formerent un nombre fuffifant pour défendre l'une & l'autre par les armes. On employa inutilement la force contre cette troupe fanatique: leur Patriarche fe mit à leur tête, montra dans l'action beaucoup de courage, & donna des preuves de fa capacité dans l'art militaire. Il remporta plufieurs victoires fur les Tribus des Arabes, qui étoient oppofées à fa Doctrine: fes fuccès, la crainte de fes armes, la rendirent domi

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