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nante. Malgré tant d'obftacles qu'il furmonta par la fermeté de fon courage, il fe vit fondateur d'une nouvelle Religion, & d'une nouvelle Jurifprudence, pour les loix civiles qu'il établit.

Une nombreuse armée de fanatiques, difpofée à tout pour lui obéir, n'attendoit que fes ordres. Les Arabes furent enfin rangés fous fes étendards; tout fut féduit & entraîné. Cet habile Politique avoit obfervé dans fes voyages en Syrie, la foiblesse de l'Empire d'Orient: les meilleures Places étoient fans défense. Il profita de cette conjoncture favorable, & de l'heureuse difpofition de fes difciples armés. Il les anima encore par l'efpérance du pillage: enflammé du zéle de fa Religion, il fe mit à leur tête, fous le titre de Chef des Mufulmans*, leur promit des victoires

*C'est-à-dire, vrais Fidéles.

affûrées fur les Infidéles. A peine fut-il entré dans la Syrie, qu'il battit les troupes de l'Empereur, qui s'oppofoient à fon paffage, & entra dans leurs Provinces avec autant de rapidité qué de fuccès. Il propofa aux Syriens de fe rendre Mufulmans ou tributaires. Ses difciples étoient autant d'Apôtres de fa Doctrine, que de courageux foldats. Leur Religion ne laiffoit plus qu'un pas à faire aux Hérétiques ou aux Chrétiens de nom, mal inftruits, & dont les mœurs corrompuës n'étoient pas effarouchées des dogmes du Musulmanisme, ni de fa morale. Mahomet ajoûta au titre de Prophete & de Légiflateur, celui de Conquérant ; il livra le foin & la conduite de fes armées, à fes partisans les plus diftingués par leur zéle pour le Mufulmanifme, & l'attachement à sa personne. Ils poursui

virent la carriére qu'il leur avoit ouverte: fes fujets s'aguerrirent, s'accoutumerent par raifon & par Religion à la difcipline militaire, & s'enrichirent des dépouilles des Syriens. Ceux qui fe retirerent furent remplacés par de nouveaux effains de fanatiques, qui vinrent prendre part à la gloire & aux pillages des premiers venus. Quels motifs puiffans pour des foldats, animés encore par l'espoir du Paradis de leur Prophete, s'ils mouroient pour Propagation du Mufulmanisme! Leurs armées comptoient autant de Héros que de combattans.

la

Mahomet de retour en Arabie, couvert de gloire par fes rapides & étonnantes conquêtes, les laiffa continuer à fes Généraux, animés de fon même efprit, il s'appliqua au gouvernement politique de fa nouvelle Monarchie & de fa Religion;

pour conferver celle-ci dans fa pureté, il dicta à des Secrétaires fon Alcoran*, livre rempli de contes, d'abfurdités puériles, parmi plufieurs préceptes d'une faine morale, & parmi le grand nombre d'articles fur la Jurifprudence civile. Par ce mélange des loix politiques & morales, cet habile & ambitieux impofteur, uniffoit en fa feule perfonne les droits de la Souveraineté, de la Magiftrature, & de la Religion. Il mourut enfin, ayant joui de la puiffance temporelle & fpirituelle,ce qui étoit inoui jufqu'alors dans toutes les Monarchies, excepté dans le dernier Etat des Juifs, où les Afmonéens exercerent cette double autorité.

Mahomet n'ayant point laiffé d'enfans mâles, malgré l'incontinence de fon tempérament,

* Alcoran fignifie le Livre, ainfi nommé par excellence.

& la multiplicité de fes femmes, fes fucceffeurs furent Electifs, fous le titre de Khalifes, c'està-dire, Commandans des vrais Fidéles, ou de celui d'Emir-alMoumenin. Ils jouirent comme Mahomet de fa double puiffance. Sous le deuxième Khalife cette Monarchie naiffante détruifit celle des Perfes, par la feule victoire que les Arabes remporterent à Cadefiah fur Ifdigerde, second du nom, qui perdit le Thrône & la vie, & fut le dernier de la Dinaftie des Perfes Seconds, appellée Artaxercides. Toute la Syrie fut foumife aux Mufulmans. La prise de Jérufalem & d'Aléxandrie leur livrerent la conquête entiere de la Judée & de l'Egypte.

Ali, le dernier des cinq Khalifes Electifs, étant mort, cette Monarchie naiffante devoit être

renversée par les difcordes ci

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