viles des Arabes. Il femble que le Ciel s'intéreffoit pour elle, puifqu'elle triomphoit au dehors par les rapides fuccès de fes armes. Cet Etat électif devint héréditaire. Après bien des guerres longues & fanglantes, la famille des Ommiades fe plaça fur le Thrône des Arabes.

Sous le XIII. Prince de cette premiere Dinaftie, il s'éleva de nouveaux troubles, & l'Etat fut agité d'une violente fecouffe. Les Abbaffides, iffus de la famille du Prophete, par les mâles d'une autre branche, voulurent rentrer dans leurs droits de prochains héritiers. Le fort des armes décida en leur faveur. Les Ommiades furent exterminés & leur race éteinte, à un seul près qui fe cacha en Afrique, & qui y fonda enfuite en Efpagne une Dinaftie de Khalifes Schifmatiques.

La vie de Mahomet, celle de fes fucceffeurs Electifs & héréditaires, font détaillées, ainsi que leurs révolutions & leurs évenemens, dans l'Hiftoire générale que nous avons donnée au public de leurs Dinasties des Ommiades & des Abbassides. Nous n'en tracerons ici qu'un léger crayon. Il ne fera pas inutile, à la tête du nouvel ouvrage que nous donnons comme une continuation du précédent. Les Lecteurs, à qui le premier fera inconnu, y prendront une teinture légere de ce qui a précédé, & ceux qui l'auront lû, auront un nouveau plaifir de reprendre les idées de ces grandes révolutions qui fe font paffées dans l'Afie & dans l'Afrique. Pour rendre cette Hiftoire de l'Empire des Arabes plus complette, nous avons entrepris celle des Monarchies fondées fug

les débris de celle des Khalifes: Voici quel est notre plan.

En décrivant les rapides & étonnans fuccès des Mahométans, fous les Khalifes Ommiades, hors de l'Afie, nous aurions dû, felon l'ordre de la chronologie, commencer ce nouvel ouvrage par la conquête des Arabes en Afrique. Une réflexion qui fera peut-être approuvée des Lecteurs, nous a empêché de le faire. La longueur de cette Hiftoire, liée intimement avec celle de la conquête de l'Efpagne par les mêmes Arabes, & peu d'années après, jointe à la longueur de cette derniere, auroit trop fait perdre de vue l'Hiftoire d'Afie. Elle eft l'objet principal de ces deux ouvrages. L'Afrique & l'Espagne, par fituation des lieux, paroiffent des fujets détachés.

la

Un fecond motif nous a dé,

terminé à parler auparavant des Monarchies qui fe font formées dans le centre de l'Afie, au voifinage de la Capitale de l'Empire, qui étoit la ville de Bagdet, où les Abbaffides réfiderent prefque tous. On comprend aifément qu'elles ont dû avoir une connexion plus intime avec l'Hiftoire de ces mêmes Khalifes. Quelques-uns de ces Souverains ont fait des efforts, quoiqu'inutiles, pour s'y oppofer; d'autres y ont consenti par l'impuiffance où ils étoient d'empêcher les ufurpations. Ceux-ci ont été affez foibles pour en donner auffi-tôt les inveftitures. C'étoit le feul privilége qu'avoient laiffé à ces Souverains les ufurpateurs de leurs Provinces. D'autres furent affez mauvais politiques pour appeller contr'eux des Gouverneurs de Province qu'ils croyoient plus attachés à

leurs intérêts; mais ces ambitieux ne confultoient que les occafions de s'aggrandir euxmêmes, en détruifant leurs ennemis & les autres rebelles , pour profiter de leurs dépouilles. Ces exemples étoient contagieux: cependant ceux qui fe rendirent Souverains & indépendans de l'autorité temporelle des Khalifes, refpectoient encore en eux l'autorité fpirituelle. Ils ne fe croyoient pas folidement établis dans leurs Etats, s'ils n'avoient reçu, de gré ou de force,

l'attache des Khalifes, c'eft-à-dire, les Lettres-Patentes de leur inveftiture. Ce refpect & cette foumiffion des ufurpateurs durerent autant que le Khalifat des Abbassides en Afie. Ceux qui dans la fuite s'attacherent aux Khalifes Fathimites, établis en Egypte, étoient cenfés Schifmatiques par les autres Muful