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péennes ont enfuite profité de leur découverte, & s'y font enrichies.

Après tout ce que nous venons de dire fur les mémorables évenemens de l'Afie, les gens de lettres font étonnés, avec raison, de n'avoir point vû paroître une hiftoire suivie, détaillée, qui embraffât ces grandes Révolutions, & qui les mít dans un ordre chronologique. Sous le regne de Louis IV. l'Europe éclairée avoit vû les Golius, les Pocoks, les d'Herbelot, les Renaudots, les Expennius, les Okley, inftruits dans les langues orientales, nous donner quelques morceaux d'hiftoire de plufieurs Auteurs Arabes. La Bibliotheque Royale en France, l'Académie de Leide, les Univerfités d'Oxfort & de Cambridge, étoient déja enrichies de quantité de manufcrits Arabes.

Quelles pertes a fait l'Europe fçavante par la mort de ces illuftres & doctes personnages! M. Okley*eft le dernier qui nous ait fait part des écrits d'Alvakedi, Auteur Arabe, qui s'est le plus étendu dans l'Hiftoire des quatre premiers Khalifes électifs depuis Mahomet, & qui avoit pouffé celle des Ommiades Khalifes héréditaires, jufqu'aux deux derniers Princes de cette Dinastie.

Il a donc fallu chercher cette hiftoire de l'Empire des Khalifes Abbaffides, & les Dinafties éle

* M. Otter, mort en 1747. eft une perte de ce genre. J'ai inféré ici fa differtation, lue à l'Académie des Sciences, fur la conquête de l'Afrique & de l'Efpagne par les Arabes. Il promettoit de nous donner Novairi, l'Hiftorien de ces conquêtes le plus étendu & le plus eftimé par les Orientaux. Il avoit été apprendre l'Arabe à Ifpahan, & à fon retour il fut Profeffeur de cette Langue au College Royal, & employé à la Bibliotheque Royale pour les manufcrits Arabes.

yées

vées sur ses débris, dans divers Auteurs, où les évenemens font difperfés. Nous pouvons avancer hardiment que l'on n'a point encore donné au public une hiftoire plus complette & plus générale d'Afie. Elle embraffe plus de mille fiécles, & elle eft conduite jufqu'à la fin du XVII. Celles d'Afrique & d'Efpagne, quant aux Monarchies des Mahométans, elles finiffent dans les premieres années du XVI. après une durée de 800. ans.

Les dates de cette hiftoire d'Afie font marquées conjointement des années de l'Hégire ou retraite de Mahomet à Médine, & des années correfpondantes à cette Ere Mahométane, felon l'Ere de Jéfus-Chrift. J'ai pris cette correfpondance desTables d'Aboulfarage, qui a fait ces calculs felon l'ufage des Mahométans, dont les années font lus. Tome 1. e

naires, ce qui les rend chaque année plus courtes de onze jours, que notre année solaire. On fe trompe fi on croir que l'Afie ait jamais été bien connuë des Grecs & des Latins. Les raifons en font évidentes. Les Ecrivains du bas Empire d'Orient n'ont eu qu'une connoiffance imparfaite de la grande. Afie; tout au plus s'étendoit elle jufqu'à l'Euphrate, du temps de Théodofe le grand, aux dernieres années du IV. fiécle après J. C. Les Perfes feconds ne leur furent connus que par leurs terribles invasions dans les Provinces Orientales de l'Afie mineure, où s'étendoit l'Empire des Grecs. Agathias eft de tous leurs Ecrivains celui qui nous donne le plus de connoiffance hiftorique de ces Perfes feconds. On fçavoit feulement qu'il y avoit au-delà une nation Indienne, &

une Chinoise à fon Orient, qui occupoient un vafte pays; que le Nord de ces régions étoit poffédé par plufieurs Ordes & Tribus des Tartares.

Lorfque les Grecs furent chaffés de l'Afie, les Mahométans vinrent les infulter jufqu'aux murailles de Conftantinople par des fiéges ou des incurfions. Il n'y avoit donc point de commerce ni de relâche avec de tels voisins, toujours armés contre eux, toujours puiffans, toujours heureux. Ils n'ont donc point connu exactement leur Empire au-delà de l'Asie mineure & de la Syrie. D'ailleurs la différence extrême de Religion détruifoit tout commerce avec un peuple qu'ils eftimoient impie, barbare, & digne de toute leur haine. Leurs Ecrivains partiaux ont auffi peu connu l'Afie haute les peuples qui l'habitoient.

que

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