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téméraires projets, par la confufion des langues. On fçait aussi par les Livres Saints que c'eft dans un canton de l'Afie que Dieu fixa la poftérité d'Abraham, lorfqu'il eut retiré fes defcendans de la captivité d'Egypte, pour la mettre en poffeflion, fuivant fes anciennes promeffes, de cette terre délicieuse & abondante, qui devoit être la récompense du premier Pere des croyans; & perfonne n'ignore que les Myfteres ineffables de la Rédemption, n'aient été opérés par le Meffie dans ce même héritage. de la poftérité d'Abraham.

Ajoutons à cela d'autres priviléges finguliers, en faveur de cette partie de la terre, & qui font tirés de fa fituation en général. Elle eft placée fous la Zone tempérée Septentrionale, quant à fon étenduë, la plus confidérable & la plus habitée. Elle

pro

duit dans fon fein l'or, l'argent, les pierres précieufes & la foie, dont le commerce fait aujourd'hui une partie des richeffes des Européens. C'eft des Afiatiques que nous tenons le fecret d'élever ces merveilleux infectes, dont le fuc travaillé par l'art, fert à la teinture de nos plus riches vêtemens. Nous devons aux Phéniciens l'invention ineftimable

de communiquer nos penfées aux autres par l'écriture, & l'art de la navigation. L'Aftronomie eft le fruit de l'étude & de l'application des Caldéens, à obferver le cours invariable des globes céleftes, qui éclairent fucceffivement la terre. La vie champêtre des Arabes n'avoit rien d'oi

fif, & on ne doit pas les comparer à nos gardiens de troupeaux. Ils contemploient également les beautés des Cieux & de la terre. Obfervateurs des aftres comme

les Caldéens, ils furent auffi les inventeurs de la science des calculs & des figures qu'on appelle les chiffres Arabes; leur génie vif, fubtil, leur loifir, leur vie frugale, les portoient à faire des recherches qui les conduifoient à des connoiffances toujours utiles, comme à la Chimie, à la Botanique, à la Poëfie, & à plufieurs jeux de récréation, comme les échecs, &c. Les peuples Afiatiques furent donc, fans conteftation, les premiers qui formerent des fociétés, puifque tous les écrits faints & prophanes s'accordent fur l'établiffement des plus anciennes Monarchies dans l'Afie. Par une fuite néceffaire, ils ont été les premiers policés & les premiers éclairés dans les Arts & les Sciences. Les fameufes villes de Ninive, de Babylone, d'Ecbatane, nous ont laiffé des monumens incontefta

bles de la puiffance de leurs Monarques, & de la magnificence de leurs ouvrages, qui les ont immortalifés dans l'Hiftoire, plutôt que leurs vaftes conquêtes. Les Egyptiens, feuls parmi les peuples Africains, ne céderent point aux Afiatiques dans les Arts & dans les Sciences. L'Architecture y füt peut-être pouffée plus loin. La Géométrie dit-on, y prit naissance : mais il paroît inconteftable que l'Afie l'emporte fur les autres parties de l'ancien continent, par un plus grand nombre d'avantages réels & Phyfiques, qu'on doit lui attribuer.

Ce qui la rend, felon moi , plus eftimable, & qui l'éleve audeffus des autres Nations de l'Eu-' rope & de l'Afrique, eft qu'elle n'a jamais connu le Polithéisme que dans fes extrémités, c'eft-àdire, dans l'Afie mineure & la

Syrie. Il femble que les hommes en s'éloignant de leur berceau, s'éloignerent auffi du centre de la Religion que Noë avoit prêchée à fa famille,en lui apprenant, par fon exemple, à honnorer l'Etre fuprême par leur croyan ce, leur refpect, & par le tribut de leur amour, de leur reconnoiffance, & l'offrande des victimes qui exprimoient le culte extérieur dû à leur Créateur. En effet l'Europe féparée par l'Archipel & quelques détroits, des côtes de l'Afie mineure, & la Syrie qui touche à l'Egypte par l'Ifthme de Suès, ont été les pays les premiers infectés de la Mythologie. Ce fut par les Egyp tiens que le monftrueux Polithéisme s'étendit dans la Grece ; c'est l'opinion la plus généralement fuivie, & il paroît que les Grecs voulant avoir, pour ainfi dire, des Divinités de leur façon,

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