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publiques font tombées ; fi elles font déchues de la fplendeur dont elles brilloient autrefois ; fi les fages Modérateurs de ces études ne jouiffent plus de la confidération que leurs nobles fonctions exigent; à qui s'en prendre, fi ce n'eft à l'efprit de ce fiécle, deftructeur impitoyable de tout bien; à ces hardis Novateurs intéreffés à empoifonner le cœur & l'efprit de la Jeuneffe de leurs fauffes & dangereufes maximes? Car il faut bien fe garder de prendre le change fur leur fyftême d'éducation; ce n'eft point le progrès des Lettres encore moins la perfection des mœurs qu'ils ont à cœur, c'eft le fuccès de leur entreprise. Le but unique qu'ils fe propofent eft de jeter les fondemens de leur nouvelle Doctrine, & de renverfer de fond-encomble l'édifice de l'ancienne. Ils ne l'ont déjà que trop ébranlé leurs coupables écrits, qui ont corrompu la génération préfente, au point qu'elle

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par

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affecte de méprifer les vérités fondamentales de la Religion, qu'elle les regarde comme des fables abfurdes & qu'elle cherche à les couvrir de ridicule; en forte que nous pouvons dire avec Juvénal: « Qu'il y ait des » Mânes (1) un royaume fouterrain » un Caron, des reptiles affreux au » fond du Styx, c'eft ce que la Jeu»neffe ne croit plus aujourd'hui, fi » ce n'eft dans la plus tendre enfance ». On ne peut pas, en effet, fe diffimuler les effrayans progrès de l'incrédulité, & combien il refte peu de chofes à faire, à la nouvelle éducation, pour que le Philofophifme achève la révolution du bien vers le mal. Car il eft auffi dangereux de fe fier au zèle hypocrite des Novateurs, pour ouvrir à

(1) Effe aliquos manes, & fubterranea regna,
Et contum, & Stygio ranas in gurgite nigras,
Atque unâ tranfire vadum tot millia cymbâ.
Nec pueri credunt, nifi qui nondum ære lavantur.
JUVENAL. Sat. 2. vers 149-

pour

la Jeuneffe la carrière des Lettres, que lui donner des principes conformes à la faine morale. Ces hommes hautains, dont la morgue orgueilleufe eft de fe croire les Précepteurs des Rois, de leur dire infolemment qu'ils doivent les placer à côté d'eux fur le Trône & n'écouter que leurs confeils, qui cherchent à fe faifir du glaive de la Juftice, pour l'empêcher d'en frapper les Criminels, pour anéantir les anciennes Loix, & pour en fabriquer de nouvelles au gré de leurs opinions folles & erronées, qui voudroient brifer les portes du Sanctuaire de la Religion & renverfer fes Autels, font-ils faits pour diriger les Études? Jugez-en par leurs ouvrages purement littéraires: fi quelques-uns font paffablement écrits, combien d'autres manquent de raisonne ment, de ftyle & de jufteffe? Quels modèles préfenteront-ils à la Jeuneffe quand ils n'adoptent que ceux que le goût & la raifon rejètent ? Quand tour

mentés du Bel-Efprit ils n'attachent de prix qu'à fes bluettes & à fon clinquant, qu'ils ne vantent que fes productions, & qu'ils méconnoiffent ou méprisent celles du Génie? Quel goût voulezvous qu'ils infpirent, & quels progrès efpérez-vous qu'ils faffent faire aux jeunes gens, dont il eft fi difficile & fi néceffaire de diriger l'attention vers l'honnête & l'utile ?

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Les nouveaux Philofophes n'ont pas toujours été auffi hardis qu'ils le font aujourd'hui. Il fut un temps où ils difoient entr'eux : « Ne nous expofons point trop allons fourdement à » notre but, fans courir au martyre » L'époque de leur régne eft aifée à fixer. Protégés, favorifés par les circonftances, ils ont enfin, fans crainte, déployé leur étendard. Au bruit de leurs clameurs une multitude de MAISONS d'Education fe font élevées, & les ColLéges font devenus deferts. Le croirat-on La Nobleffe, la Bourgeoisie, la

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ftupide opulence ont été féduites par

le charlatanifme de ces nouvelles inftitutions, où tout eft enfeigné, hors ce qu'il faut favoir, où toutes les Sciences font affichées, étalées fur la porte, mais où l'ignorance profeffe dans l'intérieur.Nous en avons été témoins nousmême plus d'une fois. Ce n'est pas que le prix des penfions des Élèves ne foit exceffif (1); ce qui prouve, il est vrai, l'opulence & non le difcernement des Parens. Cette faftueufe édu-. cation fe réduit cependant à donner aux Enfans une espèce d'uniforme militaire, à les mettre fous les armes, faire faire à tous ces Mirmidons, indiftinctement, l'exercice; comme fi les enfans d'un Bourgeois, ou d'un homme qui n'a d'autres titres que fes richeffes, étoient deftinés à commander les armées? C'est pourtant ce qu'on y en

(1) Il y a plufieurs de ces Maisons où l'on paie mille écus de penfion, par an, pour chaque Élève,

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