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AN. 1529.

ge, fi elle n'étoit pas fa véritable femme, fi elle ne lui avoit pas été fidelle, fi elle n'avoit pas eu pour lui, pendant vingt ans & plus de mariage, toute la complaifance qu'une femme peut avoir pour fon mari; qu'elle ignoroit en quoi elle pouvoit lui a voir déplû; qu'il fçavoit bien, s'il vouloit parler felon fa confcience, qu'il l'avoit trouvée fille lorfqu'il l'avoit épousée ; qu'elle.confentoit, fi elle ne » difoit pas la vérité, qu'il la chaffat avec infa» mie; que leurs parens qui étoient des princes fi fa»ges, avoient fait examiner fon mariage avant que de le conclurre; que tant de perfonnes habiles qu'ils avoient auprès d'eux, n'y avoient point remarqué ces nullitez que l'on y cherchoit depuis quelques années; que pour elle, elle ne voyoit point encore fur quel fondement on pourroit le révoquer en doute; qu'à la vérité on lui avoit donné un confeil mais à qui elle ne pouvoit fe fier, parce que les avocats & fes juges étoient fujets du roi, qu'elle ne » pouvoit reconnoître l'autorité des légats; qu'enfin » tout lui étant fufpect, elle conjuroit le roi de vou... · loir faire ceifer toutes les pourfuites, jufqu'à ce qu'elle eût reçû des nouvelles d'Espagne, & que s'il lui refufoit cette gråce, il pourroit faire tout ce qu'il lui plairoit". Après ces paroles elle fe retira, & ne voulut jamais retourner ni reparoître davantage devant les légats.

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Dès que la reine fut fortie, le roi prit la parole & dit, qu'il avoit toujours été très content de fa fem. me, qu'elle lui avoit toujours été très fidelle & trèsfoumife, que fa vertu & fes bonnes qualitez méritoient de grands éloges; qu'enfin il n'avoit aucune

AN. 1529.

CIX.

forcent de ga

reine ne fut point ébranlée de ces menaces.

Les légats étant allez un jour chez elle par ordre Les légats s'é- du roi, ils la trouverent travaillant avec les filles. gner la reine, Wolfey fut le premier qui porta la parole; mais après réponse qu'elle fon compliment, elle l'interrompit, & le fit paffer

fit.

"

dans un cabinet, où ce cardinal continua fon dif cours, & la conjura d'avoir quelque complaifance pour le roi, & de ne point attendre la fin d'un procès, dont l'iffuë ne lui pouvoit être favorable. Mais la reine lui répondit avec beaucoup de présence d'efprit & de fermeté, que lui feul étoit caufe de tout le mal. « Je ne sçai, lui dit-elle, qui a infpiré au roi tous les confeils qu'il fuit: Je vous avouë, Monfieur » le cardinal, que je n'en puis accufer d'autre que >> vous nos peres qui étoient des princes fi fages, » ont fait examiner notre mariage; le pape a accordé » une dispense, dont j'ai l'original; nous avons vêcu » le roi & moi enfemble plus de dix-huit ans, fans qu'on y ait trouvé à redire. Mais enfin, je n'ai pû ap" prouver votre orgueil, j'ai parlé de vos débauches, » de votre tyrannie, de votre infolence; l'empereur » mon neveu ne vous a point fait élire pape, c'eft-là la fource de tous nos malheurs; & pour vous vanger de l'empereur & de moi, vous ne vous êtes » pas contenté d'allumer la guerre dans toute l'Eu» rope, vous m'avez fufcité en particulier la plus méchante affaire que vous puiffiez imaginer. Dieu fçait ce que je fouffre, Monfieur, le cardinal, & il fera votre juge & le mien ». Wolfey voulut repliquer, mais elle refufa de l'entendre. Pour Campege, elle le traita avec beaucoup d'honnêteté, proteftant toutefois qu'elle ne les reconnoîtroit ja

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mais ni l'un, ni l'autre pour ses juges, & qu'elle perfiltoit dans fon appel.

AN. 1529.

CX.

de comparoî

A.7. public. An

pag. 300.

fchifm Anglia.

En effet cette princeffe ayant été citée pour le vingt--La reine refuse cinquième de Juin, elle fit fignifier aux légats fon ap-tre & et déclapel en forme de tout ce qu'ils avoient fait, ou feroient rée contumace. dans la fuite; mais cela n'empêcha pas qu'elle ne fûtslic.com. 14. déclarée contumace, & qu'on ne prît un défaut con- Sanderus de tre elle. Les légats continuerent l'inftruction du procès, firent une information, & entendirent trente-fix ou trente sept témoins, dont la plûpart étoient ou du roi, ou d'Anne de Boulen. Le docteur Taylor, archidiacre de Boukingham reçut leurs dépofitions, dont le principal article étoit la confommation du mariage du prince Artus avec Catherine, que la reine avoit niée avec ferment, & qui néanmoins fut prouvée par le témoignage de ceux qui dépoferent, autant qu'une chofe de cette nature le peut être. Ces preuves confif. toient dans l'âge, la fanté & la vigueur du corps du prince, & dans les difcours qu'on avoit oüis de fa bouche le lendemain de fes nôces. La vieille ducheffe de Norfolk, grand-mere d'Anne de Boulen, & la vicomtesse de Firtzwater dépoferent qu'elles avoient vû Arthus & Catherine feuls dans le même lit. Le comte de Firtzwater, qui fut bien-tôt après fait comte de Suffex, déclara que le prince en fe levant, avoit demandé à boire, & qu'il dit qu'il avoit été la nuit en Espagne. Le duc de Norfolk affura la même chofe. Le chevalier Vilougby ajouta que c'étoit à lui à qui il avoit demandé à boire.

CXI.

Toutes ces dépofitions furent lûës le dix-feptiéme L'empereur de Juillet; mais les légats ne trouvant pas les preu- pape d'évoves qu'on alléguoit affez fortes, n'avoient pas vou- Rome.

quer la caule à

3

AN. 1529.

CXI.

Le pape évo

du divorce à

lu

prononcer, & avoient feulement donné un défaut: contre la reine. Pendant tout ce tems-là, les miniftres: de l'empereur & de Ferdinand fon frere, preffoient vivement le pape d'évoquer la cause à Rome; & ceux de Henri VIII. n'étoient pas moins ardens à folliciter le contraire. On faifoit encore plus, puifque de chaque côté on le menaçoit de le faire dépofer à caufe de fon défaut de naiffance. Le pape feignoit d'être intimidé par ces menaces; & cette crainte qu'il paroiffoit avoir également, s'il fe déclaroit pour l'un ou pour l'autre, lui fourniffoit un prétexte de demeurer irrefolu, jufqu'à ce qu'il eût reçu avis de la conclufion de fon traité avec l'empereur. Enfin cette agréable nouvelle lui étant venuë, il ne voulut pas. refuler à Charles V. une chofe fi jufte. Il en donna avis à ce prince par une lettre du neuviéme de Juil. let, & fans attendre la réponse, avant même la publication du traité, il avertit les ambaffadeurs d'Angleterre de la réfolution qu'il avoit prife d'évoquer la cause du divorce à Rome; & quelques efforts qu'ils fiffent pour l'en détourner, en lui repréfentant que le faint fiége alloit perdre l'Angleterre, fans espérance de tetour, tout fut inutile; le quinziéme de Juillet il figna l'évocation. Il en donna avis au roi d'Angletere, & au cardinal Wolfey, par les lettres qu'il leur écrivit le dix-neuviéme du même mois; mais Cafali l'avoit déja mandé au feigneur de Montmorency dès. le quinziéme.

Comme on n'avoit encore en Angleterre aucune que le procès nouvelle de l'évocation, les légats continuoient toujours leurs féances. La reine qui avoit été citée pour ann. n. 93 le vingt-cinquième de Juin, n'ayant point comparu,

Rome.

Raynald. hoc

Burner bift.

in 4.1.2 p.118.Le Grand, dans les preu

ves de l'hift. du divorcetom 3. pag. 336...

on lui accorda un nouveau délai jufqu'au vingt- AN. 15.29 huitiéme, & on la fit citer encore par l'évêque de de la réform. Bats & Wels, quoique fort inutilement. Le vingt d'Angl. tom. 1huitiéme on fit lire quelques dépofitions; après quoi la féance fut remife au cinquiéme de Juillet & renvoyée au douzième: on se rassembla donc le 12. le 14. le 17. le 21. & le 23. Comme il n'y avoit plus rien à faire qu'à prononcer la fentence, chacun croyoit que tout feroit terminé dans cette derniere féance, & que les légats alloient prononcer un jugement définitif. Jamais affemblée ne fut plus nombreuse, le roi même le rendit dans une chambre voifine, pour être té moin de tout ce qui fe paffoit; mais on fut étrangement furpris quand on entendit le cardinal Campege. remettre la décifion de l'affaire au premier d'Octobre, alléguant pour raison, que c'étoit le tems des grandes vacations à Rome, & qu'il étoit indifpenfablement obligé de fe con former à cet usage. Il ajouta, pour juftifier fa conduite, que la reine ne pouvoit confentir que le procès fût jugé en Angleterre, &. qu'elle refufoit de les reconnoître Wolfey & lui pour juges. Le duc de Suffolk, qui étoit préfent, fit: éclatter fon reffentiment, & jura après plufieurs menaces, que jamais cardinal n'avoit caufé que du mal heur à l'Angleterre. Campege lui repliqua qu'il connoiffoit affez le péril où il étoit, mais qu'à fon âge: il devoit moins le mettre en peine de fa vie que du. falut de fon ame. Wolfey fut moins modéré, & répondit à Suffolk, qu'il devoit moins que perfonne du royaume fe plaindre des cardinaux, qu'il devoit laiffer ces menaces, ces injures & ces repro& que s'il ne pouvoit parler comme un hom-.

ches;

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