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AN. 1529.

Sleid. in com.

gne, Pierre Flofteld & Adolphe Clarebach, hommes fçavans avoient été mis en prifon, pour avoir des senlib. 6. p. 200. timens erronez fur l'euchariftie, & fur d'autres articles de la religion Catholique. Après plus de dix-huit mois de captivité, ils furent enfin condamnez à être brûlez.

CXXV. Etat de la reli

nius rerum

Suce. lib. 6.

Al. 1)29.

Rien n'arrêtoit les progrès du Luthéranisme en gion en Suéde. Suéde, où la vraye religion fe trouvoit presque enJoan. Love tierement abolie. Dès le commencement de cette année 1529. le roi Guftave convoqua une affemblée générale, dans laquelle il fit recevoir les fentimens des Luthériens pour regle de foi, & renoncer folemnellement à l'obéiffance du pape. Cette affemblée se tint à Orebro, petite ville capitale de la Nericie, sur la riviere de Erofa, l'on y établit un usage uniforme dans toutes les églifes. Le roi recommanda aux évêques un certain nombre de prédicateurs qu'il avoit entendus, afin qu'on leur donnât des bénéfices, & qu'on les défendît contre la violence. Quelques hérétiques furent maltraitez: l'évêque de Scaren dans la Vestrogothlande obligea celui qu'on lui envoya de prendre la fuite le recteur du college commençant expliquer l'évangile de faint Matthieu à fes difciples, penfa être accablé à coups de pierres, & se sauva à Vadsteg, ville de l'Oftrogothie. Les auteurs de ces troubles furent quelques feigneurs de la Gothie occidentale qui confpirerent contre le roi pour maintenir la religion Catholique; mais le chef de cette confpiration, appellé l'Huro - Jean, fut arrêté & mis en prifon, d'où il ne fortit qu'après fix mois, à la recommandation de George fon fils, qui étoit dans la faveur de Guftave; cependant les Suédois ont

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moins changé que les autres; car ils ont des évêques, AN. 1529. des prêtres & des diacres mariez; leurs églises font peu différentes des nôtres; ils ont une liturgie assez femblable à celle de l'église Romaine; aux grandes fêtes ils vont à confeffe, & fe mettent quelquefois dix ou douze aux pieds de leurs miniftres pour recevoir la pénitence. Le Luthéranisme en Dannemark faifoit auffi de semblables progrès.

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AN. 15.30.

I.

Couronnement de Charles V. à Boulo

gne par le pape Clement

VII.

comment. lib.

7. pag. 207. Guicciard. lib.

10.

LIVRE

CENT TRENTE-TROISIEME: 'EMPEREUR Charles V. étoit toujours à Boulogne, où il attendoit le jour marqué pour la cérémonie de fon couronnement. Ce jour tant défiré étant enfin arriSleidan. in vé, le pape accompagné de quinze cardinaux, vingtdeux évêques, huit abbez, & de tous les officiers, fe transporta le matin dans l'église de saint Petronio qu'on avoit magnifiquement ornée. Peu de tems après l'on vit arriver l'empereur en manteau impérial, dont Sforce duc de Milan, & Charles duc de Savoye portoient la queuë. Le marquis d'Aftorga portoit le fceptre, le duc d'Afcalona l'épée, & le marquis de Montferrat la couronne de fer, & le globe étoit porté par Alexandre de Medicis, déja reconnu pour gendre de fa majefté impériale; tous étoient fuivis d'un grand nombre de feigneurs. Cette couronne, dite de fer, quoiqu'elle foit d'or, eft ainfi nommée à caufe d'un Card.Pafcal, cercle de fer blanc qui eft en-dedans; d'autres difent lib. de coronis. qu'il n'y a de fer qu'une petite pointe qu'on peut peine remarquer le deffein de Charlemagne, en la faifant faire ainfi, étoit d'apprendre aux empereurs que pour conferver leur puiffance en Italie, il falloit employer le fer & la force. Cette couronne étoit gardée dans la ville de Monza en Lombardie, & fervoit à déclarer l'empereur roi des Lombards, ce qui lui conferve les prétentions qu'il a fur l'Italie; car dans le couronnement qui fe fait à Aix-la-Chapelle avec la couronne d'argent, il eft feulement déclaré roi de

:

à

pour

AN. 1530

Germanie. Selon un decret de Charlemagne, Charles V. auroit dû recevoir la couronne de fer à Monza, mais voulant éviter la multiplicité des cérémonies, ou faire plus d'honneur à la ville de Boulogne où étoit le pape, il aima mieux en être couronné dans cette ville. Environ trois jours après, il fe prépara à recevoir la couronne d'or des mains mêmes du pape, ce qui se fit ainfi. S'étant préfenté devant le trône où étoit Clement VII. ce pape lui donna le furplis & l'aumuffe le faire chanoine de faint Pierre & de faint Jean de Latran, & prit enfuite les habits pontificaux pour dire la meffe, pendant que les chanoines de ces deux églises, qui étoient venus avec le pape pour cette fonction, revêtoient l'empereur des habits de diacre, pour fervir à la meffe pontificale. Le faint pere, revêtu de fes habits, s'approcha de l'autel, & commença folemnellement la meffe avec deux chœurs de mufique; l'empereur donna à laver au pape, & communia de fa main, étant à genoux à fes pieds felon la coutume, entre un cardinal évêque & un cardinal prêtre, deux maîtres des cérémonies tenant la nape. La meffe achevée, & la bénédiction donnée à l'ordinaire, le fouverain pontife, toujours revêtu de fes habits pontificaux, s'affit devant l'autel, & l'empereur retourna fur fon trône, où les mêmes chanoines qui lui avoient mis les habits de diacre, les lui ôterent, & dans le même tems les électeurs de l'empire le revê tirent des habits & du manteau impérial, pour aller enfuite se mettre à genoux aux pieds du pape, & recevoir la couronne d'or.

Le pape, qui étoit affis, commença par donner à l'empereur le fceptre d'or enrichi de pierreries, qu'il

AN. 1530.

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reçut de la main du marquis d'Aftorga, & qu'il mit entre les mains de Charles V. en prononçant ces paroles du cérémonial Romain: « Empereur, notre fils, prenez ce fceptre, & fervez-vous-en pour regner fur » les peuples de l'empire, aufquels Dieu, nous & les électeurs vous avons trouvé digne de commander ». Enfuite s'approcha le duc d'Afcalona qui portoit l'épée de l'empire toute nuë, & qui la préfenta au pape, étant à genoux. Le faint pere la prit & la mit dans la main de l'empereur, en prononçant ces autres paroles: Prenez cette épée, de laquelle vous devez vous fervir pour la défenfe de l'églife, contre les ennemis de la foi. A cette cérémonie fuccéda celle du globe d'or que portoit Alexandre de Medicis, ce globe avoit une croix deffus, & étoit tout femé de pierreries. Sa fainteté le reçut, & le donna à l'empereur, en lui difant: Ce globe que nous vous donnons représente le monde, que vous devez gouverner avec beaucoup de » vertu, de religion & de fermeté ». Enfin s'approcha Gonzague, marquis de Montferrat, qui s'étant auffi mis à genoux devant le pape, lui préfenta la couronne d'or enrichie de diamans, & d'autres pierres précieuses, de la valeur de cent mille ducats. L'empereur ayant baissé la tête, la reçut de fa fainteté, qui lui dit encore ces paroles : « Charles, empereur invincible, » recevez cette couronne, que nous vous mettons fur la tête, qui doit fervir de témoignage à toute la ter»re, de l'autorité qui vous eft conférée, pour vous faire honorer, fervir & obéir de tous les peuples qui font foumis à votre puissance». Frederic de Gonzague, marquis de Mantoüe, ne fe trouva point à la cérémonie, ni même dans Boulogne, pour éviter de

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