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biles & à des perfonnes de pieté & d'érudition pour lui en dire leur avis, & remarquer ce qui pouvoit y être Catholique ou contraire à la foi de l'église, qu'ils l'avoient fait, qu'ils avoient mis leur avis par écrit, & qu'on en alloit faire la lecture en leur présence : ce qui fut fait en Allemand, par un nommé Alexandre fécretaire de fa majesté impériale.

AN. 1530.

XXI.
On lit devant

la réfutation de

Cochlans. ibid. Pallavic, us supra c. 4.

Sleidan ibid.

Cette réponse ne contenoit qu'une réfutation,article par article, de leur confeffion de foi ; & mê- les Proteftans me on ne répondoit à plufieurs articles que ces mots: leur confeffion. Cet article ne renferme autre chofe qu'une pure héréfie qui mérite le feu. Les théologiens Catholiques en approuvoient pourtant quelques-uns purement & fimplement, & en rejettoient d'autres de la même maniere, mais il y en avoit plusieurs, dont ils n'approuvoient qu'une partie & rejettoient l'autre. Les articles entierement approuvez étoient fur le mystere de la Trinité, fur l'Incarnation, fur la néceffité du Baptême, fur la Céne, fur l'efficace des Sacremens, qu'on condamnoit feulement en ce qu'on n'y reconnoiffoit pas le nombre de fept; sur la miffion des miniftres, pourvû qu'on reconnût l'ordination canonique; fur l'autorité des magiftrats, fur le jugement dernier & la résurrection. Les articles rejettez étoient fur la maniere de la juftification par la feule foi fans bonnes œuvres, de l'églife, où ils difoient qu'il fuffit pour fon unité d'être d'accord fur la doctrine de l'évangile, & fur l'administration des facremens, fans qu'il foit néceffaire de fuivre les mêmes ufages, & les mêmes traditions, &d'être foumis à un même chef vifible, fur l'invocation & le culte des faints. Enfin les articles partie reçus,& partie rejettez concer Tome XXVII.

noient le peché originel, la confeffion, la péniten

AN. 1530. ce, tout ceci ne regardoit que la premiere partie de la confeffion.

Quant à la feconde partie compofée de septarticles, où les Proteftans traitoient d'abus la communion fous une feule espece, le célibat des prêtres, les céré monies de la messe, les meffes privées, le facrifice de la meffe, les vœux monaftiques, l'abstinence des viandes,les jeunes, la confeffion auriculaire,& d'autres. L'on foutient dans la réfutation que ce ne font point des abus,mais de faintes pratiques de religion, qu'on établit par l'écriture fainte & la tradition. On reconnoît néanmoins qu'il peut s'y être gliffé quelques abus qui demandent une reforme; & l'empereur promet d'employer tous fes foins & toute fon autorité pour la procurer. Enfin l'on concluoit, en marquant qu'on efperoit que les Proteftans rentreroient dans le sein de l'églife, puifqu'ils paroissoient déja d'accord avec les Catholiques fur plufieurs points quiétoient auparavant conteftés. Quand la lecture en fut faite, l'empereur foufcrivit fans peine à cette refutation, & tous les princes Catholiques fuivirent fon exemple. On voulut obliger les Luthériens à faire la même chofe;mais l'électeur de Saxe dit, au nom des princes de fon parti, qu'ils étoient disposez à faire tout ce qu'ils pourroient en confcience,pour se réünir fur le fait de la religion; mais que pour fe re-. tracter, il falloit qu'on leur prouvât leurs erreurs par l'écriture fainte; que fi l'on fouhaitoit d'eux une plus ample explication, ils étoient prêts de la donner; à quoi ils fe croyoient obligez, puifqu'on avoit ap prouvé quelques articles de leur doctrine & rejetté les autres, d'où ils concluoient qu'on ne pouvoit pas

AN. 1530.

XXII. Départ du land

leur refufer une copie de la réfutation qu'on venoit de lire de leur confeffion : ce qu'on ne leur accorda qu'avec beaucoup de peine, & même à condition, qu'après l'avoir luë, ils la remettroient à l'empereur, & ne la rendoient pas publique, ce qu'ils refuferent. Le lendemain,qui étoit le fixiéme d'Août,le lantgrave se retira de la diéte fans prendre congé, ce qui grave de Heffe irrita beaucoup l'empereur, craignant que ce ne fût dans le deffein de rompre entierement la négociation. lib. 7. pag. 215. Mais comme ce prince avoit laiffé fes ambassadeurs, qui promirent de demeurer,& que d'ailleurs on représenta à sa majesté impériale, que la retraite du lantgrave avoit été caufée par la maladie de sa fem

me,

a

de la diéte.

Sleidan in comm.

elle s'appaifa & fit retirer les gardes qu'on avoit mis aux portes, fur la parole de l'électeur de Saxe, qui promit de veiller à tout. Les princes Catholiques craignant que l'empereur n'eût recours à des remédes trop violens pour réduire les Proteftans, & efperant de pouvoir les ramener plus aifément par la douceur, employerent leur crédit pour engager ce prince à fouffrir qu'on s'affemblât de part & d'autre en quelque endroit,afin de conferer à l'amiable fur les points controverfez, & ramener à la paix & à la concorde ceux qui s'étoient séparez de l'église. L'empereur y confentit, & l'on fit choix de fept perfonnes du parti des Catholiques pour conferer avec un pareil nombre choifi entre les Proteftans. Ceux qu'on nomma de la part des orthodoxes, furent l'é- Ausbourg entre vêque d'Ausbourg, Henri duc de Brunswick, deux & les Proteftans, jurifconfultes, dont l'un étoit chancelier de l'archevê- Sleid. 1. 7. p. 217. que de Cologne, & l'autre du marquis de Bade; enfin &feqo trois théologiens, fçavoir Jean Eckius qui avoit déja

XXIII Conférence à

les Catholiques

hoc an. p. 209. &

210.

donné de grandes preuves de fon érudition & de fon AN. 1530. zéle pour la foi, Jean Cochlée, qu'on nommoit le Cochlaus in act. fleau de l'héréfie, & Conrad de Wimpina, qui étoit profeffeur en théologie à Francfort fur l'Oder. Du parti des Proteftans étoient George de Brandebourg, Jean Frideric de Saxe, deux jurifconfultes, trois théologiens, fçavoir Philippe Mélanchton, Jean Brentius & Erad Schnepf.

spond. hoc ann.

n. 6.

La conférence se tint un dimanche feptiéme du: mois d'Août dans le chapitre de l'églife cathédrale d'Ausbourg : & quand tous furent affemblez, l'électeur de Brandebourg fit aux fix princes Proteftans un difcours fort & pathétique, pour les engager à fatisfaire l'empereur, en fe réüniffant sur la foi avec les autres princes & membres de l'empire, & à renoncer à leur confession,parce qu'il étoit à craindre,s'ils s'opiniâtroient à demeurer dans leurs erreurs, que l'Allemagne n'en fouffrît, par les guerres & les fédi, tions que leur divifion y cauferoit. Les Proteftans dans cette premiere conférence ne répondirent rien; mais deux jours après Gregoire Bruck parla pour eux. & fe plaignit premierement des menaces qu'on avoit faites aux princes, enfuite il s'étendit fur quatre articles, dont le premier étoit que l'empereur n'avoit pas donné une audience fuffifante aux Proteftans, fuivant la teneur de l'édit. Le deuxième, qu'on ne leur avoit promis une copie de la réfutation de leur confeffion qu'à des conditions tout-à-fait onéreuses. Le troifiéme, qu'ils ne pouvoient approuver cette réfutation fans bleffer notablement leur confcience, d'autant plus qu'ils ne l'avoient pas vûë. Le quatriéme,que dans la derniere diéte impériale tenuëàSpire,

l'on avoit promis & même arrêté, qu'on affembleroit au plûtôt un concile ; ce qu'on n'avoit pas exécuté ; A N. 1530. & tous ces griefs des Proteftans furent laiffés par écrit, afin qu'on leur répondît, ce que l'électeur de Brandebourg fit au nom des princes Catholiques.

Reponse des griefs des Prote

Cocklaus ibid. p.

210. & feq.

Il leur déclara qu'on n'avoit agi avec eux que XXIV. comme avec des amis, animez d'un efprit de paix & Catholiques aux de droiture, fans aucun deffein de les offenfer ni de ftans les menacer: que ce qu'il avoit dit des maux qui arriveroient fi la diéte fe féparoit, fans avoir rétabli l'u nion entre les membres de l'empire,regardoit le bien commun de toute la nation, qu'on ne vouloit pas exposer aux malheurs qui en naîtroient. Il ajouta qu'il lui étoit aisé de répondre aux quatre griefs propofez par Bruck. Au premier, qu'outre que l'empereur avoit entendu en pleine diéte la lecture de leur confeffion de foi avec beaucoup de bonté, & qu'elle contînt de leur propre aveu tout ce qu'ils avoient à dire, on n'avoit de plus indiqué cette conference que pour les écouter en paix tant qu'il leur plairoit, & pour conferer avec eux fur les moyens de rétablir l'union ; qu'ainfi ils n'avoient pas raifon de fe plaindre de fa majefté impériale, comme fi elle n'avoit pas fatisfait à fon édit. Au fecond, que des cons ditions aufquelles on leur avoit offert une copie de la réfutation ne devoient point paroître injuftes, ni déraisonnables, parce qu'ils fçavoient eux-mêmes, & qu'ils pouvoient aifément s'en ressouvenir, de quelle maniere leurs prédicateurs avoient traité l'édits de Wormes, les railleries fanglantes qu'ils en avoient faites en public, & combien ils avoient méprisé la perfonne même de l'empereur, les princes, & tous les

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