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états de l'empire, enforte qu'on avoit cru qu'il étoit

AN. 1530. à propos de ne pas rendre la réfutation publique avant le tems, pour n'être pas expofé aux mêmes infultes, n'ignorant pas eux-mêmes que les loix défendent de difputer publiquement de la foi & de la religion fur peine de la vie. Au troifiéme,qu'ils avoient tort d'intereffer plûtôt leur confcience à fuivre les erreurs d'un certain nombre d'hérétiques & d'apostats, qu'à fuivre l'églife qui ne fe conduit que par l'autorité des faints peres & des conciles généraux ; que ceux-là agiffent contre les loix & les canons, qui permettent plufieurs chofes, qui vont à la ruine des peuples,& qui font divifez en beaucoup de fectes contraires, reproche qu'on ne pouvoit faire aux Catholiques. Au quatrième, qui concerne le concile, qu'ils fçavoient fort bien que les guerres en avoient toujours empêché la convocation; outre que Luther lui-même avoit déclaré à la diéte de Wormes, qu'il ne vouloit pas se foumettre au jugement d'un concile, contre l'autorité duquel il écrivoit encore tous les jours. Enfin l'électeur les prioit d'examiner toutes ces raisons, & de préferer la réünion avec l'églife & l'empereur, au schisme dans lequel ils étoient, & qui ne se termineroit qu'à la perte de leurs ames; que s'ils fçavoient quelqu'autre moyen de s'accorder ils pouvoient le propofer, pour en faire aufsi-tôt le rapport à la majesté impériale.

gne

Les Proteftans peu contens de cette réponse, fi dinéanmoins de leur attention, ne laifferent pas de diffimuler leur chagrin, & demanderent quelque tems pour déliberer entr'eux, afin de rendre une réponse plus pofitive. Ce qu'on leur accorda avec joie.

Ils

parurent donc quelque-tems après,& commencerent par vouloir s'excufer fur leur féparation, affu- AN. 1530. rant qu'ils ne s'étoient point féparez de l'église univerfelle, qu'ils n'avoient rien dit contre l'empereur, & qu'ils n'avoient point méprifé fes édits; qu'ils n'étoient point refponfables de ce que d'autres avoient pû faire, & que pour donner des preuves de leur amour pour l'union, ils jugeoient à propos qu'on choisît de part & d'autre le même nombre de perfonnes, qui puffent traiter amiablement du fujet de leur difcorde, & voir fi l'on ne pourroit point trouver quelque moyen de s'accorder.

Les Catholiques accepterent la propofition: de part & d'autre on nomma les mêmes fept perfonnes pour conferer ensemble fur les points conteftez. Les Catholiques choisirent deux princes, fçavoir l'évêque d'Ausbourg, le duc de Brunswik,& au cas que celuici vînt à manquer, George duc de Saxe, deux jurifconfultes, fçavoir le chancelier de l'archevêque de Cologne, & celui du marquis de Bade, & les trois théologiens nommez plus haut, fçavoir Eckius, Cochlée & Wimpina. Les Proteftans prirent de leur côté deux princes, Jean Frederic fils de l'électeur de Saxe,&Geor ges marquis de Brandebourg, deux jurifconfultes, Gregoire Bruck & Hellet, trois théologiens, Mélanchton, Jean Brentius & Erad Schnepf.

Ces quatorze perfonnes s'affemblerent le feiziéme d'Août après le dîné, dans une falle du palais, & après avoir long-tems confulté & déliberé d'une maniere affez vague, on propofa la confeffion des Luthériens, afin d'être examinée article par article ; des vingt & un dont la premiere partie étoit composée,

XXV.

Autres confe

rences du méme uombre.

la

Cochl, ut fuprà 211. & 212.

XXVI.
On y examine

confeffion de

foi des Luthé

riens. Cochlaus loco fuSedan in comm.

prà citato p. 217.

lib. 2. p. 217.

on s'accorda fur quinze, par l'avis de Mélanchton; AN. 1530. qui étoit alors le chef du parti en l'absence de Luther & qui par fes adoucissemens en vint jusques-là, dans le défir qu'il avoit de terminer cette affaire au plûtôt. Il n'y eut point de difficulté fur les articles qui regardoient les mysteres : fur le second les Protestans avoüerent que par le baptême le péché originel nous eft remis, quoique la concupifcence, qui en est l'effet, nous demeure. Sur le quatrième, cinquiéme & fixième, que ce n'est pas la foi seule, mais la foi & la grace sanctifiante qui nous justifient. Sur le feptiéme & huitième, que l'églife comprend les pecheurs auffi-bien que les juftes. Sur le dix-feptiéme , que nous avons notre libre arbitre, & que nous ne pouvons rien pour notre falut, fans la grace & le fecours de Dieu. Sur le douzième, les Proteftans voulurent bien reconnoître la fatisfaction comme une partie de la pénitence, pour en faire les fruits felon l'évangile, mais non pas comme nécef. faire pour la rémiffion de la peine dûë à nos pechez. Sur le vingtiéme ils avoüerent la néceffité des bonnes œuvres, mais non pas leur mérite. Sur le vingt-uniéme,ils reconnurent que les faints & les anges intercedent pour nous, & ils voulurent bien honorer leurs fêtes, mais non pas les invoquer; enforte que fur ces trois derniers articles, l'accord ne fut qu'en partie Quant à l'euchariftie ils convinrent que le corps & le fang de Jesus-Christ étoient contenus fous chaque efpece, qu'on ne condamnoit point les laïques qui voudroient communier fous une feule efpece, qu'on pourroit rendre au faint Sacrement la vénération accoutumée; que la messe folemnelle

feroit

feroit celebré avec les cérémonies ordinaires, qu'on y obferveroit ce qui eft effentiel à la confecration, qu'on pourroit obferver les jeûnes de vigiles; que les évêques retiendroient leur jurifdiction pour être obéis des curez, des prédicateurs & de tout le cler gé, dans les chofes eccléfiaftiques; qu'enfin leurs excommunications ne feroient pas méprisées; mais quant aux abus prétendus qui compofoient la feconde partie de la confeffion de foi, on ne put jamais

s'accorder.

4

AN. 1530.

XXVII.
Le nombre des

députez réduit à

trois pour les con

cochlaus ut Juprà.

Sleidan p. 217.

La difpute étoit fur les meffes privées, fur le célibat des prêtres, fur les vœux monaftiques, fur la meffe fi elle étoit un facrifice; les Catholiques ne ferences. voulurent rien relâcher fur les deux points de la mefse & des vœux. Quant au mariage des prêtres, ils confentoient, dit Sleïdan, que ceux qui étoient mariez gardaffent leurs femmes, mais ils ne vouloient pas qu'on permît le mariage à ceux qui n'y étoient pas encore engagez. Il fallut donc avoir recours à d'autres conferences, & les théologiens Catholiques ayant fait le 22. d'Août leur rapport à la diéte des termes où ils en étoient avec les Luthériens, on crut, pour la conclure plus promptement, qu'il falloit réduire le nombre des députez à trois de chaque par ți; fçavoir à deux canoniftes & à un théologien. Melanchton fut pour les Proteftans, & tckius pour les Catholiques. Le premier, pour faciliter la paix, fe relâcha beaucoup fur la jurifdiction des évêques dans leurs dioceses, dont il convint prefque dans les mêmes termes que les Catholiques, & par-là il fe ren dit fufpect à la plupart de ceux de fon parti. Lu ther, à qui l'on envoyoit tous les jours des couriers Tome XXVII,

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X

ad diverfos apud

pour l'informer de ce qui se passoit dans ces confeAN. 15.30. rences, écrivoit fans ceffe du lieu de fa retraite,qu'on Eiftola Lutheri molliffoit trop, qu'on devoit s'en tenir à la confefCaleftin. tom. 3. fion de foi, qui même, difoit-il, alloit trop loin, fans vouloir encore céder de nouvelles choses : c'est pourquoi les rigides Proteftans, qui étoient déja mécontens de la facilité de Melanchton, lui avoient fait défendre d'aller plus avant & de rien relâcher davantage. Les parties n'ayant donc pû s'accorder, les conferences finirent fur la fin du mois d'Août, & l'on fe retira fans avoir rien conclu. On voulut bien renoüer l'affaire, en augmentant le nombre des députez ; mais les Proteftans répondirent, que si c'étoit dans la vûë de les ramener à l'église Romaine, toutes les démarches que l'on feroit feroient inutiles : & on ne le tenta plus.

XXVIII. L'empereur fait

ces Proteftans de

glife.

lib. 7. p. 219.

L'empereur voyant qu'on n'avoit pas réuffi de ce folliciter les prin- côté-là, effaya de détacher les princes Proteftans les rentrer dans l'é- uns des autres, pour les ramener à fon parti. Il fit folliciter George de Brandebourg par l'archevêque Sleidan. in comm. de Maïence, & quelques autres de fa famille; le prince de Saxe par Frederic Palatin, le comte de Nassau & George Truchfés pour le faire départir de fon union avec les autres, le menaçant de refufer la foi & hommage qu'il lui devoit faire de fes feigneuries, felon la coutume de l'Empire, s'il ne fe réunissoit auparavant à l'église Romaine. Il menaça encore le mar quis George de Brandebourg de lui ôter la tutelle d'Albert fon neveu, fils de fon frere Cafimir, s'il ne se foumettoit. Il fir dire encore au lantgrave de Heffe, qu'en obéiffant à fa majefté impériale, Ulric prince de Wittemberg feroit rétabli dans fes biens,

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