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Confeffion de foi

res prefentée à

nes. Le lendemain de leur départ, l'empereur manda tous les états, fit sçavoir aux députez par Truch- AN. 1530. fés qu'ils ne fe retiraffent pas avant que la diéte fût finie, & leur apprit ce qu'il avoit fait avec l'électeur & les princes fes affociez. Et parce que ceux de Strafbourg, de Memmingen, de Conftance & de Lindau, avoient donné un écrit & mis leur affaire fur le bureau; sa majesté impériale prømit de leur répondre; elle les fit venir, mais elle n'en eut pas plus de fatisfaction que des princes Proteftans; ils refuserent comme eux de souscrire au decret de la diéte concernant la religion. Leur confeffion de foi avoit été dref- XXXVIII. fée par Capiton & Bucer, & approuvée par le fenat des Sacramentaide Strasbourg: par rapport aux opinions, elle étoit l'empereur. peu differente de celle des Luthériens, à l'exception de la préfence réelle ; on y reconnoit la néceffité d'obéir aux magistrats, les jeûnes dont on ne veut pas faire un précepte, parce qu'il n'y a aucun mérite qui leur foit attaché, on rejette l'abftinence des viandes en certains jours, le culte des faints, leur interceffion, le monachisme & tous les vœux. A l'égard de la puiffance eccléfiaftique, ils ne lui accordent de pouvoir que pour édifier, planter & arrofer, Dieu feul ayant le pouvoir de lier & remettre les pechez. On ne reconnoît pour vrais évêques & prêtres, que ceux qui paiffent le troupeau de Jesus-Christ de la parole: les traditions font approuvées, quand elles ne font point contraires à la parole de Dieu. L'église y eft définie une societé de vrais fideles, dans laquelle on trouve des hypocrites; on en exclut ceux qui n'enfeignent pas la doctrine de Jefus-Chrift fur les facremens, qui font, difent-ils, des fymboles facrez, par

lefquels Dieu a voulu unir extérieurement les fideles; AN. 1530. & qui non feulement font des fignes visibles de la grace, mais encore des témoignages de la foi. On n'y reconnoît que deux facremens, le batême & l'euchariftie. On doit, adminiftrer le premier aux enfans; fur le fecond, les miniftres, fans s'arrêter aux queftions curieuses, ne doivent enseigner au peuple que ce qui eft utile, fçavoir qu'étant nourris de JesusChrist, nous devons vivre en lui & par lui, & être un feul pain, & un feul corps, puifque nous participons dans la Céne à un même pain. On y ajoute que la Céne n'ayant été inftituée par Jesus-Christ, qu'afin que les fidéles nourris de fon corps & de fon fang, annoncent fa mort, & lui rendent des actions de graces, on ne peut approuver ceux qui célébrent des meffes dans l'intention d'offrir J.C. à Dieu fon pere pour les vivans, & pour les morts ; d'où eft venu difent-ils, ce trafic honteux des melles. On y rejette les messes privées, on y soutient que J. G. ayant été offert une feule fois en facrifice fur la croix, ne peut plus être offert en facrifice dans la messe. Quoique la confeffion, continue-t'on, puisse être fupprimée à cause des abus, n'étant pas de néceffité, les miniftres néanmoins doivent exhorter les pecheurs à confeffer leurs fautes. On blâme enfin l'office de l'églife, ou parce qu'il eft trop long pour être recité avec attention, ou parce qu'il attribuë aux faints des choses, qui ne conviennent qu'à Dieu, & l'on rejette les images à caufe du culte, & de l'adoration qu'on leur Cette confeflion rend.:

XXXIX.

de foi refutée par

Faber & Eckius.

Cette confeffion écrite avec beaucoup de fubtilité, Sleidan in comm. & foutenue à chaque article de pallages de l'é

lib, 7. pag. 226.

criture fainte, fut remife par l'empereur à Faber & à Eckius pour y répondre. Leur réfutation fut des AN. 1530. plus vives, & prévint fort l'empereur contre les Sacramentaires. On la lut en pleine diéte,ceux de Strafbourg & leurs affociez étant préfens; on les accusoit d'avoir des opinions differentes des autres, d'approuver des erreurs horribles fur l'euchariftie, d'avoir ruiné les images, aboli la meffe, détruit les chapitres & monafteres fondez par la libéralité des princes, de fomenter differentes fectes dont ils répandoient la mauvaise doctrine dans toute l'Allemagne, & de faire imprimer beaucoup de livres pour mieux inculquer leurs pernicieux fentimens. Les Sacrementaires tâcherent de fe juftifier fut tous ces reproches en difant qu'on leur en impofoit, & qu'on les accufoit fans raison, que rien de semblable ne se faifoit dans leurs villes; que fi quelqu'un s'émancipoit jufques-là, il feroit auffi-tôt feverement puni; & que pour mettre leur innocence dans un plus grand jour, ils fupplioient qu'on leur donnât copie de la réfutation, & qu'on n'ajoûtât aucune foi aux crimes dont on les accufoit, jusques à ce qu'on cût entendu leur défense, promettant de faire tous leurs efforts pour fatisfaire l'empereur. Mais ce prince refusa leur de mande, & cinq jours après leur fit dire par l'électeur de Brandebourg, qu'il ne pouvoit leur accorder cette copie, qu'il avoit refuse la même grace au prince de Saxe pour des raifons importantes, que s'ils veulent le réconcilier à l'églife, il permettra qu'on leur life plufieurs fois ce qu'on a écrit contr'eux; mais qu'il ne veut pas qu'on difpute davantage fur la foi; qu'au refte il leur ordonnoit de fe confor

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AN. 1530.

XL.

de la confeffion de

mer à la doctrine de l'églife, & de fournir des fecours pour la guerre contre les Turcs.Ils demanderent quelque tems pour en déliberer, & peu de jours après ils répondirent en présence des états, que leur commiffion étoit de demander copie de la réfutation, afin qu'ils puffent s'excufer, & faire voir qu'on donne un fens mauvais à leurs expreffions, & qu'on leur reproche des crimes aufquels ils n'ont jamais penfé. Les deux députez de Strasbourg étoient Jacques Sturmius & Mathias Pharer; le premier por toit la parole.

La maniere captieufe & équivoque dont leur conTermes ambigus feflion étoit compofée, paroiffoit capable d'en imStrasbourg fur la pofer & de furprendre. Bucer qui en étoit l'auteur, Cénc. affecta de fe fervir des termes employez par les Luthécap, 18. de Canariens pour expliquer la préfence réelle,fans toutsfois fynt. Gen. part. I. admettre leur fentiment. Voici comment il & fait

Confeff. Argentin.

P. 195.

parler ceux de Strasbourg.» Quand les Chrétiens repetent la céne que Jefus-Chrift fit avant sa mort en la maniere qu'il l'a inftituée, il leur donne par le » facrement fon vrai corps & fon vrai fang, à manger & à boire véritablement, pour être la »> nourriture & le breuvage des ames. A la vérité il ne dit pas avec les Luthériens, que ce corps & ce fang foient vraiement & fubftantiellement donnez avec le pain & le vin ; mais il ne dit rien qui y foit contraire,ni rien dont un Luthérien & même un Catholique ne pût convenir, puifque nous fommes tous d'accord que le vrai corps & le vrai fang de nôtre Seigneur nous font donnez à manger & à boire véritablement, non pas pour la nourriture des corps, mais comme dit Bucer, pour la nourriture

des

AN. 1530.

variat. to. I in 4.

des ames. Ainfi cette confeffion fe tenoit dans des expreffions générales ; & même lorfqu'elle dit que nous mangeons & bûvons vraiement le vrai corps & le vrai fang de notre Seigneur, elle semble exclu- Bossuet bist. des re le manger & le boire, par la foi qui n'eft après tout 4. 3. p. 125. qu'un manger & un boire métaphorique ; tant on avoit de peine à lâcher le mot que le corps & le fang deJesus-Christ ne fuffent donnez que fpirituellement, & d'inferer dans une confeffion de foi, une chose fi nouvelle aux chrétiens.

Zuingle y alla plus franchement dans la confeffion de foi qu'il envoya auffi à Ausbourg, & qui fut approuvée des Suiffes. Elle contenoit douze articles. Les trois premiers fur la Trinité & l'incarnation, fur la chûte de l'homme & la neceffité de la grace, fur la médiation de Jefus-Chrift, ne differoient en rien de la doctrine de l'églife. Le quatriéme eft du péché originel, & il y foutient que quoique le péché d'Adam ait été un vrai péché dans Adam, il n'est pas proprement péché dans ses enfans, mais plûtôt une maladie, & un état qui les fait tous naître efclaves enfans de colere & ennemis de Dieu : il ne nie pas toutefois que l'on ne puiffe l'appeller péché. Dans le cinquième, fur le baptême des enfans, il foutient que comme tous les hommes font morts en Adam, ils font tous régenerez en JesusChrist; que ; que fans parler des enfans des infidéles ne doit point légèrement condamner ceux des Chrétiens, qui font membres de l'églife, & qu'on ne peut les damner fans impieté, quoiqu'ils meurent avant la reception du baptême. Dans le fixiéme, qui traite de l'églife, il dit, qu'elle fe prend premierement Tome XXVII.

on

XLI. Confeffion de

Zuingle envoyée

à Ausbourg. Confeff. Zuinglii

inter ejus opera,

apud Hofpin, ad ann. 1530. p. 101. & feq.

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