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teau, se rendirent fans résistance. Ce prince, fur le refus de l'empereur, qui ne voulut pas payer fa rançon, eut recours au roi François I. qui lui procura fa délivrance, & en fut fervi fidélement jufqu'à la mort.

XIX. Prefque tout

met à ce géné

Guicciard, in

Paul hiftor.

Jove in

La prife de Melfy étonna fi fort tout le royaume de Naples, que Barlette, Trany, Venofe & d'autres le royaume de villes des environs, fe foumirent auffi-tôt à Lautrec, Naples fe ouparce que les impériaux en avoient retiré les garni- ral. fons: Capoüe fit la même chofe, Nole, Acerra, Aver- lib. 18. fa; enforte qu'il n'y eut que les villes de Naples, Manfredonia & Gayette qui demeurerent fidéles aux impériaux. Le duc de Ferrare voyant qu'il ne reftoit que ces villes à l'empereur dans le royaume de Naples, crut les affaires d'Efpagne fi ruinées, qu'il acheva le mariage de fon fils, avec la belle-fœur du roi de France, qu'il avoit différé jufqu'alors fous divers prétextes. Et Lautrec, homme ambitieux, flatté par tous ces grands succès, ne considéra pas, qu'à un ennemi qui s'étoit retiré avec fes forces entieres, il fuffifoit qu'il fût maître de la capitale, laquelle feule pou-. voit donner la loi à tout le refte du royaume. S'il l'eût vivement pourfuivi, il le pouvoit défaire avant qu'il y entrât, à caufe de la jaloufie qui regnoit entre le prince d'Orange, général de l'armée, & le nouveau vice-roi de Naples, qui dès le commencement fit difficulté d'admettre l'autre dans la ville. Mais les délais de Lautrec donnerent aux deux ennemis le tems de fe réconcilier; enforte qu'ils réfolurent de demeurer dans Naples avec douze mille hommes de vieilles troupes, & envoyerent le refte de leurs forces en garnifon dans les places les plus importantes, ce qui fut caufe de la perte de l'armée françoise.

AN. 1528.

AN. 1528.

XX.

devant Na

le fige.

Guicciard. in

Lautrec prévoyant que Manfredonia, où les impé riaux avoient jetté deux mille hommes, l'occuperoit Lautrec paroît trop long-tems, laissa deux cens cinquante chevaux, ples, & y met & quinze cens fantaffins pour la bloquer, s'avança Mem. du Bel- avec le refte de fon armée devant Naples, où il arrilay lib. 3. va le premier jour de Mai, & s'y retrancha fi bien, qu'il paroiffoit impoffible de le déloger. La fituation avantageufe de fon camp lui fit mettre en délibération, s'il attaqueroit la ville, ou s'il fe contenteroit de la réduire par famine : les avis furent partagez, mais la nombreuse garnifon qui avoit le vice-roi Moncade à la tête, l'obligea de prendre le dernier parti, tant parce qu'il n'avoit d'argent que pour la folde ordinaire de les troupes, que parce que le grand nom bre des affiégez lui fit efpérer qu'ils feroient bien-tôt affamez, le peuple feul montant à plus de deux cens cinquante mille perfonnes. Il fit donc fermer les deux principales avenues de la place par deux forts, l'un sur le marais de la Magdelaine, & l'autre vis-à-vis du mont faint Martin. Les Efpagnols attaquerent le premier, & furent repouffez avec une vigueur, qui leur donna des François une meilleure opinion qu'ils n'avoient eué à la bataille de Pavie: huit jours après ils tenterent de fe rendre maîtres du fecond avec auffi peu d'avantage. Moncade qui, comme on a dit, avoit fuccédé à Lanoy dans la dignité de vice-roi de Naples, voulut éprouver fi la fortune lui feroit plus favorable fur mer, & prenant fix galeres, deux galions, quatre barques armées, & beaucoup de bâtimens de pêcheurs, avec mille foldats Espagnols, & deux cens Allemands; il monta lui-même fur la meilleure des galeres : & le marquis de Guât, le con

lib. 15,

nétable Colonne, le comte de Roux & d'autres offiAN. 1528 ciers impériaux voulurent être de la partie, enforte qu'il n'y eut que le prince d'Orange qui demeura dans Naples.

XXI. Combat naval

&

le ro de

Philippin Doria, neveu d'André Doria, étoit alors au golfe de Salerne avec huit galeres de France, & le où Doria eft vice-roi informé que lui & les fiens, à fon exemple, victorieux, quittoient fouvent leurs vaiffeaux, & venoient juf Naples tué. qu'à l'armée de terre, forma le deffein de furprendre les huit galeres Françoises avec fix des fiennes, qu'il arma à cet effet, & garnit de fes meilleurs foldats. Doria inftruit par Lautrec de l'entreprise du vice-roi, renforça fes galeres de quatre cens arquebufiers qui lui furent envoyez par le général François, fous la conduite du capitaine Ducrocq: il étoit à Capodorfo, lorsqu'il apperçut deux galeres du vice-roi, qui faifoient femblant de fuir pour attirer l'ennemi en haute mer: il détacha trois de fes huit galeres pour gagner le deffus du vent & pour revenir charger les impériaux par les côtez; il s'avança avec les cinq autres, & du premier coup de canon qu'il tira, il emporta quarante foldats de la galere du vice-roi. La fuite du combat fut très-fanglante, & dura fix heures entieres ; Moncade fut renverfé mort de deux coups, dont l'un lui rompit le bras, & l'autre lui fracaffa l'épine du dos. Sa galere coula à fond avec une autre commandée par Feramufca : & le reste fut pris, à la réferve des deux bâtimens que le vent pouffa dans le port de Naples, fi maltraitez par l'artillerie Françoife, qu'on cut peine à les décharger avant qu'ils périffent. Le marquis de Guât, Afcagne & Camille Colonne, le prince de Salerne, les feigneurs de Vau

dré, de Ris, de fainte Croix furent faits prifonniers de e guerre avec beaucoup d'autres feigneurs & capitaines. Néanmoins cette victoire fut funefte aux François par la résistance des ennemis, enforte que des quatre cens arquebufiers envoyez par Lautrec, il n'en restą pas plus de foixante.

XXII.

Le prince d'Orange ayant appris la perte de la Le prince d'O bataille, fit fortir de Naples les bouches inutiles, & difT'empereur la tribua par mesures les vivres aux foldats : & comme il

à

défaite de l'ar

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mée. craignoit que la mort du vice-roi, celle d'un fi grand nombre de vaillans hommes, & la perte de tant de vaifseaux, n'avançât la prise de la ville capitale, plusieurs places qui tenoient encore pour les impériaux, ayant arboré les armes de France; il dépêcha vers l'empereur un brigantin, pour lui mander que les plus vaillans foldats avoient été tuez dans le dernier combat naval, & que les autres étoient presque incapables de fervir; qu'il n'y avoit dans Naples que pour fix femaines de bled; que les Allemands commençoient à murmurer, & qu'il étoit à craindre qu'ils ne fe révoltassent, si sa majefté impériale n'envoyoit bien-tôt de l'argent pour payer l'armée, & des troupes pour fe défendre des François, avec lefquels, fans cela, on seroit obligé de traiter; que les Allemands avoient apporté de Rome la peste dans Naples, & que les autres mouroient d'autant plus aifément, qu'ils ne pouvoient s'affujettir à éviter le commerce de ceux qui en étoient infectez.

XXIII.

Lautrec intercepta cette lettre, & fe contenta de Maladie con- faire couper l'aqueduc qui portoit l'eau dans la ville; le camp des mais au lieu de faire faire en même-tems une tranchée François.

pour conduire les eaux dans la mer, il les laiffa fe ré

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Guicciard, in

Mem. du Bel

pandre dans la campagne, enforte que ne trouvant point de pente dans un lieu tout uni, la grande ardeur du foleil les corrompit bien-tôt ; ce qui caufa les maladies dans l'armée,& y fit un ravage effroyable. Ces lib. 19. maladies fe changerent en pefte, & furent augmen- lay liv. 3、 tées par la malice des affiégez qui vinrent dans le camp des François, fous divers prétextes, & corrompirent toutes les citernes : de forte qu'à la fin de Juillet Lautrec, qui fut lui-même attaqué du mal contagieux, vit fon armée, qui étoit de vingt-cinq mille hommes, réduite à quatre mille, & environ cent hommes d'armes, 'de huit cens qu'ils étoient auparavant. L'armée navale, commandée par Rence de Ceri & André Doria, ayant fait une defcente dans l'ifle de Sardaigne, qui étoit fous la domination Espagnole, y trouva une si grande abondance de vivres, que les foldats qui jeûnoient depuis long-tems, s'étant remplis avec trop d'avidité, furent auffi attaquez de maladies contagieufes, qui en mirent un grand nombre au tombeau; & comme fi le fléau de la pefte n'eût pas fuffi pour détruire un fi grand nombre de foldats François, la perfidie d'André Doria qui changea de parti, acheva de tout perdre.

tent de la cour

Il n'eut pas plutôt accepté le généralat des galeres de France, que fes ennemis formerent le deffein de le perdre; ils donnerent par différens artifices, un tour être méconmalin aux affaires fréquentes, que l'exécution de fa de France. charge faifoit naître dans le confeil, & ils ne perdirent aucune occafion de le deffervir, enforte qu'il passa bien-tôt dans l'efprit du roi pour un homme importun, intéreffé & d'une humeur incompatible. Doria conçut aisément qu'on vouloit fa ruine;

XXIV.

André Doria commence à

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