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en quittant leur habit & leur profeffion; qu'en un AN. 1530 mot on ne fouffrira aucun changement dans ce qui

regarde la foi & le fervice divin, fur peine de punition corporelle, & de confiscation de biens; qu'on réparera tout le tort fait aux eccléfiaftiques; qu'on rétablira les monafteres dans les lieux où ils auront été détruits, de même que les autres édifices, & que les cérémonies accoutumées y feront obfervées ; que ceux qui dans les pays hérétiques demeureront attachez à l'ancienne religion, & approuveront ce decret, feront mis fous la protection de l'empire, fans qu'on puiffe les inquiéter, & qu'il leur fera permis de tranfporter leur demeure, en quel lieu ils voudront, fans qu'on puiffe leur caufer aucun dommage. Que le pape fera requis de convoquer & d'affembler le concile en un lieu commode, & convenable dans fix mois, afin qu'il puiffe être commencé du moins dans le cours de l'année : tous ces reglemens feront exécutez, nonobftant oppofitions ou appellations quelconques ; & afin que ce préfent decret demeure dans toute fa vigueur, comme concernant la foi & la religion, l'empereur y employera toute la puissance que Dieu lui a donnée, même aux dépens de fa vie. Que fi quelqu'un veut user de violence pour en empêcher l'exécution, la chambre impériale fur ce requife, donnera ordre à celui qui agit par voie de fait, de fe defifter de fon entreprise,& s'il y perfifte, il fera mis au ban de l'empire, & les princes & villes voifines viendront au fecours de celui qui fouffre la violence. Enfin la chambre impériale ne recevra à plaider aucun de ceux qui n'auront pas approuvé ce préfent decret.

Fin de la diéte

Ainfi finit la célébre diéte d'Aufbourg, dont le fuccès ne fut point agréable aux Proteftans, qui ju- AN. 1530. geoient bien que l'empereur étoit dans la réfolution XLVII. de les foumettre par la force des armes, s'ils ne vou- d'Ausbourg. loient pas le faire volontairement; auffi firent-ils bien-tôt après une ligue entre-eux; & pendant que Charles V. Ferdinand fon frere roi de Bohéme & de Hongrie, les électeurs, princes & feigneurs, tant eccléfiaftiques que féculiers, & les villes impériales catholiques, faifoient ensemble un traité le vingtfixiéme de Novembre, pour la défense de la religion, contre ceux qui ne penferoient qu'à la détruire, les princes Protestans s'assembloient à Smalkalde pour s'opposer aux autres. L'empereur après la diéte avoit pris le chemin de Cologne, & ce fut là où il commença l'exécution du deffein qu'il avoit conçû depuis quelque tems, qui étoit d'affurer la dignité impériale dans fa maison,en faifant élire Ferdinand fon frere roides Romains. Il chargea donc l'électeur de Mayence, comme chef & préfident du college électoral, de vouloir l'affembler, ce qu'il ne manqua pas de faire auffi-tôt, en dépêchant un gentilhomme à chacun des électeurs, avec une lettre qui portoit en fubftance. » Que fa majefté impériale ayant fouhaité de faire affembler les électeurs dans la ville de Cologne, pour proceder à l'élection d'un roi des Romains, » monfieur l'électeur étoit prié de fe trouver dans » cette ville le vingt-neuviéme de Décembre.

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L'électeur de Saxe reçut cette lettre dès le vingttroifiéme de Novembre; & jugea à propos d'oppofer une autre affemblée à celle que l'empereur venoit d'indiquer. Il dépêcha donc fort fecretement en tou

re

XLVIII. pereur de faire élifon frere roi sleidan in comm. lib. 7. pag. 233

Deffein de l'em

des Romains.

te diligence des députez à tous les princes & états ProA N. 1530. teftans, pour les avertir de se trouver à Smalkalde

Projet des princes

de.

Sleïdan ibid. ut Suprà.

pe

tite ville de Franconie appartenant au landgrave de Heffe, pour le vingt-deuxième de ce même mois de Décembre. Cependant il envoya promptement Jean Fredéric de Saxe fon fils, à Cologne avec d'autres feigneurs, pour fe trouver à l'affignation,& remontrer que la citation de l'électeur de Mayence n'étoit pas légitimement faite,parce qu'elle bleffoit les droits & libertez de l'empire, & l'édit de l'empereur Charles IV. qui avoit ordonné par la bulle d'or, qu'on ne pourroit créer de roi des Romains, qu'après la XLIX. mort de l'empereur regnant, auquel on ne devoit Proteftans pour la point donner un fucceffeur durant la vie. L'électeur ligue de Smalkal- de Saxe, conjointement avec les autres princes fes afsociez, en écrivit à sa majesté impériale, & aux électeurs, les fupliant très-inftamment de ne plus fonger à faire une chofe de fi mauvais exemple, & fi contraire à la liberté Germanique. Le landgrave Philippe de Heffe, qui venoit de conclure une ligue de fix ans, pour la commune défense de la religion, avec les Cantons de Zurich, de Berne & de Bafle, & la ville de Strasbourg, se donna aussi de grands mouvemens, pour détourner cette élection d'un roi des Romains, & avoit invité les Suiffes à Smalkalde; mais tous ces efforts furent inutiles. Pendant que les Proteftans se divifoient de plus en plus d'avec la cour de Rome, les Vénitiens fe racommoderent avec elle, au sujet du differend qu'ils avoient avec le touchant la collation des évêchez. Autrefois le féle differend qu'il nat de Venise avoit la nomination de tous les évêchez, & de toutes les abbayes de fon état de te re

L.

Le pape termine

avoit avec les Vénitiens,

pape

& de mer; mais il y avoit renoncé tout-à-fait par le traité de paix fait en 1510. avec le pape Jules II. pour le détacher de la ligue de Cambray. L'an 1525. iltâ cha de revendiquer ce droit, voulant profiter de l'occafion favorabe de la vacance de l'église de Trévife, arrivée dans le tems que le pape Clement VII. étoit tenu prifonnier par l'armée impériale. Mais dès que Clement eut recouvré la liberté, il envoya l'évêque de Siponte à Venise, pour y demander la révocation du decret, que le fenat avoit fait l'année précédente, au fujet de la nomination des évêchez. Le differend dura jufqu'à cette année 1530. qu'il fut terminé, les Vénitiens renonçant à leur prétention. Il y avoit alors des fénateurs, qui ne croyoient pas que ce fût l'interêt de la république de fe mêler de la collation des évêchez, d'autant que les nobles venant à poffeder les dignitez, dont les revenus les mettroient à leur aife, cela feroit caufe, qu'ils négligeroient le service de la république; au lieu que fi on leur ôtoit cette efpérance, ils tourneroient tous leurs foins à l'administration de l'état, où consisteroit leur avancement.

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Comme plufieurs Allemands infectez des erreurs de Luther étoient venus faire la guerre en Italie, plufieurs Italiens paroiffoient fort prévenus en leur faveur, non feulement parmi les laïques, mais encore dans le clergé, & le mal étoit répandu en differentes provinces. Le pape pour y apporter un prompt remede fit un bref datté de Boulogne le quin- contre les hérétiziéme de Janvier,qu'il aḍreffa à Paul général des Jaco- Bullar 10. 1. Clebins & inquifiteur de la foi à Ferrare, & à Modene, ment. VII. Conftit. par lequel il lui commande de faire une exacte recher- inquifit.

LI.
Decret du pape

ques d'Italie.

27. & in dired.

che de ces hérétiques, & des religieux mêmes, qui AN. 1530. s'étoient laiffez corrompre par cette nouvelle doctri

ne.

Mais ce qui releve le plus la charité du pape, furent fes follicitations & ses inftances auprès de l'empereur, pour les intérêts de l'ordre de faint Jean de Jerusalem dans lequel il avoit été élevé;car on peut dire c'est à Clement VII. & aux fentimens généreux de Charles V. que cet ordre doit fon rétablissement. Ses Coins pour les Depuis la prise de Rhodes par Solyman en 1522. le chevaliers de Rho- grand maître Philippe de Viliers-Lifle-Adam, qui Bofius tom, 3. lib. avoit acquis beaucoup d'honneur dans la défense de

des,

5.& 6.

LII.

LIII. L'empereur ac

corde deMa'

que

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cette place, avoit tenté de rentrer dans cette Isle,mais fans fuccez. On lui fit efperer dans la fuite que par le moyen de deux renegats avec lefquels le commandeur Bofio entretenoit une relation affez particuliere au fujet du commerce on pourroit le faifir aisément de Modon, ville fur la côte méridionale de la Morée, dans la province de Belvédere. L'un de ces renegats fe nommoit Calojan, & commandoit fur le port, l'autre appellé Scandali étoit grand Douannier, & par confequent maître de la porte du Mole; tous deux par un défir fincere de rentrer dans le fein de l'églife, fi-tôt qu'ils en trouveroient l'occasion favorable, avoient promis leur secours pour favoriser une entreprise qui remettroit une si importante place au pouvoir des Chrétiens.

Le grand maître ne rejetta pas les propofitions the aux chevalier's que lui en fit Bofio; mais comme le fuccès étoit de Rhodes. encore fort incertain, il préféra l'établissement affuRaynald, in an- ré de Malthe, ifle de la mer de Lybie à 60. milles de #78p la Sicile, à des espérances affez mal affurées, de la

nal, ad an. 1526.

conquête

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