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AN. 1530.

LVIII. L'empereur lui donne encore Gozo & Tripoli.

Facelius de rebus Siculis lib. 1.

Spond. ut fuprà.

pas douze mille ames quand les chevaliers en prirent poffeffion, il y en a aujourd'hui plus de vingt-fix mille. Les habitans fe croyent les plus anciens chrétiens de toutes les ifles d'alentour, parce qu'ils ont été convertis par faint Paul,

La deuxième ifle que l'empereur donna à l'ordre fut celle de Gozo, que ceux du païs appellent Gandifch," & les auteurs latins Gaulos, elle eft fituée au couchant de l'ifle de Malthe, & n'en eft féparée que par un trajet d'environ quatre milles : elle n'eft pas grande, & n'a qu'une fortereffe avec un petit bourg. Le grand maître y fit entrer plufieurs piéces d'artillerie & des munitions de guerre & de bouche, & y mit une compagnie d'infanterie avec de bons retranchemens pour la défendre contre les incurfions des Cotfaires. Le nombre de fes habitans ne paffe pas huit mille. Il y avoit Tripoli, petite prefqu'ifle proche la côte de Barbarie, dont l'ordre avoit eu beaucoup de peine à fe charger, parce qu'elle étoit à près de quatre-vingt lieuës de Malthe, qu'elle n'avoit aucunes fortifications, qu'il étoit même prefque impoffible d'y en conftruire fur un terrein & un fond. fablonneux & plein d'eau, que les foffez étoient peu larges & encore moins profonds; le port & le château commandez par une montagne voifine; enfin parce que cette ville étoit environnée des états du roi de Tunis, qui n'y fouffriroit pas long-tems des Bofius tom. 3.1. 5. chrétiens. Cependant la complaifance du grand-maître prévalut fur toutes ces raifons: Il accepta Tripoli, ily établit le chevalier Langueffe pour gouverneur. Mais les chevaliers ne garderent pas long-tems ces deux places. Gozo fut livrée lâchement par le gou

verneur à la flotte Ottomane. Et Tripoli ayant été affiégée fut prife par capitulation, & n'eft aujoud'hui AN. 1530. qu'une république de Corfaires fous la protection du grand feigneur; de forte que les chevaliers ont été réduits à Malthe dont ils ont pris le nom, au lieu de celui de Rhodes.

LIX. Réfolutions prifes

tre Albert de Bran

debourg.

Sleïdan in coma.

lib. 8. p. 261.

La diéte confirma auffi l'élection de Cromberg pour grand-maître de l'ordre Teutonique, en la pla- à Ausbourg conce d'Albert de Brandebourg, qui avoit embraffé le parti de Luther & fait beaucoup d'autres entreprifes préjudiciables à la religion, à l'ordre & à l'empereur. La diéte déclara nul tout ce qu'il avoit fait, le dépoüilla du duché de Pruffe, confirma les lettres patentes données à Cromberg, & l'inveftit de toute la Pruffe: & ce qu'il y eut de plus remarquable, fut que tous les princes, tant Catholiques que Protef tans, n'eurent qu'un fentiment là- deffus. Cette délibération étant prife, on en donna avis à Cromberg, qui fe rendit auffi-tôt à Ausbourg pour recevoir l'in2 veftiture de l'empereur: Et le jour étant pris pour cette cérémonie, quatre chevaliers ambassadeurs du grand-maître, & tous quatre comtes de l'empire Henri d'Holfestein, Hoyes de Mansfeld, Bolfo de Montfort, & Jean Hohenloë, furent reçus dans la diéte par les officiers de l'empereur qui étoit for lon

trône.

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Ces ambaffadeurs ayant fupplié fa majefté impériale d'accorder l'inveftiture au grand-maître qu'ils avoient élû & Farchevêque de Mayence en quali té de grand-chancelier de l'empire ayant répondu que l'empereur étoit difpofé à les fatisfaire; le grandmaître entra auffi-tôt, précédé de cinquante gardes

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LX.

grande maîtrife de

que donnée à

& accompagné de fix anciens commandeurs de l'orAN. 1530. dre en habits de cérémonie. Tous se mirent à genoux aux pieds de l'empereur, & Cromberg renouvella Inveftiture de la la demande de l'inveftiture, conformement à la proFor tre Teutoni- meffe faite à ses ambassadeurs. L'électeur de MayenCromberg. ce lui en donna les lettres patentes écrites en lettres Sleïdan ut fuprà, d'or & fignées de l'empereur, du même électeur chancelier & du fecretaire. Dans le même inftant le prieur chapelain lui mit le missel entre les mains, & le grand-maître à genoux prêta le ferment, l'électeur prononçant les paroles qu'il falloit dire, & le grand-maître les repetant mot pour mot. Après cela l'empereur ayant fait figne au grand-maître de fe lever, les trois chevaliers qui avoient porté les enseignes s'étant avancez, les présenterent à genoux à fa majefté impériale qui les donna au grand-maître, & lui fit baiser le pommeau de l'épée de l'empire, mais il fe contenta de toucher le fceptre à genoux en qualité de prince eccléfiaftique, ce qui n'eft permis à aucun féculier. Cette cérémonie finit par la création de chevaliers que l'empereur fit en présence du grand-maître.

LXI. François I. exe

Cambray avec

l'empereur,

Mem. du Bellay

Il manquoit encore à Charles V. de voir executer cute le traité de le traité de paix fait à Cambray avec François I. par lequel ce dernier devoit épouferEleonore veuve d'EmBouchet annal, manuël roi de Portugal, payer deux millions pour Aquitan, part, la rançon de fes enfans, & remplir toutes les autres liv. 3. vers la fin, conditions qui y étoient marquées; mais l'argent man, Belcar.comm.rer. quoit au roi de France, & on ne peut affez admirer Gallic. 1.28. pag. la générofité du roi d'Angleterre Il fçavoit qu'il y avoit dans le traité un article par lequel François I. s'engageoit à lui payer cent quatre-vingt-dix mil

Paul Fove l. 26.

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le

le écus que l'empereur lui devoit, & à dégager la riche fleur de lys d'or que l'empereur Maximilien avoit AN. 1530. donnée en gage à Henri VII. pour cinquante mille écus. Le fieur Langey fut envoyé en Angleterre pour prier le roi d'aider celui de France dans une conjoncture où il avoit besoin de fon fecours L'ambassadeur fut très-biens reçu, & prenant Henri par fon foible, en lui promettant d'obtenir des universitez de France, d'Italie & d'Allemagne des décisions favorables au divorce qu'il avoit entrepris de faire juger, sa majesté Angloise donna généreufement la premiere fomme à François I. lui prêta encore quatre cens mille écus qu'on ne devoit lui rendre que dans cinq ans remit les cinquante mille écus qu'il avoit prêté Philippe roi d'Espagne, lorfque paffant des pays-bas en Caftille la tempête l'avoit jetté en Angleterre, & renvoya enfin la fleur-de-lys d'or enrichie de pierreries, où il y avoit du bois de la vraie croix enchâssé, comme un préfent qu'il faifoit au duc d'Orleans fon filleul; ce fut Briand gentil-homme de sa chambre qui en fut le porteur.

Le roi de France ainsi assuré de Henri VIII. fe rendit à Blois pour mettre ordre à cette grande affaire, chargea le maréchal de Montmorency d'aller retirer fes deux fils qui étoient en ôtage en Espagne, & lui fit compter douze cens mille écus que le roi s'étoit obligé de payer en même tems qu'on lui remettroit fes enfans. Le maréchal arriva à Bayonne Le maréchal de le dixième de Mars accompagné du cardinal de Tournon & de beaucoup d'autres feigneurs, pendant que Dom Pédro Fernandez de Vélafco connêtable de Caftille s'étoit avancé jusqu'à Fontarabie avec les jeunes v. 3. p. 125. Tome XXVII.

Cc

LXII.

Montmorency va retirer les fils du

en Efpagne pour

roi.

Mem. du Bellag

princes. Cependant l'affaire ne fut accomplie que dans AN. 1530. le mois de juin à caufe des differends qui furvinrent fur l'argent qui devoit être compté, s'il étoit de poids & de bon alloi ; Martin du Bellay dit qu'on fondit les écus, & qu'il s'y trouva un déchet de quarante mille écus fur toute la fomme. Cette affaire finie, le maréchal vint à Andaye qui n'est séparée de Fontarabie que par la riviere, fur laquelle on mit un bac dans lequel entrerent les fils de France en même tems qu'on délivroit l'argent aux Efpagnols. Eléonore fœur de l'empereur s'y trouva auffi ; & François premier qui étoit à Bourdeaux, auffi-tôt que le fieur de Montpézat lui en eut porté la nouvelle, vint au devant de fa nouvelle époufe. Il la rencontra dans un monaftere de religieufes de fainte Claire près du mont de Marfant, & y fit la folemnité de fon mariage, embraffa tendrement fes enfans qu'il étoit ravi de recouvrer après une fi longue absence. La reine après avoir fait fon entrée à Bourdeaux, prit le chemin de Cognac pour venir à Amboife & à Blois, de là à faint Germain en Laye où elle féjourna jufqu'à ce qu'on eût fait les préparatifs de fon couronne

LXIII.

Mort du cardinal

pont. t. 3. p. 493.

Pomp. Colon.

ment.

Le facré college perdit dans cette année trois carHenri Cardonna. dinaux, dont le premier eft Henri Cardonna Espagnol Ciaconius in vitis fils du duc de Cardonne,& né en 1485. à Urgel, dont Paul Jov, in vita il fut d'abord évêque, & enfuite de Barcelonne, Aloys Lilius in hift. ayant à peine atteint l'âge de vingt ans ; quelques antis Regali, années après, il fut fait archevêque de Montreal, à addit. ad Ciacon. la recommandation du roi Catholique. Adrien VI. avec lequel il étoit venu d'Espagne à Rome, lui confia le gouvernement du château saint Ange &

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