Imágenes de páginas
PDF
EPUB

feulement. Du Moulin qui avoit lû les procès ver

AN. 1530. baux, affure que les docteurs de Paris donnerent leur conclufion dans le mois Juin, quoiqu'il n'y eût que cinquante-trois voix pour le roi d'Angleterre, & quarante-deux abfolument contre & cinq feulement qui vouloient qu'on renvoyât l'affaire à la fainteté. Voici les termes, dans lefquels étoit conçuë la conclufion, dont on délivra une expédition, malgré les oppofitions des autres.

: LXXXI. Conclufion de la

tud. de nov. error.

100.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

» Comme de grandes difputes fe font élevées defaculté de théolo- » puis peu, touchant l'invalidité du mariage congie de Paris en faveur du divorce. » tracté entre le fereniffime Henri VIII. roi d'AnD' Argentré in coll, » gleterre,défenfeur de la foi,& feigneur d'Hibernie, 1.1. in fol. p. 1o. & très-illuftre dame Catherine reine d'Angleterre, d'honorable mémoire, fille du roi Ferdinand, lequel mariage a été contracté & confommé. On » nous a propofé la question pour être examinée & difcutée dans la juftice, & dans la verité; fçavoir file » droit divin & naturel défend tellement d'époufer la veuve de fon frere mort fans enfans, qu'il ne foit jamais permis de le faire avec une difpenfe du fouverain pontife. Nous, doyen & faculté, jugeant combien il eft conforme à la pieté, & du »devoir de la charité & de notre profeffion, de mon» trer la voye de la juftice, à ceux qui souhaitent » de vivre avec une confcience fure & tranquille dans la loi du feigneur, nous n'avons pas voulu manquer de répondre à leurs juftes & pieux défirs. Ainfi après nous être affemblez, felon la coutume, dans la maison des Mathurins, avoir célébré la mefse folemnelle du faint-Efprit, & exigé d'un chacun » le ferment, qu'on ne délibéreroit fur ladite quef

n.

"

[ocr errors]
[ocr errors]

رو

[ocr errors]

رو

[ocr errors]
[ocr errors]

dans

tion,que felon Dieu & sa conscience, après diffe» rentes affemblées, tant chez les Mathurins que la maifon de Sorbonne, depuis le huitiéme du mois » de Juin, jusqu'au deuxième de Juillet, après un ferieux & mur examen, de ce qui convient à la religion, ce qui fe trouve dans l'écriture fainte, » dans fes plus fideles interprêtes, dans les conciles » généraux & provinciaux de l'église, dans ses décrets ., & conftitutions aprouvées par un long ufage pour répondre à la queftion propofée, conformément à la décifion de la plus grande partie de la faculté; nous avons affirmé & déterminé, nous affirmons & déterminons que le mariage avec les » veuves des freres decédez fans enfans, eft défendu par le droit divin & naturel ; enforte que le fouverain pontife ne peut difpenfer pour contracter » un semblable mariage. En foi de quoi nous avons » appofé notre seau, & celui de notre Bedeau : Donné en notre assemblée générale tenue avec ferment chez les Mathurins l'an 1530. le deuxième de Juillet. Signé, Tannel.

n

"

[ocr errors]
[ocr errors]

Les docteurs de la faculté de droit avoient déja donné leur conclufion datée du vingt-troifiéme de May, & avoient décidé nettement que le pape ne pouvoit difpenfer dans le cas propofé. Celle d'Angers eft datée du feptiéme de May, mais il y eut de la broüillerie entre les deux facultez de théologie & de droit celle-cy décida en faveur de Henri, qu'il n'étoit pas permis à un homme chrétien,ni par le droit divin, ni par le droit naturel, même avec l'autorité du fiége apoftolique, & une difpenfe du » pape,d'époufer la veuve d'un frere mort fans enfans;

[ocr errors]
[ocr errors]

AN. 1530.

LXXXII. de la faculté de

Autre conclusion

droit & d'autres. D'Argentré ibid. · pag. 99.

AN. 1530.

Le Grand hift, du

107. & fuiv.

[ocr errors]

pas

après la consommation du mariage. On ne manqua de rendre auffi-tôt cette décifion publique. Mais il n'en fut pas de même de la faculté de théologie, dont la décifion fut fupprimée avec beaucoup de foin, parce qu'elle étoit contraire au divorce, quoique François I. lui eût écrit d'Angoulefme le trentiéme divorce parmi les jour d'Avril. On ne produit de l'univerfité de Bourges preuves to. 1. pag. que la décifion des docteurs en théologie, favorable au roi d'Angleterre dattée du dixiéme de Juin, fans que rien ait paru de celle de droit, quoi qu'affez faBurnet bift, de la meufe en ce tems-là. La décifion d'Orleans eft du cinquième d'Avril, celle de Toulouse vint plus tard; on croit que les univerfitez de Pavie, de Bologne, de Ferrare & de Padouë fe déclarerent auffi pour Henri, parce que le docteur Crouke que ce prince avoit envoyé en Italie, tira un grand nombre d'avis de théologiens Italiens en faveur du roi son maître,le tout en repandant beaucoup d'argent.

reforme to. 1. l. 2. P. 141.

LXXXIII.

pour avoir des

Crouke le reconnoît lui-même dans un compte qu'il Argent répandu rendit au roi, & qui eft apoftillé & figné par Pierre fignatures. de Ghinucci. Il eft du huitiéme de Fevrier, & ce docBurnet ut fuprà teur y reconnoît avoir donné à un religieux fervite,

. 138.

LXXXIV. Henri ne trouve

quatre

lorfqu'il eut figné, un écu ; aux docteurs des fervites,
deux écus; aux religieux de l'observance, deux écus;
au prieur de saint Jean & de faint Paul, qui a écrit
pour le divorce, quinze écus; à ce couvent-là
écus; payé à Jean Maria pour avoir été de Milan à
Vénife,en comptant ce qu'il a donné aux docteurs de
ce pays-là,trente écus;à Jean Marino prédicateur des
cordeliers, qui a écrit pour le divorce, vingt écus.

En Allemagne, en Flandres, en Espagne, Henri point de partisans VIII. n'eut point de partifans, & aucune des uni

ils

à

AN. 1530,

en Allemagne, en

Espagne.
Sander.du fchifme

de

Angl. l. 1. p. 68. la traduct. de Pet. Leod. in comm. my Carthuf. in dedicat. ad univ.

M. de Maucroix.

fent. magift. Dio

verfitez, ne voulut donner fon avis. Il est vrai qu'on tâcha de corrompte l'univerfité de Cologne & d'autres, qu'on leur offrit de grandes fommes, & qu'il en Flandres & en coûta beaucoup au roi ; mais pour cela il n'avança pas davantage les affaires. Pierre de Blomovenna ou de Leyde dans une epître dédicatoire, felicite les doc teurs de Cologne fur la fermeté, avec laquelle ont refufé les préfens que le roi d'Angleterre leur offroit, pour les obliger à appuyer fon divorce, & le défendre par leurs écrits. » Rien n'a pû faire bréche à votre innocence, dit-il, ni diminuer votre autorité, ni vaincre votre courage. Un puissant roi a marchandé vos avis; mais par le mépris que » vous avez fait de fon or, vous lui avez témoigné » que votre vertu étoit à l'épreuve de fes libérali» tez. J'ai honte de rapporter ce que fes dons & fes artifices ont obtenu de quelques autres univerfitez; » mais vainement, car votre approbation est d'un » tel poids, que fans elle toutes les autres font inutiles. La Flandre & l'Espagne fe conduisirent de mê

"

[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

me.

Les Proteftans même ne furent pas favorables à Henri. Ce prince ne put jamais obtenir d'eux une approbation de fon divorce, quelque interêt qu'ils euffent d'entrer dans fes vûës. Lorsqu'on parla de cette affaire dans une ambassade folemnelle qu'il avoit envoyée en Allemagne, pour se joindre à la ligue Proteftante, Mélanchton décida ainfi. Nous n'avons pas été de l'avis des ambaffadeurs d'Angleterre: car nous croyons que la loy de ne pas époufer la femme de fon frere eft fufceptible de difpenfe, quoique nous ne croyons pas qu'elle foit abolie;

c'étoit justement ce qu'on avoit prétendu à Rome, & AN. 1530. Clement VII. avoir appuyé fur ce fondement fa fentence définitive contre le divorce. Bucer avoir été de même avis fur le même principe. C'est un préjugé favorable pour la difpenfe de Jules II. & pour la sentence que rendit Clement VII. que ces papes ayent trouvé des défenfeurs parmi ceux qui ne cherchoient à quelque prix que ce fût, qu'à censurer leurs actions & leur conduite.

LXXXV. Sentiment de Cal

Vin fur le premier mariage du roi Burnet hist. de la veform. 1. 2. p.143.

d'Angleterre.

LXXXVI.

Il n'y eut guéres parmi les nouveaux réformateurs que Zuingle & Calvin qui vouloient introduire leur doctrine en Angleterre, qui furent pour Henri, & qui entraînerent une partie de leurs difciples dans leur fentiment:mais il eft bon de remarquer que Calvin n'avoit pas vingt-deux ans, lorfqu'on confultoit les univerfitez, & que l'autorité d'un théologien de • cet âge ne paroît pas d'un grand poids. D'ailleurs on voit affez qu'il n'avoit décidé en faveur de Henri, que par politique, puifqu'en écrivant à ce prince lui-même, après lui avoir marqué qu'il croit le désir qu'il a du divorce, fondé fur une raifon probable, il ajoute que quelque bon que foit le principe d'où vient ce défir, il doit toutefois le modérer, de peur d'échouer en le voulant exécuter; que faint Paul nous avertit, qu'il y a beaucoup de chofes permifes, qu'il ne feroit pas expédient de mettre en pratique, & qu'après avoir tout pefé avec un efprit tranquille, il paroîtra conftant qu'on ne doit pas faire, ce qui n'est pas expédient.

Raifons allégué s

De tout ce qu'on vient de dire, on peut juger par les partitans quelle eftime on doit faire de toutes ces décifions des

d'Henri en faveur

du divorce. univerfitez qu'on vantoir tant, & qui, pour me

« AnteriorContinuar »