Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

juroient fa fainteté de lui donner une prompte «
fatisfaction là deffus:
que fi elle en ufoit autrement, «
on se croiroit abandonné du faint fiége, l'on pren- «
droit tout délai pour un refus, & l'on iroit cher-
cher des remedes ailleurs. Que pour prévenir de plus
grands maux, on pourroit bien le porter à quelque «
extrémité fâcheuse; mais qu'enfin un malade cher- «
che du foulagement par tout où il croit en trou- «

ver.»

AN. 1530.

LXXXIX.

203. & fuiv.

Le pape craignant les fuites de cette réfolution, Répondu pape récrivit promptement aux feigneurs, tâchant de ju- à cette lettre. ftifier la conduite qu'il avoit tenue dans cette affai- Le Grand to. I. P. re. Sa réponse eft du vingt-feptiéme de Septembre. Il s'y plaint dabord des expreffions fortes que les seigneurs avoient employé dans leur lettre, mais voulant les menager, il s'en plaint modérement, & les attribuë au zéle qu'ils avoient pour leur prince. Enfuite il avoue qu'il a de grandes obligations au roi, mais il leur remontre qu'on n'a pas raison de l'accufer d'injuftice & d'ingratitude, & qu'il n'a pas tenu à lui que l'affaire du divorce ne fût jugée ; qu'il a envoyé des légats en Angleterre, dès qu'on lui en a demandé, confultant plus en cela fon affection que les loix; que la reine n'a pas voulu les reconnoître ; qu'elle a appellé de tout ce qu'ils ont fait, & que fon confiftoire trouvant qu'il ne pouvoit fe dispenser de recevoir cet appel,il s'étoit toûjours préparé à juger la cause; mais que le roi, bien loin de preffer qu'on la terminât, lui avoit fait demander du délai. Il ajoûte que d'autres que les miniftres de Henri lui ont fait voir les décifions des Univer Tome XXVII.

G-g**

fitez, mais qu'elles ne font appuyées d'aucunes preuAN. 1530. ves, & qu'il ne peut juger là-deffus; que d'ailleurs, fi Henri apporté pour lui le fentiment de quelques Docteurs, on lui peut alleguer la loi de Dieu, & de grandes autoritez tirées des écrivains latins & des hebreux, qui font fortes pour la défense de Catherine. Il ajoûte qu'il fouhaite au roi des enfans mâles; mais qu'il n'eft pas Dieu pour lui en donner. Il les exhorte, en finiffant, à avoir un esprit de paix & ne point avoir recours à des remedes extraordinaires qui blefferoient leur confcience & leur honneur; qu'au pisaller, un médecin n'eft point coupable, lorfque le malade s'impatiente, & ne fait que ce qui lui eft contraire que quoiqu'il faffe beaucoup de cas de leurs follicitations, il confidere davantage le roi, puifqu'il ne lui a jamais rien refufé,tant que fa confcience & fon honneur le lui ont permis,qu'enfin ce prince peut se promettre du faint fiége toutes fortes de faveurs, pourvû qu'elles ne bleffent ni la juftice ni la religion; qu'autrement tout ce qu'on feroit feroit inutile.

X C. Ordonnance

aucune bulle de

Rome.

Quoique les termes de cette réponse du pape fufd'Henri qui dé fent affez mesurez pour ne point offenfer le roi fend de recevoir dont fa fainteté loüoit même la pieté & la juftice; cependant Henri craignant qu'il n'arrivât en Anla vie & l'histoire gleterre quelque bulle favorable à Catherine, ou au cardinal Wolfey, qui venoit d'être difgracié, il défendit à fes fujets fous de groffes peines, de recevoir aucune expédition de la cour de Rome, qui fût contraire à fon autorité fouveraine, & réfolut de prendre d'autres voies pour faire déclarer

de Henri VII.

fon mariage nul: ces voies étoient de porter fon affaire au parlement, & à l'affemblée du Clergé, & AN. 15.3.0. après avoir mis ces deux corps dans fes interêts, de faire juger la cause en Angleterre, fans fe mettre en peine de ce que le pape pourroit faire contre lui. Toute la difficulté de ce projet confiftoit à prévenir le peuple en fa faveur; pour le tenter il eut grand, foin de faire imprimer & publier un abrégé des raifons qu'il avoit de demander fon divorce avec la reine, afin que ces raifons étant connues de tout le monde, il trouvât moins d'oppofition dans le parle

ment.

XCI Cenfure de la fa

leGrec & l'He D'Argentré col

lect. jud. t. 2. p. 78

[ocr errors]

Pendant que Henri VIII. fe donnoit tant de mouvemens pour faire réüffir fon divorce, la faculté de culté de Paris fue théologie de Paris, craignant jufqu'à l'ombre de l'héréfie cenfuroit tout ce qui pouvoit en être foupçonné. Telle fut la cenfure qu'elle donna au mois d'Avril de cette année, par laquelle elle condamna les deux propofitions fuivantes. « Premie-« rement, la fainte écriture ne fe peut bonnement << entendre, fans la langue grecque, hébraïque, & au- « tres semblables. Deuxièmement,il ne se peut faire qu'un prédicateur explique felon la vérité l'épitre & « l'évangile fans lefdites langues : » la premiere propofition eft cenfurée comme téméraire & fcandaleuse ; la feconde comme fauffe,impie,& capable d'éloigner. pernicieusement le peuple chrétien d'entendre la parole de Dieu; & l'on ajoute que ceux qui foutiennent ces propofitions, font fortement fufpects de Lu théranilme. On étoit fi prévenu alors contre ceux qui étudioient les langues, que dans la même année,

la faculté ajourna les profeffeurs en Grec & en HeAN. 1530. breu du college royal fondez par le roi François I. fçavoir, Pierre Danez, François Vatable, Paul Paradis, & Agathie Guidacier, pour comparoître on Parlement, & leur faire faire défense d'expliquer l'écriture fainte felon le grec & l'hebreu, fans une permiffion de l'univerfité. Le Procureur général ayant donné fes conclufions conformes à cette demande, la faculté pria le parlement d'enjoindre à ces mêmes profeffeurs, de ne point mettre dans leurs interprétations de la bible,comme porte l'hébreu ou le grec, afin qu'on ne crût pas qu'on dût préferer ces textes à la vulgate confervée par l'églife depuis tant de fiécles. Nicolas Beda, fyndic de la faculté, qui engagea le parlement à cette demarche, reconnut touteto be more fois, que l'étude de l'hébreu & du grec étoit loüable dans des théologiens, pourvû qu'ils fussent habiles fçavans dans la religion, nullement fufpects des erreurs de Luther, & toujours difpofez à foutenir l'autorité inviolable de l'édition latine appellée vulgate. Hift. univ. Parif. Au mois d'Août de la même année, le premier préfident du parlement de Paris, ayant fait fçavoir à l'univerfité de la même ville, qu'elle eût à dreffer les articles, fur lefquels elle demandoit une reformation, la faculté des arts expofa plufieurs plaintes fur la maniere dont on enfeignoit la théologie. On néglige, dit-elle, l'étude de l'écriture fainte: ce ne font plus les faints évangiles qu'on voit citer: on n'employe plus l'autorité de faint Chryfoftome, de faint Cyprien, de faint Augustin ni des autres peres: la théologie n'est plus qu'une fcience fophifti

$.6. p. 227.

[ocr errors]

que,

& une dialectique perpétuelle, dont on ne peut tirer aucun avantage pour l'instruction du AN. 1530. peuple, & que Jefus-Chrift n'a pas employée pour le fauver. Le parlement faisant droit fur ces plaintes ordonna qu'on n'admettroit plus perfonne à faire fa licence qui n'eût étudié l'écriture fainte, les faints docteurs de l'église, & le maître des sen

tences.

L'empereur & l'archiduc Ferdinand, craignant les fuites de l'autorité de Jean Zapol roi de Hongrie & du crédit qu'il avoit auprès du Sultan Solyman, tenterent de nouveau de chaffer ce prince du royaume : ils firent fubitement entrer en Hongrie la groffe armée qu'ils avoient mife fur pied pour la défenfe de Vienne & de l'Autriche, & en même tems une grande flote fur le Danube, chargée de l'artillerie & des munitions néceffaires pour former le fiége de Bude. Zapol qui ne s'attendoit pas à cette irruption, réfolut néanmoins de défendre la ville en perfonne, & y fit entrer fept à huit mille hommes de bonnes troupes, disposées à faire une vigoureuse résistance. Guillaume Rocandolph, qui commandoit l'armée de Ferdinand ; ne trouva pas d'abord de grands obftacles fur fa route. Paul Vardan archevêque & primat, vint à fa rencontre & lui livra la ville de Strigonie. Peter Peren par une pareille trahison, joignit toutes fes forces à cette armée qui vint enfin affieger Bude. Le fiége formé, la place fut attaquée par trois bonnes batteries, qui ayant fait de grandes breches, Rocandolph fit donner un affaut général.

[ocr errors]

Jean Zapol en perfonne d'un côté, & Louis Griti

XCII.
Les Autrichieng

affieg-nt Bude

inutilement.

thuan, de rebus

Hungaricis lib. 7.

« AnteriorContinuar »