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fils d'André Griti, un des plus fameux doges de VeAN. 1530. nife, de l'autre, à la tête des Janiffaires, reçurent

1531.

Ferdinand d'Au

les Allemands avec tant de valeur, qu'après tous les efforts poffibles foutenus pendant quatre heures, Rocandolph voyant le grand nombre d'officiers & de foldats qu'il avoit perdus, fans gagner un pouce de terrain, fit fonner la retraite. Cependant le général Allemand bien informé que la ville étoit mal munie, désespérant de pouvoir l'emporter de force,prit le parti de la bloquer fi étroitement, que les affiegez furent réduits à manger la chair de leurs chevaux. Zapol se voyant preffé, envoya prier les bachas du voisinage,de venir à fon fecours; mais avant qu'ils arrivaffent Rocandolph s'étoit retiré, parce que l'hiver étoit déja avancé, & que d'ailleurs il perdoit toute efpérance de reduire la place. L'armée Turque fut fâchée de voir l'ennemi retiré, mais afin de n'être pas venu inutilement, elle paffa de l'autre côté du Danube, où elle mit tout à feu & à fang, & s'en retourna chargée de dépouilles & d'efcla

ves.

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Cette perte affligea Ferdinand, mais la qualité XCIII. de roi des Romains qu'il obtint au commencement triche propofé à la de l'année 1531. tempera cette affliction. Charles diéte de Cologne pour être élû roi V. fon frere avoit convoqué une affemblée à Codes Romains. logne pour le vingt-neuviéme Décembre & y Sleidan, in comm. avoir fait inviter tous les électeurs par l'archevêque de Mayence, grand chancelier de l'empire, afin d'y procéder à l'élection d'un roi des Romains. La diére fe tint malgré les oppofitions des princes Protestans; l'empereur à la premiere féance y harangua en Allemand, & dir que la providence l'avoit

1. 7. p. 236. in fin.

AN. 1530.

appellé au gouvernement d'un grand nombre d'états détachez les uns des autres, qui ayant tous fucceffivement befoin de fa préfence,l'empêchoient de demeurer toujours en Allemagne : que l'empire s'étoit paffé de la préfence continuelle de fon chef, pendant que l'union y avoit regné; mais qu'à préfent un féjour perpétuel étoit d'une néceffité indifpenfable pour plufieurs raisons, fçavoir la difcorde en matiere de religion, la perte de la Hongrie qui rendoit l'Allemagne frontiere des Turcs, les confedérations particulieres, & la défobéissance de plufieurs membres du corps germanique à leur fouverain. Que sa majesté impériale à fon premier départ d'Allemagne avoit jugé à propos de créer un confeil fuprême, qui reglât toutes les affaires politiques en fon abfence,& que les électeurs, les princes, les états, & les villes libres y avoient donné leur confentement: cependant les moindres feudataires impériaux s'étoient ingeré, auffi-bien que les plus puiffans, de méprifer les ordres & les arrêts dece confeil. Qu'il falloit donc chercher un remede plus efficace, & qu'il n'y en avoit point d'autre que de donner à l'empire un coadjuteur, qui eût plus d'intérêt à sa confervation, qui fût obligé d'y établir une demeure fixe, qui eût de l'efprit, de l'adreffe, de l'habileté,& de l'expérience, qui eût affez de bien pour foutenir noblement l'état de fa dignité, qui fût dans la plus étroite confiance de fa majefté impériale. Qu'il n'y avoit que fon frere Ferdinand roi de Hongrie & de Bohéme qui eût toutes ces qualitez, & qu'il étoit d'une extrême importance de l'élire.

AN. 1530.

XCIV.

teftans s'oppofent

lib. 8. p. 237.

L'électeur de Saxe, ayant reçu les députez de l'archevêque da Mayence, avec fes lettres & celles de Les princes Pro- l'empereur pour fe trouver à Cologne, & affister à à cette élection. cette élection; pour donner le change à fa majesté Sleidan ut fuprà impériale, prit la résolution d'écrire en fecret au Landgrave de Heffe, à tous les autres princes, états & villes proteftantes, pour les folliciter inftamment de fe trouver le vingt-neuviéme Décembre à l'affemblée de Smalkalde, afin d'avifer ensemble à ce qu'ils auroient à faire pour la fureté de leur parti. Il ne laiffa pourtant pas de témoigner en public, qu'il vouloit remplir fes devoirs, puifqu'il fit partir le duc Jean Fredéric fon fils, avec quelques autres de fes plus confidens pour se rendre à Cologne au jour prefcrit par l'empereur, non pour approuver l'élection qui devoit s'y faire, mais plûtôt pour en fon nom y faire des proteftations contre, en cas qu'on entreprit de la faire au préjudice des claufes les plus effentielles de la bulle de Charles IV, & des droits & libertez de l'empire. Mais malgré ces protestations & de vive voix & par écrit, les électeurs Catholiques au nombre de cinq feulement, voyant la néceffité de fatisfaire l'empereur fur fa demande, puisqu'ils ne pouvoient l'en détourner, non plus que de la réfolution qu'il avoit prise de repaffer en Espagne ayant d'ailleurs l'exemple de Frederic III. qui fept ans avant qu'il mourût, fit élire roi des Romains Maximilien fon fils, ils procéderent le cinquiéme Ferdinand eft élu jour de Janvier 1531. à l'élection de Ferdinand & couronné. frere de Charles V. & le même jour, ils écrivirent, par un gentilhomme exprès, à l'élec

XCV.

roi des Romains

teur

de l'em

pire l. 3. an. 153.

P.35%.

teur de Saxe & au lantgrave de Heffe, que le college électoral avoit avec une parfaite unanimité fait AN. 1531. élection d'un roi des Romains, en la perfonne de Ferdinand d'Autriche roi de Bohéme & de Hongrie, frere de leur très-augufte empereur, ayant trouvé par honneur & par confcience que cette élection convenoit à l'intérêt de l'empire. A quoi les autres ne firent aucune réponse.

Le matin du dixième du même mois, l'empereur & le nouveau roi des Romains partirent pour Aix-la-Chapelle, où les électeurs s'étant rendus on fit la cérémonie du couronnement le lendemain onzième de Janvier avec toutes les folemnitez ordinaires. Charles V. demeura encore quelques jours dans cette ville, avec les électeurs & avec Ferdinand pour expédier les lettres d'avis aux princes & états Catholiques de l'empire, chacun écrivant féparément, les électeurs pour donner avis de l'élection qu'ils venoient de faire, le roi des Romains pour faire fçavoir qu'on venoit de le nommer à cette dignité, & l'empereur pour leur ordonner de reconnoître fon frere en cette qualité. Il écrivit de même aux princes Proteftans, qui étoient à Smalkalde, & la lettre portoit cette inscription: Aux nobles princes & députez Proteftans affemblez à Smalkalde. Elle leur enjoignoit que fans aucun retardement, ils euffent à reconnoître Ferdinand fon frere, légitimement élu & couronné roi des Romains. Mais l'électeur de Saxe & fes confederez ne défererent ni au mandement de l'empereur; ni aux prieres des autres électeurs & princes; ils ne firent d'autre réponse au député Tome XXVII. Hh

de sa majesté impériale, finon que quand il feroit AN. 1531. tems, ils feroient ce qui conviendroit à l'intérêt de l'empire. Réponse qui irrita fort l'empereur, mais conforme au projet qu'ils avoient fait de fe liguer contre lui, comme ils venoient de faire à Smalkalde.

XCVI.

kalde entre les

p. 233. Ó 234.

Trid. lib. 3.6.6. P. 247.

Ils étoient assemblez depuis le vingt - neuviéme Ligue de Smal- de Décembre : mais ils trouverent d'abord une difPrinces Proteftans ficulté qui ne parut pas aifée à vaincre, même aux Sleidan. lib. 7. plus éclairez. Elle confiftoit en ce que les anciennes Pallav. hift. conc. conftitutions de l'empire défendoient en termes exprès toutes fortes d'affociations, qui s'y feroient autrement que par l'ordre, ou du moins par le confentement de l'empereur, & ordonnoient de mettre au ban de l'empire tous ceux qui contreviendroient, & de confifquer leurs biens. Il étoit donc à craindre que sa majefté impériale n'usât de cette rigueur, & ne s'enrichît, fous un prétexte fi plaufible, des dépouilles des Proteftans; cependant on jugea que l'obstacle n'étoit pas fi dangereux, que la ligue paroiffoit néceffaire: on efpera que le hazard, ou la bonne fortune des Proteftans l'éluderoit au moins, fi elle ne le pouvoit furmonter : & cependant on ne négligea rien pour ne point irriter l'empereur. On fit à la verité une ligue, mais on la fit purement défenfive envers & contre tous ceux qui les attaqueroient en général & en particulier, & l'on ne s'y propofa point d'autre fin, que de fe maintenir dans la religion Luthérienne, qu'ils appelloient la doctrine évangélique. Cette ligue fut fignée dès le quatriéme de Janvier 1531. & pour mieux fe précautionner, ils conclurent que cette

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