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AN. 1528.

XXV.

Voye Langey

avoit ftipulé que Genes fa patrie feroit remife en plei ne liberté, & qu'on reftitueroit à cette république tous les états qu'elle avoit poffedez au commencement des derniers troubles d'Italie ; & pour faciliter l'exécu tion du traité, il avoit difpofé ceux de Genes à promettre au roi deux cens mille écus, qui feroient payez auffi-tôt qu'on leur auroit tenu parole. Cependant en France on différoit toujours fous divers prétextes} parce qu'on vouloit retenir Savonne, dont le port é toit beaucoup plus commode que celui de Genes. La victoire que Philippin Doria fon neveu venoit de remporter, fournit un fujet de querelle entre fon on cle & la France. Il avoit envoyé à Doria le marquis du Guât, le Connétable Colonne, & les autres prifonniers de marque pour en tirer rançon, fuivant le dernier traité; cependant Lautrec vouloit qu'ils paffaffent en France, & qu'ils fuffent conduits au roi. Doria n'y voulut jamais confentir, alléguant que par leur rançon, il prétendoit se dédommager de celle qu'il auroit retirée du prince d'Orange, fi le roi ne lui eût accordé la liberté, lorfqu'il le fit prifonnier à Portofino durant le fiége de Pavie.

que

Guillaume du Bellay feigneur de Langey qui étoit Lautrec lui en- auprès de Lautrec, l'informa Doria étoit très-mépour tâcher de content de la France, qu'il ménageoit quelque intrile gagner. gue avec les Genois, pour rendre à fa patrie fon ancienne liberté, qu'il demandoit qu'on les remît dans la joüiffance de l'impôt fur le fel qu'on leur avoit ôté, pour en gratifier la ville de Savonne, & qu'on le fatisfit fur la rançon du prince d'Orange. Lautrec fur ces avis fit partir Langey fur le champ, pour aller remontrer au roi que fes affaires en Italie demandoient abfolument

abfolument qu'il ne mécontentât pas Doria, & qu'il le retînt à son service. Langey perfuadé que la principale difficulté confiftoit à radoucir l'efprit de Doria irrité par les miniftres de France, crut qu'il y devoit travailler avant que de fe rendre à la cour, & paffa par Genes, où Doria qui étoit fon ami, ne voulut pas permettre qu'il logeât dans une autre maison que la fienne. Il y demeura trois jours, & appaifa fi bien Doria, qu'il le disposa à faire un nouveau traité avec la France, & ne le quitta point, qu'ils ne fuffent enfemble convenus des articles, fous le bon plaisir du roi. Langey, après cette négociation, partit en pofte pour Paris, & repréfenta dans le confeil de quelle importance il étoit de ne point chagriner un homme qu'il avoit laiffé à Genes dans les meilleures dispositions du monde pour bien fervir la France, & parla des articles dont il étoit convenu avec lui, pourvu que le roi rendît le trafic du sel aux Genois, & qu'on le contentât sur l'article des prifonniers; mais il trouva un obstacle invincible du côté de l'intérêt du maréchal de Montmorency qui étoit fort en faveur.

AN, 1528.

XXVI.

Barbezieux pour fe faifir de Doria & de Les galeres.

Comme ce feigneur gouvernoit l'état fous l'autorité du roi, il avoit obtenu de fa majefté le revenu de On envoye l'impôt du fel à Savonne, qui lui procuroit dix à douze mille écus par an. La crainte d'en être privé l'obligea à s'entendre avec le chancelier du Prat, pour examiner devant le roi le traité que Langey avoit apporté, & ce chancelier qui flatoit Montmorency lorfqu'on mit l'affaire en délibération au conseil, rejetta les propofitions de Doria & les traita de ridicules, comme s'il eût eu deffein de donner la loi à fon maître; il fit réfoudre enfuite qu'on lui ôteroit le gé Tome XXVII.

D

néralat, & qu'on mettroit en fa place Antoine de la AN, 1528. Roche-foucaud, feigneur de Barbezieux, qui fut auffitôt envoyé avec le titre d'amiral de la mer du Levant, avec ordre de fe rendre à Genes, & de fe faifir d'André Doria & de toutes fes galeres. Mais l'affaire ne fut pas conduite si secretement que Doria n'en fût informé, même jusqu'aux moindres circonstances. De Savone où il étoit, il fe retira dans Genes, où Barbezieux l'alla trouver pour conférer avec lui. Il ne refufa pas l'entrevûë que celui-ci lui demandoit, avec les précautions nécessaires pour n'être pas furpris; il fit entendre à Barbezieux, qu'il fçavoit le fecret de sa commiffion, mais qu'il ne l'exécuteroit pas auffi aisément qu'il le croyoit, qu'il avoit ordre de fe faifir de fes galeres & de fa perfonne, qu'il ne craignoit point pour lui ; que quant aux galeres il vouloit bien rendre celles du roi, mais qu'il garderoit les fiennes.

XXVII.

te avec l'em

pereur.

lib. 19.

6.

Après cette conversation, qui ne fut pas longue, Doria quitte Doria fe retira à Portofino, & acheva fon traité avec le parti de la France,& trai l'empereur à des conditions fort avantageuses. Le marquis de Guât fon prifonnier en avoit été le médiaGuicciardin. teur; il bi offrit au nom de fa majesté impériale, la Mem. du Bel- charge d'amiral de toutes les flotes de la maifon d'Au Lay liv. 3. Fuft. lib. triche, la liberté de Genes, & l'affujettiffement de Sa→ Raynald. ad Vonne à celle-ci, auffi - tôt que ces deux places feroient ôtées aux François, outre la principauté de Melphi & foixante mille écus d'appointemens. Cette défertion de Doria fauva à l'empereur la couronne de Naples. Barbezieux fut contraint pour s'opposer à un ennemi fi redoutable fur la riviere de Genes, de s'arrêter long-tems à Savonne, pour la mettre en fureté. Il débarqua, pour renforcer la garnison de Ge

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nes, cinq cens fantaffins François, & douze cens Allemands, qu'il avoit ordre de mener à Lautrec, dont l'armée périffoit de jour en jour par la contagion, outre que l'argent lui manquoit depuis long-tems, Barbezieux fut encore arrêté près de trois semaines par le pape pour lui aider à recouvrer Civita-vecchia, au lieu de porter droit à Naples le prince de Navarre, frere du roi Henri de Navarre, avec le renfort qu'il conduifoit. Tous ces retardemens donnerent à Philippin Doria le tems de ravitailler Naples avec fes huit galeres, & André Doria y vint lui-même conduire un con. voi à la vûë de l'armée Françoise, ne faisant plus mystere de fa trahifon.

AN. 1528.

XXVIII.

La pefte con

ger l'armée

L'autrec attendoit toûjours avec beaucoup d'impatience le renfort qu'on lui faifoit espérer, il le re- tinue de ravaçut enfin, mais au nombre de dix-huit cens hommes Françoife. feulement, aufquels il fallut envoyer une escorte à Nôles, parce que la tempête les avoit empêché de defcendre plus près. L'escorte fut battue par les Impériaux, & la pefte étant devenue plus violente, l'armée Françoise fut réduite au tiers dès le commencement du mois d'Août. On confeilla à Lautrec, pour éviter la malignité de l'air, de fe retirer à Capoue ou ailleurs; mais fon obftination le conduifit à fa pre ruine, & la raifon qu'il alléguoit fut qu'il avoit écrit au roi, qu'il obligeroit ceux de Naples de fe rendre à difcrétion, & qu'il y alloit préfentement de fa réputation de tenir parole; l'événement justifia qu'il avoit trop promis. Le camp des François devint d'abord un hôpital, & enfuite un cimetiere; le comte de Vaudemont, feul capable de commander l'armée, '& de fuccéder à Lautrec, mourut le premier des per

pro

AN. 1528.

XXIX.

fonnes de qualite, Charles frere bâtard du roi de Navarre, Camille, Trivulce, & beaucoup d'autres lefuivirent de près. L'autrec fut attaqué comme eux, & fuccomba de même; il mourut la nuit du quinziéme au feizième d'Août de cette année 1528. & justifia par sa mort le reproche que les Espagnols lui avoient fait fouvent d'aimer mieux s'égarer en fuivant fon caprice, que d'aller droit en suivant l'avis

Mort d'Odet des autres.

de Foix, feigneur de Lau

trec.

Pau! Fov. in

Elog.

Brantome

M.de Lautrec.

Lautrec.

Lautreco. Gon

Ludovici Cor

une cave,

Son corps fur porté dans Naples, & enfermé dans où il auroit manqué de fépulture, fi vingthuit ans après un feigneur Espagnol, ayant trouvé dons b'éloge de ce corps que fes gens avoient laiffé dans un tombeau' Alem. du Bel- très-commun, ne lui en eût fait dreffer un très-maLay liu. 3. gnifique de marbre, dans l'église de sainte Marie là Epitaphe de ncuve de Naples, en la chapelle du duc de Sessa, où Odeto Fuxio on lit une épitaphe latine, qui dit, que le petit-fils du Jalvus Ferdi- grand Gonfalve de Cordoue voyant le corps d'Odet nandus filius de Foix feigneur de Lautrec, enfeveli fans honneur, duba, magni quoiqu'ennemi de fa nation, après avoir fubi le fort pes, cum ejus de la guerre, lui avoit fait ériger ce monument dans la hoftis, ut bet chapelle de fes ancêtres. Il avoit époufé Charlotte d'Alfortuna tule- bret, troifiéme fille de Jean seigneur d'Orval, dont if re jacere com- avoit eu Gafton, François & Henri morts affez jeumanarum mi- nes, & Claude de Foix, mariée d'abord à Gui, comte de Laval, enfuite à Charles de Luxembourg, vicomte a facello, du- de Martigues. Le pape lui fit faire de magnifiques obnus princeps feques à Rome, & François I. fit la même chofe dans Xxx Féglife de Notre-Dame de Paris.

Gonfalvi Ne

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ci gallo Hispa

pofuit.

XXX.

levent le fiége

Les François Après fa mort le marquis de Saluffes prit la conde Naples,& duite des reftes de l'armée Françoife, & la premiere erent à A- fonction qu'il en fit, fut d'écrire à Rence de Ceri, &

verfe.

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