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gent, & lui prêtant une partie de fa cavalerie & fes galeres.

AN. 1531

CVIII.

ce à l'ambafladeur

Le roi de France repartit qu'il n'étoit pas banquier Réponse affez vipour prêter de l'argent; qu'il n'y avoit aucune ap- ve du roi de Franparence qu'un fi puiffant monarque qui poffedoit de Charles. tant de riches royaumes, & qui tiroit tant d'or des Indes, demandât ferieufement de l'argent à un roi voisin qu'il venoit de rançonner jufqu'à exiger de lui deux millions d'or, qui avoient épuifé les finances de fon royaume : que quant à fà cavalerie & à fa fes galeres, il en avoit befoin pour défendre les côtes & les pais de Provence & du Languedoc, qui n'étoient pas moins menacés du Turc que l'Autriche ; & qu'il valoit mieux y employer fa cavalerie, que de l'obliger à un chemin qui la ruineroit avant qu'elle pût approcher de l'ennemi : Qu'enfin il s'offroit d'aller lui-même défendre l'Italie des irruptions du Turc à la tête de cinquante mille hommes, outre le fecours que lui fourniroit le roi d'Angleterre fon bon ami & fidéle allié, tandis que l'empereur de fon côté feroit tête aux infidéles.

François I. cependant joüiffoit dans fon royaume des douceurs de la paix, & employoit cette tranquillité à cultiver les belles lettres & à proteger les fçavans: auffi fut-il appellé à jufte titre le reftaura teur des lettres en France. Le roi Louis XII. avoit prís foin de le faire élever dans le college de Navar+ re; & quoiqu'il n'y eût pris qu'une affez médiocre teinture des belles lettres, & de la langue latine, il ne laiffoit pas toûjours d'avoir près de lui des hommes doctes qui l'entretenoient. Il aimoit qu'on lui parlât de l'histoire naturelle, dont il avoit acquis une

CIX.

Zele de François ment des belles lettres.

I. pour le rétablit

connoiffance affez étendue, pour en avoir oüi feuAN. 1531. lement raisonner, enforte qu'il remarquoit fort à propos tout ce que les auteurs anciens & modernes avoient écrit des animaux, des plantes, des métaux & des pierres précieuses. Il s'étoit fervi pour cela de Jacques Cholin, puis de Pierre Duchatel qu'il fit évêque de Mâcon, & maître de la bibliothéque qu'il fit faire à Fontainebleau avec beaucoup de dépense: il avoit envoyé en Italie, dans la Grece & en Afie pour y chercher des manufcrits, ou pour y copier ceux qu'on ne pourroit pas avoir. Il donna auffi commencement à une imprimerie royale établie dans l'Univerfité de Paris, un college célébre de profef: feurs en toutes fortes de sciences. Ce fut par le conseil de Budé qu'il fit cet établissement qu'on appelle le College Royal, pour y faire enfeigner les langues, la philosophie, la médécine & les mathématiques.

CX.

Il fonde le colle

de France tom. 5.

Spond, in annal.

Les profeffeurs qui furent choifis pour enfeigner ge royal à Paris. le Grec & l'Hebreu, furent le fçavant François VaLe P. Daniel hift. table, ou Watebled né à Gamache en Picardie à pag. 629. quelques lieuës d'Abbeville, & Pierre Danez depuis ad hunc ann. n. 4. évêque de Lavaur. Le premier avoit une fi grande connoiffance de la langue hebraïque, que les Juifs mêmes affistoient fouvent à fes leçons publiques. Le Grec ne lui étoit pas moins familier, & ce fut par le fecours de ces deux langues qu'il expliqua l'écriture fainte avec une profonde érudition. Pierre Danez étoit Parifien, avoit eu pour maître Budé & Jean Lafcaris. Le deffein de François I. étoit d'augmenter le nombre des profeffeurs royaux & de fonder un college vis-à-vis du Louvre, pour y élever fix

cens jeunes hommes dans les fciences & dans la piété; mais les dépenfes que cette fondation exigeoit, A N. 1531. en arrêterent l'exécution fur les remontrances du chancelier du Prat.

CXI.
Mort de Louise de

François I.

Ce prince perdit dans cette même année Louise de Savoye fa mere qui mourut à Grets en Gattinois Savoye, mere de le vingt-deuxième de Septembre : elle étoit née au Pont d'Inn en 1477.

Le quatriéme de Juin précédent les princes Proteftans s'étoient rendus à l'affemblée de Francfort, qu'ils avoient indiquée pour ce jour-là. Les députez, des villes s'y trouverent auffi, & on y refolut de ne point approuver l'élection du roi des Romains, & de ne rien épargner pour se défendre, fi on leur or donnoit quelque chofe contre la parole de Dieu. Ils écrivirent à l'empereur & à Ferdinand qu'ils ne pouvoient confentir à ce qui venoit d'être fait contre la liberté & les loix de l'empire, ni donner le titre de roi des Romains à Ferdinand; & l'électeur de Saxe manda que fi on traitoit l'affaire felon les formalitez, il ne dégenereroit pas de la fermeté de ses ancêtres. On propofa de recevoir les Suiffes dans la ligue, fuivant le défir des villes impériales; mais le prince de Saxe répondit par fes ambassadeurs, qu'il n'étoit pas permis de faire aucune alliance avec eux, parce qu'ils ne penfoient pas bien touchant la Cene; qu'à la verité la ligue trouveroit de grands avantages s'ils y entroient, à cause de leurs forces & de leur puiffance, mais que ces raisons n'étoient d'aucun poids, & qu'on ne devoit pas s'exposer aux malheurs de ceux dont il eft parlé dans la fainte écri ture, qui, pour rendre leur parti plus fort, faifoient

Guichenon kist. de

Savoye.
Sainte Marthe hift.

Généal, de France.

Guicciard. lib. 10.

CXII.

Affemblée des Francfort. sleidan. in comm

princes Proteftans

lib. 8. p. 246.

indifferement toutes fortes d'alliances. Dans cette AN. 1531. assemblée se trouverent les députez des villes de Strafbourg, Ulm, Lubek, Nuremberg, Conftance, Reutelingen, Memingen, Lindaw, Biberac, Ifne', Campodun, Heilbron, Magdebourg, Brême, Brunfwik, & Gottingen. On reçut des lettres de l'électeur de Saxe, & du Lantgrave de Heffe, qui marquoient que l'archevêque de Mayence & l'électeur Palatin étoient chargez de la part de l'empereur de leur parler de paix; qu'ils les exhortoient d'entrer dans fes vûës, & que s'ils y étoient disposez,on leur marqueroit le jour pour le trouver tous ensemble en quelque lieu. La chose fut proposée, & les députez répondirent qu'ils y confentoient volontiers, pourvû que la chambre impériale n'eût point d'action contr'eux ; ce qui ayant été accordé par l'empereur, on prit jour pour le trentiéme d'Août à Spire.

CXIII. Préparatifs de

cantons Suiffes.

Sleidan. in comm. lib. 8. p. 525.

Pendant qu'on travailloit à réconcilier sa majesté guerre entre les impériale avec les princes Proteftans, & à établir la paix entre les deux partis, les Suiffes travailloient au contraire à leur propre deftruction, & fe faifoient entr'eux une guerre civile. Les cantons de Zurich & de Berne se faifirent d'abord des paffages, pour empêcher la communication des vivres à leurs voisins, & l'on étoit prêt de fe battre, lorfque le roi de France avec les cantons de Glaris, de Fribourg, de Soleure & d'Appenzel, fe rendit médiateur. Après beaucoup de difputes on propofa ces conditions, qu'on oublieroit les injures qui s'étoient dites de part & d'autre, & qu'on fe pardonneroit le paffé, en promettant de vivre à l'avenir en bonne intelligence; qu'on rappelleroit ceux qui avoient été bannis pour fait

de

de religion; que les cinq petits cantons continueroient à faire profeffion de la même doctrine, pourvû qu'ils ne défendiffent plus la lecture de l'ancien & du nouveau Teftament; qu'on n'inquieteroit nullement les alliez de Zurich & de Berne, & que tous fe donneroient de mutuels fecours: mais ces conditions n'ayant point été acceptées, ceux de Zurich & de Berne firent imprimer un manifeste, pour apprendre au public les raisons qui les portoient à empêcher la communication des vivres aux autres ; ils fe plaignoient qu'on ne ceffoit de les outrager, qu'on réfufoit les conditions de paix propofées par les médiateurs ; qu'on ne gardoit aucun traité des années précédentes, & de-là ils concluoient qu'ils n'étoient pas coupables, & que s'il arrivoit quelques troubles, il falloit s'en prendre à ceux qui en étoient les

auteurs.

AN. 1531.

CXIV.

› Guerre civile entre les Zuingliens Suiffes & les can

Les cinq cantons catholiques, fçavoir, Lucerne Suitz, Zug, Uri, Underval, qui ne faifoient qu'environ le quart du païs, fe trouvant dans une extreme difette, leverent des troupes fans bruit, & fe mirent en campagne le neuvième d'Octobre ; & comme l'inégalité de leur nombre, en comparaison de celui de leurs ennemis, ne pouvoit être fuppléé que par une extrême diligence, ils laifferent leur artillerie pour aller plus vîte,& arriverent au nombre d'environ huit mille auprès de la montagne de Zurich, avant que leurs ennemis euffent été informez de leur marche. Ils chargerent avec tant de vigueur environ mille ou douze cens hommes qui fe trouvoient Lur la frontiere, qu'ils les mirent en fuite, Mais le peu de distance qu'il y avoit de-là à Zurich, attira Tome XXVII.

ΚΚ

tons Catholiques. sleïdan, ut fuprà Pallav. hift. conc.

lib. 8. p. 253.

Trid. l. 3. c. 8.

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