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AN. 1528.

Paul Jove hif

Belcarinsl.20.

10.

an prince de Melfi de le venir joindre pour l'aider à lever le fiége de Naples. Ce dernier étoit devant Guicciard in Gayette, & l'avoit réduite à l'extrémité, lorsque Doria lib. 19. vint la ravitailler avec douze galeres. Le marquis de toria lib. 28. Saluffes ne l'attendit pas, il décampa pendant la nuit, Raynaldus n. mais il ne put le faire fi fecrettement que les Impériaux n'en fuffent avertis ; la garnifon de Naples fit une fortie générale; tous ceux des François qui étoient demeurez pour former une espèce d'arriere-garde, moururent les armes à la main, & les moindres officiers & foldats furent faits prifonniers. Pierre de Navarre qui commandoit cette arriere-garde, fut du nombre de ces derniers. Ce capitaine fi célébre, né d'une famille de la lie du peuple dans la Biscaïe, s'étoit élevé par fon propre mérite aux premieres dignitez militaires. Il fut le premier qui inventa les mines, quoique quelques auteurs affurent que les Genois s'en étoient fervis avant lui. Ayant été fait prisonnier par les François à la bataille de Ravenne en rs12. les Espagnols fe mirent fi peu en peine de le faire fortir de prifon, où il languit long-tems, que dégoûté d'une nation qu'il avoit servi fi utilement, & qui étoit fi peu reconnoiffante, il s'engagea au fervice du roi François I. auquel il fut toûjours fidéle jufqu'en cette année 1528. qu'il fut fait prifonnier. Les Espagnols pour punir fa désertion, le menerent enchaîné dans le château de Naples, où il les avoit introduits par fon adreffe vingthuit ans auparavant, & le firent étrangler la nuit par re ørdre de Charles V. quoiqu'il y ait des auteurs qui rapportent qu'on l'étouffa entre deux matelats, & que felon d'autres il foit mort de chagrin. Gonfalve Ferdinand, prince de Sessa, fit enterrer fon corps dans l'é

XXXI.

Mort de Tier

de Navaire.

Paul Jove in elogio.

Alvar Gomez

la G

Brantome vie

des capitaines

étrangers.

AN. 1528. glife de fainte Marie la neuve à Naples, & y fit mettre une infcription fur fon tombeau, qui finit par ces paroles, que la vertu a cela de propre, qu'elle se fait

admirer dans l'ennemi.

XXXII.

Le marquis de Saluffes, avec les François qui purent Les Françoise échapper de la derniere défaite, fe fauva dans Averfe, Averfe, où ils où il fut auffi-tôt affiégé; vifitant la bréche & tâ

fe

fauvent

font affiégez

riaux.

lay liv. 3.

par les Impé-chant de donner du courage à fes foldats, il fut bles Mem. du Bel- fé d'un éclat de pierre, qui lui caffa le genou. Cet accident le rendant inutile, & lui faifant craindre que fes troupes ne fe débandassent, il fut contraint d'en venir à une capitulation honteuse, avant que les ennemis fuffent informez de fa blessure. Les articles furent, que les affiégez laifferoient tous leurs armes, chevaux, enseignes & guidons au prince d'Orange général de l'armée impériale, que tous les capitaines, lieutenans & enseignes, gens d'armes, chevaux-legers pourroient emmener avec eux un feul cheval, & une mule; que les Italiens ne pourroient fervir de six mois le roi de France, & que les François, Gascons, Suiffes, Lanfquenets, & autres troupes étrangeres fe retireroient dans leurs païs, fans faire aucun féjour en Italie. Que le prince d'Orange les feroit conduire en fureté jufques aux frontieres de leurs provinces, fans qu'on les put inquiéter. Que le marquis de Saluffes employeroit tout fon crédit pour obliger les places occupées par les François à fe remettre au pouvoir du prince d'Orange, & que lui-même demeureroit prifonnier de guerre. Cette capitulation fut fignée le trentiéme d'Août. Le prince d'Orange entrant dans Averse, voulut y vifiter Pomperan qu'on y avoit laissé, mais il le trouva mort. C'est le même qui avoit fuivi le

duc de Bourbon dans fa révolte, & qui avoit fauvé AN. 1528. la vie du roi François I. lorsqu'il fut fait prisonnier à

Pavie.

Ruine de l'ar

en Italie.

Le prince de Melfi & Rence de Ceri, ayant joint xxxIII. leurs troupes, s'étoient retirez à Barlette, & en d'au-né Françoile tres places maritimes, où ils fe maintinrent contre toutes les forces de l'empereur jufques à la paix de Cambrai. Ils furent de quelque fecours aux foldats François, dont un grand nombre forti d'Averfe fe retira auprès d'eux, quelques-uns s'embarquerent fur des galeres, d'autres s'arrêterent à Rome, & il y en eut très-peu qui fuffent en état de retourner en France. Toutes les places que les François avoient prifes dans le royaume de Naples avec tant de promptitude, fe révolterent auffi promptement après la reddition d'Averfe. Telle fut la ruine de cette armée confidérable, qui avoit fait trembler toute l'Italie à la descente des Alpes, & qui fut entierement diffipée, ou par la mauvaise conduite du général, qui s'obstina à vouloir continuer le fiége de Naples contre l'avis de la plûpart de fes généraux, qui vouloient qu'on le levât lorfqu'ils virent que la pefte défoloit l'armée, ou par la négligence du roi François I. qui fans égard à fes véritables intérêts, employoit à la conftruction du château de Madrid proche Paris, ou à ses plaisirs, l'argent qui auroit fuffi pour la conquête de Naples, & ne fe fouvenoit plus d'avoir perdu le duché de Milan par un semblable contre-tems de dépense superfluë. Ainst les affaires d'Italie, qui au commencement de l'année avoient une si bonne apparence pour ce prince, changerent entierement de face, enforte qu'il ne lui resta prefque plus rien en ce pays-là, & dans Genes, & dans le Milanez.

AN. 1528.

Les confédérez auroient pu rétablir les affaires de France, s'ils euffent fçu profiter de la désertion des rez nanquent troupes troupes du duc de Brunfwik qui venoit d'amener aux à retablir les Impériaux dix mille hommes de pied, & fix cens lan

XXXIV. Les Confédé

affaires de

France.

ces pour fecourir Naples. Il s'étoit avancé jusques fur le territoire de Veronne: de Leve l'avoit arrêté en Lombardie dans l'efpérance de partager ensemble le butin des villes qu'ils prendroient. Ils s'étoient joints pour faire le fiége de Lodi: les Efpagnols après avoir combattu trois heures fur la bréche furent repouffez, & les Allemands, qui n'étoient pas payez, se diffipérent, ce qui fit lever le fiége. François de Bourbon, Comte de Saint Pol, fe voyoit à la tête de cinq cens hommes d'armes, d'autant de chevaux-legers commandez par Annebaut, & de fix mille fantaffins François fous de Lorge, puîné de la maison de Montgom mery, avec quatre mille Allemands. La retraite du Duc de Brunswix ouvroit au comte de Saint Pol le chemin pour aller à Naples, où il feroit arrivé avant la mort de Lautrec ; mais il fe perfuada qu'il y avoit plus de gloire pour lui à recouvrer le duché de Milan; il s'arrêta dans la Lombardie, où il fut joint par l'armée de Venife, & par les troupes de Sforce, dans le deffein d'opprimer de Leve, qui n'avoit que huit mille hommes, & qui étoit fans argent; mais il se sauva, parce que les confédérez délibérerent trop long-tems à l'attaquer, & voulurent auparavant recouvrer Vige

vano & Pavie.

XXXV.

Le tems qu'on perdit dans ces deux fiéges, donna le rétablit Genes loifir à André Doria de retourner dans la riviere de Ge

dans fa liberté. Mem. du BelLay c. 3.

nes,

il n'avoit rien oublié pour ménager les Genois,

comme il avoit beaucoup de partifans & d'amis dans la

ville,

ville, il les confirma dans le mécontentement de ceux AN. 1528. qui gouvernoient, il perfuada au peuple que les François ne lui laiffoient que le nom de république, pendant qu'ils avoient toute l'autorité, & représenta à la noblesse l'avantage de l'ancien gouvernement qui avoit toujours été entre les mains. Enfin fçachant que la garnifon Françoise, dont la pefte avoit emporté les trois quarts, s'étoit logée dans le château, & que la ville étoit prefque déferte, il s'en approcha avec les galeres, & fit seulement descendre cinq à six cens hommes. Barbefieux qui étoit dans le port, ne l'eut pas plutôt apperçu, qu'il fit force de rames pour fe retirer dans Savonne, craignant qu'il n'y eût une conjuration formée pour fe faifir des galeres. Doria charmé de cette retraite, le laissa passer, mit pied à terre, rangea ses troupes en bataille, trouva les portes ouvertes par ceux de fon parti, occupa les principaux quartiers, & fe rendit maître de Genes au nom de l'empereur, fans avoir mis l'épée à la main. Theodore Trivulce qui en étoit Gouverneur, fe retira dans le château, qu'il fut obligé de rendre honteufement fur la fin d'Octobre. Et les François ne furent pas plutôt chaffez de Genes, que Doria affembla la nobleffe, lui remit le gouvernement, qu'il établit de la maniere qui fubfifte encore aujourd'hui. La république admira fa prudence, lui érigea une statuë, & lui donna les titres de pere de la patrie, & de reftaurateur de la liberté.

Véxations é

toine de Leve

Lecomte de Saint Pol ne laiffa pas de se rendre maî- XXXVI. tre de Pavie; mais il ne put fecourir Savonne gou- normes d'Anvernée par le commandeur de Morette, qui fe rendit dans le Milalâchement aux Genois, ce qui obligea ce comte à pour-c. suivre ses conquêtes d'un autre côté. Biagrassa, saint

Tome XXVII.

E

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