XIV. coup par son crédit, & étant devenu pape sous le Depuis que le roi Henri VIII. avoit pris la réso- le procureur général avoit accusé Explication du oie par ces mots, avoit été faite sous le regne de ftatut pramu xiro. XV. o iijܘ Richard II. qui avoit succedé à son ayeul Edouard An. 1531. III. en 1377. Elle défendoit aux Anglois d'obtenir en cour de Rome des sentences d'excommunication, des bulles', ou d'autres expéditions contraires aux droits du royaume,sur peine de confiscation de biens & de prison. On prétend qu'Edouard III. & Richard II. son petit-fils avoient établi cette loi, pour empêcher l'abus que les papes faisoient de leur pouvoir, en disposant presque toûjours des évêchez en faveur des cardinaux , qui ne rélidoient jamais, & tiroient de très-grandes sommes d’Angleterre. Plusieurs papes avoient tenté inutilement de la faire révoquer ; elle fut plusieurs fois confirmée , mais néanmoins elle n'avoit point eu d'execution jusqu'au tems du divorce. Les papes avoient toûjours continué d'envoyer en Angleterre des légats, d'y exercer les mêmes pouvoirs, & de donner des bulles, des sentences & d'autres expéditions, comme auparavant. Le cardinal Wolsey 'ayant été accusé d'avoir contrevenu à cette loi pramunire, on fit tomber également cette accusation sur ceux qui avoient eu recours à lui, ou qui avoient reconnu son autorité, Par là tous les membres du clergé se trouverent cou. pables & criminels. En vain l'on représenta que Wolsey ayant une si grande autorité, il y auroit eu trop de danger à ne lui pas obéir, & avoit obtenu des lettres patentes du roi pour exercer sa commission ; on ne reçut point cette excuse, ces lettres ne paroissoient plus, & il n'y avoit point d'autre parti à prendre que de se soumettre. Le roi se proposoit en cela deux fins , la premiere de tirer beaucoup d'argent de son clergé ; la seconde de l'humi XVI. Le clergé d'Angleterre accusé d'avoir violé ce ftatut, que d'ailleurs il lier & de diminuer par là le crédit qu'il avoit parmi le peuple. Ce prince n'ignoroit pas que les eccléfiafti- A N. 1531. ques étoient les plus opposez à son divorce ; il vouloit les mettre hors d'état de lui nuire, en les opprimant & les obligeant d'avoir recours à la protection, & par ce moyen montrer moins d'ardeur pour la cour de Rome;ce qui lui réuslit comme il avoit esperé. Le clergé voyant qu'on ne recevoit point ses excuses , quelque légitimes qu'elles parussent , qu'on le torberi s'allemile condamnoit comme coupable , qu'il étoit déchu de mille lideg la protection du roi, & que les laïcs, loin de le soûtenir , l'abandonnoient & devenoient ses ennemis, il crur qu'il lui étoit plus avantageux de se soûmettre que de résister. Le clergé de la province de Cantorberi s'assembla pour déliberer sur ce qui étoit à faire. dans cette occalion. L'assemblée fut affez nombreuse. On y vit neuf évêques, cinquante-deux abbez & la plus grande partie des dépurez qui composoient la chambre-balle. La nécessité pressante où ils se trouverent, fit qu'ils ne balancerent pas long tems à conclure qu'ils devoient offrir quelque fomme considé- ni Grandi tetda rable au roi, pour ce qu'il pouvoit prétendre des ec- ta. publ. Ang'. clésiastiques , à cause des infractions qu'on les accufoit d'avoir faites aux ordonnances , & l'on convint d'offrir cent mille livres sterling. On chargea plusieurs membres de l'assemblée d'en dresser un acte en forme de lettres parentes , par lequel on accordoit cette somme au roi: mais comme ceux qui le dresserent étoient d'intelligence avec la cour, ils y donnerent au roi un titre qui fut le sujet de bien des contestations : ce ti. tre écoit celui de chef souverain de l'église @ des eccléfiaftiques d'Angleterre. XVII. Le clergé de Can Mylord Herber ut fupra Burnet p. 18. tom. 14. 8.413: royaume, que Une prérogative si nouvelle & fi inusitée révolta An. 1531. le plus grand nombre des députez, qui précendirent On accorde a qu’on avoit voulu les surprendre en insérant ces paHenri le titre de roles dans le corps d'un acte , où il ne s'agissoit que églises de son de donner de l'argent au roi,& la plûpart concluoient à les effacer. D'autres prétendoient qu'on ne pouvoit effacer ces mots par une déliberation en forme, sans offenser sa majesté : ce qui causa de si grandes contestations, que l'assemblée se sépara , en remettanc la décision au lendemain. Ce jour-là Thomas Cromwel accompagné de quelques seigneurs du conseil, s'étant rendu à l'assemblée, y fit entendre que le titre qu'on donnoit au roi lui étoit très-agréable , & sans cela il refuseroit absolument leurs offres. Ce qui mit tous ceux qui composoient cette assemblée dans un si grand embarras , qu'aucun ne pur répondre un seul mot. Warham archevêque de Cantorbery ayant déclaré qu'un silence universel seroit pris pour un consentement, les députez crierent, nous nous taisons tous, & après cette déclaration l'acte passa comme il avoit été dressé. Quelques-uns seulement proposerent qu'on y ajoûtât cette restriction, la loi de Dieu le peut permettre , mais on n'admit pas leur restriction. L'acte fut donc présenté au roi, tel qu'il avoit été dressé le vingt-deuxiéme de Mars, & Henri témoigna en être autant satisfait que du présent qui l'accompagnoit. Le clergé d'Yorc s'étant aussi assemblé dans le donne au roid An- même tems , résolut de même de donner au roi la somme de dix-huit mille hụit cens quarante livres sterling ; mais comme dans l'acte qui fut dressé de cettę donațion , on n'avoit point parlé de la qualité de autant que XIX. glcterre le même titre, XX. de chef suprême de l'église Anglicane, on lui fit son présent ne seroit point accepté , AN. 15313 lui accorder un pardon aussi imaginaire , que la faute pour laquelle on l'accordoit. Comme plusieurs députez de la chambre des communes se trouvoient enveloppez dans la même prétenduë faute que le clergé, & qu'ils pourroient être poursuivis , ils refuserent de passer l'acte, à moins que les laïques qui pouvoient être coupables veulent qu'on de même, ne fuflent compris dans le pardon , & laiques dans la en firent porter leurs plaintes au roi. Henri cho- pardon, qué de cette opposition, fit réponse , qu'étant maltre de ses graces, il pouvoit les accorder ou les refuser, selon qu'il le jugeoit à propos. Cette fermeté fit peur à la chambre , qui pour ne pas s'attirer la colere du roi , palla l'acte , remettant à sa clemence ce qui regardoit les laïques , & le roi content de cette soumission leur accorda une amnistie semblable à celle du clergé. Quand le pape eut appris ce qu'on venoit de faire en Angleterre , il le trouva fort embarrassé. Il voyoit Henri continuer à prendre des mesures qui , selon les apparences', devoient 'avoir de fåcheuses suites , & il avoit' raison de craindre que ce prince n'allât plus loin , & ne fit juger son affaire en Angleterre , en se séparant de l'église Romaine. Effrayede Bref du pape fur ce parti, il fit expédier un bref par lequel il défen- csa Tome XXVII. : ! XXI. l'affaire du diyor, Рp |