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mais que cela n'étoit
cela n'étoit pas néceffaire, puisque le con-

cile feroit affemblé contr'eux.

AN. 1532.

Conferences à

de la convocation

ment. ac Cafar. de

concilio in lib. Ar

chiv. Vatic infcript. inftructio ad

concilium Trident,

Ce fut fur l'examen de ces raifons apportées de XLII. part & d'autre, que roulerent les conferences que Boulogne au fujet l'empereur eut avec Clement VII. à Boulogne au fujet du concile. de la convocation du concile ; ces conferences furent Ada inter Cleplus folemnelles que celles où il ne s'étoit agi que d'affaires civiles; le pape avoit avec lui les cardinaux Farnefe, Cafi, Campegge & l'archevêque Alexandre, L'empereur qui y affifta de même avec Gabriel Etienne Merino Espagnol, archevêque de Bari & patriarche des Indes, Granvelle grand chancelier de l'empire, & deux jurifconfultes. L'on y convint de deux chofes ; l'une,que fa fainteté envoyeroit un nonce aux princes d'Allemagne, & fa majesté impériale un ambaffadeur, qui tous deux de concert disposeroient les efprits des princes, & prendroient avec eux les mefures néceffaires. L'autre, que fa fainteté écriroit à Ferdinand roi des Romains & aux princes de l'empire, que fur les preffantes follicitations de l'empereur, elle avoit réfolu de convoquer au plûtôt un concile général; mais que ne le pouvant faire que tous les princes Chrétiens n'y concouruffent, il les folliciteroit d'y donner leur confentement. L'empereur & tous les autres, excepté l'archevêque de Bari, confentirent à ce projet, & l'on ne tarda pas à commencer à en executer une partie.

XLIII.

gleterre entre Cas

lais

Quelque tems avant ces conferences tenues à Bou- Entrevue des rois logne, l'autre Boulogne fur mer avoit été auffi ho- de France & d'Annorée de la présence du roi de France & de celui d'Angleterre, qui avoient eû une entrevûë que l'on avoit Lenuë affez secrette jufques vers le tems où elle fe fit. Tome XXVII.

Rr

& Boulogne, Mem. du Bellay

liv. 4. p. 235. á

François I. s'étoit rendu en cette ville vers le milieu AN. 1532. d'Octobre, & Henri le vingtiéme du même mois : Traité de Calais l'entrevûë s'étoit faite avec de grands témoignages

du 28. Octobre

'1532.

d'amitié; les deux princes logerent dans la maifon abbatiale de cette ville, qui n'étoit pas encore epifcopale. Le roi de France donna le collier de l'ordre de faint Michel aux ducs de Norfolk & Suffolk, & le roi d'Angleterre donna celui de la Jarretiere au maréchal de France Anne.de Montmorency, grand-maître, & à Philippe Chabot amiral de France. Après quelque féjour à Boulogne, les deux rois s'étoient transportez à Calais, où ils avoient conclu un traité le vingt huitiéme d'Octobre, par lequel ils s'engageoient à mettre conjointement fur pied une armée de quatre-vingt mille hommes pour arrêter les progrez du Turc & aller au fecours des Chrétiens en Allemagne, ou en Italie, felon qu'il feroit néceffaire. Du Tillet recueil C'eft ainfi que du Tillet en parle dans fon inventaire des traitez entre la France & l'Angleterre; mais il n'est pas vraisemblable que ces deux monarques aïent eu ce deffein.

des traitez des rois de France.

XLIV. Deffein de ces

cette entrevûë.

Guicciard. lib. 10.

Liv. 4.

Spond. hoc ann.

n. 6.

"

Un autre motif plus réel qui les animoit, étoit de deux rois dans tenir les Italiens & les Allemands dans l'attente d'une nouvelle guerre, de peur qu'ils ne fe rendiffent trop Mem. du Bellay faciles aux volontez de l'empereur; de penfer au rétablissement de leurs affaires, pendant que Charles V. embarrassé dans une guerre qui l'expoferoit à fa ruine par la moindre diftraction, ne feroit nullement en état de les traverfer dans aucune de leurs entreprises, ni les empêcher de fe faifir des états qui feroient le plus à leur bienféance; en forte qu'il y a lieu de croire que le dessein de François I. étoit de

s'emparer du Milanez & de Naples. Et Henri VIII.
n'avoit en vûë que
de contraindre le pape à consentir
à fon divorce, pour répudier Catherine d'Arragon,
tante de l'empereur, & époufer Anne de Boulen.

Dans cette même entrevûe Henri fe plaignit beaucoup du pape & de la cour de Rome. Il ne pouvoit supporter que la cause du divorce y eût été évoquée, qu'on voulût le contraindre de s'y rendre lui-même en perfonne, ou d'y envoyer quelqu'un avec fa procuration pour se soumettre à la décifion de fa fainreté; il ajoutoit que cette conduite étoit contre le droit commun & fans exemple ; qu'au contraire toutes les fois que pareilles affaires étoient arrivées entre princes fouverains, on leur envoyoit des juges fur les lieux. Il se plaignoit encore des exactions & des annates de la cour de Rome fur les bénéfices d'Angleterre. Enfin il preffa François I. de se joindre à lui, pour envoyer ensemble un ambaffadeur au pape, pour lui fignifier leur appel au concile, afin qu'on y examinât les abus que les fouverains pontifes faifoient de leur autorité, en opprimant les princes Chrétiens & leurs fujets, & qu'on y apportât le remede. Mais François I. tâcha de l'appaifer, en lui promettant de ménager fes intérêts auprès de Cle

ment VII.

AN. 1532.

XLV.

ne de Boulen.

Burnet hift. de la

Henri laiffa faire le roi de France, mais fans fe Henri époufe Anmettre en peine quel fuccès auroient les négociations, sander, de schism. il voulut conclure lui-même toute cette affaire, en Angl. l. 1. p. 58. époufant Anne de Boulen; c'est ce qu'il fit à fon retour de Calais, mais fecretement. On fit venir un ze prêtre nommé Roland Lée, qui fut depuis évêque de Conventri & de Lichefiels, & comme il alloit

reform. to. 1. liv.

2.p. 186.

Grand bift. du

div. to. 1. p. 287

P'hiftoire manufcri

préfentée à Philip

p. 110.

Raynald, hoc ann. 8.66.

commencer la messe, Henri lui dit, qu'il avoit enA N. 1532. fin gagné fon procès à Rome, & que le pape en déToyez l'extrait de clarant fon mariage nul avec Catherine, lui avoit te du divorce re- permis d'époufer une autre femme telle qu'il vouFe à Marie dans droit, pourvû que ce fût fecrettement & fans témoins, M. le Grand to. 3. de peur de fcandale. Lée ne pouvant s'imaginer, qu'un roi voulût lui déguiser la verité dans une affaire de cette importance, crut bonnement ce que lui dit Henri, & fe contenta de lui demander s'il n'étoit pas porteur de la fentence du pape. Le roi lui fit figne qu'il l'avoit, enforte que Lée fe difpofa à commencer la meffe; mais comme il héfitoit encore & craignoit de faire quelques fauffes démarches : » Il feroit à propos,Sire, lui dit-il, pour notre interêt, » & pour fatisfaire aux facrez canons, de lire publiquement la fentence du pape devant des témoins. Henri lui répondit que le bref du bref du pape étoit enfermé dans une caffette, dont lui feul avoit la clef, & qu'il n'y avoit pas d'apparence qu'au milieu de la nuit il l'allât chercher, mais qu'il pouvoit fe fier à fa parole. Sur ces affurances Lée acheva la cérémonie, & maria le roi avec Anne de Boulen, qui peu de tems après parut enceinte. Mr. Burnet dit que le duc de Norfolk, le comte d'Ormond, & de Wiltkirc pere d'Anne de Boulen, la mere & le frere de cette fille, & le docteur Cranmer affifterent à la cérémonie, comme témoins. Depuis ce tems là Henri ne garda plus aucunes mefures avec le pape, qui de fon côté continua les procédures contre ce prince.

XLVI.

Le clergé de Fran

Pendant ce tems-là François I. qui étoit de retour ce accorde des dé à Paris, fit assembler un grand nombre des prélats

çois I.

Mem. du Bellay

liv. 3.p. 139.

de fon royaume, aufquels il repréfenta les grandes affaires qu'il avoit eûës à foûtenir jufqu'à préfent, AN. 1532. & celles qui le menaçoient, & aufquelles il ne cimes au roi Franpourroit fournir fans quelques fecours de leur part; qu'il étoit perfuadé qu'ils ne lui manqueroient au befoin, & qu'il attendoit les effets de leur générofité & de leur zele pour la tranquillité de fon royaume. Auffi-tôt le clergé lui accorda libéralement la levée des décimes, fans attendre le confentement du faint fiége, comme c'étoit alors la coutume.

a

pas

Henri VIII. toujours inquiet fur l'affaire de fon divorce, fit encore affembler le parlement le quinziéme de Janvier, & comme le clergé de fon royaume n'entroit pas dans fes vûës autant qu'il le souhai、 toit, il ne fongea qu'à l'humilier & à diminuer fon crédit. Pour cet effet il fit engager fecrettement la chambre des communes à dreffer diverfes plaintes contre la conduite du clergé ; par exemple de ce que les cours eccléfiaftiques citoient des gens & leur propofoient des articles d'héréfie, fans qu'il y eût aucun accufateur; qu'enfuite elles obligeoient ces perfonnes à faire une abjuration folemnelle, fur peine d'être condamnées au feu ; & tout cela fans fe juftifier,ce qui étoit, disoit-on, une tyrannie infupportable; mais le roi qui vouloit encore alors fauver au moins les apparences, arrêta le progrès de ces plaintes, & répondit qu'avant que de ftatuer là-deffus, il falloit entendre le clergé, afin de fçavoir ce qu'il avoit à dire pour sa défense, ainsi les chofes n'allerent pas plus loin pour lors.

Quelque tems après, le roi voulut faire un réglement, pour empêcher que les particuliers ne le fru

A

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