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ftraffent lui, & les feigneurs des droits qui leur AN. 1532. étoient dûs, lorfque quelqu'un difpofoit de fes biens, par teftament ou par contrat, que les enfans demeuroient mineurs, qu'ils fe marioient,ou qu'ils entroient en majorité. Pour fauver ces droits, la chambre-haute fit un projet de réglement qu'on envoya enfuite aux communes, mais elles ne voulurent ni l'approuver ni apporter aucun remede aux abus dont on fe plaignoit. Au mois d'Avril fuivant, les deux chambres du Parlement le réunirent fe déclarer contre la pour cour de Rome, en faifant de concert une loi pour ôter aux papes le droit des annates le droit des annates, pour les pre miers fruits des bénéfices, les palliums & les bulles des évêchez.

XLVII. Statut du parle

les annates.

Le Grand hift du divorce, tom. I. p. 122.

Ce ftatut portoit que le royaume étoit tous les ment qui abolit jours appauvri par les grandes fommes que l'on envoyoit à Rome, qui pour le faire payer, retenoit les expéditions des eccléfiaftiques; que comme il artivoit très-fouvent à ceux qui entroient dans les dignitez de l'église, d'emprunter à leurs amis de quoi payer ce que la cour de Rome exigeoit, les fommes étoient très fouvent perduës pour les créanciers, lorfque les prélats mouroient peu de tems après avoir été mis en poffeffion. Que d'ailleurs le droit des annates n'étoit fondé fur aucunes loix. Qu'à la verité on avoit payé autrefois un semblable droit en confidération de la guerre contre les infidéles : mais que depuis ce tems-là, les papes le demandoient comme un droit perpétuel; que depuis la feconde année du regne de Henri VII. Rome avoit tiré d'Angleterre plus de cent foixante mille livres sterling en annates feulement, fans compter toutes les autres exactions.

Que plufieurs évêques étant fort vieux, le roi devoit en confcience prendre des mefures pour empê- AN. 1532. cher qu'on envoyât à Rome de nouvelles fommes d'argent & qu'on n'épuisât pas le royaume qu'il étoit juste de donner quelque chofe pour les bulles mais que cinq pour cent du revenu annuel, après toutes les charges déduites, étoient fuffifans. Que fi à caufe de cette modification le pape refufoit des bulles, le parlement ordonnoit qu'en ce cas-là les évêques feroient facrez par quelque archevêque, & ceux-ci par deux évêques au choix du roi ; & qu'une femblable confécration auroit tout autant de force que fi le pape l'avoit ordonné. Néanmoins le parlement déclaroit qu'il feroit au pouvoir du roi d'annuller & de confirmer cet acte dans un certain tems. Il y avoit dans le même ftatut une clause qui annulloit toutes les cenfures & toutes les excommunications que la cour de Rome lanceroit contre le roi ou contre les sujets, qui défendoit à tous les eccléfiaftiques de les publier, & qui déclaroit que nonobftant tout interdit, les prêtres pourroient en sûreté de confcience célébrer le fervice divin comme auparavant, & continuer toutes leurs fonctions.

Quoique ce ftatut fût revêtu de l'autorité des deux chambres, il trouva cependant quelques oppofans dans la chambre basse, où la reine avoit encore des partifans, qui ne purent consentir à rompre ainfi avec la cour de Rome. Un d'entr'eux, nommé Temfe, propofa que la chambre en corps allât préfenter une requête au roi pour le prier de reprendre Catherine fon époufe, & lui remontrer qu'un divorce feroit fuivi de plufieurs inconvéniens, par

-ce que fi le roi en époufoit une autre, les enfans AN. 1532. des deux lits cauferoient un jour une guerre ruineuse à l'Angleterre. Henri informé de cette propofition manda l'orateur de la chambre baffe, & le chargea de déclarer aux communes qu'il étoit offenfe qu'on eût parlé d'une affaire qui ne les regardoit pas;que le foin de fa confcience étoit le feul motif qui le faifoit agir; qu'il souhaitoit que son mariage fût bon, mais que l'ayant fait examiner par les plus habiles & les plus fçavans canonistes & théologiens de l'Europe, qui tous l'avoient condamné, il ne pouvoit moins faire dans les fcrupules qui le tourmentoient, que de fe féparer de fa femme & de la renvoyer. Cependant ce prince craignant d'irriter les efprits, & fur-tout la cour de Rome, ne vou lut pas approuver pour lors le statut du parlement, ni permettre qu'on le publiât.

XLVIII.
Le parlement ten-

mens des évêques

trop

Quelques jours après le parlement tenta d'abolir te d'abolir les fer- le ferment que les evêques prêtoient au pape. L'oau pape & rateur représenta au roi, que les prélats ne pourfubftituer un autre roient être fes fujets qu'imparfaitement, parce qu'ils faifoient au pape un ferment incompatible avec le ferment de fidélité qu'ils faifoient à sa majesté ; qu'ils le prioient donc d'en établir un autre plus ample, qu'on lui prêteroit, & dans lequel les évêques reconnoîtroient qu'ils tenoient leurs évêchez de lui feul. Les deux fermens furent lûs dans la chambre basse. Dans le premier dont on demandoit l'abolition, l'évêque juroit d'être fidéle à l'églife Romaine,au pape & à fes fucceffeurs, de ne reveler à perfonne les fecrets qu'ils auroient communiquez, de foutenir la primauté du pape, de recevoir les légats

du

du fiége apoftolique, & les traiter avec honneur, de défendre, conferver & augmenter les droits & privileges de l'église Romaine, de n'entrer dans aucun traité qui puiffe lui être contraire, de résister à ceux qui feront rebelles au faint pere, de fe rendre au concile quand ils y feront appellez; enfin de n'aliéner ni vendre leurs poffeffions que de l'aveu du pape. Le ferment qui fut propofé pour être substi

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tué à celui-ci, étoit conçu en ces termes: » Je N. Burnet hift. de la évêque de ** renonce entiérement & clairement à ref. 4. 2. p. 483.

» toutes clauses, paroles, sentences & concessions que

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j'ai ou aurai ci-après du pape, à cause de mon évêché, lesquelles auroient été en quelque forte, » ou pourroient être déformais préjudiciables & désavantageuses à votre majesté, vos heritiers & succeffeurs, votre dignité, vos droits & votre puiffan» ce royale ; je jure encore que je ferai fidele & obéisfant, garderai foi & loyauté à vous, monseigneur, & aux rois vos fucceffeurs pour vie & pour mort; que je vous honorerai continuellement plus que » le refte des créatures ; que je tiendrai pour vous & » les vôtres à vie & à mort contre toutes fortes de » gens ; que je vous affifterai de tout mon pouvoir » dans vos befoins & dans vos affaires, & que je tiendrai vos deffeins toujours fecrets, reconnoiffant » que c'est à vous feul que je dois mon évêché, vous priant de m'en faire reftituer le temporel, promettant, comme ci-deffus, que je ferai toute ma vie fi» dele & obéissant fujet de vous & vos fucceffeurs, & que je m'acquitterai fidelement des fervices & des >> autres chofes que je pourrai vous devoir en vûë de cette reftitution; ainfi m'aident Dieu & tous les Tome XXVII,

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Sf

l.

AN.

saints. Les communes ne purent déliberer sur cette N. 1532. matiere, parce que la pefte qui furvint à Londres, obligea le parlement à se séparer; ainsi cette séance finit le quatorze de Mai.

LI. Thomas Morus

Sander. de fchifm:

Burnet hist. de la

divorce to. 1. pag.

224.

Deux jours après, Thomas Morus grand chan quitte la charge de celier & homme d'un rare mérite & d'un très-bon grand chancelier. . jugement, qui prévoyoit depuis quelque tems que Agl. lib. 1 p 83. les démarches du roi alloient produire infailliblereforme l.1.p 184. ment une entiere rupture avec la cour de Rome,fe déLe Grand hift, du mit de fon emploi, en rendant au roi le grand sceau, lei6. du mois de Mai. Quelques-uns ont cru qu'il en avoit reçu un ordre fecret. D'autres difent qu'il avoit fouvent demandé fon congé, à cause de sa mauvaise fanté, & qu'on le lui avoit refufé, parce qu'il étoit néceffaire; pour cette fois ci, craignant sa trop grande probité, on avoit confenti à sa demande. Ce qu'il y a de constant, cft qu'il étoit fort hai du pere d'Anne de Boulen, lequel cherchoit dans fa conduite un prétexte pour le perdre, mais fa conduite fut toujours irreprochable. Henri voulant remplir la charge de Morus d'un homme qui lui fût entiérement dévoüé, jetta les yeux fur Thomas Aud ley, peu accommodé des biens de la fortune, habile dans les loix, mais fans confcience; il n'eut d'abord que le titre de garde du grand fceau, jusqu'au vingtfix de Septembre fuivant, qu'il fut revêtu de la charge de grand chancelier; & dans le même mois de Septembre, Henri fit Anne de Boulen marquise de Pembrok, voulant ainfi par degrez la conduite au

LIL
Brefs du papeClc-

ment Vii. au roi

trône.

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Le pape qui apprenoit avec beaucoup de douleur d'Angleterre. tout ce qui fe paffoit en Angleterre, avoit déja écrit

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