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preuves te. 3. pag.

au roi dès le vingt-cinquième de Janvier, & lui marquoit qu'il voyoit avec beaucoup de douleur! AN. 1532. Catherine fupplantée par Anne de Boulen; qu'une Le Grand bist. du conduite fi fcandaleufe étoit d'autant plus à con- divorce par ini les damner, qu'Henri avoit fait cette démarche avant saqissä. que le procès fût fini, & contre les défenfes expref-51 fes du faint fiege. Que néanmoins fa fainteté ayant égard aux fervices de ce prince, & confidérant qu'il alloit ternir tout d'un coup la gloire de plusieurs années, il l'exhortoit de rappeller Catherine,de chaf fer Anne, & de reparer le fcandale qu'il venoit de caufer à toute la chrétienté. On ne fçait pas quelle réponse Henri fit à cette lettre; mais on trouve en core un autre bref du même pape beaucoup plus fort que le premier, & datté du quinziéme de Novem1. bre 1532. dans lequel le fouverain pontife, après avoir exposé au roi tout ce qu'il a fait pour le ramener à fon devoir, lui représente qu'il ne peut refuser d'entendre les juftes plaintes de la reine, qui fe voit chaffée de la cour & fupplantée par une certaine Anne, avec laquelle il habite& qu'il traite comme fon époufe, au mépris des cenfures de l'églife, & contre les défenfes expreffes du faint fiege. Il Texhorte donç d'éloigner cette femme & de reprendre sa femme légitime, le fommant en cas de défobéiffance,de comparoître à Rome avec Anne de Boulen, pour y répondre fur le fcandale qu'ils caufoient l'un & l'autre en vivant comme mari & femme. Le pape finit son bref en affurant le roi que c'eft avec un vrai regret qu'il eft obligé d'en venir à ces extrémitez ; que s'il ne s'agiffoit que de fes intérêts particuliers, il les lui remettroit de bon cœur entre les mains; mais

que comme il y va de la gloire de Dieu, & de fon faAN. 1532. lut éternel, il fe voit malgré lui contraint d'employer ces fortes de remedes.

LIII.
Le roi d'Angleter-

re répond au pape,
Burnes pag. 177.

Le roi répondit au pape qu'on voyoit dans fes brefs beaucoup d'erreurs tant contre le droit divin que contre les loix humaines, qu'elles pouvoient être véritablement rejettées fur des confeillers ignorans ou étourdis, mais que fa fainteté étoit inexcufable de fuivre de fi dangereux conseils : il ajoûtoit qu'il avoit consulté les plus fçavans hommes de l'Europe, qui tous condamnoient fon mariage comme défendu par les loix, dont perfonne fur la terre n'avoit le pouvoir de difpenfer. Il difoit encore qu'on ne voyoit plus dans la chaire de faint Pierre, cette fcience & cette capacité qu'on devoit trouver dans ceux qui y étoient affis;que Clement lui-même avoit avoué fon ignorance, & confeffé qu'il ne parloit dans cette affaire que par la bouche des autres; au lieu que plufieurs univerfitez d'Angleterre, de France & d'Italie, avoient prononcé là- deffus avec connoiffance de cause. Henri proteftoit après cela qu'il n'avoit cedé à perfonne en vénération pour le faint fiége, & qu'il eût de bon cœur gardé fe filence en cette rencontre, fi la verité ne l'avoit pas obligé de parler, & s'il ne craignoit pas en obéissant aux lettres du pape, de bleffer fa confcience & fcandalifer ceux qui condamnojent fon mariage. Toutes ces confidérations lui faifoient croire que le fouverain pontife approuveroit la liberté, avec laquelle il lui expofoit les fentimens. Enfin il difoit à Clement VII. qu'ayant déja travaillé à remettre l'autorité des papes dans fes juftes bornes,il n'iroit pas plus avant,à moins

qu'on ne l'y forçât; mais qu'auffi il l'exhortoit de fe regler fur les fentimens d'un fi grand nombre de fça- AN. 1532

vans, & de faire fon devoir.

LIV.

VIII. en qualité

Quoique le pape s'apperçût affez qu'Henri VIII. étoit difpofé à en venir aux dernieres extremitez,il ne voulut pas faire éclater fon reffentiment; il fe contenta de fe plaindre aux ambassadeurs d'Angleterre, du mépris que leur maître faifoit de l'autorité du faint fiège; il accorda même au roi la permiffion d'employer le revenu de quelques abbayes, pour fonder fix évêchez, & pour lui donner des marques de fa bonne volonté, il voulut bien, malgré les oppofitions des agens de l'empereur, faire examiner en plein confiftoire, fi l'on pouvoit recevoir Edouard Karnés envoyé à Karnés pour excufateur, qui n'avoit ni lettres de Rome par Henri créance, ni procuration du roi, & qui étoit revêtu d'excufateur. d'un caractere nouveau, dont on ne trouvoit aucun exemple dans la chancellerie. Ce Karnés étoit arrivé à Rome accompagné de Bonner docteur très-zelé pour le roi, parce qu'il afpiroit à des bénéfices. Le but de cette députation étoit de prier le pape, de ne point citer Henri à Rome, & de lui accorder des commiffaires qui jugeaffent fon affaire dans fon royaume. Mais les agens de l'empereur empêcherent l'effet de cette demande; ils preffoient même le pape de prononcer la fentence, & peut-être la chofe auroitelle été exécutée, fi quelques cardinaux les plus modérez ne fuffent intervenus, pour engager fa fainteté à garder des mesures avec ce prince, fur tout ayant appris que les annates étoient fupprimées en Angleterre, ce qui leur fit comprendre que le roi feroit fecondé de tous les fujets. Le pape en fit de grandes

plaintes, mais on lui dit que le roi en étoit encore AN. 1532. le maître, & qu'il ne feroit point exécuter le ftatut du parlement, fi la cour de Rome lui avoit favorable.

LV. Confiftoire à Ro

les avocats des

Les Anglois fe plaignant de ne pouvoir trouver me où l'on entend aucun avocat en Italie, le pape déclara que tous parties. ceux qui voudroient parler en faveur de Henri, Burnet hist. de la pouvoient le faire fans crainte. On donna donc aur.form. liv. 2. P. dience à Karnés & Bonner en particulier

179.

après que le pape accompagné du cardinal de Monté, eut entendu les ambaffadeurs de Charles V. qui prétendoient qu'on ne devoit écouter ni ambassadeur, ni excufateur de la part du roi d'Angleterre. Mais à peine furent-ils retirez que fainteté fit entrer l'évêque de Worcester, & Gregoire Cafali ambaffadeur d'Angleterre quoiqu'Italiens, & après avoir été affez long tems avec eux, elle entra dans le confiftoire pour entendre les avocats des parties. Sigifmond Dondolo qui parla le premier en faveur de Henri, remontra qu'il n'étoit point obligé de comparoître à Rome, & demanda qu'on reçût Karnés pour fon excufateur. Don Pedre d'Arragon parla pour la reine Catherine, mais avec tant de calomnies & d'impoftures contre les Anglois, qu'on en vint aux injures de part & d'autre, & que le pape en colere leur commanda de fortir du confiftoire, fe retira lui-même avec ses cardinaux, tous très-mécontens & fcandalifez du peu de refpect que l'on avoit eu pour fa fainteté,& pour le facré college. Dans un autre con-fiftoire qu'on tint quelques jours après, Providelli un des plus fameux canoniftes d'Italie, plaida pour le roi d'Angleterre; don Pedre d'Arragon lui re

pliqua, & après beaucoup d'injures dites de part & d'autre, le pape & les cardinaux fe retirerent auffi mécontens que la premiere fois; en forte que pendant cinq mois que cette affaire dura, le tout se termina à conclure qu'on prieroit le roi d'Angleterre d'envoyer une procuration à fon excufateur, ce qu'il ne voulut pas accorder.

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Nouvelles propo

gleterre.

Cependant comme le tems qu'on lui avoit don- LVI. pour comparoître, ou pour envoyer fa procu- fitions que le pape ration alloit expirer, le pape voulut bien encore faire fait au roi d'Anquelques tentatives, & pour cela adreffa un bref au Burnet bift. de In roi, pour le requerir d'envoyer un procureur à Ro- reform. 1. 2. p. 185. me, & en même tems il lui fit faire ces propofitions, Premierement, que fi la cour d'Angleterre vouloit nommer un lieu neutre, il promettoit d'y envoyer un légat & deux auditeurs de Rote, pour y inftruire le procès, qu'enfuite le pape prononceroit la fentence. Deuxièmement, que fi tous les princes Chrétiens fignoient une trève de trois ou quatre ans, il convoqueroit un concile général avant qu'elle fût expirée. Le roi remercia le pape de ses offres, & lui envoya le chevalier Ellyot, pour lui dire qu'il ne pouvoit confentir à une tréve, telle qu'il la propo foit, que de concert avec le roi de France. En fecond lieu, que la conjoncture n'étoit nullement propre pour affembler un concile, à caufe des affaires que l'empereur avoit avec les princes Luthériens. Enfin, pour ce qui regardoit l'affaire du divorce, qu'étant roi d'Angleterre, il avoit les droits de fa couronne à conferver, & que les loix du royaume ne permet toient pas qu'aucun procès fût jugé dans une cour étrangere, que d'ailleurs les canons de l'église or

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