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Il alla auffi en Espagne en qualité de légat, & au retour de cette légation, il mourut d'un débordement de pituite à Rome un mardi douziéme de Novembre. Il eut beaucoup de part à l'amitié des hommes de lettres de fon tems; il fçavoit le latin, le grec, l'he

breu & le chaldéen, & fut fouvent confulté fur les difficultez qu'on trouvoit dans ces langues: il compofa auffi des vers latins qui font eftimez; on a de lui des remarques fur les trois premiers chapitres de la Genese, des commentaires fur quelques Pleaumes, des dialogues, des épîtres & des odes à la loüange de Jovianus Pontanus.

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AN. 153.2.

LXIII. Mort du cardinal

3. p. 95.

Le troifiéme eft Pierre Accolti, Italien d'Arezzo, né le quinziéme de Mars 1455. de Benoît noble ci- Pierre Accolti. toyen de Florence, & de Laura Federica. Après s'être Ciacon. ut fupràt. appliqué aux belles lettres dès fa jeuneffe, il alla à Pife étudier le droit, & y fit de fi grands progrès, qu'il le profeffa enfuite avec beaucoup d'applaudiffement, & que que la république de Florence le choifit pour pour être profeffeur public dans fon univerfité. Ensuite étant venu à Rome, il fut auditeur de Rote fous Alexandre VI. & fous Jules II. Ce dernier lui donna l'évêché d'Ancone, puis le créa cardinal du titre de faint Eufebe dans le mois de Mars 1511. d'où il fut appellé cardinal d'Ancone. Il gouverna fon évêché jufqu'en 1514. dont il fe démit en faveur de François Accolti fon neveu, avec l'agrément du fouverain pontife. Quelque éloignement qu'il eût des dignitez eccléfiaftiques, il ne put fe refufer aux inftances des papes, qui l'obligerent de fe foumettre. Jules II. le fit évêque de Cadix, Leon X. lui donna l'évêché de Mallezais, Adrien VI. ceux d'Ar

ras & de Cremone fucceffivement; enfin Clement AN. 1532. VII. le fit archevêque de Ravenne, & comme.cardinal il fut évêque d'Albano, de Preneste & de Sabi ne; enfin légat de l'armée du pape contre les François. Il mourut à Rome le douzième de Décembre 1532. âgé de septante-huit ans, & fut enterré dans l'église de fainte Marie del Popolo: on le fait auteur de quelques traitez hiftoriques.

Cenfure de la fa

tienne le Court

D'Argentré in

collect. to. 2. p. 93. & feq.

LXIV. Le premier jour de Février de cette même année culté de théologie 1532. la faculté de théologie de Paris, fur la requifide Paris contre Etion de l'archevêque de Rouen & de l'inquifiteur de curé de Condé. la foi, cenfura plufieurs propofitions avancées par M. Etienne le Court curé de la paroiffe de Condé, dans le diocefe de Séez. Ce curé ayant été condamné comme hérétique par fon évêque en avoit appellé à l'archevêque de Rouen, qui fuivant l'usage de ce tems-là voulut avoir l'avis de la faculté de théologie de Paris, avant que de proceder contre l'accufé. Les docteurs s'affemblerent, & d'un confentement unanime cenfurerent d'abord vingt-neuf propofitions contre les facremens, les indulgences, l'autorité du pape, la présence réelle, le facrifice de la messe, le culte des faints & des images, le purgatoire & d'autres; enfuite seize fur l'églife, les actions qui préce dent la juftification, la grace, & plufieurs autres fur differens fujets. Toutes ces propofitions furent cenfurées en particulier, mais il y en a plusieurs dont la censure demanderoit des éclaircissemens qui ne font pas de notre fujet.

LXV. Anabaptistes ré pandus dans les

Pays-Bas.

Pendant que la faculté veilloit ainfi pour conferver le dépôt de la doctrine, les Anabaptiftes chaf fez de la haute Allemagne, où ils s'étoient répan

AN. 1532.

à Amfterdam en

Meshof historia

dus, particulierement dans la Weftphalie, se jetterent dans le Pays-Bas, & infecterent de leurs erreurs une grande partie de ces provinces. Alors on n'y entendit Hift. des Anabapt. parler que de vifions & de revelations, chacun s'y 1700. érigeoit en prophéte, & débitoit fes rêveries au peu- Anabaptist. I. 5. ple, comme les plus grandes véritez évangeliques; & ces peuples, qui à peine fçavoient lire,les croyoient comme des hommes envoyez de Dieu. Quand les Catholiques leur alleguoient les faintes écritu res, pour les convaincre d'erreur, ils avoient recours à leurs rêveries, & affuroient que c'étoit l'efprit de Dieu, qui les leur enfeignoit. Leur parti fortifié d'un grand nombre de perfonnes de toutes fortes d'états, ils publierent un livre intitulé, l'ouvrage du rétablißement, dans lequel ils établiffoient qu'avant le jour du jugement,il y auroit un royaume temporel de Jefus-Chrift fur la terre, où les faints c'est-àdire ceux de leur fecte, regneroient après avoir exterminé les puiffances & les impies; qu'ils avoient déja commencé ce royaume, & qu'il n'y avoit plus qu'à achever, qu'il ne fe trouveroit aucun impie dans leur communion? que toutes chofes devoient être communes ; que selon la nature, à laquelle la loi de Dieu n'eft point contraire, il étoit permis d'avoir plufieurs femmes. On voit encore plufieurs autres erreurs monftrueufes fur la Trinité & l'Incarnation,

Ces hérétiques avoient pour chefs Melchior Hofman, David George, Jean Matthieu, Jean Becold Jean de Geelen, & Jacob de Campen. Le premier qui étoit de Suede faifoit le mêtier de Pelletier ou Megiffier, & fut le premier qui dans la haute - Allemagne prêcha le royaume de Jefus-Chrift fur la terre

,y

ou l'erreur des Millenaires, & les dogmes pernicieux AN. 1532. des Anabaptistes au sujet de l'incarnation.Il fe fit des fectaires, qui firent beaucoup de bruit. Dans le cours de fes voyages il vint à Strasbourg, y prêcha la revolte, y fut arrêté & mis en prifon, & n'en fortit qu'à la follicitation de fes émiffaires. De Strasbourg il fe rendit à Embden où après avoir formé un parti confidérable, il établit l'épiscopat, l'exerça à sa façon, & nomma pour fon fucceffeur Jean Tripmaker. Sa tête remplie de grands projets, qui tous tendoient à établir une moranchie univerfelle, il quitta Embden, & en commit le foin à Tripmaker, & à Jean Matthieu, & revint à Strasbourg en 1532. dans l'espérance de s'en rendre maître. A fon arrivée il fit grand bruit contre les prédicateurs de la prétenduë réforme, qu'il y trouva, & voulut leur prouver que Jefus-Chrift n'avoir pas pris chair dans le fein de la Vierge Marie; mais que Dieu avoit été fait homme par lui-même, & indépendamment de cette Vierge. Que celui qui péchoit volontairement après avoir eû la grace, ne pouvoit plus être reçû en grace, & que le falut confiftoit dans nos forces, & dépendoit uniquement de nous mê

LXVI.

Erreurs de Mel

fa mort.

de orig. & prog.

mes.

Hoffman prétendoit auffi, que le jour du jugechior Hoffman, & ment arriveroit en 1543. Marchrad Freher, Schuldorpius, & quelques autres miniftres Luthériens le Frederic Spanheim refuterent, & il leur répondit avec aigreur. Ses dif Hortius hift. ciples débiterent qu'il étoit le prophete Elie, qui deAnabapt. voit paroître avant le jugement. L'un d'eux prédit Raynald. ad hunc qu'il feroit emprifonné à Strasbourg, mais qu'il seann. n. 89. & 90. roit délivré de sa prison au bout de fix mois. Mais

Anabapt.

Meshov. lib. 5.

il

il ne dit vrai qu'en partie ; car Hoffman de retour à Strasbourg en 1532. y fut arrêté par le magistrat, & mis en prifon, où on l'enferma avec Polterman qui fe difoit Enoch. Cette détention allarma les Anabaptistes. Quelques fanatiques, pour les rassurer, coururent les rues de la ville, & par tout parloient d'Hoffman comme d'un grand prophéte que Dieu retireroit bien-tôt de fa prifon triomphant de ses ennemis, & le feroit accompagner de cent quarantequatre mille prophetes qui font toujours avec l'Agneau, abusant ainfi du paffage de l'Apocalypfe. Ce fut pendant qu'on répandoit ces bruits, que Hoffman mourut dans fa prison dévoré par le chagrin, & abandonné de la plupart de ceux fur qui il comptoit. Il laissa néanmoins un grand nombre de fectateurs, à qui l'on donna le nom de Melchivistes. Après fa mort Tripmaker entreprit de répandre l'Anabaptisme dans la Hollande, & il fut brûlé à la Haye.

AN. 1532.

Confiftoire pour

voiera un nonce à

ann. n.7.& 8.

Charles V. ayant deffein de quitter Boulogne où LXVII. il étoit toujours avec le pape,le fit enfin convenir d'en- fçavoir fi on envoyer un nonce en Allemagne pour prendre des me- r'électeur de Saxe. fures fur la convocation du concile, & qu'il écriroit Raynald, ad hunc en même tems aux princes d'Allemagne, pour leur apprendre fes réfolutions. Charles offrit auffi d'envoyer un ambaffadeur qui accompagneroit le nonce. Ce qui embarraffoit le pape,c'eft qu'il ne croyoit pas convenable d'envoyer un nonce à Frederic nouvel électeur de Saxe, parce qu'il étoit conftant que ce prince protegeoit ouvertement Luther & fa doctrine. Pour examiner quel parti il prendroit, il affembla fon consistoire, & après une grande diverfité de fentimens, on conclut que ce n'étoit plus le tems de Tome XXVII.

V u

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