Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ce corporelle, il en fut offenfé, & ne voulut point admettre les expreffions dont ils se servoient.

AN. 1533.

neve.

CXVI.

Voyez plus haut

neve tom. 1. liv. 2.

332.

A Geneve Guillaume Farel, & Antoine Saunier, La nouvelle réfor ayant été tous deux obligez par arrêt du confeil épif- me s'établit à Gecopal de vuider la ville fur peine de prifon; Antoi ne Froment disciple de Farel, voulut foutenir feul art. 25. de ce lvore. la cause de son maître, & pour y réüffir, il fit affi- Spond. bift. de Gecher dans Geneve qu'ils enfeignoit à lire & écrire P. dans l'efpace d'un mois. Sous ce pretexte il inftruifoit les jeunes gens, & d'autres de la doctrine des' Proteftans : & fe fit beaucoup de difciples. Dans le même tems prêchoit un cordelier nommé Chriftophle Bouquet, dont les fentimens n'étoient pas orthodoxes. Au fortir de fes fermons, on alloit entendre Froment dans une falle ; & le premier jour de l'année 1533. la foule des auditeurs fut fi nombreuse qu'on le prit, & on le porta dans la place du Molard afin qu'il prêchât publiquement; le peuple criant: prêchez-nous la parole de Dieu. Froment y fit un long discours, au milieu duquel le magiftrat arriva, pour lui faire commandement de fe taire. Ce qu'il refufa, abufant de ces paroles, qu'il valoit mieux obéir à Dieu qu'aux hommes; ce qui obligea le confeil de s'affembler, & de décreter prife de corps contre ce: nouveau prédicateur qui prit la fuite

CXVII.
Les Suiffes du can`

ton de Fribourg
'oppofent à ces

nouveautez.

Ceux du canton de Fribourg, avertis de ces nouveautez, envoyerent leurs députez à Geneve, pour déclarer aux habitans que s'ils recevoient l'héréfie, ils romproient l'alliance. Le confeil répondit, qu'il spond. hist. de Goạ employoit tous les foins pour l'empêcher, qu'il avoit neve ut sup. p. 3331 même exhorté le grand vicaire de poursuivre vivement cette affaire: ce qui parut fatisfaire les dépu

[ocr errors]

tez. Mais les Proteftans ne laissoient pas de s'affemAN. 1533. bler dans les maisons, & d'y expliquer l'écriture sainte à leur maniere; ils firent même leur premiere céne dans un jardin hors la ville, & elle y fut diftribuée par un nommé Jean Guerin Bonnetier que le peuple regardoit comme un fçavant théologien, quoique ce ne fût qu'un artifan. Peu de jours après Guerin étant recherché par les magiftrats, s'enfuit, & il fut depuis miniftre à Neufchâtel. Un religieux prêchant dans le couvent de Palaix, & criant beaucoup contre les Luthériens, Robert Olivetanprécepteur des enfans de Jean Chantems & parent de Calvin, fe leva & difputa contre lui; ce qui excita: tant du tumulte, que s'il n'eût été protégé par ceux de de son parti, on l'auroît mis en piéces.

CXVIII.

entre les Catholi

ftans.

Les Suiffes du canton de Berne, qui avoient embraffé la doctrine de Zuingle, ayant appris ce qui s'étoit paffé Geneve, y envoyerent un deputé pour représenter au confeil, qu'on faifoit mal de perfecu ter ceux qui vouloient prêcher l'évangile, & parler de Dieu, ce qu'on avoit fait à l'égard de Farel, & ces reproches étoient joints à des menaces de rompre l'alliance faite avec les Genevois, fi l'on ne permettoit pas la prédication de la nouvelle doctrine. Ces plaintes des Bernois cauferent de grands troubles dans

Geneve.

Les Catholiques prirent les armes pour se venger 3édition à Genere de ceux qui avoient mandié ces lettres du canues & les Prote- ton de Berne. Les Proteftans fe mirent en état de défenfe ; il y eut beaucoup d'hommes tuez,la ville étoit à la veille de fe voir dans une horrible confufion. L'air retentiffoit des écris des eccléfiaftiques, qui ani

moient le peuple, & des pleurs des vieillards, qui s'attendoient à voir leurs enfans s'entretuer ou à pe- AN. 1533. rir eux-mêmes de la main de ceux à qui ils avoient donné la vie. On avoit fermé les portes de la ville, & préparé l'artillerie pour affieger la maifon d'un certain Baudichon de la maison neuve, où plus de deux cens Proteftans s'étoient retirez, tous gens de résolution. On n'ofoit parler de paix dans la crainte d'être foupçonné de Luthéranifme; mais par la médiation de quelques marchands de Fribourg, on en vint à un accommodement; les ôtages furent donnez de part & d'autre, & le conseil fit publier le lendemain ces articles. 1. Que toutes inimitiez ceffe toient, & qu'on vivroit en bonne union fans s'attaquer les uns les autres de fait ni de paroles. 2. Que perfonne ne parleroit contre les facremens de l'églife, & qu'on laifferoit chacun vivre en liberté. 3. Qu'on obferveroit l'abftinence des viandes les vendredi & famedi. 4. Qu'aucun ne prêcheroit fans la permiffion des fuperieurs & fyndics; qu'on n'avanceroit rien dans les sermons, qui ne fe pût prouver par la fainte écriture. Les deux partis leverent la main, les féculiers devant les fyndics, & les eccléfiaftiques devant le grand vicaire.

[ocr errors]

CXIX. L'évêque de Ge

quinze jours après Spond hift de Geneve ut fuprà.

Cette paix néanmoins ne fut pas exactement obfervée. Dans le mois de May on reprit les armes, un neve arrive & part chanoine nommé Verly fut tué, le fyndic fut bleffé, & les députez de Berne employerent leur crédit pour obtenir la liberté de confcience jusqu'à l'arrivée de l'évêque. Ce prélat y párut enfin le premier de Juillet, mais il en partit quinze jours après, pour fe ranger du parti du duc de Savoye contre la ville. Tome XXVII.

[ocr errors]

Le confeil le pria inftamment de demeurer pour AN. 1533. mettre ordre aux affaires, mais foit qu'il craignît quelque fédition, ou qu'il eût d'autres deffeins fecrets, il prétexta fon départ fur ce qu'il devoit aller en Franchecomté, où l'empereur faifoit tenir les états, & promit de revenir dans peu. Sur la fin de l'année un docteur de Paris nommé Fubity, étant venu de Montmelian pour prêcher l'Avent à faint Pierre, déclama beaucoup contre la doctrine des Proteftans. Froment qui étoit de retour à Geneve, reprit publiquement ce prédicateur, & les defordres recommencerent. Ce qui obligea les Bernois à envoyer un député pour fe plaindre qu'on chafsoit les ferviteurs de Dieu, qui ne prêchoient que la pure doctrine, au lieu qu'on devoit plûtôt chaffer ceux qui, comme Furbity, ne prêchoient que l'erreur & le blafphême. Le concile,pour contenter les Bernois, mit ce docteur aux arrêts, & écrivit à Berne que Furbity étoit arrêté, qu'ils ne fçavoient pas néanmoins qu'il les eût outragés, & que s'ils l'avoient entendu, ils ne l'auroient pas souffert, eû égard à la consideration qu'ils avoient pour leurs feigneuries. Dans le même tems, un député de Fribourg arriva, & apporta des lettres, qui contenoient qu'on avoit appris que Farel étoit à Geneve avec d'autres de fon parti, pour prêcher la doctrine nouvelle ; qu'ils fe donnaffent bien de garde de le permettre, qu'autrement il n'y auroit plus d'alliance entr'eux ; mais leurs remontrances furent inutiles.

CXX.

Le pape approuva dans cette année par une conEtablilement de ftitution datée de Boulogne le dix-huitiéme de Fédes Barnabites. vrier, la congrégation des clercs regulers de faint

la congrégation

AN. 1533.

ment. VII. conftit.

Paul dits Barnabites, dont trois gentilshommes, Antoine-Marie Zacharie, Barthelemi Ferrari & Jacques Morigia, avoient jetté les premiers fondemens à Mi- Bullar. to. 1. Clelan dans l'année 1530. mais ils ne furent confirmez 37. dans leur établissement qu'en cette année 1533. encore ne firent-ils des vœux folemnels qu'en 1535. après en avoir obtenu la permiffion de Paul III. qui leur donna le nom de clercs réguliers de saint Paul, les mit fous la protection du faint fiége, & les exemta de la jurifdiction des ordinaires.

CXXI.

de Paris.

t. 1. p. 7. ad cal

cem.

La faculté de théologie de Paris fit auffi quelques Cenfures de la facenfures dans cette année. La premiere dattée du dou- culté de théologie ziéme de Janvier,fut portée à l'occasion d'une remon- D'Argentré in coll. trance de Molendino chantre de la Sainte-Chapelle, jud. de nov. error. fur la demande que faifoient meffieurs du parlement qu'on leur envoyât fix docteurs,à qui la cour pût communiquer quelques articles qui concernoient la foi : l'on députa Clerici, Molendino, Valentin, Ruffy, de Cornibus, & Proby, avec la permiffion qu'on accorda à ces députez d'en appeller d'autres avec eux s'ils jugeoient que cela fût néceffaire : & dans le même tems la faculté délibera que dans l'assemblée prochaine on feroit un article pour examiner ceux qui pourroient être fufpects d'héréfie, tant parmi les do&teurs que les bacheliers, & y pourvoir, afin de fatisfaire à la demande du roi. Le syndic Noël Beda se plaignit auffi de deux religieux bacheliers, qui avoient avancé dans leurs thefes des chofes contraires à la faine doctrine, & l'on réfolut de leur interdire l'école, & la permiffion d'argumenter, jufqu'à ce qu'ils fe fuffent justifiez.

Le dix-neuvième du même mois de Janvier, la

« AnteriorContinuar »