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CXXII.

On oblige Jerôme

tracter.

D'Argentré ibid.

faculté affemblée aux Mathurins, pour entendre les AN. 1533. fcédules de ceux qui devoient entrer en licence, Jerôme Sallignas lut la fienne pour foutenir la forboniSallignas à fe re- que, & le fyndic Beda le reprit d'avoir soutenu dans fa mineure ordinaire des propofitions pernicieuses, eu égard aux conjonctures préfentes; il lui cita entr'autres celle-ci, qu'aucun laïque n'est obligé à la priere vocale; & le fyndic lui demanda s'il vouloit le foutenir dans le fens qu'elle préfente; que s'il étoit dans cette résolution, lui fyndic s'oppofoit à la réception jufqu'à ce que la faculté en eût déliberé. Sallignas répondit qu'il n'approuvoit point le fens mauvais que fa propofition pouvoit fouffrir, qu'il le condamnoit même, que ce n'avoit jamais été fon fentiment, & qu'il vouloit toute fa vie penfer comme la faculté. Le fyndic lui demanda encore comment il expliquoit la propofition contenuë dans la même thefe, que les facremens ont pû être instituez par un pur homme. Et Sallignas répondit qu'il n'avoit voulu dire autre chofe, finon qu'une pure créa ture par la puiffance abfoluë de Dieu a pu fatisfaire à Dieu pour le peché du premier homme. Que cela pofé, une telle créature auroit pû inftituer des facremens quant aux matieres & quant aux formes. A quoi le fyndic repliqua, que cette explication renfermoit plus de curiofité que d'édification, & parce que Sallignas dit qu'il étoit du fentiment de la faculté, on en demeura là.

CXXIII.

La faculté approu

qui

Le douziéme de Février, oui le rapport des doc. ve les fermons de teurs Loret, Gillan, Devilliers & Quefirus, avoient été nommez par la faculté pour examiner les fermons de Me Clichtou, docteur & chanoine de

M. Clichton

l'églife de Carentan, qui paroiffoient imprimez, fur l'oraifon dominicale, la falutation angélique, le fymbole, le décalogue, les fept facremens, les dimanches & fêtes de l'année, les myfteres de la fainte Vierge, & d'autres faints; la faculté accorda fon approbation à ces difcours, & permit qu'ils fuffent publiez.

Le vingt-fixiéme de Novembre elle s'affembla chez les Dominicains, & devant elle comparurent deux religieux Auguftins, qui avoient debité dans leurs fermons beaucoup de chofes repréhensibles, & fur tout un d'eux nommé Coureau dans les difcours qu'il avoit prêchez à faint Sauveur. On nomma des commiffaires pour en informer,& faire leur rapport; & on s'affembla à ce fujet : mais parce que l'un d'eux ne comparut pas, on remit la déliberation au lendemain. Ce jour-là un des deux accufez fe trouva aux Mathurins, où il fit fes excufes fur les propofitions qu'on lui imputoit, & il parut fe foumettre avec tant d'humilité, que la faculté, après l'avoir fait retirer & après avoir déliberé pendant plus d'une demie-heure, le fit appeller par Nicolas Ulreare, qui tenoit la place du doyen: l'accusé dit qu'il rétractoit sincérement ces propofitions, en présence de toute la faculté. Et le premier de Décembre il fe présenta, & pria la faculté de lui pardonner, promettant de ne plus enfeigner les mêmes chofes, & condamnant tout ce qu'il avoit dit d'oppofé aux fentimens reçus ; mais quelque division s'étant élevée parmi les docteurs, & le nombre n'étant pas fuffifant pour décider, on fe retira.

AN. 1533.

la

CXXIV.
Le roi fe plaint à

faculté de enel

docteurs in

Le vingt-neuviéme Décembre la faculté s'affembla chez les Mathurins à l'occafion du zéle que té feciez de l'héréfie.

ques

moignoit le roi François I. pour extirper l'héréfie de AN. 1533. fon royaume,& empêcher qu'on n'y répandît la mauD'Argentré ut vaife doctrine. On y chanta une meffe folemnelle du Jup. t. 1. in append. Saint-Esprit pour en rendre à Dieu des actions de graces, & le prier de fortifier sa majesté dans un si pieux deffein, & d'accorder à fon zéle d'heureux fuccez. Après la messe M° Pierre de Cornibus présenta à la faculté un bref du pape dont on fit la lecture devant tous ceux qui étoient préfens. Comme ce bref étoit plein des témoignages de bonté & de bienveillance de Clement VII. envers la faculté, elle délibera pour en remercier le pape & lui écrire, après en avoir obtenu la permiffion du roi. Et fur la plainte que fit le même docteur de la part de fa majefté, que quelques membres de la faculté donnoient dans les nouvelles erreurs, & fe laiffoient féduire par l'hérésie ; la faculté prit la réfolution de procéder contre eux, & de prendre dans la prochaine affemblée les expédiens convenables pour satisfaire à la demande du prince.

CXXV. L'héréfie com

duire en France.

mond hift. de la naissance de l'hé

refil.7.ch. 3.

Les plaintes du roi sur le progrès que l'hérésie faimence à s'intro foit dans fon royaume étoient bien fondées, & il Florimond de Re- y avoit déja long-tems que Luther & Zuingle y avoient envoyez quelques-uns des plus habiles de leurs difciples, pour y répandre leurs erreurs. L'évêque de Meaux Guillaume Briçonnet s'étoit d'abord laiffé furprendre par ces nouveaux docteurs ; mais le parlement ayant fait informer contre eux, ils fe fauverent en Allemagne, & le prélat reconnut fa faute. L'héréfie dans la fuite ne laiffa pas de trouver quelque protection à la cour de France par le moyen de Marguerite de Valois fœur de François I.

laquelle en 1527. avoit époufé Henri d'Albret II. du nom, qui portoit le titre de roi de Navarre, dont Ferdinand le Catholique s'étoit emparé. Cette princeffe avoit beaucoup de penchant pour les nouvelles opinions. Jacques le Fevre d'Etaples obligé de s'enfuir de Meaux en 1523. s'étoit retiré d'abord à Blois, & quelques années après s'étoit rendu en Bearn auprès de cette princeffe, qui y réfidoit alors avec fon mari. Elle accorda aifément retraite dans fes états à tous ceux qui vouloient éviter les pourfuites. de la juftice : & ce fut dans cet efprit qu'elle reçut entr'autres Gerard Rouffel, à qui elle accorda fa confiance,qu'elle fit d'abord abbé de Clerac, enfuite évêque d'Oleron; elle prenoit plaifir à l'entendre parler de la religion, & favorifoit ouvertement tous les religieux qui quittoient leur profeffion.

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AN. 1533.

Le roi informé de fa conduite & de fes fentimens, lui manda de le venir trouver, & de fe faire conduire par le fieur de Burie gouverneur de Guyenne. Sa majefté qui l'aimoit infiniment, & qui fe fouvenoit des fervices qu'elle lui avoit rendus dans fa prison de Madrid, la reçut avec joye, & après quelques reproches fur fon inclination aux nouvelles opinions, il lui donna toutes fortes de marques d'eftime & d'amitié. La princeffe s'en fervit adroitement pour infinuer en quelque forte une partie de fes propres fentimens dans l'efprit de fon frere, ou du moins pour lui en infpirer moins d'éloignement. Elle le mena au fermon d'un nommé le Cocq curé de faint Eustache, qui prêcha affez clairement l'héréfie de Zuingle fur l'euchariftie, prenant pour texte ces paroles de faint Paul. » Ne cherchez point ce qui eft

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fur la terre, mais ce qui eft au ciel, où JefusAN. 1533. » Christ eft affis à la droite de fon pere; infinuant fous des expreffions équivoques, qu'il ne falloit pas s'attacher à ce qui eft fur l'autel quand on célébré la messe, mais qu'il falloit s'élever par la foi jufqu'au ciel pour y trouver le fils de Dieu, fuivant ces paroles du prêtre; élevez vos cœurs, Surfum corda. Le roi voulut voir le prédicateur en particulier; il le fit venir dans fon palais, il l'écouta dogmatiser à fon aife; mais les cardinaux de Lorraine & de Tournon obligerent ce curé à fe retracter publiquement en préfence de fa majesté, & à confeffer hautement qu'il s'étoit trompé.

CXXVI. 'La reine de Na

les heures enFran

çois.

P. 13.

Ce mauvais fuccès ne ralentit pas l'ardeur de la varre fait traduire princeffe pour la nouvelle doctrine, elle employoit tous les foins pour gagner le roi fon frere, & engaBeze hift ecclefiaft. gea Guillaume Parvi docteur de Sobonne, évêque de Senlis, & confeffeur de fa majesté, à lui traduire en françois les prieres latines de l'église, dont on avoit retranché une bonne partie, & qu'elle fit imprimer;elle même compofa un ouvrage en vers fran, çois, intitulé le miroir de l'ame pechereße, où il n'étoit fait aucune mention de faints & de faintes, ni de merites, ni de purgatoire, & même la priere qu'on appelle, Salve Regina, y étoit appliquée en françois à la perfonne de Jefus-Chrift. Ce livre fut auffi imprimé dans cette année 1533. Ce qu'il contenoit irrita extrêmement la Sorbonne, & Noël Beda fyndic de la faculté en follicita fortement la condamnation. La princeffe s'en plaignit au roi, qui voulant fçavoir les raifons de cette condamnation, fit venir le recteur de l'Université, alors Nicolas Cop,qui dé

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