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AN. 1528." mettoient leur commiffion, comme ils firent : aufft " jamais Henri VIII. ne s'est prévalu de cette bulle. Il dit feulement dans une lettre que l'on produit, fur une copie fans datte, & dont on fait voir la fauffeté, que le pape lui a donné une décrétale. Gardiner, évêque de Vinchefter, qui étoit venu de Rome à Londres avec Campege, & qui depuis fut » encore envoyé vers le pape, pour empêcher que la caufe ne fût évoquée, ne fait aucune mention de » cette bulle dans fon traité de la véritable obéïfsance, » où il attaque de toute fa force l'autorité de la cour de Rome; & de tant de gens qui ont écrit pour » le divorce, depuis 1530. jufqu'en 1533. il n'y en » a eu aucun qui fe foit plaint, que le pape ait donné » une bulle qui cassât ce mariage, & qu'il l'ait ensuite fupprimée. Les auteurs Ultramontains font les

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miers qui ayent parlé de cette bulle fur un bruit confus, fans avoir jamais fçû ce qu'Henri ou Wolsey demandoient au pape ; & depuis une erreur popuVarillas dans laire s'eft établie, qu'on a eu grand foin d'appuyer. Varillas dit de même que cette bulle n'est pas vraisemblable; ce qui eft certain, c'eft qu'elle n'avança pas l'affaire.

Phiftoire de

l'hérésie, tom.

I. in quarto

liv. 9. pag.

370,

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Pendant que Campege amusoit le roi Henri en Angleterre, le pape prenoit des mesures pour faire fon traité avec l'empereur, & cherchoit des prétextes pour le féparer des rois de France & d'Angleterre, depuis que les affaires de France alloient fi mal en Italie, que Lautrec étoit mort au milieu de ses trou-pes, que la pefte défoloit fon armée, & que l'expédition de Naples avoit fi mal réuffi. Il fe plaignoit que François I. & Henri VIII. ne lui avoient pas tenu

parole, en lui faifant rendre Ravenne & Cervia, comAN. 1528. me ils le lui avoient promis; par-là il vouloit faire entendre qu'on ne devoit pas trouver étrange qu'il ne fe hâtât pas de contenter le roi d'Angleterre, puifque ce prince négligeoit de lui faire rendre juftice par les Venitiens. Il auroit fouhaité, qu'on eût crû que cela feul arrêtoit le jugement de l'affaire; mais de quelque précaution qu'il ufât, Henri & Fran çois I. furent bien-tôt informez de la négociation que sa sainteté entretenoit en Efpagne ; ils lui en firent faire leurs plaintes; mais elle nia conftamment qu'el le eût jamais pensé à se départir de la neutralité; & pour diffiper ces foupçons, qu'elle appelloit mal fondez, elle envoya en Angleterre Campana, pour af furer de nouveau Henri de fes bonnes intentions: mais en même-tems elle chargéa cet envoyé ďún ordre exprès à Campege de brûler la bulle dont on a parlé, & de différer autant qu'il pourroit le jugement du divorce. Campege exécuta fur le champ le premier de ces ordres, & trouva depuis ce tems-là de nouveaux prétextes pour le retardement des procé

dures.

Catherine,

terre, s'adref

nand.

La conduite de la reine Catherine y contribua, XLVII. elle ne négligecit rien pour engager l'empereur, & reine d'Anglel'Archiduc Ferdinand fes deux neveux à la protégere a l'empereur elle fe plaignit à eux de la conduite du roi, & encore & à Ferdiplus de celle de Wolfey, leur donna avis de toutes les difficultez qu'on formoit contre fon mariage, & demanda leur affiftance & leur confeil. Ils recurent avec joïe cette occafion d'embarraffer le roi Henri', & confeillerent à Catherine de ne jamais confentir à entrer en religion, & de ne se point relâcher de fes

droits; ils lui manderent encore qu'ils avoient affez AN. 1528. de pouvoir à Rome pour lui faire rendre juftice, & qu'au pis aller, fi l'on en venoit aux extrémitez, ils fçauroient toujours foutenir les intérêts de fa fille. Catherine appuyée fur ces promeffes, refusa constam10. pag. 22. &ment le divorce, & continua de vivre avec le roi com

23.

Campege ex

volontaire

C.

me auparavant, sans paroître ni plus grave, ni plus trifte, & ayant toujours avec lui même lit, & même table. Campege de fon côté ne ceffoit d'exhorter le roi, de la part du pape, de ne point quitter la reine, eu égard au tort qu'il feroit par-là à sa réputation, & aux guerres qu'il auroit à foutenir contre l'empereur. Mais voyant que ce prince ne fe rendoit point à fes raisons, & craignant les fuites d'une telle XLVIII. affaire, il confeilla à Catherine, fuivant l'ordre qu'il horte Catheri- en avoit reçu du pape, de fe féparer volontairement ne à fe féparer d'Henri, & de fe retirer dans un monaftere. Mais ment du roi. comme il eft difficile de quitter une couronne, quand on a droit de la porter, & de renoncer à sa liberté, quand on croit pouvoir en joüir, Catherine n'écouta point ces propofitions. Le vingt-feptiéme d'Octobre, les deux légats appréhendant de plus en plus les conféquences de fa fermeté, vinrent la trouver, accompagnez de l'archevêque de Cantorbery, de l'évêque de Londres, & d'autres prélats, & la folliciterent de nouveau d'entrer dans un couvent; mais elle leur déclara nettement, que puifqu'on penfoit à la faire entrer par force, dans un lieu où fon inclination l'au roit affez portée si on l'eût laissé agir librement, elle maintiendroit tant qu'elle auroit de vie, le mariage auquel Dieu l'avoit appellée; elle ajouta que les juges qu'on lui avoit donnez lui étoient, fufpects, qu'ils

avoient été obtenus fur un faux expofé, qu'ils lui étoient contraires, fur tout Wolfey qui ne lui avoit attiré la perfécution qu'elle fouffroit, que parce que l'empereur n'avoit pas agi pour l'élever à la papauté, qu'ainfi elle les récufoit; enfin qu'elle ne pouvoit le défifter de fes pourfuites, fans faire un tort irréparable aux droits de fa fille, qui lui étoient beaucoup plus chers que les fiens; elle demanda cependant un conseil, & on lui permit de faire venir de Flandre un procureur, un avocat & un confeiller, qui vinrent en effet en Angleterre, mais qui n'y demeurerent pas long-tems, parce qu'on craignit que leur préfence n'excitât les Anglois à la révolte, à caufe des mauvais traitemens qu'on faifoit à la reine.

Pour faire voir la justice de ses prétentions, Catherine produifit la copie d'un bref, qui contenoit une difpenfe plus ample que celle de la bulle, fur la quelle les légats vouloient juger cette affaire, & qui réparoit tous les défauts de cette bulle. Le pape difoit dans la préface de ce bref, qu'Henri & Catherine lui avoient expofé, qu'ils fouhaitoient se marier enfemble, pour conserver la paix entre les deux rois, qui fans ce mariage feroient toujours divisez, & que pour cet effet, ils lui demandoient la difpenfe dont ils avoient befoin; & dans le corps du même bref, le pape ajoutoit que, vû les raifons des expofans, il accordoit à Henri la permiffion d'époufer Catherine, quand même cette princeffe auroit confommé fon mariage avec Arthus, au lieu que dans la bulle il étoit expreffément marqué, que fuivant la fupplique d'Henri & de Catherine, le mariage de cette princeffe avec Arthus avoit peut-être été confommé, forfitan: il est

AN. 1528.

XLIX.

Nouveau bref produit fur

que la reine

fon mariage

vrai

que Catherine ne produifoit qu'une copie de ce AN. 1528. bref, mais elle prétendoit que l'original étoit entre les mains des Espagnols, & ceux-ci difoient eux-mêmes qu'ils le poffédoient, & qu'ils l'avoient tiré d'entre les papiers de D. Puebla, qui étoit leur ambassadeur en Angleterre au tems du mariage de Catherine. Pour s'affurer du fait, on écrivit auffi-tôt à l'évêque de Worcefter, & au docteur Lée ambassadeur en Espagne, de chercher ce bref en ce pays-là, mais il ne paroît pas que leurs recherches ayent produit quelque chose d'utile, ni que ce bref ait été trouvé; on envoya aussi François Brian & Pierre Vannes à Rome pour le même fujet ; & ces deux agens furent fuivis par les docteurs Knyght & Benet, qui devoient travailler conjointement avec eux.

L.

Propofitions

que le roi

d'Angleterre

fait faite à

Rome.

Ces derniers envoyez pafferent par Paris, où François I. leur donna des lettres, par lesquelles il ordonnoit aux ambaffadeurs qu'il avoit à Rome de fe joindre à ceux qui folliciteroient pour Henri.

Etant arrivez à Rome, ils rendirent ces lettres à ceux à qui elles étoient adreffées, & chercherent enfuite avec foin dans la chancellerie de Rome le bref, dont Catherine avoit prétendu produire une copie; mais leurs recherches ayant été inutiles, ils firent au pape plufieurs propofitions, qu'ils étoient chargez fecretement de faire; & pour cet effet, ils firent comme s'ils parloient d'eux-mêmes. Elles tendoient principalement à trouver des expédiens pour terminer l'affaire du divorce. Ils en propoferent plufieurs fur lefquels ils confulterent, fous des noms fuppofez, les plus célébres canonistes de Rome, pour fçavoir s'ils étoient praticables. Pour les faire goûter au pape, ils lui pro

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