An. 1528. de cette accusation, le gentilhomme irrité vint à Basle, & voulur entreprendre Erasıne en justice. Des pour son adversaire avoir intenté ce procès. Eppendorf fut content des deux premiers offres d'Erasmę, mais il persista sur la somme qu'il exigeoit. Trois jours se passerent en contestation sur ces duë contre E-griefs, & enfin l'on s'en tint à la décision de deux arseur d'Eppen- bitres , qui furent Boniface Amerbach, & Rhenanus, Voici la sentence qu'ils prononcerent en présence de que c'étoit LVII. Sentence rer nous avez laiste la décision de votre différend, dans dorf o la vuë de vous réconcilier en véritables amis , il nous AN. 1528. » a semblé qu'Erasme , pour éviter tout chagrin , & rétablir une paix chrétienne entre vous , devoit exé» cucer les deux premiers articles dont il est convenu, » & quant au troisiéme , il donnera seulement vinge florins pour le soulagement des pauvres, qui seront distribuez au gré des arbitres, sans toutefois que ce jugement puisse notter aucune des deux parties, en» sorte qu'il n'y ait plus entr'elles ni plaintes , ni soup» çons , & que s'il y a quelque dispute , ce soit en fait d'amitié & de bienveillance, en oubliant tout ce qui »» s'est passé, comme s'il n'y avoit rien eu de dit ou de fait. Henri Eppendorf supprimera ce qu'il aura écrit » contre Erasme. Fait à Basle le lendemain de la fêre de la Purification 1528. Les parties acquiescerent à cette sentence , & s'embrasserent en ligne de réconciliation. Le lendemain on les fit dîner ensemble, mais peu s'en fallut que la guerre ne recommençat ; car Eppendorf à l'issue du repas, ayant averti Erasme de tenir prête la lettre qu'il avoit promis d'écrire au duc de Saxe, & Erasme ayant répondu qu'il n'écriroic qu'au chancelier, il s'éleva entr'eux une très-forte contestation, & ils se séparerent ce jour-là très-peu satisfaits l'un de l'autre. Le lendemain Erasme écrivit au prince, & envoya sa lettre ouverte à Eppendorf, qui en fut content. Bien-tôt après il courut des bruits désavantageux à Erasme, comme s'il eût consenti à un accord qui le Alétrissoit. Eppendorf lui-même, & les Luthériens publierent , qu'Erasme avoir été honteusement condamné, & obligé de subir des conditions très-dures pour un honnêre-homme. Erasme voyant cette mauvaise foi , fit un écrit pour apprendre comment la chose. AN. 1528. s'étoit passée, '& les raisons qu'il avoit euës d'acquiesmi Roteroda- cer à la sentence. * Cet écrit est intitulé, avertissement Fiulus , ad ver- contre le mensonge ; il fut aussi-tôt réfuté par Eppencium & obere-dorf, qui expose dans sa réfutation, que depuis l'acétationes uti-cord il fur averti qu’Erasme continuoit de le décrier, justa querela. mais qu'il n'en voulut rien croire , jusqu'à ce qu'on lui eût montré des lettres , ou Erasme le traicoit de menteur insigne. Eppendorf apprend dans cet écrit, qu'il étoit de Fribourg, ville de Misnie , qu'il écoit sorti de son pays pour s'avancer dans les sciences, qu'il avoit été disciple du fameux Zadius , professeur en droit, qu'il avoit fait un long séjour à Strasbourg, & qu'il étoit demeuré neutre entre les factions violentes, que la prétenduë reformation de Luther avoit excitées dans l'Al. lemagne. Le sacré college ne perdir cette année qu'un carMort du cara dinal. C'étoit Christophe Numali , natif de Forli. Ciaconius in Comme il avoit beaucoup d'esprit, dès ses jeunes anvistos nomes nées il s'appliqua à l'étude, & y fit de grands prodingin anual. grès ; mais dégoûté du monde, il entra dans l'ordre de saint François, où il étudia avec tant de soin la gelin. in Elog. philosophie & la théologie, qu'il reçue le bon net de docteur , & fur fait professeur; & comme werden. Dahel. il joignit une grande piété à la profonde érudition, Ciacon. e in on l'établit d'abord commissaire en cour de Rome Aubry vie des pour les affaires de son ordre, ensuite vicaire géné ral, & enfin il fut élu général dans un chapitre, Le roi de France l'aima beaucoup, & selon Ciaconius, Louise de Savoye, mere de François I. le choisit pour son confesseur. Leon X. le créa cardinal le vingtfixiéme de Juin 1917. avec le citre de saint Barthe lemy LVIII. minorum, cardinal. ord. minorum, Italia sacra. cardinaux. Mort de Jac Trithem. in lemy en l'isle, qu'il changea pour celui de sainte Ma-An. 1528. rie in arâ cæli. IÌ fur ensuite évêque de Segnia & d’Aratro, & fic un voyage en France depuis la promotion. Il écoit à Rome, lorsque cette ville fut prise par les Impériaux , & reçut beaucoup de mauvais traitemens des soldats Luthériens, qui n'ayant rien trouvé chez lui, parce qu'il vivoit dans un grand détachement, s'en prirent à sa personne. Après le sac de Rome , il se retira à Ancone, où il mourur le vingt-croisiéme de Mars de cette année 1928. Peu de tems après son corps fut porté à Rome pour être enterré dans l'église dont il portoit le titre. Jacques Wimphelinge mourut aussi le dix-seprié- LIX. 'me de Novembre de la même année à Shlestar , où il ques Wimples écoit né l'an 1449. Après avoir étudié les humanitez inger fous Dongiberg Vestphale , recteur du college de catalog . Shlestat , il alla continuer ses études à Fribourg, en-chronic. Cilisuite à Bâle , à Heidelberg & à Erford , où il s'appli- "Lulus Giralqua au droit canonique, & à la théologie : mais les das dialog. 2. principaux talens consistoient dans l'éloquence & temporis. dans la poësie, où il réussir assez bien pour ce tems-là. feript.ecciefiae il fut appellé à Spire pour y prêcher, & il Erafm. lib.2.3. s'acquitta de ce ministere avec réputation jusqu'à ce qu'il se retira entierement du monde. Il eur pour com-des aut. ecclepagnon de la retraite Christophe d'Usenheim son tom.14. au 16. ami, qui étoit aussi un homme d'une vie exemplaire, á Suivantes, mais qui fut obligé de quitter sa retraite , pour se laisser imposer le pesant fardeau de l'épiscopat. Wimphelinge plus heureux demeura dans la solitude , suivant JESUS-CHRIST pauvre, & travaillant chaque jour à se sanctifier de plus en plus : ce genre de vie ne l'enipêcha pas d'expliquer les livres saints à Heidelberg, & Tome XXVII, H En 1494 ep. Io. An. 1528. de composer des écrits pour l'instruction des enfans, & pour exhorter les prêtres à mener une vie pure & sainte. Il dirigea ausli quelques jeunes gens dans leurs études, comme Volfang de Levestaing , & Jacques Scurmius , & ses deux neveux Jacques Spigelius & Jean Maïus , qui fureni tous de grands hommes. Comme il reprenoic librement les défauts des ecclésiastiques & des moines, il fur exposé aux traits de leur indignation. Les religieux Augustins le firent citer à Rome , quoique deja fort âgé & incommodé d'une descente, sur ce que dans un de ses ouvrages il avoit dit que saint Augustin n'avoit pas été moine avec une grande barbe , couvert d'un capuchon , & ceint d'une ceinture de cuir, comme ces religieux le représentoient. Tritheme lui conseilla de ne point s'ingérer dans ces sortes de disputes, parce qu'il importe peu, lui dit-il, que saint Augustin air été en robbe ou en capuchon. Wimphelinge n’alla point à Rome, mais il fit une apologie de ses sentimens & de fa conduite, qui fut fort goûtée , & Conrade Peutinger d’Ausbourg, & Jacques Spilegius se chargerent de défendre sa cause à Rome ; ce qu'ils firent avec tant d'applaudisfement, que Jules II. termina cette affaire d'une maniere qui fit honneur à Wimphelinge. Comme ce sçavant homme étoit très - attaché à l'unité de l'églife, il fut sensiblement affligé des troubles & des divifions que la secte de Luther causa , & le chagrin qu'il en conçut abrégea ses jours. 'Ses deux neveux facques Spigelius & Jean Maïus furent depuis conseillers de l'empereur. LX. Ouvrages de Wimphelin Il a composé un grand nombre de livres, tant en vers qu'en prose sur des matieres ecclésiastiques, & |