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ne, de Modene, de Reggio, de Rubiera; on lui abanAN. 1529. donnoit le duc de Ferrare, on le rendoit maître du fort du duc de Milan : & à ces conditions fa fainteté accordoit à l'empereur, l'inveftiture du royaume de Naples, n'exigeant qu'une haquenée blanche qu'on lui préfenteroit tous les ans ; elle donnoit paffage à l'armée impériale fur les terres de l'églife, accordoit l'abfolution à tous ceux qui avoient trempé dans le fac de Rome, & permettoit à Charles V. & à Ferdinand fon frere, d'employer le quart des revenus ecclésiastiques de leurs états, pour fournir aux frais de la guerre contre les Turcs.

LXXIII.

L'empereur

Ce traité ayant été ainfi conclu à Orviette, l'empart d'Espagne pereur ne penfa plus qu'à donner les ordres nécef& arrive à Ge- faires pour fon départ. Il fit déclarer l'impératrice D. Ant. de Ifabelle fon époufe, gouvernante & régente des royau Charles V pa- mes d'Efpagne, & tutrice du prince Philippe, & par

nes.

Vera hift. de

173

tit fur la fin du mois de juillet accompagné des plus grands feigneurs qui devoient affifter à fon cou→ ronnement. Arrivé à Barcelonne, les cinq députez qui repréfenterent le confeil de ville, lui envoyerent dire que dans la réception qu'ils faifoient aux rois, ils n'avoient pas coutume d'aller au-devant d'eux & ne descendoient point de cheval pour les recevoir & les complimenter; mais que n'y ayant point d'exem, ple qu'aucun de leurs rois eût été empereur, ils feroient là-deffus tout ce qu'il plairoit à sa majesté impériale de leur ordonner. Charles V. reçut ce compliment avec beaucoup de politeffe, & répondit aux députez, « qu'ils pouvoient demeurer à cheval » fans mettre pied à terre, parce qu'il faifoit plus » d'état d'être comte de Barcelonne qu'empereur des

AN. 1529.

Ciaconius in

Romains". Il demeura deux jours dans cette ville, & ily ratifia le traité que de Leve avoit conclu avec le pape à Orviette le vingt-fixiéme de Juin. Cette ratifica- vitis Pontif. tion, felon la datte de l'arrivée de l'empereur à Barce-fom:34. 2. lonne, ne put fe faire qu'au commencement du mois France tom. d'Août, quoique Ciaconius & beaucoup d'autres auteurs la placent fur la fin de Juin.

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Le matin du neuviéme d'Août, l'empereur s'embarqua fur la capitane de l'efcadre d'Efpagne & d'Italie, commandée par André Doria, dans laquelle il ne fut pas plutôt entré, qu'il le fit prince de Melfi. Il fit le voyage avec un vent très-favorable, & arriva à Genes fort heureufement, environ vers la miAoût, au milieu des acclamations & des applaudif femens du peuple qui étoit accouru de toute l'Italie, pour voir l'entrée d'un fi grand prince. Comme il avoit donné ordre en partant de Madrid, qu'on lui envoyât de Cambrai à Genes, chaque jour, tout ce qui fe feroit dans la négociation de la paix avec la France, il y reçut le traité conclu le cinquiéme du mois d'Août, par la médiation des deux princeffes Marguerite gouvernante des païs-bas, tante de Charles V. & Loüife de Savoye, mere de François I. L'abouchement s'étoit fait à Cambrai avec beaucoup de magnificence, & en moins de sept semaines, le tout fut heureusement terminé, par un traité que l'on a nommé la paix des Dames, à caufe des princesses qui en furent les médiatrices & qui y réuffirent, fans que la défaite du comte de faint Pol, & l'accommodement du pape avec la cour d'Espagne, y puffent fervir d'obftacles. Ce traité contenoit trente- - deux articles, dont nous ne rapporterons que les principaux.

469.

Daniel de

5. in 4. p.623.

LXXIV.

Arrivé à Gela paix avec le

nes, il ratifie

roi de France.

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LXXV.

traité de Cam

bray, entre

François I.

Le roi de France, en faveur de la paix, & pour AN. L5.29. délivrer fes deux fils le Dauphin & le duc d'Orleans Articles du des mains de l'empereur, s'obligeoit de payer à ce: prince deux millions d'écus d'or au foleil, dont Charles V. & douze cens mille feroient payez au premier du mois Mem. du Bel- de Mars fuivant, & dans le même- tems que les Guicciardin, deux princes feroient remis en liberté. Les autres huit cens mille livres étoient destinées à acquitter les Paul. Fou. liv. dettes de l'empereur envers le Roi d'Angleterre Raynald. ad dont le roi fe chargeoit. Ces dettes montoient à m. 67. & feq. deux cens quatre-vingt mille écus d'or. Pour le ref

lay liv. 3.

lib. 19.

Sleidan. lib.6.

26.

bunc annum

te, le roi s'obligeoit à en faire la rente, & pour le rachat de cette rente, à faire ceder à l'empereur par la ducheffe doüairiere de Vendôme, & par fes autres fujets, les terres qu'ils poffédoient en Flandres, en Brabant, en Hainaut, & dans les autres provinces des païs-bas. De plus, que le mariage accordé entre le roi François I. & Eleonore reine doüairiere de Portugal, fœur aînée de Charles V. feroit confommé, à condition que s'il en naiffoit un fils, il fuccéderoit au duché de Bourgogne. Quen vertu du présent traité, le roi s'obligeoit de retirer dans six semaines, à compter du jour de la ratification, toutes les troupes qu'il auroit en Italie & en Piémont, de vuider la ville & château de Hefdin, qu'il remettroit à l'empereur; qu'il renonceroit à tous droits & jurifdictions fur les comtez dé Flandres & d'Artois, à Fexception de Terouanne, & de fes dépendances, & fur le duché de Milan. Qu'outre la fomme des deux millions d'écus, le roi acquitteroit l'empereur envers le roi d'Angleterre, de cinq cens mille écus pour les peines encourues par fa majefté impériale, qui n'a

voit pas épousé Marie fille d'Henri VIII. fuivant les conventions. Que le même roi François I. feroit obligé de dégager du même Henri VIII. une fleur-de-lys d'or, émaillée de riches pierreries, dans laquelle il y avoit du bois de la vraie croix, engagée par Philippe, pere de l'empereur, pour la fomme de cinquante mille écus. Que les héritiers du feu connêtable de Bourbon, & tous ceux qui l'avoient fuivi contre la France, feroient rétablis dans la poffeffion de leurs biens & héritages. Qu'enfin les officiers & domestiques des deux fils du roi de France feroient mis en liberté..

AN. 1529%

L'empereur de fon côté s'engageoit par le même traité, tant en fon nom qu'en celui de tous fes fucceffeurs, à céder & remettre au roi très-chrétien, & à la dame ducheffe d'Angoulême fa mere, tous les droits feigneuriaux, fiefs, domaines, jurifdictions fur les villes & châtellenies de Peronne, Roye & Montdidier, fur les comtez de Boulogne, Guines, Ponthieu, & autres feigneuries fituées fur la riviere de Somme. Que fa majesté impériale feroit exécuter par fes officiers de juftice, les fentences interlocutoires & définitives qui auront été données par les officiers du roi très-chrétien avant certe derniere guerre, contre quelque prince, feigneur ou prélat que ce foit desdits comtez de Flandres & d'Artois. Que quant à la promesse du traité de Madrid, par lequel le roi François I. s'obligeoit d'accompagner fa majesté impériale à Boulogne pour la cérémonie de fon couronnement ce prince en feroit difpenfé, à condition de donner, deux mois après qu'il en feroit requis, douze galeres, quatre vaiffeaux, & quatre gallions bien armez &

pourvûs de matelots, foldats & officiers néceffaires, AN. 1529. de même que de toutes munitions de guerre & de

LXXVI.

Les envoyez

de Florence

l'empereur.

Vera hift. de

175.

lib. 19.

bouche pour fix mois tout au moins, afin de s'en
fervir en Italie, tant que fa majefté impériale y feroit.
L'on y conclut encore, que le prince d'Orange feroit.
rétabli dans la propriété & dans l'ufage de fes biens:
& le roi François I. fe hâta d'exécuter le traité, afin de
recouvrer ses enfans, qui ne furent toutefois délivrez
que
dans le mois de Juin de l'année suivante, parce
qu'il ne fut pas aifé de trouver promptement l'argent
qui devoit être payé dans le même tems, que les fils
de France devoient être remis au connêtable de Mont-
morency.

Raynald. ad

71. 72.

Huit jours après que l'empereur fut arrivé à Genes, il y reçut les députez de Florence, qu'on lui mal reçus de avoit envoyez au nombre de dix-huit. Charles V. D. Anion, de leur parla toujours couvert & affis, pendant que ces Charles V. p. députez étoient debout & découverts; encore regarGuicciardin, derent-ils comme une grande faveur, qu'il voulut les écouter & leur donner audience. Ils le haranguerent bune ann. n. avec beaucoup de foumiffion, ils ne s'arrêterent point à excufer leurs fautes paffées, ils en demanderent pardon, en fuppliant, pour conclufion de leur difcours, qu'on leur accordât la liberté dont ils avoient joüi depuis fi long-tems. L'empereur leur répondit, que quoique leur rébellion méritât d'être punie rigoureufement, il vouloit bien toutefois leur donner des marques de fa clémence, & oublier le paffé, mais à condition qu'ils recevroient dans leur ville, avec toute forte de foumiffion & de respect, le pape Clement leur bon citoyen & leur pere; qu'ils rétabliroient dans tous fes honneurs, privileges & dignitez fa

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