Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ternité me demandez-vous, leur difoit-il, fi vous per- AN. 1529. fiftez dans votre créance? c'eft figne que vous en doutez, puifque vous voulez être freres de ceux qui la rejettent ». Ainfi finit la conférence; on dreffa les articles dont on étoit convenu fur la Trinité, fur le péché originel, fur la juftification par la foi, fur l'efficace du baptême, fur l'utilité de la confefsion, sur l'autorité des magiftrats, fur la néceffité du baptême des enfans, & fur la manducation fpirituelle de JESUSCHRIST dans la céne.

Fin de la con

rien conclure.

epift.ad facob.

Le landgrave leur dit de plus, que comme ils LXXXVétoient d'accord fur tous ces chefs, il les prioit & férence de leur commandoit même, s'il étoit nécessaire, de s'ab-Marpurg fans ftenir à l'avenir de contefter fur l'article de l'eucharif tie; je prie Dieu, ajouta-t-il, de vous donner les lumieres qui vous font néceffaires pour connoître la vérité, & affez de charité pour vous engager à vivre tous en paix. Luther interpréta cette charité de Luther. in celle qu'on doit aux ennemis, & non pas de cette prapof. Brem. charité particuliere qui doit être entre les Chrétiens. d'une même communion. On convint pourtant de ne point écrire les uns contre les autres: mais cet accord ne dura guéres. Les fectateurs de la nou- Raynald. ad velle doctrine ne furent pas plutôt féparez, qu'ils' se vanterent d'avoir remporté l'avantage, comme c'est l'ordinaire, & publierent des relations & des écrits contraires. Les efprits s'aigrirent plus que jamais. Luther regarda comme un artifice la propofition de fraternité qui lui fut faite par les Zuingliens, & dit que Satan regnoit tellement en eux, qu'il n'étoit plus en leur pouvoir de dire autre chofe que des menfonges. Le landgrave ne se rebuta pas du peu Tome XXVII. M

hunc ann. n.7.

AN. 1529.

Autre tentati

`ve du landgra

les partis.

de fuccès de cette premiere tentative, & pour mieux réuffir dans une feconde, il entreprit de faire voir aux fectaires, que leur intérêt demandoit qu'ils fuffent dans une parfaite intelligence quoique de différens fentimens, & qu'autrement ils ne pourroient le foutenir LXXXVI. long-tems. Îl les assembla à Sulzbac pour leur propo fer fur cela fes avis, & leur communiquer les pensées; ve pour réunir mais la plus difficile à furmonter des antipathies humaines, est celle qui s'eft formée sur des préjugez faux ou véritables en matiere de confcience: le landgrave trouva que les Luthériens aimoient mieux fe laiffer opprimer par les Catholiques, que de recevoir les Zuingliens à leur communion, & que ceux-ci fortifiez par la ligue offenfive qu'ils venoient de faire avec les cantons Suiffes, ne vouloient plus fe relâcher fur les articles qu'ils avoient abandonnez à Marpurg, bien loin d'a vouer la préfence réelle de JESUS-CHRIST dans l'eucharistie; ainsi l'aversion réciproque des uns pour les autres paffa à un tel excès, qu'ils paroiffoient aimer mieux retourner à la communion Catholique, que de se relâcher de part & d'autre fur aucun de leurs articles. Non feulement les Sacramentaires ne voulurent plus renoncer à leurs autres opinions qui les féparoient des Luthériens, outre celle de la réalité du corps & du fang de JESUS-CHRIST dans l'euchariftie; quoiqu'ils l'euffent offert à la conférence de Marpurg: mais encore les Luthériens s'obftinerent à demander que les facramentaires obfervafsent dans toutes leurs églifes l'ufage que Luther avoit établi pour l'administration des facremens, pour la meffe & les autres cérémonies. Ainfi ce fecond projet du landgrave de Heffe ne produifit pas plus d'effet que le premier.

LXXXVII.

princes Pro

des vil

comment. lib.

Ce prince voyant que les peines étoient inutiles, AN. 1529. fe joignit aux autres confédérez qui devoient s'affembler tous fur la fin de Novembre à Smalkalde, dans Affemblée des le deffein d'opposer à l'empereur des forces égales aux teftans & dé-fiennes, pour n'en être point accablez. Il fit repré-pur Smalkalfenter à toutes les villes impériales qui avoient em- de Sleidan. in braffé le Luthéranifme, que Charles V. ne devoit point être confidéré comme les empereurs qui l'avoient 7. pag. 205. précédé depuis Charlemagne, qu'outre les couron nes d'Espagne, il tenoit l'empire comme environné par les dix-fept provinces des pays -bas, par les pays héréditaires de la maison d'Autriche, par la Hongrie, la Bohême, la Silefie, la Moravie, & la Luface; qu'il venoit de fe réconcilier avec le roi de France; & que les Allemands ne pourroient lui réfifter que foiblement s'ils étoient defùnis, au lieu qu'en s'unif. fant, ils ne manqueroient pas de moyens pour s'oppofer à la puiffance formidable de l'empereur. Le jour indiqué pour l'assemblée étant arrivé, le prince de Saxe y parut accompagné de fon fils Jean-Frederic, de même que les deux freres Ernest & François de Lunebourg, Philippe landgrave de Heffe, les confeillers de George de Brandebourg, le prince d'Anhalt & d'autres ; & dans le même tems leurs députez arriverent d'Italie, & inftruifirent leurs maîtres de la réception que l'empereur leur avoit faite à Plaifance. Le fait expofé, on délibéra qu'on conviendroit avant toutes chofes d'un formulaire de foi; mais ceux de Strasbourg & d'Ulme s'y étant opposez, fur ce qu'on n'étoit point affemblé pour traiter de la doctrine, mais feulement pour faire une alliance contre les deffeins de fa majefté impériale: Et ceux des

AN. 1529.

autres villes ayant dit qu'ils n'avoient point d'ordre fut ce fujet; le landgrave ne put faire conclure pour lors la ligue.

LXXXVIII. Le pape étant prêt de partir de Rome pour fe

Decret du

pa

départ pour

Boulogne.

I. Clement.

pe avant fon rendre à Boulogne, comme il en étoit convenu avec l'empereur, fit un decret daté du fixiéme d'OcEx Bullar. ttobre, dans lequel, après avoir expofé les defseins de VII. Conftitut. fa majefté impériale, pour s'oppofer aux progrès de Raynald. ad Solyman, qui vouloit s'emparer du royaume de Honhunc an- n. 75. grie, il dit que pour répondre à de si pieux désirs,

26.

77.

& prendre des mefures avec l'empereur pour le couronner dans Boulogne, comme il le fouhaite, il se transporte avec joye dans cette ville, laiffant à Rome toutes les lettres apostoliques, afin que s'il venoit à mourir avant fon retour, l'élection de fon fucceffeur fe fit dans cette capitale de la chrétienté, & nullement dans le lieu de fon décès, ni en aucune autre ville, à moins qu'il n'y eût des obftacles invincibles, que Rome ne fût expofée à l'interdit ou manifeftement rebelle, ou qu'il y eût quelque violence à craindre; alors, continue le pape, je nomme Civita Castellana, ou Orviette, ou Perouse, enforte que toute élection faite en d'autres lieux fera nulle. Le lendemain de la publication de ce decret, il partit de Rome précédé de la fainte euchariftie qu'il fit porter avec lui felon la coutume des papes, & accompagné de feize cardinaux, de quelques évêques, & de tous les officiers de fa cour. Etant arrivé à Boulogne il alla descendre à l'église de faint Pierre, d'où le clergé, fon prélat à la tête, vint au-devant de lui pour le recevoir fuivant fa dignité, & le vingt-neuviéme du même mois il tint un confiftoire pour

regler avec les cardinaux la cérémonie du couronne- AN. 1529%

ment.

de mots

Arrivée de

Boulogne.

lib. 19.

hunc ann. n.&

83.

L'empereur de fon côté s'avançoit toûjours vers LXXXIX, la même ville, & quand il fut à Caftel-franco, qui rempereur en eft éloignée de quinze milles, prefque tous les car Charles V. à dinaux fortirent par la porte de faint Félix, & fe ren- Guicciardin. dirent auprès du monaftere des chartreux à une demi-Raynald, adi lieuë de la ville pour l'y attendre. Auffi-tôt qu'il parut de loin, tous s'avancerent, & le cardinal Farnese en qualité de doyen, le harangua au nom du pape & du facré college. Charles V. répondit en peu fe mit entre le cardinal doyen, & celui d'Ancone, qui le conduiffrent chez les chartreux, où on lui avoit préparé un logement, pour faire fon entrée dans Boulogne le lendemain qui étoit le cinquième de Novembre: les trois cardinaux légats le quitterent deux lieuës avant qu'il arrivât, pour en informer fa fainteté; alors tous les fénateurs fortirent de la ville à cheval & en habit de cérémonies, enfuite ils marcherent deux à deux devant lui, comme pour le conduire & lui faire faire place.

XC.

dans cette vil→

le.

Paul Jove it..

L'univerfité en corps, & tous ceux qui avoient quelques charges dans la ville allerent aufli au-devant Réception plus de deux cens pas hors les portes de la ville. Les da lui fait plus confidérables d'entr'eux portoient un dais de Guicciard. ur brocard d'or & de velour cramoifi, fous lequel é. toit l'empereur en habit de guerre, faifant paroitre un air martial, qui infpiroit de la vénération & du refpect. Immédiatement après lui venoit Antoine de Leve capitaine d'une grande réputation, fort âgé, monté à cheval, & pleurant de joye de fe voir en core en vie après cinquante campagnes où il avoir

« AnteriorContinuar »