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CHANOI-
NES REGU

Il ordonna entr'autres chofes que tous les Chanoines Regd LIERS D'AN- liers d'Angleterre, mefme des Congregations de faint Victor, GLETERRE d'Arouaife, de Premontré, & de quelque nom qu'ils s'appellaffent, s'affembleroient tous les trois ans dans un Chapitre General conformément au Decret du Pape Honorius III. & aux Costitutions de Benoit XII. Il prefcrivit la formule des Vœux & les conditions que devoient avoir ceux qui fe prefentoient pour eftre reçus parmi eux, les morens d'extirper le vice de proprieté, la maniere de reciter l'Office divin, & les heures du filence. Il enjoignit fous des peines de ne point manger hors les Monafteres, de n'y point laiffer entrer les femmes, de ne leur point donner à laver leurs habits, dont la couleur devoit eftre blanche, brune, noire ou prefque noire; & afin que res Reglemens pullent eltre executés dans le mesme tems, & que tous les Monafteres de Chanoines Reguliers ne les puffent pas ignorer, il ordonna qu'ils n'auroient lieu qu'après la Fefte de la Trinité de l'année 1511.

Mais ces beaux Reglemens ne purent pas estre pratiqués pendant un long-tems à caufe du malheureux Schifme, dont ce Cardinal fut le premier Auteur par le pernicieux confeil qu'il donna au Roi Henry VIII. de repudier la femme la Reine Catherine,ce qui attira tous les malheurs dont l'Angleterre fut affligée, & dont le changement de Religion fut une fuite. Quelques Abbés & Religieux par un esprit de libertinage remirent leurs Monafteres entre les mains du Roi, d'autres y furent contraints par la force, quelques-uns tinrent bon jusqu'à la fin, & ne cederent qu'en 1539. que le Par lement acheva de fupprimer tous les Monafteres, & il y en cut qui aimerent mieux fouffrir un glorieux martyre que d'avoir fait paroiftre le moindre confentement & la moindre foumission aux Ordres impies & facrileges de ce malheureux

Prince.

Les Chanoines Reguliers d'Ecoffe & d'Irlande furent en, veloppés dans le mefine mal hour, auffi-bien que les autres Religieux. Ils eftoient fur tout très puiffants en Irlande où ils avoient deux Abbés & huit Prieurs qui eftoient Lords Ecelefiaftiques & qui en cette qualité avoient féance dans la Chambre Haute du Parlement. Ils avoient eux feuls autant de Maifons que tous les autres Ordres enfemble. Ils poffedoiem prefque toutes les Cures & les Benefices, occupoient prefque

CHANOT

GLETERRE.

tous les Chapitres des Cathedrales & Collegiales ; il falloit ef- NES REGU tre Chanoine Regulier pour eftre bientoft Evefque, & de tout £IERSD ́AN ce grand nombre de Monafteres de Chanoines Reguliers d'Angleterre, d'Ecoffe & d'Irlande, il n'en refte plus prefentement que la memoire. Nous donnons ici la figure d'un deces Chanoines telle que Dodworth & Dugdale l'ont representée dans leur Hiftoire Monaftique d'Angleterre, où ils rapportent une affez plaifante fondation, qui s'executoit encore fous le regne de Henry VIII. dans le Prieuré de Dunmon au Comté d'Effex, c'eft-à-dire peu de tems avant le changement de Religion & la fuppreffion des Monafteres.

L'on donnoit à certain jour de l'année un Jambon ou un morceau de falé à ceux qui alloient en pelerinage à ce Prieuré; mais l'on obfervoit certaine ceremonie qui eftoit caufe que peu de gens fe prefentoient pour le recevoir; car on obligeoit celui qui le demandoit de fe mettre à genoux fur une pierre fort dure & pointuë qui eftoit au milieu du Cimetiere; & là, en prefence des habitans du lieu, il prêtoit une espece de ferment entre les mains du Prieur dont la formule eftoit fort longue auffi-bien que quelques prieres qu'on difoit enfuite, ce qui ne pouvoit caufer que beaucoup d'incommodité à celui qui vouloit avoir le jambon.

La ceremonie eftant finie on mettoit ce jambon fur les épau les de quelques personnes, qui le portoient autour du Prieuré & du bourg, eftant fuivi, du Prieur, de fes Chanoines, & de tout le Peuple qui faifoit de grands cris ; & l'on prenoit enfuite Acte de la délivrance du jambon ou du morceau de falé, comil paroift par les regiftres de ce Monaftere.

Voiez Monafticon Anglicanum Tom. 2. & Alleman, Hift. Monaftique d'Irlande.

ANCIENS ORDRES D'IRLANDE.

CHAPITRE XX.

De quelques anciens Ordres d'Irlande unis à celui des Chanoines Reguliers.

L

A vie Monaftique eft auffi ancienne en Irlande que la Religion Chreftienne i puifque ceux qui ont travaillé a y planter la foi eftoient engagés dans la vie Monaftique, & qu'ils baftirent un grand nombre de Monafteres qui furent remplis d'un fi grand nombre de Religieux qui fe font rendus recommandables par la fainteté de leur vie, que l'on a donné par excellence à l'Irlande, le nom d'Ifle des Saints. Les Chanoines Reguliers prétendent avoir fourni les premiers Peres de la vie Monaftique; mais c'eft fans aucun fondement qu'ils ont mis au nombre des Saints de leur Ordre faint Patrice Patron & Apoftre de l'Irlande, puifque ce Saint avoit appris les Obfervances Regulieres dans les Monafteres de Marmoutier & de Lerins, avant que de paffer en Irlande, & que ces Monafteres n'ont jamais appartenu aux Chanoines Reguliers, qu'on ne connoiffoit pas mefme du tems de faint Patrice. Il en eft de mefme des autres Fondateurs de la vie Monaftique en cette Ifle, dont il y en a quelques-uns que les Benedictins rectament, mais ils n'ont jamais efté ni Benedictins ni Chanoines Reguliers; & fi nous en parlons ici, ce n'eft qu'à caufe que ces Ordres differens d'Irlande, au moins la plus grande partie,ont efté confondus dans la fuite dans celui des Chanoines Regu liers, & que ces anciens Monafteres au tems du malheureux Schifme dont nous avons parlé dans le Chapitre precedent eftoient poffedés par des Chanoines Reguliers.

Ufferius Archevefque d'Armach dans fon Hiftoire de l'antiquité des Eglifes de la Grande Bretagne, fait mention d'un ancien manufcrit, où l'on voit que les anciens Saints d'Irlande eftoient partagés dès le commencement en trois Ordres Reguliers; que le premier eftoit appellé très faint, & eftoit du tems de faint Patrice qui en eftoit reconnu comme Chef; que cet Ordre eftoit compofé de trois cens cinquante Evefques de differentes nations tous faints, qui n'avoient tous qu'une mef

ORDRFS.

me tonfure & une mefme Liturgie; qu'ils convenoient dans ANCIENS le tems de la celebration de la Pâques; qu'ils parloient aux D'IRLANDE femmes, & que cet Ordre dura fous le regne de

d'Irlande.

quatre Rois

Le fecond Ordre n'eftoit pas fi faint que le premier. Les Moines qui en dependoient eftoient prefque tous Preftres, au nombre d'environ trois cens. Il y avoit peu d'Evefques dans cet Ordre où il y avoit differentes Liturgies; ainfi ils celebroient la Meffe & l'Office divin differemment les uns des autres; c'eftà-dire (felon le fentiment de M. Alleman) qu'ils fuivoient differentes Regles, ou qu'ils formoient plufieurs Congregations. Il les compare aux differentes Congregations de l'Ordre de faint Auguftin, ou de faint Benoift, quipar la diverfité de leurs habits, & la difference de leurs manieres de vivre, femblent eftre des Ordres feparés, quoiqu'il foit vrai de dire qu'ils font de l'Ordre de faint Benoift ou de faint Auguftin. Ce fecond Ordre avoit cela de commun qu'il celebroit la Pâques comme le premier. Il y avoit une mefme tonfure, on n'y parloit jamais aux femmes, & il dura encore pendant qua tre regnes.

Enfin le troifiéme Ordre eftoit faint auffi; mais il l'eston moins que les deux autres. Il comprenoit encore plufieurs faints Moines au nombre de cent, qui eftoient prefque tous Prestres, dont il y en avoit aufli quelques-uns d'Evefques. Leurs Couvens eftoient baftis dans des bois & dans des Deferts. Ils ne bu voient que de l'eau, & ne mangeoient que des herbages qu'ils cultivoient eux-mefmes. Ils fuivoient encore des Regles diffe rentes qui avoient chacune leur Liturgie & leur tonfure;car les uns avoient des couronnes, & les autres laiffoient croître leurs cheveux. Ils differoient encore dans la Pâques; car les uns la celebroient le quatorziéme jour de la lune, les autres le treiziéme, & les autres le feiziéme. Les uns la celebroient en trifteffe & les autres en joïe. Cet Ordre dura encore fous le regne de quatre Rois.

La difference qu'il y avoit donc entre ces trois Ordres, eft ainfi rapportée par Ufferius. Primus ordo erat fanctiffimus, fecundus fanctior, tertius fanétus : Primus ficut fol oriens, fecun dus ficut luna, tertius ficut ftella: & le tems de ces douze regnes a efté depuis 433 jusqu'en 664

Les Saints dont nous allons parler font reconnus pour les

ORDRES

ANCIENS Fondateurs de ces Ordres particuliers qui avoient des Regles, DIRLANDE. & nous fuivrons le rang que M. Alleman leur a donné, à l'exception de faint Patrice, qui doit paffer le premier pour avoir efté l'Apoltre d'Irlande, neftant pas certain que faint Ailbe, faint Moctée, faint Kieran,& quelques-autres y aient prefché l'Evangile avant lui, comme ont prétendu quelques Historiens Irlandois.

S. PATRICE.

S.COLOMB.

Tous les Auteurs ne reconnoiffent pas faint Patrice pour eftre le Fondateur d'un Ordre particulier, quoiqu'il le foit de plufieurs Monafteres; mais ce qui a fait peut-eftre que quelques-uns lui ont donné cette qualité, c'eft à caufe de ce manuferit rapporté par Ufferius, où il eft qualifié Chef de cet Ordre três-Saint, dont nous avons parlé. M. Alleman prétend qu'il eft l'Inftituteur d'un Ordre particulier, dont la principale Abbaïe eftoit à Sabal. M. Bulteau femble eftre auffi de cet avis, lorfqu'il dit, qu'outre Sabal, il fonda plu̟fieurs autres Monafteres & y eftablit une fainte Obfervance : que les Novices faifoient leurs Voeux à l'âge de vingt-ans : qu'il introduific parmi eux la tonfure Romaine en forme de cercle qu'il portoit un fcapulaire blanc ; & qu'à fon imitation les autres Religieux Irlandois fe reveftoient de robe de laine de couleur naturelle & fans teinture, & qu'enfin il mourut dans fon Monaftere de Sabal vers l'an 460.

L'Ordre de faint Colomb, que Bede appelle auffi Colom ban, eftoit un des plus étendus ; car il avoit plus de cent Abbaïes ou Monafteres qui en dépendoient dans toutes les fles Britanniques. La principale Maifon ou Chef de l'Ordre, eftoit, felon quelques-uns, à Dairmag, felon d'autres à Derry aujourd'hui Londondery ; & felon la plus commune opinion dans l'Ifle de Hu, Hi, ou de Jona, qui depuis a efté appellée du nom de ce faint Ycolmkil,& eft fituée au Nord de l'Irlande & peu diftante d'Ecoffe. Ce Saint aiant efté prefcher la Foi aux Pictes, en convertit un grand nombre & baftit des Eglifes: il fut en fi grande veneration comme Apoftre de ce Pais, que du tems de Bede, c'est-à-dire vers l'an 731. par une difcipline toute extraordinaire, tous les Evefques de la Province des Pictes eftoient fous la jurifdiction & la dépendance du Preftre qui eftoit Abbé du Monaftere d'Ycolmkil, à caufe que faint Colomb Apoftre de la Nation avoit efté feulement Pretre & Religieux. Samort arriva vers l'an 598. Il fe trouve

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