NORBERT. VIE DE S. fecond'Pere de l'Ordre, avoit droit de vifiter l'Abbaie de Premontré conjointement avec les Abbés de Floreff & de Cuiffy, & l'Abbé General de Premontré ne pouvoit faire la vifite des. autres Monafteres de l'Ordre s'il n'eftoit accompagné de l'Abbé de faint Martin; mais prefentement il prend en fa compagnie le Prieur de cette Abbaïe. Les Continuateurs de Bollandus ont voulu laiffer à la pofterité la memoire de la magnificence & de la grandeur de l'Abbaie de faint Michel d'Anvers & de fes quatre filles, en donnant le plan & le profil de ces illuftres Abbaïes dans leur recueil des vies des Saints au fixiéme Juin. Les Religieux Premontrés font veftus de blanc avec un scapulaire par-deffus leur Soutane. Lors qu'ils fortent ils mettent un manteau comme les Ecclefiaftiques & un chapeau blanc; dans la maifon ils ont un petit camail; au Choeur pendant l'efté, ils ont feulement un Surplis & une Aumuce blanche, & l'hiver un Rochet avec une Chappe & un grand Camail blanc. Ils ont pour armes d'Azur femé de France à deux. Crosses en fautoir, l'Ecu timbré d'une Couronne Ducale avec une Mitre & une Croffe.. Voiez le Paige, Bibliotheque Pramonft. Aubert le Mire, Chronic. Prament. Maurice Dupré, Annal. Premonft. Bollandus, Act. SS.6. Fun. Silvèft. Maurol, mar. Ocean. di tut. gl.Relig lib.. Paul Morigia, Orig. des Relig. Herman, Hiftoire des Ord. Relig.Tom.2. Natal.Alexand.Hift.Ecclef. Sacul. XI. & X11.cap.7.. & le Pere Hugo, vie de faint Norbert. Vie de faint Norbert Archervefque de Magdebourg, SAIN AINT Norbert nâquit à Santen Bourg du Duché de Cle ves & du Diocese de Cologne l'an 1082. fon pere s'appelloir Heribert,& fa mere Hadewige, qui joignoient à la Nobleffe & aux richeffes une très-grande pieté. Ils l'éleverent avec grand. foin, & cette éducation jointe à fon efprit vif & tout de feu, le rendit agréable à tout le monde. Les premieres années de fa jeuneffe s'eftant écoulées & fe voïant dans un âge affez NORBERT, avancé pour faire choix d'un establissement, il prit le parti VIE DE S. de l'Eglife ; & aïant accepté un Canonicat dans l'Eglife Imperiale de Santen, lieu de fa naiffance, il fut fait Soudiacre. Les grands biens qu'il poffedoit & la fortune qui lui eftoit favorable l'empefcherent de fe bien acquitter de fon miniftere. Il s'abandonna entierement aux plaisirs & aux vanités du fié→ cle, qui fe trouvent dans les Cours des Princes; car il fuivit celles de l'Empereur Henri V. & de Frideric Archevefque de Cologne, jufqu'à ce que Dieu qui le deftinoit pour eftre le Chef d'une fainte Congregation qui devoit faire un des plus beaux ornemens de fon Eglife, lui ouvrit les yeux pour voir le danger où il eftoit de fe perdre au milieu de cette mer orageufe des vanités du fiécle, en permettant que la foudre tombaft à fes pieds & le renverfast par terre, où il demeura evanoui l'efpace d'une heure, de forte qu'eftant revenu à lui & repaffant fur tous les defordres de fa vie paffée, il changea tout d'un coup de conduite, & aïant pris une ferme refolation de fe convertir entierement à Dieu, il alla trouver l'Abbé Conon, depuis Evefque de Ratisbonne, qui eftoit pour lors Superieur d'un Monaftere de Benedictins à Sigebern à trois heuës de Cologne. Ile prit pour fon Directeur, & profita fi bien de fes confeils, qu'il n'avoit plus d'autre ambition que pour la pauvreté, le mepris du monde, les opprobres & les afflictions. Il ne quitta pas pour cela fes habits precieux ; mais il mortifioit fa chair par le cilice, le jeûne & l'abftinence, & paffoit les jours & les nuits en prieres. Le tems estant venu de conferer les Ordres, il fut trouver le mefme Frideric Archevefque de Cologne, à qui il decou vrit le deffein qu'il avoit de fuivre Jefus Chrift. Il le fupplia inftamment de l'admettre au nombre de ceux qui afpiroient aux Ordres, ce qu'il lui accorda, ce Prince s'eftonnant de voir une perfonne demander avec empreffement ce qu'il lui avoit offert plufieurs fois, & qu'il avoit toujours refuse.nhov Il quitta pour lors fes habits precieux où l'or & les pierreries paroiffoient avec éclat, & fe reveftit, au grand eftonnement de tout le monde, d'une tunique qu'il s'eftoit faite lui mefme de peaux d'agneaux, qu'il ceignit d'une corde, & reçut en mefme jour avec trop de precipitation le Diaconat & la Prê trife, dont il demanda dans la fuite pardon au Pape Gelafe H X. iij. NORBERT. VIE DE S. Il retourna enfuite à l'Abbaïe de Sigebern pour y apprendre toutes les fonctionsde fes Ordres, où, après avoir demeuré quarante jours, il vint chez lui pour exercer les mefmes fonctions dans l'Eglife Imperiale de Santen dont il eftoit déja Chanoine, comme nous avons dit. Le Doyen & les Chanoines de cette Eglife l'aïant prié de celebrer la fainte Meffe un jour de Feste, il fit felon la couftume après la lecture de l'Evangile, un difcours fi touchant contre les vanités de ce monde & le peu de durée de cette vie, que plufieurs perfonnes fe convertirent. Il continua enfuite à prefcher la parole de Dieu, & reprenoit fi fortement les vices, & mefme exhortoit fi puiffamment ses confreres à n'avoir point d'autres occupations que celles où il s'agiffoit de la gloire de Dieu & de leur propre falut, que cela lui attira leur haine, Il y eut mefme un Clerc de cette Eglife qui lui cracha au vifage, outrage que Norbert fouffrit avec une moderation furprenante. On voulut empefcher le fruit de fes Predications en l'accufant auprès de Conon Evefque de Paleftrine & Legat du Pape Gelafe en Allemagne, de ce qu'il avoit ufurpé ce droit qui ne lui appartenoit pas, & qu'il eftoit veftu d'un habit extraordinaire qui n'eftoit point ufité; mais il fe juftifia & donna de fi bonnes raisons au Legat que fes ennemis furent confondus. Pour ceder à l'envie, il refolut de s'éloigner pour quelque tems. Il alla trouver l'Archevefque de Cologne pour remettre entre fes mains tous fes Benefices & fes revenus Ecclefiaftiques. Il vendit en mefme tems tout ce qu'il avoit de patrimoine, dont il donna l'argent aux pauvres, & vint trouver le Pape à faint Gilles, ville de Provence, de qui il obtint permiffion d'annoncer la parole de Dieu. Il accompagnoit fes difcours de tant de mortifications & d'aufterités, qu'il convertit beaucoup de monde ; car il alloit nuds pieds, marchoit dans la neige jufqu'aux genoux, eftoit veftu très-pauvrement n'aïant que fa tunique de peaux d'agneaux, & gardoit le jeune du Carefme, c'est-à-dire qu'il ne mangeoit qu'une fois le jour fur le foir, Prefchant à Valenciennes, tous les habitans le fupplierent de ne les point quitter & de continuer chez eux les fonctions de fa million: il ne voulut point acquiefcer à leur demande parce que fon intention eftoit d'aller à Cologne; mais il fut |