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CHAPITRE

XLIII.

Où il est parlé de plufieurs Chanoinesses Hofpitalieres

L

en France.

E Peredu Moulinet parlant des Religieufes de l'Hoftel Dieu de Paris, dit que depuis plufieurs fiécles la meilleu re partie des Hôpitaux de France font deffervis par l'Ordre des Chanoines Reguliers de l'un & de l'autre fexe: que les hommes y ont la direction du spirituel pour l'administration des Sacremens aux malades, & que les filles ont foin de toutes leurs neceffités corporelles. Il avouë neanmoins qu'en plufieurs endroits, les Chanoines Reguliers font à prefent changés en Preftres Seculiers, comme au grand Hoftel-Dieu de Paris; mais qu'au contraire les Chanoineffes fe font fi fort multipliées, qu'il fe trouve à prefent fort peu d'Hôpitaux en France où elles n'exercent leur zele envers les pauvres. Si le P. du Moulinet avoit fait cependant un calcul exac de tous les Hôpitaux de France, il auroit trouvé que ceux qui font deffervis par des Chanoineffes Regulieres font en plus petit nombre que ceux qui font gouvernés par des Religieufes des Ordres de faint Auguftin & de faint François, & par des Filles feculieres qui forment des Congregations dont le principal Inftitut eft de fervir les pauvres malades,comme l'on remarquera dans la fuite de cette Hiftoire. Le P. du Moulinet a donné la reprefentation d'une Religieufe de l'Hoftel-Dieu de Paris à laquelle il donne le titre de Chanoineffe Reguliere. Il la fait representer avec une robe blanche & un rochet pardeffus, une guimpe ronde & un voile comme les autres Religieufes. Ces Religieufes font cependant habillées de noir, n'ont point de rochet & ont une guimpe quarrée qui defcend jusques fur l'eftomac, & portent un grand manteau noir dans les ceremonies. Il est vrai que lorfqu'elles fervent les malades pour ne pas gafter leurs habits noirs, elles mettent pardeffus un faro de toile, & voila ce qui les a fait placer par le P. du Mouliner au rang des Chanoineffes Regulieres. L'on en voir beaucoup de cette forte qui fe prétendent Chanoineffes parce qu'elles ont mis un furplis pardeffus leurs robes. De ce nombre font les Hofpita

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LIERES DE

PARIS

lieres de'fainte Catherine à Paris,qui eftoient autrefois habil- HOSPITAlées de noir, & qui portent prefentement la robe blanche avec STE CAle rochet pardeffus. Il y en a mefme qui ne portent point de fur- THERINE A plis,& que le P. du Moulinet a bien voulu admettre dans l'Ordre Canonique.C'eft de ces pretenduësChanoineffes & de quelques autres, dont nous allons parler dans ce Chapitre, nous refervant à traiter dans la troifiéme partie des Religieufes de l'Hostel-Dieu de Paris qui ne fe prétendent point Chanoineffes, quoique le P. du Moulinet leur ait donné place parmi celles dont il a donné l'habillement.

Anciennement l'Hôpital de fainte Catherine à Paris eftoit aufli appellé l'Hoftel-Dieu de fainte Catherine. On lui donna d'abord le nom de fainte Opportune à caufe du voisinage de la Paroiffe dediée à cette Sainte, & il n'y avoit que des Religieux Hofpitaliers de l'Ordre de faint Auguftin. Le plus ancien titre que l'on trouve eft de l'an 1188. où il eft fait mention de cette Hôpital fous le nom de fainte Opportune, qui ne prit celui de fainte Catherine que vers l'an 1222. après que ces Religieux eurent eu permiffion d'avoir une Chapelle qui fut dediée à cette fainte Vierge & Martyre.

Dès l'an 1328. il y avoit auffi des Religieufes avec les Reli gieux pour fervir les pauvres, car il eft parlé des Freres & Sœurs de l'Hôpital de fainte Catherine dans une transaction paffée entr'eux & les Doïen, Chapitre & Chanoines de faint Germain de Lauxerois au fujet du droit que cet Hôpital a de faire enterrer au Cimetiere des SS. Innocens les pauvres qui y meurent, lequel droit lui eftoit contefté. Mais dans la fuite des tems, les Religieufes font reftées feules dans cet Hôpital. Il paroift qu'en 1558. il n'y avoit plus de Freres dans cet Hôpital, & que la qualité de Maistre que prenoit le Superieur de ces Fre res eftoit déja donnée dès ce tems-là à un Prestre Seculier par l'Evefque de Paris, ce qui fe pratique encore à prefent ; & fans le confentement de ce Maistre auquel on donne le titre de Superieur, les Religieufes ne peuvent faire aucune affaire, & il doit eftre prefent à tous les Actes. Leur principal Inftitut eft de recevoir pendant trois jours dé fuite les pauvres femmes & filles qui viennent à Paris, & elles font obligées d'enfevelir & faire enterrer au Cimetiere des SS. Innocens les perfonnes qui meurent dans les prifons du Chastelet & du Fort-l'Evefque, & que l'on trouve affaffinées dans les ruës,ou noïées dans la riviere.

HOSPITA
LIERES DE
STE. CA-

Anciennement leur habillement eftoit noir, tel qu'on le peut voir dans la figure que nous avons fait graver & qui reprefente THERINE A une de ces anciennes Religieufes; mais Euftache du Bellay

PARIS.

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Evefque de Paris, qui mourut l'an 1565. leur aïant donné des Conftitutions, ordonna qu'elles fe conformeroient pour l'habillement aux Religieufes de l'Hoftel-Dieu, ou à celles de l'Hôpital faint Gervais. Surquoi le P. du Breuil dans fes Antiquités de Paris, & qui efcrivoit en 1612. dit que bien loin que celles de fainte Catherine fe deuffent conformer à celles de faint Gervais, les choses eftoient tellement changées que c'eftoit au contraire à celles de faint Gervais à fuivre l'exemple de celles de fainte Catherine. Mais fi dans ce tems-là les Religieufes de faint Gervais ne vivoient pas dans une obfervance exacte de leur Regle, elles ont efté depuis reformées, & la clôture y eft plus exactement observée qu'à fainte Catherine, où les Religieufes ne parlent point à des grilles, mais reçoivent les vifites des perfonnes qui les viennent voir dans des falles, & peuvent fortir pour aller tour à tour paffer plufieurs femaines dans une Maifon de recreation qu'elles ont proche la Porte faint Denis; au lieu que celles de faint Gervais ne fortent jamais, & ne par. lent qu'au travers d'une grille, où elles font toûjours accompagnées d'une écoute. Il n'y a prefentement que la clôture qui puiffe mettre quelque difference entre les Religieufes de ces deux Hôpitaux qui exercent également l'Hospitalité avec beaucoup de charité & d'edification, & qui vivent dans une grande obfervance de leur Regle.

Ce fut dans cet Hôpital de fainte Catherine qu'une fainte fille nommée Sœur Alix la Bougotte demeura quelques années au service des pauvres: mais voulant mener une vie plus re tirée fans avoir aucun commerce avec les creatures, elle fut pour ce fujet renfermée dans une chambre haute de cet Hôpital pour y faire l'epreuve de ce genre de vie pendant un an, après lequel elle fut conduite au Cimetiere des SS. Innocens & renfermée comme reclufe dans un petit logis joignant l'Eglife fur laquelle repondoit une feneftre d'où elle entendoit la fainte Meffe & l'Office divin. Elle vêcut fi faintement dans ce lieu, que le Roi Louis XI. lui fit elever un tombeau de bronze où elle est representée avec l'Epitaphe suivante.

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