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86.

fig. 11.

Religieux Trinitaire de l'ancienne Observance,

en habit ordinaire dans la maison, en France.

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RES.

dans la pratique de devotion ; en effet il fe retira dans un pe- ORDRE DES tit Ermitage qui n'en eftoit guéres éloigné, afin de ne vaquer TRINITAI. qu'aux chofes du Ciel ; mais comme il fe vit trop exposé aux vifites de fes parens qui tâchoient de l'engager dans le monde, il vint à Paris où il étudia en Theologie afin de fe rendre capable d'embraffer l'eftat Ecclefiaftique auquel il afpiroit avec une ardeur incroïable. Il fe diftingua fi fort dans cette celebre Université ; qu'on lui fit prendre les Degrés & enfuite le bonnet de Docteur, nonobftant les oppofitions que fon humilité lui fit faire pour ne pas recevoir cet honneur. Il fut enfuite ordonné Preltre; & lorfque l'Evefque dans l'impofition des mains lui dit ces paroles, Recevez le Saint-Esprit, on vit paroif

tre une Colomne de feu sur sa teste.

Cette merveille fut fuivie d'une autre quand il celebra fa premiere Meffe dans la Chapelle de l'Evefque de Paris, qui eftoit pour lors Maurice de Sully, & qui y voulut affifter avec l'Abbé de faint Victor, celui de fainte Genevieve, & le Recteur de l'Univerfité, qui furent tous temoins de ce qui s'y paffa. Comme le nouveau Preftre élevoit la Sainte Hoftie, un Ange fous la figure d'un jeune homme, apparut au deffus de l'Autel. leftoit vêtu d'une robe blanche avec une Croix rouge & bleuë fur fa poitrine. Il avoit les bras croifés, & fes mains posées fur deux Captifs, comme s'il en eust voulu faire l'échange. L'Evefque & les autres dont nous avons parlé, confererent ensemble fur cette vifion ; & ne fçachant ce qu'elle pouvoit fignifier, ils furent d'avis que Jean de Matha, muni des témoignages authentiques de cette apparition,iroit à Rome pour en informer le Pape & apprendre de lui ce qu'il devoit faire.

Notre Saint confentit à faire ce voïage; mais confiderant que cela ne ferviroit qu'à le produire davantage dans le monde où il vouloit eftre caché, il refolut de fe retirer dans quelque folitude, jufqu'à ce que Dieu lui euft fait connoiftre plus particulierement fa volonté fur cette apparition.

Il y

રે

avoit en ce tems-là un S. Ermite nommé Felix de Valois, non pas de la famille Roïale des Valois, comme quelques-uns ont avancé ; mais qui portoit peut-eftre ce nom, à caufe qu'il eftoit du païs de Valois. Il s'eftoit retiré dans un bois au Diocese de Meaux proche le bourg de Gandeleu en Brie, & y menoit une vie toute Angelique. Jean de Matha

Tome II.

RES.

ORDRE DES alla le trouver pour le prier de le recevoir dans fa compagnie & TRINITAI- de l'inftruire des voïes de la perfection. Il n'eft pas poffible de dire avec quelle ferveur ils travaillerent ensemble à la pratique de toutes les vertus, ni les aufterités qu'ils exercerent pour mortifier leur chair. Leurs veilles & leurs jeûnes eftoient prefcontinuels, leurs entretiens n'eftoient que pour s'embrafer de plus en plus de l'amour divin, & leur occupation estoit d'ordinaire l'Oraifon & la contemplation.

que

Un jour comme ils s'entretenoient auprès d'une fontaine, ils apperçurent un Cerf d'une grande blancheur, qui portoit au milieu de fon bois une Croix rouge & bleue. Ce prodige les furprit, & aïant fait rappeller à Jean de Matha la vifion qu avoit cuë à fa premiere Meffe, il la raconta à Felix. Ils jugerent par ces merveilles que Dieu demandoit d'eux quelque chofe de particulier. Ils redoublerent leurs jeûnes & leurs prieres afin qu'il lui pluft de leur faire connoiftre fa volonté. Leurs prieres furent efficaces, car un Ange s'apparut à eux en fonge, par trois diverfes fois,pour leur dire d'aller à Rome trouver le Souverain Pontife de qui ils apprendroient ce qu'ils devoient faire.

Ils fe mirent auffi-toft en chemin pour executer cet Ordre du Ciel, & l'ardeur avec laquelle ils firent ce voïage leur fit furmonter les rigueurs de l'hiver durant lequel ils l'entreprirent. Innocent III. qui venoit d'eftre inftale fur la Chaire de S. Pierre lorsqu'ils arriverent à Rome l'an 1198. les receut avec beaucoup d'humanité,& après avoir appris d'eux & par les Lettres de l'Evefque de Paris, qu'ils lui prefenterent, le fujet de leur voïage, il fit affembler les Cardinaux & quelques Evelques à faint Jean de Latran pour avoir leurs avis fur cette affaire. Il ordonna des jeûnes & des Prieres pour obtenir de Dieu une entiere declaration, & invita ces Prelats à fe trouver à la Meffe qu'il diroit le lendemain à cette intention.

la

L'Eglife folemnifoit ce jour là l'Octave de fainte Agnés. Le Pape accompagné de tout fon Clergé & des deux faints Ermites, fe rendit à l'Eglife pour y celebrer les Saints Misteres. Durant le Sacrifice, lorfqu'il éléva la Sainte Hoftie pour montrer au Peuple, l'Ange parut de nouveau devant cette illuftre Compagnie de la mefine maniere & dans la mefme pofture qu'il avoit fait à Paris. Le Pape après ces merveilles ne pouvant plus douter que Jean de Matha & Felix de Valois ne

fuffent

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