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H. D'AN DECH S.

Je voudrois que le Duc ne l'eut pas fait.

Отто

Oh! par tout ce qui eft bon & facré, fi j'euffe été ici, il n'eut pas fait ce mariage! Mais je fuis le dernier qui l'ai fu. Le mariage de Louis étoit déja l'entretien de toute la Cour de l'Empereur, que je l'ignorois encore. Eft-ce ainfi qu'on me traite !

H. D'AN DECHS.

Je n'y conçois rien.

Отто.

Non? Et fi je te difois, que depuis long-temps j'ai demandé à l'Empereur fa fille cadette pour mon coufin Louis, & que ma demande ne fut pas rejettée ? Le conçois-tu à préfent?

H. D'AN DECKS.

Il feroit poffible !

Отто.

Oui, mon frere, très-poffible, très-véritable. L'Empereur m'envoie à la noce. Pouvoit - il avoir d'autres vues que d'empêcher cette folie? Il ne me l'as pas dit précisément ; mais fialors j'étois

capable

capable de penser & de fentir; le fon de fa voix, & tous les traits me l'ont dit aufli clairement que mon cœur le fent en ce moment.

Qu'on m'eut

dit: Le ciel croule ! Qu'il croule, aurois je répondu; mais perfonne ne m'auroit ofé dire que le Duc de Baviere, l'ami de l'Empereur, prendroit pour femme la coufine d'Ottokar de Bohême, qui eft attaché au Duc de Brunswick, comme le glouteron à l'habit.

H. D'AN DECH S.

Mon frere, j'ai entendu, je ne fais quel difcours, qui m'ont déja fait foupçonner que l'Empereur pourroit fort bien approuver le mariage de notre coufin; qu'il l'a même porté à ce mariage. Ludmilla peut-être a réconcilié fon oncle, le Roi Ottokar, avec l'Empereur.

Отто.

Ludmilla, Réconciliatrice? Elle, qui jadis s'eft tant de fois réjouie des malheurs de la Baviere? Il n'y a qu'elle cependant qui ait excité Albert & à s'allier avec le Roi de Bohême.

à la guerre,

H. D'AN DE CH. S.

Peut-être me fuis-je trompé; cependant mon foupçon n'eft pas fans fondement.

Tome XI.

B

Отто.

Parle donc, que j'entende!

H. D'AN DECH S.

Pas ici, mon frere. Cherchons un lieu plus favorable, où nous puiffions nous entretenir fans être dérangés.

Отто.

Pour que perfonne ne trouble notre entretien, je veux bien te fuivre; mais non pour foulager mon cœur à voix baffe dans le fecret. Je parle haut; car je ne pense rien qu'un homme ne doive pas dire. (Ils fortent.)

SCENE IV.

LA DUCHESSE, LE COMTE WENZEL, arrivent de l'autre côté.

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JE t'affure, cher coufin, que fa haine & fon amitié ne peuvent m'être fi indifférentes, & je fais qu'il me haït. Son arrivée a certainement quelque autre caufe: il n'eft pas homme à quitter le camp de l'Empereur, pour une fimple poli

telle. Mon époux vient de me dire qu'il paroiffoit très-mécontent de n'avoir point été prévenu de notre mariage. Sans doute, il imagine que c'est moi qui ne l'ai pas voulu. La prudence me l'a confeillé. S'il avait fu plutôt notre deffein, il auroit détruit toutes mes efpérances.

LE C. WENZEL.

Vous avez agi très-prudemment. Mais aujour d'hui vous n'avez plus rien à craindre. L'amour de votre époux & vos droits vous mettent audeffus de fon pouvoir. Sa haine contre vous ne peut nuire qu'à lui feul.

LA DUCHESSE.

Ce que je fuis, Wenzel, je le fuis par l'amour; & par l'amour, je puis n'être plus rien. Aucune Puiffance n'eft moins affermie que celle qui dépend de l'humeur d'un époux. Mon Louis eft jeune je ne fuis pas fi vaine que de répondre de la durée de fa paffion. Ce moment même pourroit montrer combien je me ferois abufée. Il y a des hommes, qui fans paroles emmiellées, fans phrafes élégantes, ont un empire irrélistible fur nos volontés. Otto eft de ce nombre. Ses grands exploits lui donnent d'ailleurs un crédit refpecté dans toute l'Allemagne. J'ai déja remarqué plufieurs fois, que mon époux lui porte un refpect

mêlé de crainte. Tout cela tu le fens bien -eft fait pour me donner de cruelles inquiétudes: voilà pourquoi je te conjure de préparer une occafion heureufe de fonder fon cœur, &, s'il étoit

poffible, de changer fa haine en amitié, ou du moins en indifférence.

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Je ferai tous mes efforts; moi-même....

hais!

Mais

pour vous

LA DUCHESS E.

je le

Je t'entends! Je te donnerai des preuves de ma reconnoiffance. Diflimule cependant, voici mon époux.

SCENE V.

LE DUC, LA DUCHESSE, LE COMTE WENZEL.

F'AURAI

LA DUCHESS E.

'AURAI encore à te parler de cette affaire, qui me tient fort à cœur. (Le Comte Wenzel fort.)

LE DU C.

Ma tendre amie, comment peux-tu me priver

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