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Mad. DE SCHMERLIN G.

Un peu de modération, s'il vous plaît. Nous ne pouvons donner au Général un démenti, & faire un jeu de la parole du Prince: le pas eft fait.

REINHARD.

Il faut en faire un autre à reculons.

Mad. DE

SCHMERLIN G.

Non, Monfieur, jamais. Si vous êtes entêté, je yeux l'être autant que vous; je me fuis occupée de l'honneur de votre famille, & quelque prix qu'il en coûte, mon plan fera exécuté. M'entendez-vous, Monfieur?

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Vous avez fait un plan, pour l'honneur de ma famille? Ha, ha! Et quel eft donc ce plan?

Mad. DE SCHMERLIN G.

Faut-il fans ceffe vous le remâcher?

REINHARD.

Je ferois fort aife de le bien digérer.

Mad. DE

SCHMERLING.

En deux mots. Votre fils fera Officier. L'état militaire, est l'état le plus honorable, & le seul chemin par lequel une famille bourgeoife puiffe faire un pas dans le grand monde. Votre fille époufera le Chambellan de Wilsdorf: tout ce qui yous refte à faire, c'eft de la lui proposer d'une maniere honnête.

REINHARD jette, avec fureur, fon bonnet de nuit.

Lui propofer ma fille? Moi? Je propoferois ma fille? Un pere proposer fa fille? J'aimerois mieux la donner à un honnête ouvrier qui me la demanderuit. A t-on jamais fait propofition femblable à un honnête homme? Moi, proposer ma fille? - (Il ramaffe fon bonnet, & le met Jur fa tête.) Une fille avec une dot de cinq cents mille écus à un malheureux Chambellan, que les Juifs affiégent dans toutes les rues.

LE COLONEL à Mad. de Schmerling. Je vous l'avois bien dit.

Mad. DE SCHMERLING.

Mais vous a-t-on prié de parler?

LE

Allons, allons.

COLONEL.

Mad. DE SCHMERLING à Reinhard,

Vous parlez comme le bas peuple.

REINHARD.

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Mais je ferai beaucoup mieux de ne vous pas parler davantage. Votre bras M. le Colonel.

LE COLONEL bas à Madame de

Schmerling.

Je voudrois que vous fûffiez à tous les diables avec vos emportemens. Dites-moi, je vous prie, où trouverez-vous aujourd'hui à dîner ?

Mad. DE

SCHMERLIN G.

Taifez-vous. Pain bis & honneur:

LE COLONEL.

Je le veux bien.

Mad. DE SCHMERLING.

Adieu M. le Roturier.

REINHA R D.

Ádieu gueuse (1) à feize quartiers. J'aurai l'honneur cependant de vous voir à mon dîner de fix plats bourgeois?

LE COLON È L.

Dites donc : oui.

Mad. DE

SCHMERLING.

Je ne mets plus les pieds dans votre maison.

(Ils fortent.)

REINHA R D.

Tant mieux! tant mieux! Ha, ha, ha. O les aimables parens !

(1) Les Allemands n'attachent à ce mot grossier, d'autre idée que celle d'une perfonne réduire à mendier; nous avons confervé & imprimé en italique cette expreffion, pour faire connoître le ton des Villes Allemandes du fecond ordre, dont cette Comédie offre un tableau assez fidele.

SCENE X I.

REINHARD ET Mad. REINHARD.

REINHARD.

EH bien, VOTRE GRACE, pendant toute cette scène, vous n'avez pas dit une parole?

Mad. REINHARD fe jette dans les bras de Jon mari.

O mon ami!

REINHARD fe retirant d'entre fes bras. Qu'est-ce que c'eft? Qu'est-ce que cela veut

dire?

Mad.

REINHARD.

Pardon, mon ami, pardon de toutes mes extravagances paflées.

REINHARD.

T'ai-je bien entendu ?

Mad. REINHARD.

Oui, mon ami, j'avoue, avec honte, que par

amitié

pour mes fots parens, j'ai j'ai trop long-temps abufé de ta patience; & mon imprudence a

déja trop exposé mon repos, ton repos, notre félicité commune. Mais fi jamais....

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