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vent être que fort utiles à la Nation en général & en particulier. Plus on verra que nous confommons de marchandises étrangeres, plus on fentira l'intérêt. que nous avons à y fubftituer celles que nous pourrions tirer de notre propre crû ou de celui de nos Colonies; nous évertuerons de même la Nation, par la note que nous donnerons des Vaiffeaux qui arrivent dans nos Ports & qui en partent, à faire elle-même le cabotage, c'eft-à-dire, le tranfport de marchandises de nos Ports dans d'autres du Royaume avec nos propres Vaiffeaux; fervice qu'ont fait jufqu'ici les Navires étrangers, Hollandois fur-tout, & fur lequel la France perd par chaque année environ cent pour cent de la valeur defdits Navires; ce que l'on verra former un objet de perte trèsconfidérable.

Le Commerce extérieur ne fera point le feul objet de notre travail; l'intérieur y tiendra la place qui lui eft due. C'eft lui qui par le tranfport des denrées & des marchandifes d'une Province dans une autre, compenfant leur fertilité & leur induftrie, les entretient dans l'égalité de forces, néceffaire pour la confervation de l'Etat qu'elles compofent c'est lui qui prépare les transports du Commerce extérieur, & facilite le débouché de fes retours. Ainfi tout ce qui le regardera nous intéreffera trop vivement pour qu'il échappe à

notre attention.

La Puiffance fouveraine inAluant fans ceffe fur les trois objets que nous embraffons, on trouveroit à redire fans doute fi nous laiffions ignorer ce qu'elle opére directement pour le bien

commun, lorfque nous nous ef forçons de ramener à l'univerfalité ce que quelques-uns penfent, ou font de mieux pour leur propre avantage. Il n'eft d'ailleurs que trop ordinaire à ceux que leurs travaux & leur commerce occupent uniquement, ou qui demeurent loin des grandes Villes, d'être long-tems fans apprendre les loix nouvelles que le Prince prefcrit, & les établisse-. mens qu'il ordonne dans le genre qui les concerne: les fuites en font toujours fàcheufes, foit parce que l'on tombe dans des contraventions involontaires qui portent néanmoins avec elles des peines dont il n'est pas facile de fe garantir: foit parce que la prudence fe trouve infailliblement en défaut dans les mesures qu'elle prend, quand elle n'eft point inf truite des nouvelles circonftan

ces qui l'environne; foit enfin parce que l'émulation tombe en langueur auffi-tôt qu'elle fe frappe de l'idée que la protection du Souverain lui manque. Pour prévenir en général ces inconvéniens dont le détail feroit infini, nous recueillerons avec foin les Edits Déclarations, Réglemens, Décifions fur les Eaux & Forêts, fur les Arts, fur les Ponts & Chauffées, fur le Commerce tant en général qu'en particulier, & fur tout ce qui peut intéressfer le bien des familles.

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C'eft une fuite naturelle des fuccès de l'Economie que les mutations dans les biens des particuliers. On vend & l'on achete par différens motifs, & ce n'eft point toujours par la néceffité de fe tirer de peine, ni par l'envie de s'aggrandir. Souvent on fe défait d'un bien par dégoût, fouvent

on en acquiert par convenance; tel veut fon bien dans fon portefeuille, tel autre le veut avoir au Soleil; les uns ont des raifons pour changer leurs biens de nature, les autres les veulent réunir les trouvant trop difperfés; il en eft même tous les jours qui commencent leur établiffement; enfin on fait des fonds pour des entreprises ou pour groffir un.commerce, & dans la fuite on retire ces mêmes fonds pour les placer, dans le deffein de paffer dans la tranquillité une vie aisée, dont le tumulte des affaires a empêché de goûter la douceur. Nous croyons donc ne pouvoir faire mieux que de terminer nos Mémoires par des Avis fur cette matiere, afin que ceux qui auront pris toutes les peines aufquelles Economie engage, en puiffent recueillir jufques aux derniers fruits.

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