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En effet, étant tous parfaitement indépendans, même les uns à l'égard Lettre fur des autres, & liés uniquement par l'Agricultu eftime réciproque, leur converfatione. n'eft ni femence de querelles, ni une fuite d'intrigues. Leurs occupations accoutumées, quelques traits de l'Hiftoire paffée ou de la préfente, en font la matiere, qu'une entiere liberté met en œuvre, & que la gayeté embellit. Heureux fi chacun dans fon féjour peut s'affocier une.compagne, que la modeftie, la difcrétion & l'amour du travail caractérisent: plus heureux encore fi leurs enfans font capables de fuivre leurs exemples, & de comprendre que l'homme ayant été condamné à cultiver la terre pour vivre, il ne trouvera jamais le travail fi doux, ni la vie plus aifée, qu'en fe conformant à la lettre de la fentence, prononcée contre lui par *fon divin Juge.

Voilà en abregé, Monfieur, quelle eft l'Agriculture, la vie de ceux qui s'en occupent, les talens & les vertus qu'elle demande, & les fruits qu'elle rapporte. Voilà ce que votre ami eft allé faire,& à quoi il employe

fes rares qualités. Il est allé regner Lettre fur chez lui, fe donner dans la paix l'ocPAgricultu- cupation la plus utile à l'Etat, & fe

ve.

mettre dans la fituation la plus flatteufe pour un grand cœur, de n'avoir befoin de perfonne, & de pouvoir obliger beaucoup de monde. Car je ne finirois point, fi je voulois entrer dans le détail du bien que peut faire un fage & riche oeconome aux peuples de fon voifinage, foit en les employant dans fes travaux, foit en leur faifant part de fes richeffes. Ne foyez donc plus étonné de la réfolution qu'il a prife; & pour vous convaincre combien elle eft pleine de fageffe, allez paffer quelques mois avec lui. C'est là que vous confronterez à loifir l'indépendance dont vous vous flattez avec la fienne; votre indifférence avec fa tranquillité, les mouvemens où les devoirs de la Cour & de la fociété vous engagent malgré vous, avec fon activité & fa vigilance ; & je fuis perfuadé que vous avouerez fincérement qu'il jouit de la réalité d'un bonheur, dont vous ne poffédez que l'appar

rence,

Prépara

J'étois prêt de fermer cette Lettre, peut-être trop longue pour vous, Monfieur, mais certainement troption de fecourte pour le fujet, lorfque j'en re-mences. çois une, où je trouve une recette pour l'Agriculture, auffi facile que curieufe. C'eft la préparation d'une eau pour arrofer les arbres & les plantes, dans laquelle on peut faire tremper les femences avant de les femer ou planter, jufqu'à ce qu'elles y gonflent. Celui qui m'envoye cette recette l'a éprouvée, & il en a retiré tout ce qu'il s'en étoit promis. Les plantes & légumes groffiffent prodigieufement, & ont un goût excellent; il en eft de même des fruits, qui viennent auffi en plus grande quantité; & le bled fe multiplie très-confidérablement. Voici ce dont il s'agit.

Prenez une partie de nitre ou falpêtre (c'est-à-dire, une demi-livre, une livre, deux livres, ce que l'on voudra) & deux parties de fel commun (c'est-à-dire le double) mettez-les dans un creufet, & les faites fondre ensemble. Quand ils feront fondus, retirez-les du feu, laiffez les

refroidir; & fur une livre de cette Prépara- matiere, verfez dix pintes d'eau. Les tion de fe- fels s'y diffoudront, & alors vous en arroferez vos arbres, vos plan

mences.

tes, & vous y ferez tremper vos fe

mences.

La facilité de la préparation de cette eau, eft ce qui m'engage à vous la communiquer: vous en pourrez faire vous même l'expérience dans votre jardin, & fi vous en arrofez quelques légumes, que vous laiffiez enfuite monter en graine, il y a tout lieu de compter que cette graine aura plus de force & de vertu que la graine commune.

Si vous étiez plus attaché à la Phyfique, , que vous ne l'êtes, j'aurois ici une belle occafion de m'étendre. & de vous faire voir que la fécondi

que cette eau donne aux plantes & aux femences, eft l'effet de la réunion des deux fels de mer & de terre, qu'étant freres & fils d'un même pere inconnu, femblent être réduits, quoique très-parfaitement, dans leur nature. Auffi verrez-vous les plantes que vous en arroferez, attirer une rofée abondante dans les nuits les

plus féches, & lors même que les plantes voifines ne paroîtront point Prépara avoir été humectées. Mais vous ne tien de Sevous intérefferez à ces caufes que mences. lorfque vous en aurez vû les effets. Je vous invite à vous en donner le plaifir, perfuadé que la fatisfaction que vous trouverez à voir profpérer ce dont vous aurez pris foin, fera auprès de vous l'apologie complette de ceux qui s'adonnent à l'Agriculture. Je fuis, &c.

CAUSES, felon M. Stromer, Profeffeur dans l'Univerfité d'Upfal, qui font geler les Arbres dans les grands hyvers, & moyens de prévenir ces accidens.

N doit reconnoître pour prin

Ocipes que l'eau occupe plus de Des Arbres

place étant gelée, que lorfqu'elle ne qui gelent. l'eft pas; que la graiffe & l'huile des végétaux en occupent moins ; que tous les arbres, fur-tout ceux qui jettent leurs feuilles en automne, boi

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