comme téméraire & folle, & l'Auteur eft infailliblement traité de four Bruyeres be ou de vifionnaire. En vain quel-fertiles. eft,& nient ce qui n'eft point encore. Ce feroit donc en pure perte que nous propoferions aujourd'hui des moyens de rendre fertiles les Bruyeres qui font en France, fi nous n'écrafions ces faux raifonnemens fous le poids de la plus grande autorité, fi nous ne faifions voir que la diftance des lieux, féparés même par la mer, n'a point empêché que l'on ne tentât dans un pays ce qui avoit réuffi dans un autre. Nous parlons du Roi d'Angleterre, qui voyant avec quel fuccès dans fon Royaume par le moyen des Turnipes on eft parvenu à faire porter du froment aux Bruyeres les plus ftériles, a crû, par une attention bien digne d'un Souverain, communiquer cette méthode aux peuples de fes Etats héréditaires d'Hannovre & de Brunswick, afin qu'ils effayaffent de tirer le même parti des Bruyeres dont leurs pays font entrecoupés. Les Turnipes d'Angleterre reffemblent parfaitement aux groffes raves blanches, que nous nommons radis & produifent une efpéce de navets blancs. Les Bruyeres où Bruyeres où on les feme ne font point celles où l'on voit des arbres, des buiffons & fertiles. de l'herbe, & qui fourniffent aux beftiaux une pâture fuffifante; mais celles qui étant abfolument ingrates, ne portent qu'une herbe très-féche & très-maigre, qui n'eft pour les animaux qu'une très-foible nourriture. Ce que le Roi d'Angleterre ordonne à ses sujets, nous le propofons à nos concitoyens ; & nous ne croyons pouvoir mieux les engager à faire les mêmes expériences, qu'en leur mettant fous les yeux l'Edit que ce Prince a fait publier dans fes Etats héréditaires, avec l'instruction qu'il y a jointe, fur la culture des Turnipes ou groffes raves blanches. Ils verront par l'un & par l'autre, que loin de négliger la différence qui doit fe trouver entre le terrein d'Angleterre & celui d'Hanovre & de Brunswick, cette différence eft le fondement de la méthode que l'on prefcrit de faire des effais en petit, & d'observer toutes les circonftances du fuccès qui en résultera. C'est le moyen le plus fage, & peut-être l'unique, de proJanvier 1751. N° 4 fiter dans un pays de ce qu'on a découvert dans un autre, & nous efBruyeres pérons, qu'auprès des perfonnes fenfertiles. fées, elle fervira de réponse fuffifante à toutes les objections de ceux qui regardent les difficultés qu'ils forment, comme une preuve inconteftable de l'étendue de leur esprit & de fa pénétration. EDIT du Gouvernement d'Hanovre publié dans tout le Pays, fur la façon, ordonnée par le Roi d'Angleterre, de cultiver les Bruyeres ftériles avec la graine de Turnipes, du 26 Mai 1748. Sa Majesté ayant ordonné qu'on prenne tous les foins imaginables pour tirer parti des Bruyeres qui fe trouvent dans fes pays, & pour les rendre fertiles de la même façon qu'on le fait en Angleterre avec beaucoup de fuccès; & le principal point dépendant de ce que tous les employés dans les campagnes fe donnent la peine de faire des effais en petit, pour tâcher de découvrir peu peu, fi, & comment les intentions de Sa Majefté pourront être effec- Bruyeres tuées, pour cultiver les diftricts con-fertiles, fidérables de Bruyères qui fe trouvent dans fes Pays : nous avons crû devoir vous communiquer qu'en Angleterre, an défaut de fumier néceffaires, on feme dans des terres ftériles & défertes de la graine d'une certaine efpéce de raves blanches, ou de navets, appellés Tur nipes, & que par ce moyen on en tire un fi bon parti, qu'elles rapportent avec le tems de très-bons fruits. Pour vous mettre en état d'effayer fi les cantons de Bruyeres dans ces Pays peuvent être de même améliorés, on vous adreffe des exemplaires d'une inftruction à ce fujet, qui nous a été envoyée d'Angleterre, vous devez apporter toute l'attention imaginable, pour faire des effais convenables, & pour effectuer cé que Sa Majefté défire. Quoique la préparation ordonnée dans cette inftruction ne puiffe pas fe faire fur ces cantons de Bruyeres |